Chapitre 23. Une porte qui claque
Dès que je croise son regard, je m'enflamme.
Dès que je le côtoie de trop près, son parfum de soleil m'enivre.
Dès que je perçois sa voix de velours, le désir m'assourdit.
Dès qu'il esquisse ce sourire doux et joueur, mon cœur fond de tendresse.
Dès qu'il m'adresse la parole, ma carapace vole en éclats.
Dès qu'il prend un air pensif, mon esprit s'embrume et fourmille d'infinies perspectives.
Dès qu'il bouge, je l'épie.
Dès qu'il voit que je l'observe, il se détourne et je meurs à petit feu.
Il a peur de ses sentiments, j'ai peur qu'il les craigne.
***
Je suis assise en tailleur sur le sol de la cour arrière de la maison. Nous sommes dimanche, et la lassitude me ronge comme un acide, ramollit mes muscles, effrite ma volonté. Je scrute fixement le ciel en quête d'une improbable solution à mon problème. Je suis attirée par un père et un homme marié, et même s'il éprouve un penchant réciproque à mon égard, ce ne sera jamais véritablement possible. Noam est trop loyal pour abandonner une femme malade. La souffrance sera toujours une irrémédiable conséquence à notre cohabitation.
Mes pensées prennent un tour navrant. Le grisâtre du ciel d'octobre reflète parfaitement mon état d'esprit. Je repense à mes parents, à ma confrontation avec eux d'il y a deux jours, et je me questionne: les reverrai-je jamais? Aurais-je la force d'un jour leur pardonner? Serai-je capable de comprendre la rigidité qui les anime? Je ne crois pas, et notre séparation est préférable à ce stade de notre relation familiale. nous ne nous sommes pas quittés en très bon terme, mais j'ai franchi un cap certain et je me sens libérée d'un poids depuis vendredi.
Angel fait la sieste à l'intérieur, j'imagine qu'elle est toujours fâchée contre moi parce que j'ai refusé de jouer aux poupées avec elle ce matin. J'étais trop morose, et c'était mon jour de congé, de toute façon. Et malgré la culpabilité qui a mordu ma conscience lorsque ses yeux noisette se sont remplis d'eau, je n'ai pas changé d'avis et me suis réfugiée dehors pour un moment. Noam travaille dans son bureau, sans doute à la conception de ses cours de la semaine, et Elsa a finalement passé le week-end chez son amie. J'ai l'impression que cela fait plusieurs mois que je réside dans leur propriété, pourtant, il ne s'est passé que deux semaines environ. Tout s'est produit si vite, d'une manière tellement impromptue. C'est incroyable d'avoir été victime du charme de Noam au bout de quelques jours passés auprès de lui. Sans doute que notre proximité constante, notre colocation si je puis dire, a agit comme un électro-choc, comme une drogue, un excitant. Le fréquenter sans arrêt ne rend pas tout cela plus aisé... Incapable de me concentrer sur une pensée fixe, je laisse dériver mon esprit dans les méandres de mes regrets.
Soudain, la porte du jardin s'ouvre derrière moi, dans un grincement léger. Cependant, éteignant l'étincelle de surprise qui s'est allumé en moi, je ne me retourne pas. C'est inutile, cela m'est égal. La curiosité m'a quitté, je suis seulement préoccupée par la relation insoluble, inextricable entre mon employeur et moi-même. Peut-être le jeune homme au regard magnétique est-il venu me faire un petit discours sibyllin. Je ne désire pas l'écouter, son timbre provoque en moi des sensations bien trop incroyables, bien trop indésirables.
- Bonjour. M'interpelle doucement quelqu'un.
L'incrédulité provoque un sursaut en moi. Des frissons dévalent ma colone vertébrale. Je ne rétorque rien, trop sidérée pour ouvrir la bouche.Ma gorge est nouée d'appréhension. J'ai reconnu les intonnations suaves de la femme qui se tient dans mon dos. Pour m'ancrer au monde qui m'entoure, je cesse de cogiter et me raidis.
- Je peux m'installer près de vous? Poursuit imperturbablement Elsa.
