- CHAPITRE 11.2 : Les armes ne font pas le moine -

- Si ton père est bien Ayden Balrosa, alors oui, bien sûr que je le connais.

En entendant le nom mentionné, elle fut sous le choc. Elle lui répondit, bégayant légèrement :

- Oui, oui, c'est bien ça !

Il y eut un silence quelque peu malaisant entre eux avant qu'Oméga ne rajoute.

- En même temps, en tant que révolutionnaire antisystème, il est difficile de ne pas savoir qui il était.

La jeune fille, toujours aussi bouleversée, prit du temps avant de poursuivre la conversation.

- Tu étais proche de lui ? Enfin, je veux dire, tu as reconnu son carnet de bord... J'imagine que c'était le cas ?

- On peut dire ça, oui. C'est moi qui lui avais offert. Je ne m'attendais pas à le revoir un jour, et qui plus est dans les mains de sa fille, confia-t-il, lui aussi ému par la situation.

- Vous étiez amis ?

- Eh bien, oui, on peut définir notre relation comme telle.

- Un ami ! Vraiment ? Est-ce que tu peux me parler de lui ? Comment était-il ? Tu sais ce qu'il lui est arrivé ? Et ce dernier rendez-vous, est-ce que tu sais ce que c'était ? questionna-t-elle en lui montrant la dernière page.

- Ola, tu en as des questions ! Je le reconnais bien en toi ! Tu tiens de lui sa vivacité et sa curiosité, fit-il remarquer avec un sourire aux lèvres.

- Oh, euh... pardon, mais vous ... euh tu sais, c'est juste... euh que c'est la première fois que je rencontre un de ses amis qui peut m'en dire un peu plus sur lui.

- Tu n'as pas à t'excuser, je comprends tout à fait ton engouement - il se tut quelques secondes avant de poursuivre - Enora, ne t'a pas parlé de lui ?

- Maman ? rapporta-t-elle d'un air surpris.

- Oui, Enora !

- Euh... non pas trop... elle évite de parler de lui devant nous et quand on le mentionne, elle change vite de sujet...

- Je peux la comprendre. Il était tout pour elle... Et il a disparu du jour au lendemain sans rien nous dire...

- Donc toi aussi, tu ne sais pas ce qui lui est arrivé ?

- Malheureusement, non... Il s'était un peu éloigné et était devenu très discret les dernières semaines avant sa disparition...

- Discret ? Éloigné ? Comment ça ?

- Il avait l'air assez préoccupé... Je pensais que c'était dû à toi et aux résultats médicaux que vous attendiez, donc je n'ai pas cherché plus loin... Mais ce que tu viens de me montrer m'intrigue...

- J'ai trouvé ça aussi étrange... Pourquoi ne l'a-t-il dit à personne ?

- Ton père était quelqu'un de débrouillard et de bienveillant ! Je pense qu'il ne voulait pas risquer de blesser son entourage. Il voulait peut-être en quelque sorte nous protéger... Tu sais, c'était un grand homme avec de grandes valeurs. Sans lui, Kae n'existerait sûrement pas ! C'est son mouvement qui en est la source.

Nelia écarquilla les yeux, elle n'en revenait pas que son père avait pu inspirer et peut-être même participer à un tel projet de rébellion, dont elle en avait suivi l'engouement. Peut-être était-elle trop jeune à cette époque-là pour comprendre que son père n'était pas un simple informaticien. En tout cas, une chose était sûre, elle voulait poursuivre les traces de son père. Elle continua d'un ton interrogatif :

- Nous protéger de quoi exactement ? Ou de qui ? Vous devez avoir une petite idée.

L'homme détourna son regard de la jeune fille et, d'un geste délicat, effleura le rebord de sa casquette pour l'ajuster parfaitement. Puis, plongé dans une profonde réflexion, il resta ainsi pendant un laps de temps indéterminé, les yeux rivés vers l'horizon. Il se lança dans une brève explication.

- Je n'en ai pas la moindre idée...

Tout à coup, Cécilia apparut et les interrompit dans leur conversation.

