Chapitre 8

La Nouvelle Orléans n'a jamais été connu pour être une ville calme, même la nuit. Mais si elle ne l'est pas pour le commun des mortels, c'est encore pire pour le monde du surnaturel, surtout aujourd'hui. Emilie Richard était en ville et elle n'était pas venue seule, deux cavalières du Destin était à ses côtés. Tout cela n'était pas ce qu'il y a de plus habituel dans ce monde, à mémoire de lignée humaine ce n'était même jamais arrivé. Les Cavaliers du Destin ne se déplacent jamais par deux, le seul moment où ils étaient possible pour eux de se croiser c'est lorsqu'ils se rendent à Citadelle, les légendes racontent que c'est là bas que sont emprisonnés tout ceux qui dont la dangerosité est tel qu'ils ne peuvent être enfermé au Tartare. Alors apprendre que deux d'entre eux étaient aujourd'hui à la Nouvelle Orléans en même temps et pour la même chose, plaçait le niveau de la menace de extrême à pouvant signifier la fin de toutes choses. Par conséquent, la piètre nouvelle s'était très rapidement fait connaître par delà les murs de l'Ermitage et toute la ville fut rapidement au courant et le reste du monde ne saurait tarder. L'ébruitement d'une telle nouvelle était une lame à double tranchant, de l'un cela surprendrait l'adversaire et placerait assez haut la menace pour tout ceux qui auraient l'idée de tenter de récupérer Agathe Richard et de l'autre cela pourrait donner à leurs adversaires des alliés supplémentaires. Ne dit on pas que l'ennemi de mon ennemi est mon ami ?


Tout cela était ce que Alix Wonder se demandait et remettait en question dans son esprit, le regard tourné vers la rue. Ils étaient tous sur un fil de rasoir, le moindre faux pas et c'est toute la ligne qui tombe, mais leur équilibre comptait sur deux enfants perdus dans la nature face à des puissances qu'ils ne peuvent imaginer. Sauraient ils au moins s'en sortir assez longtemps pour que leurs aînés aient le temps de riposter aux menaces planant sur le monde ? Alix l'espérait de toute son âme sinon, ils seraient déjà perdu. La maigre consolation à leur situation était que si Simon et Agathe étaient introuvable pour eux, ils le seraient sans doute pour ceux qui les traquent et cela ne peut que être bénéfique, leur permettant ainsi d'éviter une fin du monde prochaine et possible.

Soudainement, deux mains sur ses épaules virent couper les réflexions de la brune, la faisant presque sur sauter. Alix resta de marbre quelques instants avant que la personne l'ayant interrompue l'attire vers son torse, restant tout deux tournés vers la vitre. L'ombre soupira, s'apprêtant à prendre la parole mais une voix grave la devança :

-  Camille et Alexander viennent d'arriver, ils sont avec Jonathan entrain de manger. Maya s'est déjà barricadée dans la salle où la connexion est la meilleure. Junior est entrain de calmer Emilie avant qu'elle ne mette Midgard à feu et à sang pour retrouver sa fille. Luna et Martin sont injoignable mais cela ne m'étonne pas d'eux, après la dernière bataille ils se sont retirés loin de tout. Aisha est allée à Asgard, voir si les yeux de Heimdall ont vu quelque chose. Quand à Léonie, elle a acceptée de prendre la relève de tes cours de la journée et Aelys ceux de Jonathan pour que nous puissions nous concentrer uniquement sur...

- Léonie a prit la suite de mes cours, fit la brune en se retournant d'un coup vers son interlocuteur. C'est insensé, elle n'a même pas fini son entraînement, elle n'a pas les capacités pour prendre en charge mes élèves !

- Alix calme toi, fit l'homme avec un petit rire. Je t'annonce une nouvelle situation de crise à gérer et toi, la seule chose qui t'intéresse c'est le fait que Léonie prenne en charge ta classe. Crois moi, elle a prédit ce que tu allais dire quand je l'ai chargé de te libérer pour la journée.

- Enzo ! C'était ton idée ? Mais c'est insensé, maugréa Alix en roulant des yeux. Quand on la retrouvera, tu mettras Agathe Richard à la place de Jonathan ?

- Peut être bien, railla le basané. Plus sérieusement, Alix, laisse Léonie tranquille elle n'a pas besoin que tu sois toujours derrière elle pour lui dire qu'elle n'est pas à la hauteur de telle ou telle tâche. Forcément, si tu ne la laisses rien faire, jamais elle ne pourra te faire ses preuves ! Soit réaliste ! Elle a été entraînée depuis qu'elle a vu le jour, ses capacités dépassent largement ce que tu peux imaginer, surtout pour quelqu'un de son âge. Léonie n'attends qu'une chose : que tu la laisses voler de ses propres ailes pour te prouver qu'elle en est digne !

- Je le sais Enzo, souffla l'Ombre. Cependant je reste persuadé qu'il lui reste encore beaucoup de chemin à faire pour en arriver à être vraiment digne.