J'hoche machinalement la tête, et j'ai toutes les peines du monde à ne pas me récrier de surprise. Je ne parviens pas à croire ce qui est en train de se produire. Elsa me semble calme et sereine, elle a adopté un ton empreint de courtoisie, bien que des accents de lassitude percent à travers son masque. Elle ne brise en rien la quiétude de l'atmosphère, se contente d'avancer jusqu'à moi et de se poser sur le sol, usant de sa grâce et de sa fluidité coutumière. Ses cheveux blonds ondulent jusqu'à sa taille, elle est vêtue d'une veste beige et d'un pantalon noir très moulant, assorti de ses escarpins vernis habituels. Elle tient une cannette de bière entamée dans la main droite, la serre entre ses jointures blanchies comme si sa vie en dépendait. Elle vient seulement de rentrer de chez la voisine, visiblement, et je n'en nourris pas la moindre satisfaction. Est-elle venue me faire d'énièmes reproches? Je ne serais en aucun cas apte à la supporter jusqu'au bout. Je devrais fuir loin de sa présence nossive, toutefois je n'en fais rien, je suis trop intriguée par son regard éteint et la paix qui l'habite tout à coup, ce qui n'est pas vraiment courant... Remarquablement, elle a une résistance assez conséquante à l'alcool, car elle est entièrement maîtresse d'elle-même. Je ne l'ai jamais connu ainsi.
Elsa étale ses longues jambes devant elle, considère la verdure morte qui nous entoure, les pommettes rougies par les gifles du vent sur nos visages. Le claxon d'une voiture résonne dans le lointain. Je me frotte les mains pour tenter de les réchauffer, m'évertuant à agir naturellement, pour ignorer qu'elle est à quelques centimètres à ma gauche. J'en ai assez de mes hauts sans vie, alors j'ai enfilé un épais manteau appartenant à Noam dans lequel je nage mais qui dégage un parfum purement virile. J'espère qu'elle ne le remarquera pas, seulement, si on se montre un tant soit peu attentif, il est clair que ce vêtement ne m'appartient pas. Exécrer mes habits était qeut-être juste une excuse pour lui emprunter une veste et humer son odeur... Cela témoignerait d'une véritable déchéance, d'une dépendance accrue...
- Vous devez vous demander ce que je fais là, alors que je vous déteste? Lance la jeune femme pâle sans m'accorder un coup d'œil, l'attention entièrement dirigée vers l'horizon.
Elle a une mine éreintée, paraît ailleurs. Je ne m'aventure pas à répondre, de peur que ma voix ne chevrote. J'opine simplement du chef en triturant une mèche caramel entre mes doigts gours et gelés. Je me doute qu'elle a profité de ma solitude pour me bondir dessus et enfin se confronter à la rivale que je représente à ses yeux.
Elle croise les bras, soupire profondément, je l'immite par réflexe... Nous demeurons quebques instants silencieuses, sans bouger, buvant les bruits qui nous parviennent de l'extérieur de notre cocon. Je n'éprouve aucune inquiétude, à présent, elle n'a pas une expression belliqueuse, est aussi amorphe que moi.
- Mon mari vous apprécie. Je voulais comprendre pourquoi. Prétexte-t-elle après un temps, afin d'éclaircir la situation. J'imagine qu'il vous a fait part de ma... mon problème?
- Oui. Je réplique poliment, sans cacher ma réticence à engager la conversation.
Ne pas prononcer le nom de sa maladie la soulage-t-elle? Est-ce un moyen de s'en éloigner, de prendre de la distance avec ses propres démons? De se protéger? Inutile de le souligner et de partager mon raisonnement douteux et mes piètres hypothèses avec l'intéressée, néanmoins, je préfère m'abstenir...
Elle a conscience autant que moi que nous ne nous tollérons que péniblement. Établir un contact est presque une épreuve, après toute la haine qu'elle a manifesté à mon encontre. J'ai de la pitié pour elle, malgré moi, malgré mon animosité, nonobstant, je ne ressens pas le désir de la fréquenter plus que nécessaire pour autant. Elle toussote, embarrassée. Je me demande ce qu'elle pense des confidences de son conjoint pour moi. A-t-elle connaissance de notre rapprochement brutal de ces derniers jours, de la robustesse du lien que nous avons tissé en dépit de ses mises en garde inlassables?
Elle avale une grande goulée au goulot de sa bière, s'essuie les lèvres d'un revers de manche insouciant et replonge dans ses réflexions sans avertissement, me prenant de cours.
