Fergus est bien venu au rendez-vous.... Son français est encore plus médiocre que mon allemand (et ce n'est pas peu dire !!!!). Il ne connaît que trois mots : "je" le verbe "parler" et "allemand". Emeric a dû lui expliquer que, comme en allemand, le verbe se conjugue....
En une après midi, il a appris à dire : "Je m'appelle Fergus." et "Je parle allemand." Il s'est borné à vouloir me faire la conversation....
Je lui répondais rarement car :
Premièrement je ne voulais pas lui parler.
Deuxièmement même si le français est ma langue maternelle je ne comprenais pas grand chose....
Mais cet idiot ne s'est pas découragé....
Ces cours de langue quotidiens en plus de me fatiguer m'iritent. En quelques jours, je parle couramment allemand alors que Fergus ne connaît que quelques phrases simples.... et encore avec des fautes ! Un soir je fait une gaffe. Exaspérée par Fergus, je me lève pour quitter la pièce quand un de mes bandages se détache, glisse et révèle ma jambe lacérée. Un silence de mort s'installe dans la pièce ; c'est officiel que ma maladie de peu est un mensonge.... Emeric me lance un regard désespéré : il ne sait pas ce que va faire Fergus. Celle-ci rompt le silence glacial qui s'est installé :
"Ich wusste du bist nicht Emerics Kousine. Il se reprend. : Je savais toi pas la cousine de Emeric. Pour ça parles allemand. Du kommst nicht aus Bretagne.  (Tu ne viens pas de Bretagne.)
- Wird mich zu denunzieren ! Du gleichst nicht mehr ! (Vas-y dénonces moi ! Tu ne vaut pas plus !)
- Non. Es war viel Zeit dass ich wusste aber ich habe nie sagen. (Ça faisait longtemps que je le savais mais je ne l'ai jamais dit.)"
Il tourne les talons avant de se retourner et de me regarder droit dans les yeux.
"Allemands pas tous monstres" me lance-t-il, les larmes aux yeux.
Le soir suivant, il a eu le culot de revenir ! À peine avait-il sonné à la porte que je me réfugiais dans le bureau de Marcus pour n'en ressortir qu'une fois qu'il était parti. Cette espèce de "cache-cache" a duré un mois.
Un soir, Isabelle propose à Fergus de rester dîner avec nous. Elle est parfois beaucoup trop gentille..... Comme je n'est pas été mise au courant, je suis allée dîner. C'est là que je suis tombée nez à nez avec Fergus et Emeric. J'aurais voulu vite déguerpir vers ma cachette, le bureau, quand Emeric me stoppa d'un regard.
"Il veut te parler."
Impuissante, je le regardais sortir de la pièce, me laissant seule avec un allemand....