Depuis, les alliés sont arrivés. Le français est de nouveau autorisé. Fergus vit toujours avec nous. Et mes parents sont revenus car maintenant nous sommes aussi une zone libre..... On a fait construire une maison, ma famille et moi, à côté de celle de nos amis avec une chambre spéciale pour Fergus. Je ne remercierai jamais assez Emeric de m'avoir sorti de là..... mais c'est Fergus que j'aime. Comme me l'a dit lui même Emeric, sa fragilité m'émeut. Je pense qu'il veut me protéger autant qu'Emeric. Je pense aussi qu'il a été écorché par la guerre, comme moi. Quelqu'un de blessé s'entend bien avec quelqu'un comme lui. Car ils se comprennent. On a souffert tous les deux à cause des allemands. C'est cette douleur qui nous rapproche. Il me montre que je peux me relever du camp. Je lui montre qu'il n'est pas un monstre et qu'il mérite de vivre, plus que tout autre personne. Si on m'avait dit au camp que je serais un jour amoureuse d'un allemand, je ne l'aurais jamais cru ! Et pourtant imaginer vivre sans lui m'est impossible. Durant le bombardement, je me suis rendue compte à quel point je tenais à lui. À quel point sa perte m'aurait affectée. Il fait partie de ma vie. Il fait partie de moi. On est comme deux moitiés d'un tout. Un tout face à la guerre. Un tout face à l'enfer.