Chapitre 10
Luna faisait les cent pas dans l'infirmerie de l'Ermitage, pour la première fois depuis des années elle avait recommencé à se ronger les ongles. Elle était inquiète, pour son mari, pour son neveux, pour ses enfants. Le premier était entre la vie et la mort de l'autre côté de la porte et quand aux jeunes, eux étaient perdu dans la nature et aucunes traces d'eux n'avaient encore été trouvé. Bien entendu, la mère de famille avait tout de suite suggéré à Alix et ses pairs de se rendre à leur ancienne maison mais, malgré leurs tentatives ils n'avaient pas réussit à user des miroirs, en effet il y avait trop de convergence en direction du lieu ainsi, sans Sameka et Amara ou le bifrost, s'y rendre était trop risqué. Néanmoins, Alix n'avait pas baissé les bras et était entrain d'organiser une expédition vers ce qui doit rester de leur maison.
Soudain la porte s'ouvrit et Luna se tourna vers Aelys en sortant, de l'espoir sur le visage, même si la mère de famille n'était pas croyante ou fidèle aux dieux, elle avait prié tout ceux qu'elle connaissait pour que son mari s'en sorte. La femme aux oreilles pointues resta quelques secondes neutre avant que son visage se peigne d'un grand sourire chaleureux à l'attention de Luna puis prit la parole d'une voix calme :
- Il va s'en sortir ! J'ai soigné ses plaies avec des plantes et la magie mais même avec cela, il va avoir besoin de repos. Le poison sur l'arme qui l'a blessé a siphonné beaucoup de ses forces mais il est encore conscient et veut te parler.
- Merci, souffla Luna.
- Ce n'est rien, c'est mon devoir, répondit Aelys à la femme. Je te laisse, je vais voir Jonathan et Léonie.
La mère de famille fit un geste de la tête à la soignante et poussa la porte pour se rendre aux côtés de son mari, couché dans un lit. Lorsque Luna s'assit sur le fauteuil voisin, Martin tourna la tête vers elle et sourit en saisissant doucement sa main avec tendresse. Les deux parents restèrent quelques secondes ainsi, à se regarder sans rien dire, simplement se retrouver après de trop fortes émotions. Martin regarda sa femme et sourit en disant d'une faible voix :
- Ne t'inquiète pas pour moi. Et pour les enfants, j'ai confiance en Simon, il a beaucoup murit depuis la dernière fois que nous l'avons vu.
- Je ne suis pas...
- Tu as recommencé à se ronger les ongles, cela fait plus de dix ans que tu ne l'as pas fais, la coupa son mari. Je te connais, Luna, je sais que tu es inquiètes et je le suis autant que toi mais nous devons garder la tête froide pour aider aux mieux les jeunes. Céder à la panique ne nous fera qu'envenimer les choses.
- Et s'il arrive quelque chose à Matthew, Kiara ou Simon je ne me le pardonnerais jamais, soupira Luna. J'aurais du empêcher Simon de faire ce qu'il a fait.
- Luna même si tu avais tenté de l'en empêcher, il l'aurait fait quand même, rétorqua son mari. Tu connais Simon, son caractère et sa magie, il est bien plus puissant que toi, cela n'aurait fait que retarder ce moment. Kiara et Matthew ne t'auraient pas non plus laissé derrière, ni toi, ni moi alors quoi qu'il arrive ils n'auraient été que plus en danger. Ne t'en fais pas, j'ai confiance en Simon et il ne fera rien pouvant les mettre en danger.
Luna, ayant confiance en son mari, fit un geste de son mari et saisit sa main avec les deux siennes tandis ce que lui commençait à fermer les yeux pour se reposer et penser ses blessures. La brune déposa un baisé sur le front de son époux avant de commencer à veiller son chevet, priant intérieurement pour qu'il ait raison et que les plus jeunes soient en sécurité.
Dans une marche assurée, Alix arpentait les couloirs de l'Ermitage avant de s'arrêter devant une porte qu'elle poussa avec ferveur pour entrer dans la pièce. Dans celle ci se trouvait une femme aux cheveux blond attaché dans une queue de cheval et assise dans un fauteuil duquel elle ne se relèvera jamais. L'ombre se tourna vers son amie qui se détourna de son ordinateur pour la regarder. Maya était l'un des esprits les plus brillants que Alix ait pu rencontrer sur Midgard, c'était une informaticienne que peu avaient pu égaler et au XXIe siècle, les dieux sont témoins de l'importance du numérique. Celle ci se baladait dans les chemins les plus arpentés du web comme dans une prairie sous un ciel d'été. Après quelques secondes, la guerrière se tourna vers Maya, s'apprêtant à la questionner mais l'informaticienne la devança en prenant la parole :
- Si tu veux me demander si j'ai trouvé des informations sur les jeunes perdus dans la nature, je n'ai rien trouvé de réellement intéressant. Comme on dit, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Si personne ne se vente de les avoir retrouvé c'est probablement que personne ne l'a fait. Crois moi, nos ennemis communiquent bien plus via Internet que tu ne le crois.
