- CHAPITRE 6.1 : On récolte ce que l'on sème -
Le dortoir
- Comme vous pouvez le constater, cette pièce est votre dortoir, et c'est ici que vous allez cohabiter pendant toute la durée de votre séjour. Vos bagages ont déjà été déposés près des lits, et sur chacun des matelas se trouve une tenue que vous devez revêtir.
- C'est un peu petit pour 6 personnes, mais je pense que ça devrait le faire, déclara Cécilia, inspectant la salle de ses yeux clairs.
- Écoutez, je sais que ça ne ressemble pas à un hôtel 5 étoiles ou à une chambre luxueuse, mais il faut faire avec ce qu'on a... Comme on dit, "à la guerre comme à la guerre" - Voyant l'expression peu enthousiaste des jeunes, il rajouta - Je plaisante avec vous les jeunes, croyez-moi, les matelas sont malgré tout confortables. De plus, vous passerez peu de temps ici.
- Y a vraiment aucun moyen d'avoir une chambre individuelle ? Plutôt mourir que de partager une chambre avec ces crevards... Rien de mal, juste histoire d'être honnête, c'est un peu ce que vous attendez de nous, nan ? demanda Yamato.
- En effet, très sympa envers tes camarades... Eh bien, non ! Si on doit satisfaire tout le monde, on n'est pas sortis de l'auberge ! Vous feriez mieux d'oublier vos caprices car ici, la communauté prime sur l'individualisme et nous ne ferons aucune exception. Bon, je vous laisse une vingtaine de minutes pour vous changer et vous installer. Je vous retrouve donc à 14h20 précises devant les vestiaires.
Pour s'y rendre, ce n'est pas bien compliqué.
En sortant de votre chambre, vous reprenez le chemin que nous avons emprunté. En résumé, vous tournez à gauche et longez le couloir où se trouvent les dortoirs de vos autres camarades, puis vous tournez à gauche à la fin du couloir et vous vous arrêtez vers le milieu de l'allée, juste après les toilettes et l'infirmerie. Je vous y attendrai devant. À plus tard, les jeunes. communiqua-t-il, tout en quittant la pièce.
- Omega ? Je pense que vous avez omis un léger détail... Comment sommes-nous censés savoir quelle heure il est sans nos smartphones ? Enfin... à moins de posséder la capacité d'être devin... je ne vois pas comment... nota l'individu au t-shirt orange oversize, paré de quelques symboles blancs, à l'attention d'Omega.
En se retournant, l'être au visage parfait remarqua qu'Omega était trop loin pour l'avoir entendu et ajouta :
- Ah... bah super ! On fait comment maintenant ?
- Bah, je ne sais pas, peut-être qu'avant de parler, il faudrait regarder autour de toi..., pauvre imbécile ! fit remarquer Yamato en pointant du doigt l'entrée.
Il s'allongea sur l'un des lits du bas, ferma les yeux et croisa ses bras derrière la tête, s'apprêtant à faire une sieste.
L'individu fixa le dessus de la porte où, comme l'avait indiqué Yamato, l'heure et la date étaient projetées sur le mur : 26 septembre, 14h02.
- Eh ! Qui t'a permis de m'insulter ? D'ailleurs, cet imbécile a un nom ! C'est Sam, pour information !
- Merci, mais je ne pense pas avoir demandé... et encore moins m'en être intéressé.
- Ah... toujours aussi sympathique, Yamato... D'ailleurs, prends tes aises, fais comme chez toi... Franchement, ça ne t'a pas traversé l'esprit que certains préféraient également prendre le lit du bas ? ajouta Cécilia.
- Oh... toi, ne commence pas à me casser la tête. Je ne suis pas venu ici pour qu'une fille capricieuse commence à se mêler de tout... Mon sac était posé là, alors j'estime que c'est mon lit, c'est tout, répliqua-t-il en se retournant vers le mur.
- Mouais, monsieur grincheux fait encore des siennes... Bon, les autres, ça vous convient la disposition des lits comme ça ?
Le reste de la chambre approuva d'un signe de tête avant que chacun ne se mette à vaquer à ses occupations. Nelia s'assit sur le lit du bas où son gros sac de voyage avait été posé, afin de détendre ses jambes quelque peu engourdies par l'effort intense qu'elle avait réalisé jusqu'à présent.
