3.

Encore plus de mystère pour encore plus de folie. Je refuse de croire en un monde magique et je ne sais quoi d'autre.

- Vous voulez que j'appelle un hôpital psychiatrique ? Demandais-je en grimaçant.

Il y eut un moment de gêne où nous nous dévisagions. Nos regards communiquaient mais nos voix restèrent inertes. Après quelques instants sans réponses, il se mit à rire. Un son aussi doux qu'inquiétant.

- Veuillez m'excuser votre altesse. Je sais que cette nouvelle peut vous laisser démunie. Je le suis encore moi aussi. Il marque une pause et reprit le sérieux dont il a fait preuve la majeure partie de la journée.

- Vous voulez que je croie à des sornettes pareil ? Vous avez lu ça où ? Dans un conte pour enfants démodé ? Cette fois c'est moi qui me mis à rire mais ce n'avais rien de drôle.
Mon rire ressemble à celui d'une folle.

La colère commence à se déverser dans tout mon corps. J'ai l'impression que tout ça n'est qu'une mascarade ou le but est de se payer ma tête.

- Dites-moi juste combien vous avez été payé et où sont les caméras. Ça commence vraiment à me mettre hors de moi ce scénario.

- Allons, calmons-nous Majesté. Je vous assure que tout cela n'est que pure vérité.

Là c'est trop.

- Des portails magiques, des êtres mythiques et mystérieux, un monde parallèle et enfin des putain de pouvoirs magiques ? Hurlais-je.

La colère m'envahit. Je voulais briser toutes les vitres de cette pièce qui me parut soudain trop petite. J'ai besoin d'air.

Une boule commence à naître dans le creux de mon ventre. Chaude, bouillante même. Se faisant de plus en plus lourde. Ma tête, elle, commence à devenir chaude.

Alors que je m'apprête à tourner le dos, le son de verre qui se brise est violent. Terrifiée, je me jette à terre espérant ne pas me recevoir un morceau de verre dans une zone douloureuse.

Après quelques secondes accroupies sur le sol, une main me saisis. Celle de Jack me relevant avec douceur. Il me sourit et me demande calmement mon âge.

- Dix-huit ans dans quatre jours. Vous ne saviez pas la tranche d'âge des élèves que vous alliez accueillir aujourd'hui ?

En regardant autour de moi, je découvre avec effroi que les vitres de la pièce se sont brisées comme je le voulais. Toutes sans exception. Le sol est recouvert de morceaux mais Jack n'a pas l'air contrarié bien au contraire.

- Hé bien je pense que votre démonstration parle pour elle-même. Une preuve en plus qui prouve votre appartenance à cette famille. Il va falloir contrôler ça, Majesté. Et pour vous répondre, je demande par simple curiosité, je n'ai pas prêté attention aux âges de vos camarades. Disons que les événements ne m'y ont pas poussé avant.

- Mais je n'ai rien fait ! Enfin j'ai pensé à le faire mais vous avez vu que je n'ai pas bougé !

- Je ne dis pas le contraire Altesse. Ce n'est pas vous. Du moins pas entièrement vous.

- Vous commencez à sérieusement me faire ch...

Un son sec m'arrête. On frappe à la porte.

- Tout va bien ? Demanda une voix plus que connue.

Papa.

Le calme se verse en moi de force. Si j'ai effectivement brisé les vitres rien qu'en m'imaginant le faire, je ne veux pas malencontreusement blesser quelqu'un.

Après tout, casser du verre est une chose. Briser des os en est une autre.

En entrant dans la pièce, le visage de mon père pâli. Ses yeux bougent dans tous les sens pour apercevoir le petit bazar.

- Je n'ai rien fait ! Dis-je en souriant.

- Matt, ta fille est folle ! S'écria ma belle-mère en s'accrochant à l'épaule de mon géniteur. Premièrement elle me fait passer pour une femme instable mentalement et maintenant elle brise les vitres du palais, il faut l'enfermer !