- Tiens, ton eau - fit-elle en affichant un grand sourire, avant d'ajouter - J'espère que je n'ai rien interrompu d'important...

- Euh... non, pas du tout... Enfin, euh... j'allais demander à Oméga par rapport à notre discussion de ce matin.

- Oh, oui, c'est vrai ! Et du coup, on aura quand des nouvelles du SHÔMA ?

- Euh oui, ça devient un peu long... compléta Nelia après s'être levée.

L'homme, à la posture impeccable, retrouva son sérieux. Ses yeux fixaient au loin, tandis qu'une voix solennelle s'échappa de ses lèvres pour les avertir, avant qu'il ne s'engage sur les escaliers qui le ramèneraient vers le balcon.

- Encore un peu de patience, ça ne devrait pas tarder. Tout vient à point à qui sait attendre. Sur ce, je vous laisse, le jeu va bientôt reprendre.

Une fois qu'Oméga eut quitté les lieux, les deux jeunes femmes se dirigèrent de nouveau vers leurs coéquipiers. La pause toucha à sa fin et les organisateurs leur accordèrent, comme dans les autres manches, dix minutes de concertation. Les oranges se montraient inflexibles, tous regroupés et captivés par les discours de la leader au bandana. Chaque parole qu'elle prononçait était écoutée avec une attention soutenue. Une harmonie se dégageait de leur groupe et ils parvinrent à se mettre d'accord en seulement quelques minutes sur la tactique à appliquer.

Quant aux verts qui s'étaient tous rassemblés, l'ambiance était plus désordonnée et dispersée. Les discussions fusaient dans tous les sens sans que personne ne puisse véritablement proposer de plan cohérent. Soudainement, au cœur de cette foule tumultueuse, une voix puissante se détacha.

- J'ai peut-être une idée...

Les regards se tournèrent vers Nelia qui avait pris la parole, attirant ainsi l'attention de tous.

- Dis-nous ! Au stade où on en est, toute proposition est bonne à prendre.

- Ouais, surtout si ça peut nous éviter une défaite cuisante.

- T'abuses, on a seulement perdu de peu, s'exclama un jeune d'un ton ferme.

- C'est vrai - ajouta une autre personne en prenant une légère pause - Si on compare au premier jeu où on s'est pris une véritable raclée, cette fois-ci, on les a réellement mis en difficulté.

- Ouais, on avait clairement l'avantage avec ces armes, mais malheureusement, on n'a pas réussi à faire la différence. Honnêtement, je ne vois pas du tout comment on peut s'en sortir maintenant qu'on se retrouve désarmés...

Une lueur de découragement flotta dans l'air alors que les mots résonnaient parmi l'équipe, reflétant l'incertitude qui les entourait face à cette situation.

- Ma stratégie est justement basée sur les armes, annonça Nelia d'une voix assurée. Dans les règles énoncées, il n'a pas été précisé que le désarmement était interdit.

- Oui et alors ? demanda un membre de l'équipe.

- Moi, je crois savoir où elle veut en venir, mais c'est très risqué...

- Oui, je sais... Mais si personne n'a d'autres propositions, ça vaut toujours la peine de tenter, compléta Nelia.

- Avant de porter le moindre jugement - suggéra une trentenaire - écoutons ce qu'elle a à dire.

Un silence s'installa alors dans l'équipe, le temps que Nelia prépare ses explications.

- Alors, euh, voilà mon idée - commença Nelia d'une voix hésitante - Si on arrive à désarmer quelques oranges dans un moment de tension et à rendre nos badges moins visibles, ils pourraient penser qu'on est des leurs. Ça nous permettrait de récupérer leurs insignes en nous servant des armes, comme dans la première manche.

- C'est pas mal ! réagit l'un de ses coéquipiers verts. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas cons... Ils savent à peu près qui est dans leur équipe.

Un murmure d'approbation se fit entendre après cette remarque.

- C'est possible... Mais avec l'agitation du jeu et le fait qu'on ne se connaît pas tous, il y a des chances que ça puisse fonctionner, compléta la jeune fille en défendant son idée.