- Alix ! Nous avons des siècles d'existences derrière nous et des entraînements fait par les plus grand de ce monde, crois tu réellement qu'en dix huit années humaines elle réussirait à en arriver là où nous en sommes après plusieurs siècles de travail ? Plus sérieusement, tu es née à une époque où l'humanité croyait encore corps et âme aux dieux et aux mythes, les choses étaient différentes. Tu ne peux pas la comparer à ce que nous avons vécu pour en être ici.


Alix soupirant en regardant le brun dans les yeux, tournicotant d'une main la chaîne de son pendentif, Enzo n'avait pas tord mais jeter tout de suite Léonie dans le bain d'une guerre qui n'était pas la sienne et dont elle ignorait les enjeux était quelque chose avec lequel l'Ombre avait du mal. Cependant, face à Enzo l'argumentation était inefficace, il avait bien plus d'arguments qu'elle et ils reviendraient bien vite à un débat que Alix voulait fuir. Alors la brune lança un regard réprobateur à son ami avant de faire voler ses cheveux en arrière puis se dirigea vers la porte.

- Où vas tu, questionna Enzo en suivant son interlocutrice.

- D'après toi, répondit Alix en souriant. Je vais saluer nos nouveaux invités, cela fait des années que je n'ai pas eu l'occasion de m'assoir à la même table que Camille et Alexander pour discuter de la fin du monde tel que nous le connaissons.


A cette réplique, Enzo ne pu retenir un rire, il était vrai que, au vu de leurs travails respectifs, les seules fois depuis plus de dix sept ans où ils ont côtoyé leurs deux amis étaient pour régler des soucis de grande ampleur, traitant de l'équilibre lui même. Après être sorti du bureau de Alix, le duo se hâta à rejoindre le réfectoire pour y retrouver Camille, Alexander et Jonathan, qui semblaient toujours être en bon terme malgré le temps. Lorsqu'ils poussèrent la porte, deux prunelles d'un bleu profond vinrent se poser sur Alix pour la dévisager, accompagné d'un fin sourire amical. Une aura calme et apaisante se dégageait de cette femme tandis ce qu'elle coupait lentement sa salade en jetant ses longs cheveux brun dans son dos, Camille White était une belle femme qui avait su faire des années un avantage. A sa droite, un homme parlait de magie avec Jonathan, un blond à l'accent canadien et portant à merveille le trench coast noir.

- Alix, sourit son amie. Cela fait longtemps ! Désolée de ne pas avoir pu attendre mais à peine ton message reçu nous avons fait aussi vite que possible, nous en avons même oublié de manger.

- Camille était inquiète, ajouta Alexander. Depuis ce qu'il s'est passé, tu n'as jamais repris contact par téléphone, tu as toujours privilégié les messagers ou l'arrivée directe.

- Tu as bien fait de t'inquiéter, soupira Alix en s'asseyant en face de ses amis. Il se passe des choses en ce moment, des choses qui ne sont pas sans rappeler ce qu'il s'est déjà produit par le passé. Mais aujourd'hui nos ennemis sont allés plus loin et ont fait preuve de plus de zèle que nous l'aurions pensé d'eux. Ils ont employé l'un des enfants de Circée pour retrouver et enlever Agathe Richard, malheureusement ou heureusement je ne sais pas réellement quoi en penser ils n'ont pas réussi à l'avoir, un autre enfant de Circée est venu à son aide pour la mettre en sécurité mais à l'heure actuelle ils sont perdu dans la nature sans que nous ayons la moindre idée d'où ils sont.

- Laisse moi deviner, souffla Camille. L'enfant de Circée, c'est Simon Hood ?

- Oui, répondit l'Ombre étonnée. Comment...

- Parce que cela fait des années que j'observe Simon, la coupa son amie. Ce jeune m'intrigue et je pense sincèrement qu'il aura un rôle important dans ce qui arrivera. Étrangement, lorsqu'il est en danger, le gardien de l'Arc en Ciel n'est jamais loin derrière lui. Pourquoi je l'ignore mais ces derniers temps Heimdall se fait très présent sur Midgard et très souvent non loin d'où Simon a été. Cela est peut être une coïncidence mais c'est une très forte coïncidence alors que cela arrive depuis des années.

- Tu voudrais dire qu'il est protégé par Heimdall en personne, releva Enzo en fronçant les sourcils. Il n'a pourtant pas été vu ici depuis des années.

- Je ne veux pas le dire, je le dis tout simplement, répliqua Camille en fixant l'homme dans le blanc des yeux. Ce n'est pas une hypothèse, cela est !


