*chapitre 1* - surprise

Debout à ma fenêtre, j'observe le Soleil qui se lève déjà derrière les montagnes majestueuses que j'affectionne tant. Il paresse, se faisant attendre comme s'il tarde volontairement de peur d'entamer une nouvelle journée.

A mon poste de vigie, je contemple ce paysage qui peuple tout mes souvenirs d'enfances.

J'ai déjà hâte de commencer cette nouvelle journée, car je sais en moi même, qu'elle sera à nouveau remplie du rire des enfants du village, des odeurs de pain frais qui émaneront des maisons environnantes et du chant des coqs qui sonne l'heure aux fermiers du commencement de leur dure labeur qu'ils auront à accomplir sous ce chaud soleil d'été.

Bref, une journée aussi prometteuse que je pu l'espérer pour la fin du mois d'août qui, nous avait déjà offert plusieurs belles journées chaudes et ensoleillées . Comme pour me sortir de mes rêveries, quelques coups timides frappés à ma porte me ramènent à la réalité.

Deux petit yeux bruns me scrupte déjà dans l'embrasure de la lourde porte en bois.

«Madame, pardonnez-moi de vous déranger, mais Monsieur votre père vous demande expressément à sa table.»

Comme je ne réagis pas instantanément, elle sent sans doute que je ne comprend pas encore l'ampleur de la situation.

«Et il vous y attend dès maintenant.»

Précise la petite femme qui se tient bien droite devant moi.

« Oui Becky, faites lui savoir que je ne tarderai pas.»

Elle acquiesce doucement de la tête, puis referme la porte derrière elle. Je peut m'asseoir sur mon lit quelques minutes afin de me questionner sur la requête pressante et matinale pour le moins inhabituelle de mon père.

Mon esprit vagabonde à nouveau. Je songe à cette petite femme aux yeux de la même couleur que le bois foncé. Elle me sert de camériste depuis cinq ans maintenant. Je la connais depuis mon enfance, mais notre lien d'amitié a changé depuis ces dernières années, passant de mon égal, à ma femme de chambre en une seule nuit.

Ses parents étant morts, ma famille décida de lui faire une place comme servante. Son père avait déjà travaillé pour le mien et, comme il était fils unique et sans titre (bien que respecté par la noblesse), personne ne pouvait prendre Becky à charge.

Elle aurait sans doute fini à la rue ou, pire encore, dans un bordel. Mon père, par respect pour son ami décédé, décida de lui éviter ce malheur. Cependant, il ne pouvait éduquer Becky comme une noble, puisqu'elle ne portait aucun titre.

Elle n'est pas cher payée, mais elle est logée, nourrie et protégée de ces hommes qui en auraient vite fait une fille de joie.

Je me rappellerais toujours cette même jeune femme en larmes, qui avait franchi le pas de notre porte en pleine nuit. Elle était mouillée et tremblante, l'eau de la pluie torrentielle dû à la tempête qui faisait rage, dégoutait de ses longs cheveux jusqu'au sol de l'immense hall d'entrée.

Elle nous raconta sa terrible mésaventure. Séchant, au fur et à mesure, les larmes qui coulaient le long de ses joues.

Nous la gardâmes sous notre toit jusqu'à ce que le nouveau notaire explique à mon père que, dans le testament , il n'y avait aucune disposition prise à son égard.

Mon père lui offrit alors le poste de camériste et nos liens durent passer d'amies à ceux de maîtresse et servante.
(Ce que je n'ai jamais réussi complètement à faire au grand dam de ma mère) je ne peut m'empêcher de trouver la situation ridicule et injuste.

Sa vie et son avenir basculèrent en une seule et unique nuit. Elle n'aurait certes pas marié un duc, mais cela valait sûrement mieux que de servir une maisonnée.