- Je m'en doutais. Admet-elle, en faisant preuve d'une placidité relative. Il est loyal, sauf qu'il n'a jamais su garder un secret pour de vrai. Il vous traite avec estime et vous scrute comme si vous étiez la huitième merveille du monde. Surtout quand vous êtes avec la petite. Il aime que vous vous entendiez bien. Je crois que si Angel ne vous avait pas accueilli si promptement, il vous aurait déjà renvoyé. Mais il vous protège, il ne me laisse pas vous faire du mal. Il a de l'affection pour vous. Angel également. Et vous? Que ressentez-vous pour eux?
Je m'interroge sur la fiabilité de ses investigations. Est-elle en train de me manipuler? Est-ce un piège? Je suis dubitative. À quoi rime son discours hautement formel, cette apparence impénétrable, insondable, énigmatique?
- Je leur suis tout autant attachée, madame.
Le mérite me revient de me montrer si respectueuse, si honnête. Ma déférence frôle l'insolence, sauf qu'elle ne la perçoit pas, et en guise d'assentiment, elle se contente de poursuivre. Je ne saisis pas son brusque élan d'aménité à mon égard, bien que je ne proteste pas. Elle semble avoir besoin de s'épancher, aujourd'hui.
- J'ai eu ma fille très jeune. Mes parents n'étaient pas très doués, papa était alcoolique et maman... Disons qu'elle ne sait pas trop comment me témoigner de l'amour. Elle est bipolaire. Il s'avère qu'elle n'était pas la seule. Je ne l'ai découvert que très tard, mais je savais que quelque chose clochait...
- Comment ça? Je ne peux m'empêcher de m'enquérir, refoulant ma suspicion pour m'abandonner à l'instant présent, à notre dialogue suréaliste.
- On a l'impression d'être un élastique... De n'avoir aucun contrôle. de ne pas savoir comment maîtriser ses émotions. Ce sont elles qui commandent, pas moi. C'est comme si... Nous étions deux en moi, et qu'aucune ne savait vraiment comment s'y prendre. Parfois, je n'ai pas le moral. Je voudrais juste que ma vie s'arrête. Je ne suis pas effrayée par la mort, je prie pour qu'elle me trouve. Je me sens faible! Je bois, je bois, je bois, pour que tout devienne moins noir. Et puis, il y a les moments d'euphorie. Il ne faut pas croire que c'est agréable. Rien n'est grave, et je suis capable de tout, de rien et des deux à la fois. Les idées fusent dans mon cerveau, je dors mal et les ennemis sont partout. Je ne peux plus m'arrêter de parler, d'agir, ou j'imagine exploser. Souvent, on m'a reproché de délirer complètement à ces périodes là. Je ne suis pas lunatique, je suis malheureuse. Les médicaments, c'est juste pour se débarrasser de moi, je lesais, je ne les prends plus.
- Je crois qu'on veut vous aider... J'argumente prudemment.
Elle hausse mollement les épaules.
- C'est toujours ce qu'on me répète. Mais... Qu'importe. Ma fille me déteste, Noam va bientôt me quitter, et je serai seule. C'est de votre faute, bien sûr, mais qu'est-ce que j'y peux? Je suis fatiguée, vous savez? J'ai la sensation d'être au bord d'un précipice. Parfois, je vole par-dessus le gouffre, je suis l'aigle royal, hors du temps, capable de tout. Et puis ensuite, je retombe, je suis la funambule sur le filin, je trébuche, reprends mon équilibre de justesse. Bientôt le filin se brisera et je tomberai dans le vide pour l'éternité. Je ne vois que l'obscurité, et quand je veux m'accrocher à quelque chose, je vous distingue, vous, et je vous haie de toutes mes forces. Ça me soulage, de temps en temps. Et ensuite, tout redevient sombre. Je suis seule, dans ma propre tête. Il y a des répits, mais j'oscille constamment, d'un côté et d'un autre, jamais stable, jamais sûre, jamais heureuse... Vous aussi, vous êtes triste et puis joyeuse, sauf que vous ignorez ce que cela fait multiplié par dix, par vingt, par cinquante! Je suis l'extrême, l'exception, l'intruse. Je suis l'imprévisible et l'imprévisible me tue. Vous ne me comprenez pas, évidemment, vous êtes comme tous les autres... J'en ai assez...
