Comment c'était le camp ?
Tant que je serais là, Emeric dormira sur un matelas posé à côté de mon lit. Cela fait presque deux jours que je ne fais que me reposer.... Il va falloir que j'aide dans la maison. J'essaie de me lever quand Emeric arrive et me saute presque dessus pour me forcer à rester allongée. J'obtempère donc même si je râle beaucoup.
Le soir même, il veut satisfaire quelques curiosités :
"C'était comment le camp ? me demande-t-il de but en blanc.
- Je ne veux pas en parler. Dis-je en me tournant vers la fenêtre.
- Je veux juste savoir si les enfants ont le même sort que les adultes....
- Non.
- Alors ?
- Alors quoi ? Il n'y a rien à dire.
- Si.
- Tu ne sais vraiment rien ?
Juste l'histoire de la roue à électricité et celle des enclos.
- C'est tout ce qu'il y a à savoir.
- Je ne crois pas non....
- Que veux-tu savoir à la fin ? M'énervais-je.
- Parle moins fort ! Tu vas réveiller tout le monde...
- Que veux-tu savoir ? Répétais-je plus doucement.
- Tout ce qu'il y a à côté.
- La vie quotidienne ?
- En quelques sortes.
- On avait des cabanes d'environ six mètres carrés pour vingt personnes en moyenne. Il y avait trois étages de planches de bois et un petit espace pour y accéder. C'était nos lits. On était 6 ou 7 par étage. Sans matelas. Ni couverture. Le matin et le midi on nous apportait une bouillie ou une soupe avec du pain rassis pour les grands jours. La plupart d'entre nous ne mangeaient que la moitié du repas de midi pour en avoir encore le soir. Une fille avait volé un sceau, on y faisait nos besoins le matin. On avait la chance de pouvoir se laver le soir. Mon amie Myriam et moi nous avions volé une bassine et on la remplissait avec de l'eau de pluie, ou de neige fondue. Quand j'ai eu anniversaire, un mois plus tôt, les filles et moi sommes allées cueillir des fruits la veille au soir avant de se coucher, et au lever, nous nous sommes régalées, ce fur le seul jour où nous avons mangé trois VRAIS repas.
- Toutes tes amies étaient dans l'enclos ?
- Oui.
- Tu en veux aux Allemands ?
- Énormément, ils ont bannis mes parents de leur ville d'origine, obligé ma petite soeur à se réfugier chez des inconnus et ont tué mon sauveur et capturé sa femme !
- Pourras-tu nous faire confiance un jour ?
- Tu n'es pas comme eux.
- Qu'est ce qui te fais dire ça ?
- Oui, mais tu reste un aryen, me sentis-je obligée d'ajouter.
- Pour Justine aussi.... dit-il avec un sourire.
- Qui ?
- Justine, nous l'avons recueillie il y a quelques mois c'est ma soeur.
- Moi aussi j'ai une soeur qui s'appelle Justine.
- Quoi ?
- Oui ma soeur qui a voulu passer en même temps que ma mère et moi en zone libre.
- Celle qui t'as écrit qu'elle s'est fait recueillir par une famille de Résistants ?
- Je n'ai qu'une soeur.
- Oh mon dieu et si....?
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