Elle n'a pas eu la même chance que moi avec ma bonne éducation et les moyens de ma famille. Son père n'était pas aussi bien lotie que nous, mais, d'après ce que l'on m'en a dit, elle aurait pu réussir à faire un bon mariage.

Par contre, une fois le patriarche décédé, elle avait
perdu toutes ses chances de s'élever dans la haute société.

«Qui voudra s'encombrer d'une femme sans dote?» Scandait mon frère.

Je retenais de peine , une grimace de dégoût à l'évocation de ses mots.

Je sais d'expérience que mon père déteste attendre et, comme il m'a fait quérir, cela signifit donc qu'il doit vouloir me parler prestement.

Je dû alors me soustraire à l'histoire de ma tendre amie et j'entrepris de m'habiller partiellement, d'abord les bas et le jupon.

Je regarde avec dépit le corset posé sur la vieille chaise de bois qui ornait le coin de la pièce.

J'essaye de l'enfiler, mais me rend rapidement à l'évidence, je ne peux pas le lasser toute seule ...

Bien que très inconfortable, j'aime quand même le porter, il affine ma taille permettant de mettre mes plus beaux atouts en évidence.

J'appelle donc Becky pour qu'elle m'aide à le lacer, ce qu'elle fit d'ailleurs très vite de ses longs doigts de fée.

Je suis maintenant fin prête à mettre ma robe préférée, celle qui est bleu aux couleur sombres de la nuit.

Elle me rappelle les soirs où, petite, je regardais le ciel avec mon père. Assise sur ses genoux, je regarde les étoiles qui scintilles , me laissant encore croire à la magie.

Je me plais à fermer les yeux et à imaginer toute les contrées dont me parlait mon père.

Je ne suis jamais sorti de mon petit coin de pays, mais ses histoires me donnaient l'impression qu'un autre monde fascinant vivait au-delà de mes chères montagnes.

J'espère même, au détriment de ma mère, pouvoir ,un jour, trouver un mari qui voudrait bien me faire découvrir ces régions inconnues.

« Jamais ton père ne te laisserait épouser un aventurier sans le sous! »

Scandais-t-elle avec dégout avant de revêtir de nouveau son parfait masque d'indifférence.

La sensation du satin frais sur ma peau me fait frissonner et me rappelle que je dois faire vite.

Je lisse le bas de ma robe, place les boucles de velour noir qui viennent compléter mes manches et replace aussi la dentelle qui sied le pourtour de ma gorge.

Une fois les joues pincées pour mettre de la couleur sur ma peau blanche, je remonte mes cheveux pour dégager ma nuque puis décide finalement de les relâcher et de les attacher en une tresse leste qui tombe jusqu'à mi-dos. J'allais me regarder dans le miroir quand j'entend une voix qui semble provenir du bas de l'escalier.

«Breena!!! Pour l'amour du ciel, dépêche-toi ton père attend, ne le fait pas languir plus longtemps.»

Le ton pressant de ma mère m'inquiéte légèrement, ne comprenant pas encore très bien l'insistance de mon père à me voir si tôt.

« j'arrive mère!»

Lui dis-je docilement. Je peut bien trouver la situation exagérée, jamais, oh grand jamais, je ne devrais le lui laisser savoir et ça, même au seul ton de ma voix.

Je décide de ne pas me regarder dans la glace. Après tout, je ne peut rien changer à mon visage et, de toute façon, je sais déjà ne pas être hideuse.

Certes, je ne suis pas non plus une beauté à se faire pâmer les femmes d'envie.

Ma mère était, plus jeune, une très belle femme dont j'ai hérité de ses cheveux roux et bouclés, de son nez droit et aquilin et de sa bouche aux lèvres bien remplies.

J'ai quand même hérité du regard mystérieux et enjoué de mon père. Bien que, c'est temps ci, avec ses problèmes d'argent, il a le regard plus dure, fatigué et soucieux.

J'ai aussi vu ses yeux, capable de prendre une teinte foncée, presque grise, dans les situations qui le mettent en colère.