Je la fusille du regard. Elle ne compte pas comme un humain si je lui casse le poignet, si ?

Je n'eus pas le temps d'interrompre cette pensée que Clair se mit à hurler. Son poignet, il se tord de lui-même. Accompagnée d'un son de craquement, elle s'effondre en larmes sur le plancher.

Tous me regardent. Je me sens mal d'être autant observée mais satisfaite d'avoir fait mal à cette pouffe.

- C'est elle ! C'est un monstre ! Pourquoi m'as-tu fait cela ? Ses sanglots me fatiguent. Si seulement elle pouvait se taire.

Sans attendre, sa voix disparut. Agrippant se gorge d'une main, elle me regarde d'un air perdu et terrifiée.

Que ça fait du bien de ne plus l'entendre beugler celle-là !

- Rends-lui sa voix ! Ordonne mon père.

- S'il vous plaît, Majesté.

- Sinon quoi ? Défiais-je mon père.

Il ne dit rien mais s'approche dangereusement. Lève la main et alors que cette dernière se rapproche de mon visage, je ferme les yeux, me préparant à l'impact. Mais il ne vient jamais.

En ouvrant de nouveaux les yeux, je compris pourquoi la paume de sa main n'a pas encore rencontré ma joue.

À ma droite, Jack se tient droit, le visage fermé. Son regard planté dans celui de mon père. De sa main gauche, il emprisonne le poignet de ce dernier, l'empêchant d'avancer.

- Comment osez-vous ? Demande Jack d'un ton plat.

- C'est MA fille. C'est l'éducation que je lui ai donnée. Elle connaît les limites et là elle les a dépassés de loin. Grogne mon père en réponse.

- Vous semblez oublié, Matt, que c'est désormais votre reine. Lever la main sur elle est une infraction.

- Vous me menacez Jack ?

- Je vous mets en simplement garde . Essayez de nouveau et votre châtiment sera plus douloureux qu'une baffe.

Je n'ose ni parler ni respirer. De l'autre côté. Clair tient toujours sa gorge, à genoux, son poignet brisé sur ses jambes. Elle n'en perd pas une miette.

Jack fit descendre lentement le point de mon père avant de le relâcher. Il me fait passer derrière lui afin que ce soit son corps qui prenne le coup au cas où.

- Si vous souhaitez quelque chose, demandez-le avec respect à Sa Majesté.

Mon cœur manque un ou plusieurs battements. Honnêtement je ne sais pas s'il bat correctement ou s'il a cessé son activité professionnelle.

Un silence pensant s'écrase sur nous. Jack et lui continuèrent à se lancer des éclairs à travers leurs regards.

- Hé bien ? Demanda Jack serein.

Un grognement quitte la gorge de mon crétin de géniteur. Il baisse les yeux avant de mettre un genou à terre.

Toujours séparée par Jack, il ouvrit la bouche.

- Je vous prie, ma reine, de bien vouloir redonné la voix à ma femme et lui réparer le poignet.

Ma femme.

- Tu n'oublies rien ? Je joue avec le feu il faut que je tienne ma langue parfois.

Un soupir le quitte. Lourd et plein de colère.

- S'il vous plaît Majesté. Crache-t-il entre ses dents.

Nos yeux planter l'un dans l'autre, j'essaie d'avoir une expression aussi neutre que possible alors que sur son visage, on peut clairement y lire la fureur qui bouillonne en lui.

Je mis la main contre le dos de Jack lui faisant signe de se décaler. Il obéit sans dire un mot. Seul son regard me suis, prudent.

- À une condition.

Il se releva si vite que je n'eus pas le temps d'être surprise.

- Je ne veux plus te voir ni toi ni ton édredon qui te sert d'épouse. Dès aujourd'hui, nos chemins se séparent à moins que tu ne te débarrasse d'elle.