- Ok, supposons que ta tactique fonctionne - intervint une autre personne - Ils vont forcément finir par comprendre à un moment donné et feront tout pour nous empêcher de continuer.

- Surtout avec Elie, leur leader. Elle est très vive d'esprit et elle risque de vite comprendre notre stratégie.

- C'est justement pour ça qu'on doit tous agir en même temps, à un moment stratégique du jeu qui ne leur laissera pas le temps de s'adapter et de reprendre l'avantage.

- Tu veux dire à la fin du jeu ? Dans les dernières minutes ?

- Oui ! J'aurais dit les 10 dernières minutes.

- C'est un bon plan, mais faire "all-in", c'est beaucoup trop audacieux... On va se faire laminer ! déclara le jeune homme aux cheveux noirs corbeau.

- Un All quoi ? Vous les jeunes, toujours avec vos expressions sorties de nulle part... Vous m'épuiser...

- Ouais, tu pourrais nous traduire ça ? On n'a pas apporté notre décodeur de djeunes avec nous...

- Excusez-le, il doit avoir oublié comment parler normalement à force de rester plongé dans son univers virtuel...

- Et revoilà, l'emmerdeuse... Je t'ai demandé de me défendre ? Je ne pense pas. Je suis désolé d'utiliser un vocabulaire trop évolué pour certains d'entre vous. Peut-être que le terme "tout miser" est plus familier ?

- Oh, les gars, vous n'en avez pas marre de vous disputer tout le temps ? Là, ce n'est pas le moment, vous aurez toute la soirée pour ça... franchement, vous êtes pire qu'un couple marié, s'exclama Sam.

- Oui, revenons où on en était ! Vous avez conscience que le corps à corps augmente fortement les probabilités de se faire dépouiller encore plus ? C'est du quitte ou double ? Fit remarquer un jeune homme.

- C'est plus qu'évident... mais de toute manière, que l'on tente ça ou que l'on ne fasse rien, on arrivera au même résultat... Que ce soit une défaite de justesse ou écrasante, une défaite reste une défaite ! Autant essayer ! Lui répondit Nelia.

- Alors, on est tous d'accord ? Quand le chrono affichera les dix dernières minutes, pour ceux qui se sentent capables, vous irez à l'affrontement pour récupérer le plus d'armes possible..., conclut un homme trapu.

- Attendez ! Qui a dit qu'on était tous d'accord ?

Des voix s'élevèrent près de celui qui venait de désapprouver cette stratégie hasardeuse, exprimant des avis tels que "C'est vrai, c'est trop dangereux..." ou "Si c'est déjà fichu, autant ne pas nous casser la tête".

- Et vous proposez quoi ? Se laisser perdre ? Sans même se battre ? demanda une femme à la peau matte du groupe Oméga.

- Bah, ouais, plus vite on perd, plus vite on pourra se reposer. Je suis fatigué de cette compétition inutile...

- Waouh, des lâches pareilles... Je pense que je commence enfin à comprendre. Avec des mentalités comme ça, ce n'est pas étonnant que notre monde se dégrade... Pourquoi êtes-vous ici au juste ? Si c'était pour des vacances, vous vous êtes trompés d'endroit..., souligna Nilaja du fond de la foule.

- Bon, c'est pas tout, mais il faudrait se décider. Il ne reste plus beaucoup de temps, indiqua un quadragénaire.

- Je propose de régler cela démocratiquement. Alors, pour ceux qui souhaitent terminer au plus vite, veuillez vous rassembler de mon côté. Et pour les intrépides, veuillez vous regrouper près de la jeune fille là-bas, celle qui a proposé la stratégie - dit-il en la montrant du doigt- Nous suivrons la stratégie de celui qui aura le plus de partisans.

Les gens se séparèrent en deux groupes, se positionnant en fonction de leur choix. Le temps était compté avant que la partie ne commence, et il restait tout de même de nombreux indécis, dont Yamato, qui finirent par se décider et rejoignirent le clan qui leur paraissait le plus favorable.

- Bon, il n'y a plus de doute, on opte pour cette stratégie, déclara le quadragénaire. 

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