En guise de réponse, Alix hocha la tête tandis ce que son amie retournait pianoter sur ses touches quand soudain, venant de son ordinateur, une alarme se fit entendre. Maya fronça les sourcils et l'Ombre vient se positionner à ses côtés pour observer l'écran par dessus son épaule.
- Que se passe t'il ?
- Un message de mes informateurs, je crois que j'ai retrouvé une trace des enfants, répondit Maya. Mais autre chose m'intrigue, ils seraient avec un dragon...
- Un dragon ?
- Pas les dragons comme dans les contes, répondit l'informaticienne. Les dragons du cercle des dragons ancestraux.
- Je sais merci, rétorqua Alix en soupirant. Mais aux dernières nouvelles, depuis la mort de Sheida et la déflagration qui a suivit, le cercle est à l'agonie et nous n'en n'avons plus spécialement entendu parlé. Juste de temps à autres de petites incartades d'anciens membres.
- A vrai dire, cela fait quelques mois peut être années que les dragons se font une place dans le bouche à oreille, révéla Maya. Je ne les voyais pas comme une menace alors je n'y ai pas fais attention mais quelqu'un en aurait prit la tête.
- Parmi les souvenirs que tu as de là bas, penses tu à quelqu'un qui aurait pû prendre assez de poids pour en arriver là ?
Durant quelques minutes, Maya sembla perdu dans ses pensées, comme entrain de chercher la moindre petite bride d'indice pouvant répondre à la question de l'Ombre. Après un court instant, la blonde secoua la tête et passa sa main sur son visage.
- Malheureusement je ne vois personne, soupira l'informaticienne. Les seules personnes qui auraient pu succéder d'une façon ou une autre à Sheida ne le peuvent plus, soit parce qu'elles sont mortes, soit parce qu'elles n'ont plus aucun lien avec l'ordre, soit elles ont disparu de la carte. Je suis désolée de ne pas pouvoir plus t'aider...
- Ce n'est rien, tu ne peux pas tout savoir Maya, répondit Alix en posant sa main sur l'épaule de son amie. Tiens moi au courant si tu trouves de nouvelles informations.
La blonde hocha affirmativement la tête à la demande de l'Ombre et retourna à son travail sur son ordinateur tandis ce qu'Alix sorti silencieusement de la salle après lui avoir lancé un respectueux geste de la tête. De nouveau dans le couloir, la brune se dirigea vers une autre pièce afin de rejoindre d'autres de ses invités. Ainsi, Alix poussa la porte de la salle adjacente au réfectoire, où lorsqu'elle poussa la porte, toutes les voix se turent. Face à elle se tenait d'un côté Jonathan et Aelys puis de l'autre Leonie, bras croisés devant elle et semblant très remonté, au milieu d'eux, Camille observait la nouvelle arrivante.
- Si tu te demandes où est Enzo, il est avec Emilie, annonça la sorcière. Elle veut aller chercher sa fille elle même et refuse de comprendre que ce n'est pas que nous ne voulons pas mais que nous ne pouvons pas, nous sommes bloqués. Mais après tout elle reste une sorcière de lignée et la maîtresse du feu alors.
- Si c'était ton fils, tu serais moins sévère avec elle, rétorqua Jonathan.
- Mon fils est dans la nature et je ne suis pas entrain de mettre le monde à feu et à sang, pesta Camille.
- Ton fils a dix neuf ans, connaît l'existence du surnaturel et maîtrise très bien ses pouvoirs, conclu Alix en s'avançant. Emilie est peut être surprotectrice mais elle est inquiète parce qu'elle sait que ça peut engendrer. Cependant si elle a survécu jusqu'ici avec Simon Hood, je pense qu'elle réussira à survivre le temps que je m'y rende.
- Tu as trouvé un plan pour y aller malgré le fait que nous avons tout essayé et lamentablement échoué, rétorqua Camille. Je sais que tu es une asgardienne mais je pense sincèrement que ce combat n'est pas le notre, n'en déplaise à Emilie ou même à toi. Je pense très sincèrement que même si vous les voyez comme des enfants, s'ils n'ont pas tout fait pour vous contacter c'est que actuellement leur but premier n'est peut être pas que vous voliez à leur secours. Vu le nombre d'ennemi que chacun d'entre nous à, s'y rendre ne ferrait qu'ajouter de nouveaux conflits qui risqueraient de mettre les jeunes entre deux feux et...