À la suite de mes paroles, j'aurais espéré une révolte de sa part me disant qu'il me choisirait toujours, qu'il la rejette car elle n'a que peu de valeur et qu'il m'aime.

Un ultimatum de choix, une porte d'entrée, une main tendue pour sauver notre relation père-fille qui était idyllique avant la venue de Clair.

Mais il n'en fit rien.

Pas un mot de sortie de sa bouche, à la place il recula jusqu'à elle ne me lâche pas du regard.

Mon cœur se fêla. Je m'en remettrais. Difficilement peut-être mais je m'en remettrai.

Je redonne alors la voix et son poignet à Clair. Elle voulut me crier des horreurs à l'instant même que sa voix de crécelle réapparut mais mon père l'en empêcha en la tirant vers la sortie.

- Je te considère morte. Mais sache, que si ta mère était encore en vie, je t'aurais abandonné bien plus tôt. Tu es la pire chose qui me soit arrivé.

- Parfait. Sache que tu reste le bienvenue au palais malgré tout. Je t'ai aimé papa, adieux.

Cette fois, mon cœur se brisa. Il est en miettes mais aucune larme ne coule. Je tiens le cap jusqu'à ce qu'ils disparaissent tous deux et que j'entende la voiture s'en aller.

Il l'avait choisi elle. Je ne sais pas ce qui est le plus douloureux. Le fait qu'il soit parti pour de bon ou ses paroles.

Une main ferme et délicate se pose sur mon épaule. Je la rejetait d'un haussement avant de me retourner la tête haute.

- Bien, maintenant on va pouvoir avancer.

- Majesté...

La voix de Jack se voulait rassurante mais je ne perçut que de la pitié. J'ai vraiment honte qu'il ai assisté à cet abandon brutal. Mais je me contente d'afficher un visage neutre sans le regarder.

- Que dois-je apprendre en premier ?

- Altesse, je ne pense pas que...

Je l'interrompit agacée.

- Jack ! Appel moi par mon prénom. Nous ne sommes que deux dans la pièce je ne vois pas pourquoi en faire des tonnes. Ensuite, je t'ai posé une question et j'aimerais en avoir la réponse !

Il baissa la tête, prit une courte inspiration avant de me répondre.

- Nous devons commencer par vous faire déménager ici. Ensuite nous établirons une date pour votre passation de pouvoirs et enfin je vous apprendrai les codes les plus importants.

- Bien. Quand pourrais-je désigner ma cour ?

- Après votre passation Maje... Adriane.

Je réfléchis un instant. Il me faut une cour avant la passation. Pour asseoir mon rôle, il faut que je prouve que j'ai de l'avance sur certains. De là, mes potentiels ennemis verront que je ne suis pas une ignorante qui attend l'approbation des autres pour agir.

- Je préfère commencer par désigner ma cour. Ensuite nous établirons la date et tout ce qui s'ensuit.

- Mais Adriane.. la tradition veut que...

- Je m'en fiche de ce que veut la tradition. C'est un ordre.

Surpris, je m'attends à ce qu'il refuse. Mais à tout encontre, il me sourit et l'air sûr de lui, il acquiesce.

- Qu'est-ce qui vous fait sourire Jack ?

- Vous me rappelez la princesse Pénélope. Son ambition et son audace.

"Rappeler ?" Étrange sachant qu'il ne l'a jamais connu.

En parlant du loup, elle apparaît subitement à côté de Jack ce qui me valut un sursaut.

- Tout va bien ? S'inquiète Jack à la vue de mon petit bond en arrière.

- Oui ça va juste que...

Avant même de poursuivre, Pénélope me fis signe de ne rien dire.

J'admets ne pas comprendre pour quelle raison mais j'obéis et cherche une excuse.

- J'ai vu un insecte. J'en ai horreur. Déclarais-je. Après tout ce n'est pas un gros mensonge. Vous avez vu la tête de certaines bêtes ?