Aussi, Le regard assassin qu'il a envers ses ennemis. Il n'a jamais eu ce regard sévère avec moi par contre.

Je suis sa fille chérie, bien sûr, j'ai déjà vu ses sourcils se froncer après que mon frère eu fait des bêtises, ce qui arrivait souvent étant enfant.

Il s'évertuait à se fourrer le nez aux endroits même où on lui interdisait et, a son grand dam, quand on mit trouvais aussi, on l'accusait d'avoir une mauvaise influence sur moi.

C'est d'ailleurs en souriant à cette pensée, que je decend l'escalier vers le brouhaha des domestiques qui s'attelent à placer les couverts du petit déjeuner.

À la table, m'attend lady Marguerite, ma mère, qui n'a pas l'air de très bonne humeur, mon père, qui a cet air sérieux qui ne signifit jamais rien de bon, et mon frère avec son sourire habituellement narquois.

Il sait donc quelque chose qui, de toute évidence, m'échappe. Je prend donc ma place habituelle, à la droite de mon père et en face de ma mère qui me toise de son regard glacial. Cela n'augure rien de bon. Pensais-je.

Mon père, après m'avoir gratifié d'un hochement de tête solennel, commençe à parler le premier.

« Breena, pour qu'elle raison t'es-tu donc faite attendre de la sorte ce matin? »

Bien que cela sonne comme une question, je sais que ce n'est pas le cas. Je garde le silence et attend patiemment qui laisse tomber le reproche qu'il a sur le cœur.

« Peut être ,devrais-tu dormir le soir et arrêter de rêvasser.» ajoute-t-il sans me regarder, portant toute son attention sur sa coquille d'oeuf qui refuse de se casser.

À une époque pas si lointaine, où il tenait a ce que j'apprenne à lire (lui et ma mère n'étaient pas d'accord), elle disait que les femmes n'avait pas besoin de savoir lire, mais l'orgueil de mon père avait eu raison des arguments de ma mère.

Selon lui, une femme qui sait lire à une meilleure place dans la maisonnée. Elle peut aider son mari à tenir les registres et sait se rendre plus utile.

Elle avait fini par céder quelques heures de leçon de broderies à mon enseignement du français et des rudiments de l'anglais. J'avais donc pu lire les livres qui ornent les bibliothèques du manoir .

Il m'arrive de lire tard le soir, à la lueur de ma simple bougie, et je sais que c'est exactement à ça qu'il fait allusion à l'instant précis.

Je me contente de ne pas argumenter le sachant déjà de mauvaise humeur. Il n'attend évidemment pas de réponse et continue sur sa lancée.

«J'ai eu un entretient tard hier soir avec le messager du compte de Duharnais, il semble que ce dernier cherche a prendre femmes et il juge avoir atteint l'âge ou il est pressant d'avoir des héritiers mâles pour assurer sa descendance .
Il a manifesté l'envie de te prendre comme épouse et ce, même si ta dotte n'est pas conséquente.»

Il prend une pause que j'accueille avec grand bonheur tentant d'assimiler cette nouvelle avec un calme olympien.

«Je ne sais pas d'où lui est venu cette idée puisque de toute évidence il n'a rien à y gagner.» Ajoute mon frère sans même prendre la peine de sourire.

J'étais passé de petite princesse à femme encombrante, et la seule différence est le nombre de pièces que compte les coffres de ma famille.
Une triste constatation qui me brise le coeur.

Mon père ne fait aucun cas de la remarque désobligeante de mon frère ce qu'il aurait normalement fait. Il continue à débiter son texte comme s'il a appris se discours par cœur.

«Tu ne possède pas de terre ni de titre a toi et je ne peux te doter suffisamment Mais, c'est un homme riche qui a un caprice et tu es ce caprice qu'il veut s'offrir onéreusement. Tu te marieras donc avec lui avant la fin de l'été.»

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