À l'entrée de la pièce, une armoire en bois ouverte, avec un casier pour chacun, était disposée. Cécilia, qui avait décidé d'y ranger ses affaires, ouvrit son sac. À l'intérieur, tout était plié à la perfection. Cependant, à la mimique de son visage, on pouvait percevoir que quelque chose la chiffonnait.
- Les gars ? Je ne veux pas passer pour une folle, mais je pense que nos sacs ont été fouillés... fit remarquer Cécilia.
- Tu en es sûre ? Je n'ai pas l'impression qu'on ait touché au mien, déclara Nevio, qui tenait son sac entre ses mains et regardait à l'intérieur.
- Moi non plus, ajouta Sam en regardant sa sacoche noire.
- Oui, j'en suis sûre ! Mes vêtements ne sont plus du tout pliés de la même façon qu'ils l'étaient ce matin !
- Tu penses vraiment qu'ils se sont amusés à défaire tous nos bagages pour ensuite les replier ? Et tout ça juste pour fouiller nos sacs... J'ai de gros doutes !
- Ouais, franchement, tu dois être parano ou bien très observatrice... Mais je pencherais plutôt pour le premier cas ! Tu me fais rire ! Faudrait avoir des preuves concrètes et non dénuées de sens, madame l'enquêtrice à deux balles, lança Yamato.
- Ah... Pourquoi les hommes doivent toujours s'allier entre eux pour prouver qu'ils ont raison... , ajouta Sam d'un ton exaspéré.
- Tu te souviens quand je t'ai demandé ton avis ? Moi non plus. Alors ta gueule !
- Les gars, je veux bien qu'on se connaisse à peine, mais il vaudrait mieux arrêter ces chamailleries et essayer de s'entendre un minimum, vous ne croyez pas ? On va quand même devoir cohabiter dans cette pièce tous ensemble ! Exposa Nelia, dévisageant Yamato.
- Je suis d'accord ! Sinon, vive l'ambiance et la bonne humeur... Confirma Nevio, d'un ton neutre.
- Bon... après, comme l'a souligné Omega, on y passera que peu de temps. Chuchota Yamato.
Cécilia, qui était en train de fouiller son sac en retirant et posant délicatement ses affaires sur le drap bleu marine, s'arrêta brusquement :
- C'est bon, j'en suis sûre maintenant ! Ils ont touché à mes affaires. Moi, qui espérais pouvoir écouter tranquillement ma musique. C'est mort, ils ont tout pris... mon casque... mon smartmusic.
Nelia, assise à côté de Cécilia, le dos contre le mur, se précipita vers son grand sac posé au pied du lit et l'agrippa de manière nerveuse. Sans trop réfléchir et paniquée, elle l'ouvrit rapidement et se mit à le fouiller, laissant tomber tous ses vêtements sur le matelas. Son visage était marqué par une forte inquiétude.
- Ça va, Nelia ? Ce n'était pas une bonne idée de ramener des objets de valeur... Ton lingot d'or a disparu, c'est ça ? lança Sam sur le ton de l'humour.
Concentrée dans sa recherche, la jeune fille ignora la question et continua de fouiller son sac. Après en avoir vidé plus de la moitié, sa main finit par atteindre l'objet tant recherché. Elle sortit avec douceur une trousse de taille moyenne qui était bien remplie et vérifia qu'il ne manquait rien à l'intérieur.
- Ah... merde, pardon... s'excusa Sam, mal à l'aise face à la situation.
- Tu es malade ? demanda Cécilia en regardant les médicaments qu'elle tenait en main.
Nelia, soulagée de constater que tous ses médicaments étaient là, se détendit et leva les yeux vers Cécilia. Face à elle, à l'exception de la jeune fille aux cheveux tressés qui fouillait intensément son sac et Yamato qui semblait somnoler, tous les regards étaient fixés sur Nelia. Ces regards qu'elle détestait tant, empreints de pitié. Elle voulait éviter cela à tout prix, cacher cette partie de sa vie et vivre cette nouvelle expérience normalement. Mais une fois de plus, elle se trouvait contrainte d'expliquer cette partie de sa vie qu'elle aurait tant voulu oublier.
- Euh... Non, ne vous inquiétez pas. Ce sont juste des vitamines et quelques antihistaminiques que je dois prendre depuis que je suis petite, répondit-elle en esquissant un sourire forcé. Elle détestait mentir et n'était pas douée pour cela, mais elle ne pouvait plus supporter cette compassion et cette tristesse qu'elle percevait dans leurs yeux. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était d'être une jeune normale, appréciée pour sa personnalité et son caractère, et non pour sa maladie. S'attendant à d'autres questions, elle s'apprêtait à ajouter quelques détails à son mensonge, mais fut interrompue par Nevio :
- Ça fait beaucoup de médicaments, mais bon, si tu dis qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter, commenta Nevio à l'égard de la jeune fille.
