Quelques jours après, Fergus est revenu à la maison. Il a l'air tellement malheureux ! Il doit me parler. Je m'en doutais un peu.... Je me dirige donc vers ma chambre, l'endroit idéal pour les discussions importantes. J'ai à peine fermé la porte qu'il me lance un petit "désolé" d'une voix blanche.
"Pourquoi ?
- Il fallait pas te ramener au camp. Trop dangereux et douloureux.....
- C'est déjà oublié.
- Non. Emeric a dit que tu étais très triste.....
- Laisses tomber c'est rien.
- Tu vas me prendre pour un monstre....
- Tu n'es pas un monstre.
- Les allemands n'ont pas d'émotion. Tu te souviens ? C'est ce que tu disais.....
- Tu n'es pas allemand.
- Si. Toujours.
- Pas totalement. Et puis même, dans le coeur tu es français.
- Je ne peux pas....
- Un monstre n'écrit pas des poèmes pour aider ses amis....
- Comment tu as su ?
- Il y avait des fautes d'orthographe mais l'écriture d'Emeric les avait corrigées. Tu es la seule personne que je connaisse qui ne sait pas bien écrite le français.
- Emeric t'aime.
- Je sais. Il me l'a dit.
- Il n'est pas le seul."
Après un petit silence gêné :
"Mais je sais que tu n'aimes pas les allemands.
- Là n'est pas la question. Tu es mon ami, ce n'est pas pour rien....."
Il m'a longuement regardée avant de ressortir de la chambre. À ce moment j'ai eu une drôle d'impression : comme si je ne le reverrais jamais......