- S'il te plaît Camille, la coupa Alix en levant la main. Je le sais mais le problème est que je ne peux pas baser le sort de l'univers sur le fait ou non que Simon et Agathe veulent se débrouiller seuls.
La sorcière roula des yeux et croisa à nouveau ses bras devant sa poitrine avant de s'asseoir dans le fauteuil derrière elle. Certes Agathe Richard était importante, surtout avec la prophétie, mais Camille avait un regard plus neutre par rapport aux autres, elle savait l'instabilité des prophéties. Ces dernières, on l'oubliait souvent, étaient parfois des plus impénétrables et la réelle signification se révélait que lorsqu'elle devenait réalité. Alix s'avança au milieu de la pièce sous les regard inquiets de Jonathan et Aelys ainsi que l'indifférence de Camille, elle se tourna vers cette dernière et demanda :
- As tu récemment entendu parler d'un retour des Dragons ?
- Si nous pensons aux mêmes dragons, absolument pas, répondit Camille dubitative. Crois tu réellement que si les Dragons étaient revenus je ne t'en aurais pas informé ? Je n'ai rien vu de cette ampleur, tout ce que j'ai vu ce sont de rares sorties de vieilles relique du Cercle se baladant à droite et à gauche sans réels lien avec le Cercle original ou alors avec des liens très minimes. Pourquoi ?
- Parce que Maya a trouvé de nouvelles traces des Dragon, souffla Alix. L'un d'entre eux serait avec Agathe Richard et son groupe.
Camille regarda l'Ombre, les sourcils froncés d'incompréhension. Cela semblait bien étrange à ses yeux, depuis la mort de Sheida le Cercle des Dragons était tombé dans l'oubli et les querelles afin d'en récupérer la tête ont mis fin aux espoirs d'une consécration. Après cette chute, les Dragons sont tombés dans l'oubli et beaucoup de leurs reliques ont disparus, causant un certains chaos dans qui est un dragon et qui ne l'est pas ou plus. Camille avait beau essayer de fouiller sa mémoire pour trouver quelqu'un qui pouvait correspondre aux dires de Alix mais rien ne l'éclairait. Par la suite, la sorcière se tourna vers Léonie qui semblait être elle aussi prise dans une réflexion, qui semblait cependant feindre la réalité.
- Tu as quelque chose qui pourrait nous éclairer Léonie, demanda Camille.
- Je...
La jeune femme se coupa et regarda Alix, droit dans les yeux, sans savoir quoi dire. Son aînée la fixait d'un regard froid et presque colérique, Léonie avala sa salive et se tourna d'abord vers Jonathan puis vers Camille. Cette dernière lui envoya un sourire rassurant en se redressant sur son fauteuil. La plus jeune confronta du regard l'Ombre avant d'ouvrir la bouche :
- Quand j'ai été envoyé chercher des reliques, j'ai senti quelqu'un m'observer et en me retournant j'ai croisé le regard d'une personne. Lorsque je l'ai recroisé en sortant, j'ai croisé son regard et sa tenue, elle me disait quelque chose. Elle portait un capuchon rouge aux lanières d'or et sur ses épaulières se trouvaient des dragons, je me suis simplement dis que c'était l'emblème d'un mercenaire ou d'un petit ordre de pacotille mais ça m'est resté en tête. J'ai cherché ce symbole dans les livres de la bibliothèque et j'ai trouvé. C'était un vieil emblème utilisé par l'Ordre des dragons pour...
- Et tu n'as pas trouvé pertinent de m'en parler avant, rétorqua sèchement Alix.
- Je... J'ai voulu mais les dragons sont tombés non ? Alors je pensais que ce n'était qu'un mercenaire qui avait volé un ancien membre de l'Ordre et...
- Tu as au moins essayer de te rendre chez Martin et Luna à l'aide de l'oeil, ajouta l'Ombre.
Léonie baissa timidement la tête en la secouant de droite à gauche, reculant dans son coin comme un animal blessé sous le regard froid et accusateur de Alix. Celle ci s'approcha de sa cadette avec un air grave pour la sermonner mais Camille se releva pour s'interposer entre les deux femmes. L'Ombre fixa la sorcière pour qu'elle s'écarte mais cette dernière n'en démordit pas, forçant la brune à s'écarter laissant ainsi à Léonie la possibilité de s'en aller. Aelys envoya un regard triste à Jonathan puis Alix avant d'aussi quitter la pièce, refermant la porte derrière elle. La guerrière s'écarta de Camille qui lui envoya un regard inquisiteur, un long silence pesa sur la salle jusqu'à ce que la sorcière se décida à le couper :
- Tu es beaucoup trop dure avec elle, ce n'est qu'une enfant.