Consternée, je la fixe sans sciller, sans parler, sans respirer. Tout en me confiant la réalité dans laquelle elle baigne, elle s'est redressée et n'a pas cessé de faire les cents pas autour de moi, la figure renversée en arrière, empreinte de dureté, la démarche précipitée. Elle ne pleure pas, crispe seulement les poings à intervalles irréguliers. Sa cannette vide gît à mon flanc, détritus parmi tous ceux qui encombrent le sol de son existence. Elle m'aide sensiblement à la comprendre, à comprendre ses ressentis, ses sautes d'humeur, sa colère sous-jaçante et ses prunelles hantées. Enfin, je la discerne en tant qu'humaine, en tant qu'être vivant. Ce n'est plus un mirage, une adversaire, c'est une pauvre femme dépressive.
Sa bipolarité est sévère. Elle alterne entre deux phases, et n'en peut clairement plus. Je me sens inutile à ses côtés, car impuissante. Est-ce ce que Noam éprouve, constamment?
BBredouillante, je tâche tout de même de lui apporter un peu de réconfort.
- C'est terrible. Je suis désolée, madame...
- Taisez-vous! Hurle-t-elle tout à coup, se campant devant moi, me surplombant de toute sa haute stature, même si son dos est voûté et ses iris embués. Si vous êtes désolée, c'est que vous ne comprenez rien. Mon patron était désolé quand il m'a renvoyé du cabinet, vendredi. Je suis désolé, mademoiselle Jefferson, qu'il a dit! Vous pleurez et vous vous énervez sans arrêt, et vos collègues se sont plaint de votre manque de coopération! Je suis désolé, qu'il a dit, je suis désolé! Moi aussi je le suis, et alors? Qu'est-ce que ça change?
- Rien, bien sûr, mais je...
Elsa plante ses poings sur ses hanches, pousse un grognement de bête fauve et crache un jet de salive à mes pieds. Je ramène mes genoux contre ma poitrine, manquant de céder à l'affolement qu'elle fait naître en moi. Le vent se lève, hululant plus fort, un corbeau croasse, le sang bat douloureusement à mes tempes alors que la blonde, au bord des larmes, me contourne à petits pas pour rentrer à l'intérieur de la demeure. Il faut que je prévienne Noam du tour qu'a pris cette sinistre conversation, toutefois, je ne souhaite pas l'alarmer pour rien. De toute façon, Elsa me bloque encore le passage. Je reste difficilement immobile, me traitant de tous les noms d'avoir été si innocente, si passive. Elle n'est pas dans son état normal, elle a bu, vient de m'avouer qu'elle a été viré du cabinet d'avocat dans lequel elle officiait depuis peu, est sur le point de défaillir, et moi, qu'ai-je fait, outre que d'écouter ses confidences abrutissantes en me languissant de pouvoir saisir la complexité de ses troubles, en espérant la rassurer, d'une certaine façon?
- J'en ai assez, Amaryllis. Gémit-elle.
Le courage me déserte. Je crains de devoir interpréter ses paroles. Elle claque la baie vitrée dans son dos lorsqu'elle pénètre dans le salon, et je la suis du regard par-dessus mon épaule. J'ai le corps engourdi par le froid, endolori par ma position inconfortable par terre. Je ne songe pas à bouger avant de la savoir écartée. Je baisse la tête, complètement désarmée. Je n'ai jamais vécu une scène semblable.
Admettre qu'elle m'a effrayé serait un euphémisme. D'ailleurs, son renvoi est bien la dernière chose à laquelle je m'attendais. C'est le souvenir de ce que lui a dit son patron qui a sûrement provoqué son emportement subit, du moins je le crois. Ou alors, elle était déjà sur les nerfs en venant m'aborder? son week-end en compagnie de la voisine ne l'a vraissemblablement pas aidé à aller mieux.... Je doute qu'elle ait informé Noam de sa répudiation, c'est donc à moi de lui expliquer si jamais Elsa tait ce secret.
Reprenant peu à peu mon calme, je commence à récupérer mes esprits et tout en ramassant la cannette abandonnée par Elsa, je me lève en chancelant et regagne à mon tour la chaleur tonifiante de la maison. J'ignore le temps que j'ai passé dehors, mais mon nez m'élance et je sens déjà ma gorge s'enrouer. Ou est-ce à cause de ma nouvelle querelle avec ma patrone? Quelque soit la raison de mon malaise, je l'oublie rapidement.
En effet, on ne me laisse que peu le loisir de me soucier de mon état de santé défaillant. Noam se tient au milieu du salon, décomposé, blême sous la lumière déclinante du jour, les lèvres pincées et le front terriblement plissé. Angel pleure à chaudes larmes dans ses bras, et tous deux fixent résolument la direction de la porte d'entrée. Je me rue en avant, sachant d'avance ce qui s'est produit durant ma brève absence.