Si Alix avait apprit quelque chose à force de côtoyer la sorcière brune, c'était que si celle ci était persuadée de la véracité d'une information au point de fixer quelqu'un dans le blanc des yeux alors cela était vrai et d'une importance capitale. L'Ombre et le basané échangèrent un regard, ce dernier ne semblait pas partager les mêmes certitudes que son amie mais la brune savait que Camille avait beau ne pas porter Enzo grandement dans son cœur, celle ci savait très bien faire la part des choses entre les gens qui n'ont pas sa confiance acquise et l'équilibre lui même. C'était une qualité que Alix appréciait car cela se faisait rare dans le monde d'aujourd'hui, les gens mélangent trop souvent leurs querelles personnelles avec le bien commun. Toutes les fois où s'unir afin de lutter contre une menace d'envergure, tous ne sont que guidé par leurs intérêts et obtenir ce qui pourrait les avantager, c'est par ailleurs ce qui a mené à la mort de Léonardo lors de la dernière tentative de mettre fin au monde tel qu'il est et cela, Alix ne le laisserait pas se produire à nouveau. L'Ombre redressa la tête vers Camille qui venait de s'éclaircir la gorge afin d'avoir l'attention de ses interlocuteurs pour prendre la parole :

- Je suppose, au vu du nombre que nous sommes dans cette pièce il n'y a pas foule pour aller à la recherche de la fille de Emilie et barrer la route à nos ennemis. Qui qu'ils soient et quoi s'ils soient.

- Nous avons vu Maya en arrivant, reprit Alexander. Camille dit avoir senti la présence de Junior et Sameka entre ces murs. Quand aux autres, avaient ils mieux à faire ?

- Le contact a été perdu avec Luna et Martin, souffla Jonathan d'un air sombre. Michael a quelque peu disparu de la circulation quand à nos autres contacts, ils sont soit déjà entre ces murs soit quelque part dans la nature à faire les dieux seuls savent quoi. En sommes nous sommes les cinq personnes entre ces murs, Maya, Junior, Sameka et une sorcière instable et colérique pour combattre ce qui pourrait bien être notre fin. N'est ce pas déjà une définition de l'Enfer ?

Alix soupira face au silence de plomb qui venait de s'installer dans la pièce, Jonathan n'avait pas tord ils étaient une dizaine, en comptant Gabriel, contre une probable armée dont ils n'avaient aucune idée du nombre ou de la force. C'était une traversée à l'aveugle d'une guerre qui pourrait bien tous les mener à leur perte. Leurs options n'étaient que peu nombreuses, comme eux, et ils devraient se lancer dans l'inconnu en ayant foi en l'espoir. Sauf que ce n'est pas l'espoir qui sera là pour les sauver quand l'heure du dernier combat sera venu ou qui enterrera avec eux leurs amis disparus quand le monde sera à feu et à sang. Ils devraient faire preuve d'une volonté à toute épreuve pour supporter les prochains instants de leur vie.


Soudain, les portes battantes de la pièce claquèrent laissant apparaître une jeune femme brune qui semblait être aussi paniquée que essoufflée, Léonie. Celle ci tourna le regard vers Alix qui était accusatrice, pourquoi venait elle la déranger lors de ce moment plus que tendu ? L'Ombre prit une voix ferme en lançant à la nouvelle venue :

- Léonie je croyais que tu devais prendre ma suite pour la journée, je...

- C'est ce que je faisais, la coupa l'adolescente. Nous étions dans la salle des portails avec Aelys pour chercher de quoi faire des démonstrations et... une communication est entrée. Quand elle l'a vu, Aelys l'a immédiatement accepté m'a envoyé vous chercher selon ses dire, c'est quelqu'un que vous connaissez très bien.


Il ne fallut pas plus de temps à Alix, Enzo et leurs amis pour se lever et sortir de la pièce où ils se trouvaient pour rejoindre la salle des portails avec une cadence digne d'un marathon olympique. Sur place, une foule d'étudiants étaient rassemblée en cercle mais à l'arrivée de leurs professeurs et leurs amis, ils s'écartèrent tous formant ainsi un couloir jusqu'à Aelys. La spectrique femme était au chevet d'un homme châtain étalé au sol, une plaie sanglante au niveau du flanc, à sa droite se tenait une autre personne tenant la main du blessé : une femme aux cheveux de jais et à la peau noire. Lorsque son visage se tourna vers Alix et ces amis, ils se décomposèrent sur place, ils avaient perdu le contrôle de la situation bien plus qu'ils ne le pensait. Dans un silence olympien, le châtain regarda aussi les nouveaux venu et dans un souffle, murmura :

- Dites à Emilie que je suis désolé, je n'ai pas réussis à protéger sa fille. J'aurais du éviter le combat et les sauver.

Alix et Enzo échangèrent un regard désespéré, ils venaient de descendre encore un peu plus dans leurs chance de s'en sortir. Face à eux, se tenaient les deux seules personnes qui auraient un minimum pu aider Simon et Agathe à s'en sortir. Alors les deux adolescents étaient seul, dans la nature chassés par les dieux seuls savent quoi et probablement blessés. En voyant Luna et Martin devant eux à l'Ermitage, les rares espoirs qu'avait l'Ombre venait de s'effondrer dans un nuage de poussière et avec eux, l'idée de sauver l'univers. 

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