Chapitre 37

Que peut-elle me dire sur mes camarades que je ne sais déjà ? Comment peut-elle simplement les connaître ?

- J'attends que vous m'expliquiez, dis-je, anxieux.

- Puis-je simplement te montrer quelques images ?

- Si cela est nécessaire, pourquoi pas ?

Elle compose un numéro sur son téléphone de service et attend que les bips sonores laissent place à l'interlocuteur.

- Oui, Béa ? Répond un jeune homme.

J'entends leur conversation car l'acoustique de la pièce me le permet.

- Bonjour, Stanley. J'ai besoin des vidéos dont je t'avais parlé. J'espère que tu les as toujours ?

- Pas de problème, j'arrive.

Le garçon arrive peu de temps après l'appel téléphonique. Il doit être juste un peu plus âgé que moi et semble sympathique.

- Merci, dit-elle lorsqu'il lui tend une clé de transfert informatique.

Elle règle le rétro-projecteur et un écran blanc se déroule du plafond. Béatrice éteint la lumière et nous plonge dans le noir.

- Qu'allons-nous regarder ? Je demande, intrigué.

- Nous avons quelques séquences qui pourraient t'aider à comprendre.

Elle lance la première scène et je n'ai pas besoin de me concentrer pour m'en rappeler. C'est le jour où Rose a été assassinée.

-  Je n'ai pas envie de revoir ce moment, dis-je, peiné.

- Nous allons sauter la partie la moins importante.

Elle fait une avance rapide et je revois quand même la scène en accéléré. Je revois son corps qui tombe inerte, sans vie. Le sang qui s'étale et encercle son visage. Elle met sur pause.

- Est-ce que tu te vois ? Me questionne-t-elle.

Je me cherche du coin de l'œil puis m'aperçois.

- Oui, je suis au milieu de la foule.

- Bien.

La foule commence à quitter les lieux et leur lâcheté me paraît aussi évidente qu'à l'époque. Elle continue d'avancer et me redemande.

- Est-ce que tu te vois à présent ?

- Oui, je suis seul. J'ai demandé à Beth de ramener ma mère à la maison et je me suis occupé du corps.

La jeune femme ne semble pas satisfaite de ma réponse. Nous continuons de visionner la vidéo jusqu'à la dernière minute. Je repars, une fois le corps de Rose enterré.

- Quelque chose t'interpelle-t-il ?

- Non, toujours rien.

- Passons à la scène suivante si tu le veux bien.

Elle change de dossier.

- Je vois une silhouette qui trottine dans la nuit aux alentours de l'école.

- Reconnais-tu cette personne ?

- Comment voulez-vous que je la reconnaisse ? On ne peut pas la voir, il fait trop sombre et une capuche camoufle son visage.

- Concentre-toi.

Elle met l'image sur pause et agrandit la zone. Il me semble voir des cheveux acajou et je les reconnais.

- C'est Hope ! M'écrié-je, c'est Hope !

L'école prend feu et la silhouette déguerpit. Tout s'explique à présent, c'était elle. Ma mère et moi avons payé le prix de son crime. Voilà pourquoi elle se sentait si impliquée dans l'histoire.

- Non, ce n'est pas Hope, s'exaspère Béa. Continuons... tu le veux bien ?

J'ai du mal à la cerner. Vers quelle conclusion souhaite-t-elle me mener ? Elle lance une nouvelle vidéo et cette fois, je n'ai aucun doute sur l'analyse que je peux y porter. C'est ma voiture qui traverse la route désertique que l'on a empruntée après les frontières.

- Nous étions surveillés depuis le début ?

Elle ne me répond pas.

La voiture se gare près de la station-essence et j'ai l'impression de revivre ce moment. Je sors du véhicule et m'approche d'une pompe de carburant. Je souris en revoyant cette scène. Cela ne m'évoque pas que des mauvais souvenirs.

J'attends avec impatience que mes camarades apparaissent à l'écran mais cela n'arrive pas. Je me vois, plus seul que jamais, taper dans le réservoir avec une violence dont je ne me pensais pas capable.

- Où sont-ils ? Hope était là ! Avec moi ! Et Greg ? Où est-il ? Balbutié-je.

-Ils ne sont pas là... Ils ne l'ont jamais été. Greg et Hope n'ont jamais existé.

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