- Partie. Elle est partie. Murmure Noam, la voix brisée, les paupières papillonantes.
Le désespoir recouvre ses traits d'un masque crayeux. La petite s'accroche à son cou en sanglotant de plus belle. Je n'ose plus faire un pas, et jette des coups d'œil frénétiques autour de moi. La pièce est déserte, en dehors de nous trois. Un séisme vient de secouer la maison, alors il me semble très étrange que les canapés soient toujours à la même place, que la télévision soit toujours éteinte, que les murs soient toujours blancs et nus, que je sois toujours là, incrédule, alors que je me doutais du dénouement de cette journée à l'instant où Elsa a lâché la bombe concernant son licenciement.
- Partie où? J'articule entre mes dents.
Noam recule loin de moi, la mine abasourdie.
- Je ne sais pas. Elle a dit qu'elle s'en allait. Qu'on ne devait pas la suivre. Je... Ce n'est pas possible. Je n'y crois pas. Ce n'est pas vrai. Et... Je...
Afin de démêler toutes mes idées et de clarifier le contexte du départ d'Elsa, je me remémore l'intégralité de ses dires, sans oublier les expressions qu'elle a pu afficher et les intonnations de son timbre. Sans m'en apercevoir, je laisse échapper un juron, en écho aux reniflements catastrophés d'Angel. Puis je décide de prendre les choses en main, m'approche du jeune homme interloqué, lui prends son enfant des bras et, l'étreignant contre mon cœur, je croise volontairement les yeux écarquillés de mon employeur. Leur éclat améthyste s'est terni, ils se sont assombris pour un violet plus proche du bleu marine. Il refoule sa panique pour se concentrer sur ce que je lui ordonne.
- Va la chercher.
- Hein?
- Va la chercher! Je répète, lâchant la bride à mon impulsivité.
Il fronce les sourcils, de plus en plus hébété.
- Elle ne doit pas être loin. Je renchéris, m'efforçant d'être la plus persuasive possible. Retrouve-la. Je garderai l'enfant. Vas-y, Noam.
Je le presse de partir. Une lueur indéfinissable scintille au fond de son regard, si profondément plongé dans le mien. De l'affection? De la tendresse? De la gratitude? De... l'amour?
Je m'agite nerveusement pour ne pas capituler à l'assaut du désir brûlant qui dévore mon corps, me détourne de lui et vais m'asseoir sur un fauteuil, berçant distraitement Angel contre ma poitrine.
- Qu'est-ce que tu attends? Je maugrée en remarquant qu'il est encore pétrifié.
Il passe une main dans ses cheveux ébouriffés, m'adresse un sourire qui se transforme vite en grimace, et commence à faire volte-face.
- À moi d'être l'amie dont tu as besoin.
Mon chuchotement se perd dans les limbes du silence. Noam a déjà disparu dans le vestibule.
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Coucou! j'espère que vous allez bien ! Vous avez passé une bonne presque semaine ? Oui, je publie un peu en avance, en espérant que ça ne vous dérange pas ! Demain je suis en vacances du coup je pourrais publier plus souvent. Il reste six à sept chapitres ! Et vous êtes toujours là ! C'est... eh bien, c'est incroyable ! Et puis le nombre de vues ne cesse d'augmenter, ça me fait tellement plaisir ! Merci infiniment!
Chapitre pas très drôle, mais je crois qu'il fallait que vous compreniez un peu Elsa, car elle fait partie de cette histoire, de ce triangle, comme me l'a judicieusement fait remarquer une très bonne lectrice dans un commentaire. j'espère qu'elle vous apparaîtra plus humaine maintenant que vous savez à quoi ressemble son quotidien. Je n'invente rien, c'est véritable à ce niveau, comme je vous l'ai dit, j'ai eu une proche atteinte de cette maladie, j'en connais un rayon là-dessus... je vous laisse me dire ce que vous en pensez. On touche au but les amis !
Une idée de la suite? Vous croyez que le départ d'Elsa est définitif ? Qu'elle va revenir ? Est-ce que cette fugue improbable va laisser une chance à nos deux personnages de se rapprocher ? Est-ce qu'au contraire, cela va détériorer leur relation ? Je vous laisse réfléchir ! Vous avez deux heures ! Je rigole ! Allez, gros bisous !
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