Ce n'était un secret pour personne, mais le roi Katsuki Bakugo n'était pas vraiment ce que l'on appelle un modèle de self-control. La preuve la plus flagrante était sans aucune doute ses manies d'hurler à ses serviteurs "CRÈVE !!!" dès qu'il était un peu agacé par quelque chose. Eijiro, qui était pourtant le seul à trouver grâce à ses yeux, n'échappait pas à la règle.

Cela dit, c'était sa nature, et il est de notoriété publique qu'une nature s'améliore mais ne se change pas. Tout le monde avait donc arrêté depuis longtemps de s'inquiéter à propos de ses crises de nerfs. Au final, il n'y avait que deux choses qui le contrariait vraiment.

La première, si étonnant que ça puisse paraître, était Kirishima. Bien sûr, ils étaient toujours aussi amoureux l'un de l'autre, sur ce plan-là aucun souci à se faire. C'était juste qu'Eijiro ne restait jamais très longtemps au château puisqu'il tenait à rentrer tous les soirs au Village Rouge, l'endroit où vivaient les dragons du roi Katsuki. Ce dernier, extrêmement possessif, s'agaçait à chaque fois de ne pas passer toute la nuit avec son amant. Il lui avait d'ailleurs plusieurs fois demandé (enfin... hurlé) de rester avec lui, ce à quoi Eijiro répondait invariablement :

-Je te respecte plus que tout, mon roi, mais je ne voudrais que les gens pensent que tu fasses preuve de favoritisme envers moi...

-JE SUIS LEUR ROI, BORDEL ! S'ILS SONT PAS CONTENTS, J'AI QU'À LES BUTER !!!

-Et qui se battra pour toi, dans ce cas ? Je ne peux pas remplacer une armée et tu le sais.

C'était donc à contrecœur que le cendré avait fini par accepter la situation, même s'il ne cachait jamais son exaspération quant à la décision de son amant. Ledit Eijiro ne l'en aima que plus encore, impressionné par les efforts qu'il avait fait vis-à-vis de son choix.

La deuxième chose qui le contrariait était une missive qu'il venait de recevoir un beau matin. Denki, qui la lui avait apporté, restait sur ses gardes pour s'enfuir au cas où le roi aurait besoin d'un défouloir. Étonnamment, Katsuki se contenta de grogner :

-Tu dis qu'elle vient d'où, cette lettre ?

-Du Royaume Todoroki, je crois.

-Et qu'est-ce qu'il me veut, l'autre Double Face ?

-J'en sais rien, moi !

-C'EST MOI QUI HURLE ICI, ABRUTI !

À vrai dire, Katsuki avait une petite idée de ce dont il était question dans la missive, qu'il n'avait pas pris la peine d'ouvrir. Il avait gagné une guerre il y a quelques années contre l'ancien roi Endeaver. Sur le territoire conquis se trouvait le Village Rouge où vivaient Eijiro et ses autres dragons. À tous les coups le nouveau roi allait le revendiquer et espérait le convaincre par la voie de la diplomatie.

Il ne savait pas ce qui l'attendait, le pauvre.

Katsuki finit par se lever de son trône, enfila sa cape et jeta à Denki :

-J'imagine que cet enfoiré veut me voir le plus tôt possible. Je pars tout de suite.

-O... OK. Est-ce que je dois vous préparer une escorte ?

-Inutile. Mon amant me suffira. Vas l'appeler et dis-lui de se grouiller.

Denki hocha la tête et prit la direction du Village Rouge. Eijiro était maintenant tellement proche du souverain que celui-ci le désignait la plupart du temps comme "son amant" (même si, rassurez-vous, "tête d'ortie" était toujours d'actualité).

Eijiro finit par arriver une heure plus tard. Denki avait dû le supplier de faire au plus vite sans préciser pourquoi. Ce qui pouvait expliquer l'air parfaitement détendu de l'hybride comme s'il s'apprêtait à passer une journée sympa avec son amant et non pas servir d'escorte à son roi pour une audience avec le souverain du royaume voisin.

Kirishima se dirigea vers Bakugo et l'embrassa tendrement sur les lèvres.

-Bonjour Katsuki !

-T'as prit ton temps, tête d'ortie.

L'hybride pencha la tête sur le côté d'un air interrogateur. Étonnamment, ce geste le faisait ressembler à une chouette.

-Denki m'a dit que tu voulais me voir en urgence. Que se passe-t-il ?

-Lis ça, tu comprendras, répliqua le cendré en lui fourrant la missive dans les mains.

Eijiro parcourut rapidement la lettre.

-Une audience chez le roi Todoroki ? OK, mais quel est le rapport avec moi ?

-Il se trouve que j'ai besoin d'une escorte et que j'ai pas envie de m'encombrer de tous ces incapables sur lesquels je règne.

Comprenant l'implicite des paroles de son amant, l'hybride fit quand même une petite moue.

-Denki aurait pu me prévenir. Je me serais habillé correctement.

-Hors de question que tu fasses des efforts pour cet enfoiré ! De toutes façons, on n'a pas le temps pour ça.

-Ah bon ? Quand partons-nous ?

-Immédiatement.

"Une missive du destin accélèrera leur temps
Et malgré le fait qu'il le porte en disgrâce,
Le Roi des Dragons répondra présent
À la demande d'audience du souverain de feu et de glace."