Partie 1.2 - Par Juliabakura

Balthazar prit la peine de monter sur son cheval avec Grunlek, tout comme Théo, qui rejoignit Shin au galop à l'avant. Le paladin et l'archer furent les premiers à remarquer une charrette qui étaient en train de foncer à toute allure, une masse informe à sa poursuite. Théo plissa les yeux pour identifier la masse. Une créature qu'il avait déjà combattu par le passé ?

— Araignée ? demanda le paladin, qui partageait la même pensée que le mage en arrivant.

— Et merde ! lança Balthazar en constatant qu'il s'agissait bien d'une créature arachnoïde.

Théo arriva non loin de la charrette, et chargea l'araignée. La concentration était de rigueur, le paladin savait comment battre ce genre de créature... Avant de constater que cette créature ne suivait pas réellement le carrosse. Il remarqua derrière l'araignée, une créature encore plus gigantesque, dans le flan de la vallée. Une créature qui devait faire à peu près quatre fois la taille de cette araignée géante et qui était de type draconique ou reptilienne.

En voyant cela, Théo essaya de faire un dérapage avec son destrier pour réaliser un demi-tour. Il tira sur la bride de son cheval, qui se cabra littéralement. Heureusement, par ses connaissances et expérience en équitation, il resta dessus, malgré la pluie et la selle glissante. Il voulait récupérer le poney de la charrette pour le faire guider et le faire détaler, mais resta à côté de la charrette où se trouvait une jeune femme terrorisée, le suppliant de faire quelque chose.

Théo hurla pour prévenir ses compagnons.

— UN DRAGON ! C'est un putain de dragon !

— Quoi ?! gémit Balthazar, surpris par la voix effrayée de l'inquisiteur, très inhabituelle.

Shin recula en voyant la patte de l'araignée se faire happer par une immense mâchoire. La pauvre araignée géante secoua ses mandibules, comme pour appeler à l'aide, lançant des cris de souffrance vers les aventuriers.

« C'est une araignée, ça n'a pas d'émotion. », pensa B.O.B, tandis que Shin pensait à un autre récit avec une araignée toute gentille. L'archer se ressaisit et se prépara à courir pour monter sur la charrette auprès de la jeune femme.

Grunlek voyait le bien partout et ne voulait pas être hostile envers la créature. Il se disait qu'il ne valait mieux pas blesser le dragon et fuir simplement, au grand désarroi de B.O.B, admiratif à la fois de la gentillesse du nain et de sa grande naïveté lorsque l'immense créature les observa d'un œil qui disait « Je vais tous vous bouffer. » loin d'être pacifique. Grunlek n'avait pas assez de connaissance sur ce genre de reptile pour aider.

Le mage avait lui identifié que le dragon ne portait pas encore d'ailes et que c'était une femelle. Elle était par conséquent encore jeune et à l'état reptilienne plus que draconique, donc plus sauvage. Il se rappela de ses anciens cours qui lui attribuaient une intelligence relativement bestiale. Par conséquent, la dragonne avait des réactions plus proches de l'instinct. Il en conclut qu'elle devait défendre quelque chose, ou qu'elle avait mal pris le passage du carrosse sur son territoire de chasse. Ce qui effraya Balthazar était davantage que ce genre de jeunes individus se trouvait rarement seul et qu'une maman dragon beaucoup plus imposante et dangereuse devait donc se trouver dans les environs.

— Si on bute le bébé, on va avoir la mère sur le dos, marmonna le mage. Il vaut mieux fuir.

Grunlek observa la réaction du dragon une fois qu'il a récupéré l'araignée, pour savoir si ce dernier s'arrêtait pour la manger. Mais le mage n'eut pas le temps de continuer ses divagations, il récupéra sa concentration, afin de pouvoir ordonner à son cheval de pivoter et de revenir sur la même direction de la course que la charrette.

— Bon, cherchons un moyen de détourner son attention.

— Pour le moment, il est concentré sur l'araignée. Essaie de t'enfuir, s'il faut je détournerai l'attention, répondit Grunlek.

Le nain proposa d'essayer de dompter le dragon pour en faire un familier, mais son plan fut rejeté à l'unanimité par le reste du groupe d'un grandiloquent « Mais tu es complètement taré ! » colérique.

Shin, quant à lui, continua sa course vers la charrette afin de se rendre auprès de la demoiselle en détresse et tenter de la rassurer, même si pour elle, il ressemblait à un voleur, avec son visage camouflé d'une capuche et d'un masque. Il bondit d'un mètre, et sauta à l'arrière du véhicule, de justesse. Même s'il était fier de son action, il se rappela qu'une mini-seconde de retard et il passait sous les roues de la charrette. Théo, qui guidait le poney à l'avant, n'hésita pas par ailleurs à le lui rappeler d'un regard noir.