Jack me sourit et marche jusqu'à son bureau écrasant les morceaux de verre comme si ce n'était que de l'herbe. Il saisit un vieux téléphone et compose un numéro dont seul lui connaît les chiffres.

Ça a raisonné deux fois avant d'entre une voix masculine répondre.

- Oui ?

- Bonjour, pardon de vous déranger si tard.

Tard ? En effet quand je regarde l'écran de mon téléphone, l'heure affichée est de 19h30.
Déjà !

- Ce serait pour un service d'urgence.

Jack me regarde alors. Je crois que je dois m'éclipser. Gênée, je souris, fait un signe de la main puis sort à mon tour du bureau. Je lui poserai plus tard certaines questions.

En attendant que mon guide et protecteur parle au téléphone, je marche dans les couloirs éclairés par des lampes copiant le style des lampes à huile. J'aime bien ce côté rustique mais moderne.

Le sol en bois ne grince étonnamment pas à mon passage. Il faut dire que je ne suis pas toute légère pourtant. Le long couloir a gardé une certaine fraîcheur qui m'aide à m'aérer mes pensées brouillées comme des œufs.

Les paroles de mon père me frappèrent d'un coup. Sa révélation d'abandon est plus compliquée à avaler que ce que j'aimerais prétendre. Les larmes me brûlent les yeux. Ma respiration accélère contre mon grè.

Je tente tout de même de ravaler cette tristesse en vain. J'arrive jusqu'au haul ou l'odeur de ce matin vole encore.
Cette odeur d'orange et de chocolat remplit mon cœur meurtri de douceur.

Ne pouvant plus lutter contre mes émotions, je m'écroule contre le mur de marbre près des escaliers. Mes mains tremblantes virent recouvrir mon visage humide de larmes.

Je me refusais toutes émotions devant mon père ne voulant pas lui donner un spectacle réjouissant. Mais maintenant que je suis seule, livrer à moi-même et sceller à un destin dont j'ignorais appartenir.

Tout semble si compliqué. J'ai peur de mal gouverner, après tout je n'y connais rien. J'ai peur de perdre tout ce que mes ancêtres on bâtit. J'ai peur de revivre ce que Pénélope a vécu dans les jardins.

"Tout va bien Adriane."

En baissant mes mains, je l'a vis. La princesse. Mon ancêtre.

"Tu es mon arrière, arrière, arrière-petite fille. Tu ne peux que réussir. Tu as ça dans le sang."

Un rire moqueur m'échappe.

- Réussir ? C'est toi qui hantes mes rêves avec ta mort dans les jardins ! Je n'ai jamais demandé ça ! Ce destin ce n'est pas le mien.

" Tu n'as pas le choix. "

- Mais pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant que ma mère ne meurt !

La triste se transforme de nouveau en colère. Je me sens impuissante envers la situation, comme incapable de maîtriser mon avenir. Mes rêves glissent entre mes doigts sans que je n'y puisse rien.

" Ta mère, elle n'a pas eu le temps. Et une fois partie, elle a rejoint les siens en traversant."

- J'en ai déjà marre ! Tu sais quoi je vais dire à Jack que je refuse ! Que j'abandonne.

" Non ! Je t'en prie Adriane. L'autre monde se meurt. Seul un membre de cette famille peut le sauver."

- Ho pitié Pénélope ! Ne me la joue pas à la gamine qui sauve le monde ! C'est cliché et ringard.

Son regard m'emprisonne. Elle ne dit plus rien et baisse simplement la tête, déçue.

Le sentiment de culpabilité me traverse en un éclair. Dans quoi je m'embarque encore !

- Bon. D'accord j'accepte. Mais pas parce que tu me le demande. Juste pour qu'on me foute la paix avec cette merde.

Elle releva la tête un sourire en coin.

" Merci mon enfant. Après cela, si tu le souhaites, tu pourras reprendre ta vie là où tu viens de la laisser."

- Ça, je n'en suis pas certaine.

Faite place à la reine des mauvais plans.

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