- Venant de la personne qui me demandait de laisser d'autres enfants prendre leurs responsabilité je trouve ça légèrement déplacé, rétorqua Alix.
- Cela n'a aucun rapport, souffla la sorcière. Léonie, comme nous tous, a le droit à l'erreur et d'autant plus au vu de son âge. Tu lui en demandes trop pour une jeune femme et ne reconnais absolument pas tout ce qu'elle fait pour toi !
- Camille, sincèrement, à son âge j'étais bien plus réactive. Elle est trop dissipée et peu attentive à son environnement, elle se contente beaucoup de faire ce qu'on lui dit et se refuse à réfléchir par elle même.
- Alix, tu as été élevé par des guerrières asgardiennes et tu as passé ton existence à mener des guerres qui n'étaient pas toujours les tiennes, tu es née à une époque où survivre était un luxe et subvenir à ses besoins était un miracle. Notre époque est différente, Léonie mérite d'avoir une enfance semblable à celle des gens de son âge.
L'Ombre fixa durant quelque secondes Camille, des éclairs dans les yeux, avant de tourner les talons pour quitter la pièce, faisant frapper ses talons au sol. Une fois la porte claquée, la sorcière roula des yeux et se détendit avant de regarder Jonathan en soupirant :
- Elle est beaucoup trop dure avec Léonie. Elle va la perdre si elle continue à se comporter ainsi, elle reproduit avec elle les erreurs que nous avons reproché à nos parents par le passé et pour lesquelles nous nous sommes révoltés.
- Crois moi Camille, j'ai déjà essayé de lui dire, répondit le sorcier. Malheureusement, elle refuse de m'écouter ou même de songer à changer sa façon de faire. Alix pense sincèrement que détacher affectivement Léonie de tout ce qui pourrait l'affecter l'empêcherait de souffrir de ce qui peut arriver. Comme ce qui a pu se passer avec nous.
Un silence lourd pénétra dans la pièce tandis ce que Jonathan allait observer à travers la fenêtre tandis ce que Camille le fixait, essayant à ses expressions de comprendre ce qui a poussé Alix à agir ainsi. Que craignait elle tant ? Bien entendu, l'Ombre avait toujours été servante de l'épique et des chants de grand guerriers, n'hésitant pas à s'engager dans des guerres qui n'étaient pas les siennes pour protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux même, vouant sa vie à tomber comme les grand guerriers gardiens du Valhalla. Cependant maintenant ils étaient au XXIème siècle et l'époque des chants épiques sur les hérauts mythiques était révolu, maintenant les gens voulaient vivre plutôt que survivre avec tout ce que cela implique.
Dans les rues de la Nouvelle Orléans, Léonie enfonçait ses mains au plus profond de ses poches en se déplaçant d'une marche rapide, la frustration et la colère émanaient d'elle comme la fumée au dessus d'un feu. Alix était injuste avec elle, la jeune femme faisait de son mieux pour qu'elle soit fière d'elle mais rien n'était jamais assez bien à ses yeux. Bien entendu, Léonie aurait pu utiliser l'œil pour tenter de se créer un passage jusqu'à la position de Agathe Richard mais rien que l'idée de l'utiliser lui donnait des frissons dans le dos. L'œil était trop étrange, instable aux yeux de la brune. Soudainement, les poils dans la nuque de Léonie se hérissèrent tandis ce qu'elle leva la tête, sur ses gardes. N'écoutant que son courage, la brune se tourna vers l'origine de son mauvais pressentiment et s'avança en direction d'une petite ruelle sinueuse. Pas à pas, Léonie marchait prudemment dans le couloir sombre, sa main prête à attraper la dague à sa taille, et cherchant la moindre chose suspecte. Face à la jeune guerrière, se trouvait une faible lumière qui a la mesure de son avancée se faisait de plus en plus vive et une fois devant l'origine de cette lueur, son sang se figea. Un corps serpentine immense enroulé sur lui même, pourvu de deux pattes à l'avant et deux pattes à l'arrière, une crète le long de la colonne vertébrale et une énorme tête pourvu d'une bouche emplit de puissantes dents, de grosses cornes sur le front et des moustaches de part et d'autres du nez. Léonie eut un mouvement de recul tandis ce que le symbole et les bougies à sa base illuminaient le passage, elle sorti sa dague prêt à combattre quand des silhouettes humanoïdes apparurent face au dessin qui disparu dans le même instant en pluie de petite perles. Nez à nez avec la jeune femme se trouvait un groupe de cinq personnes d'environ de âge : une petite blonde, un brune métisse les poings levés et un garçon lui ressemblant en retrait derrière elle, au premier rang une fille typé asiatique aux cheveux noirs portant un sabre et...
Simon ? fit Léonie interloquée.
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