Nelia, surprise de voir que son bobard avait fonctionné, se contenta d'un autre sourire en signe d'approbation et se mit à ranger le bordel qu'elle avait créé autour d'elle.
- Et toi ? Ça va ? Ils t'ont pris quelque chose ? Tu sembles inquiète, questionna Cécilia en direction de la jeune fille à la peau ébène.
Elle s'arrêta brusquement de fouiller, enleva les mains de son sac et cacha dans la poche de son jean noir ce qui semblait être un petit sachet transparent au contenu vert.
- Non, rien d'important ! Assura-t-elle, immobile et le regard vide en direction de Cécilia.
- Okay, c'est le principal, confia son interlocutrice aux cheveux extrêmement longs.
La jeune fille à la peau ébène et aux yeux foncés esquissa un très léger sourire, signe de soulagement, et se remit à fouiller dans son sac, avant d'être une nouvelle fois dérangée par quelqu'un qui lui toucha l'épaule. Dans la précipitation et le stress, elle se retourna.
- Alors, tu préfères le lit du bas ou du haut ? lui demanda Sam.
- Je préfère le bas, j'espère que ça te va, dit-elle tout en s'asseyant.
- Parfait, ça me va, de toute façon ce n'est pas comme si tu m'en avais laissé le choix, dit Sam en lui esquissant un sourire plus que parfait.
- Ce n'est pas tout ça les gars, mais moi je vais aller me changer. Il ne reste plus que dix minutes. Je pense qu'il vaudrait mieux ne pas arriver en retard, indiqua Nevio en tenant sa tenue dans ses mains. Après avoir jeté un coup d'œil à l'heure, il se dirigea vers la sortie.
- Attends-moi ! Je viens aussi. Je n'ai pas envie de me retrouver à l'autre bout de Kae, indiqua Sam de manière gênée.
- Je vous accompagne ! déclara Nelia, qui rangea ses médicaments dans son sac et prit le t-shirt marron crème portant le symbole de Kae ainsi que le jogging caramel.
- Moi aussi ! indiqua Cécilia.
- Autant y aller tous ensemble. Une fois changés, on n'aura plus qu'à attendre Oméga là-bas, précisa Nevio.
- Tu viens avec nous ? demanda Cécilia à la fille aux cheveux tressés.
- Oui, murmura-t-elle d'une voix monotone.
- Et toi, Yamato ? Tu viens ? interrogea Nevio qui se tenait dans l'embrasure de la porte.
- Non, je reste ici ! Je vous rejoindrai plus tard, informa-t-il en somnolant.
- Eh bien... il paraît déjà un peu plus sympathique quand il est à moitié endormi. Ne t'endors pas d'ici là ! rajouta Nelia en sortant, suivie de près par la fille au jean noir.
Nelia, Sam et Cécilia rejoignirent Nevio dans le couloir où l'ambiance était agitée, voire bruyante. De nombreuses personnes de tous âges et de toutes nationalités se baladaient, bavardaient, entraient et sortaient des différents dortoirs. La jeune femme à la peau ébène, après avoir agrippé sa tenue, fut la dernière à les rejoindre dans cette allée en béton. Ils prirent le chemin indiqué une dizaine de minutes plus tôt par les organisateurs. Dans le dernier couloir, ils parcoururent encore une vingtaine de mètres et atteignirent, non loin des toilettes, les vestiaires. Contrairement à ce qui se faisait normalement, il n'y avait pas de séparation formelle entre les vestiaires pour hommes et ceux pour femmes. Toutefois, cela avait été réalisé afin que chacun puisse garder son intimité. Les jeunes passèrent l'entrée arquée et se retrouvèrent dans un autre couloir dont les murs étaient également garnis de nombreuses portes. La majorité d'entre elles étaient ouvertes et affichaient une minuscule lumière verte sur le dessus, tandis que celles qui étaient fermées arboraient une lumière rouge.
- On se revoit après, dit Nevio en entrant dans l'une des pièces.
- À tout de suite, dit Sam en rentrant dans un autre vestiaire.
La fille aux cheveux tressés et Cécilia firent de même et laissèrent Nelia seule dans ce couloir bien éclairé.
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