Grunlek, en arrière du cheval de B.O.B – qui réussit à diriger Brasier dans le bon sens de marche –, put constater que la dragonne avait un regard intéressé. Ces petits chevaux qui couraient semblaient avoir attiré son attention et elle avait envie de jouer. Le nain informa son compagnon de cavalerie. Ce dernier émit immédiatement un cri de surprise :

— On va se faire bouffer ! On va se faire bouffer ! paniqua le magicien en cravachant les hanches de son cheval.

— Je vais tenter de lui tirer dans la tête, suggéra le nain.

— Non, attends ! répliqua le mage. Fais pas ça, fais pas ça, fais pas ça !

Des idées décousues fusèrent entre les deux groupes pour trouver une solution. Balthazar voulut lancer son bâton au dragon, Théo voulait lui sauver en urgence la jeune femme. Comme toujours, ils finirent par simplement crier sans s'écouter et durent agir dans l'urgence.

B.O.B dirigea son cheval pour réaliser le contour de l'arbre, tout en mettant le feu à son bâton et le donner à Grunlek. Le nain l'agita pour attirer l'attention de la créature sur eux et l'éloigner pendant que les autres évacuaient la charrette.

Théo voulut lui saisir la jeune femme. Il tendit sa main, leurs phalanges se touchèrent, mais alors qu'elle tendait le bras, elle essaya de dire quelque chose qu'il n'arrivait pas à comprendre. Aucun des deux n'arrivait à se saisir. Shin fit un pas en avant pour aider. Il était sur l'accroche entre le cheval et le carrosse, en équilibre. Il se figea lorsqu'il se rendit compte que la créature draconique avait les yeux rivés sur eux.

Balthazar jura en voyant que leur plan avait foiré. Il avait peur de devoir aller plus au-devant du danger avec Grunlek. Le mage n'était pas exactement le plus robuste des aventuriers.

Comprenant qu'il était le seul à pouvoir sauver la femme, Shin se concentra davantage. Il sortit sa dague elfique. Alors que le dragon tournait son regard vers eux, Shin saisit la demoiselle en détresse à la taille. Il monta en parfait équilibriste sur le cheval, puis donna un coup de lame sur l'attache. Le carrosse tomba en biais. L'archer se retourna pour prendre les rênes de la monture.

Grunlek se concentra fortement et envoya le bâton enflammé sur la calèche et malgré la pluie torrentielle, il réussit à enflammer le seul centimètre carré encore sec du carrosse. La dragonne fut immédiatement attirée par la charrette en flammes, ce qui leur donna largement le temps de partir.

— C'est la victoire totale ! Bravo, Grunlek, sourit B.O.B. Magnifique.

— Heureusement qu'on n'a pas compté sur Théo, taquina Grunlek assez loin, pour que l'inquisiteur ne puisse l'entendre.

Même si dans le fond, il était le seul à avoir remarquer le plus important : l'ennemi à fuir. Sans le paladin, ils seraient partis à combattre l'araignée comme des glandus, avant de remarquer le dragon, probablement trop tard.

Après un certain détour, ils ralentirent l'allure, l'esprit apaisé, presque enjoués finalement. Malgré la pluie et le froid, cette rencontre plutôt inopportune, ils avaient réussi haut la main cette entrée en matière dans leurs vacances.

— Des vacances normales, en fin de compte ! s'enthousiasma Shin, tandis que Balthazar grimaçait.

— Ouais, super tes vacances, Shin, se plaignit le paladin, désabusé.

— Oui... Oui et non. J'espère qu'elles en valaient la peine très sincèrement. Je suis toujours mouillé, j'ai toujours froid, j'ai peur et je suis perdu. ET... J'AI PERDU MON BATON ! chouina le mage.

— C'est vrai, ajouta Grunlek.

— Oh, c'est qu'un bout de bois, reprit le paladin. Prends-en un autre, on est dans une forêt, il y en a plein.

— Ce n'est pas juste un gros bout de bois, espèce de balourd, répondit Balthazar. Il faut le tailler, ça prend du temps, c'est magique... C'est comme si on venait de bazarder ton bouclier. Tu ne peux pas prendre un caillou et dire que c'est pareil !

— On va trouver quelque chose dans la forêt, le rassura le nain.

À l'avant, Shin prenait le crédit de tout ce qui venait de se passer et assura à la jeune femme qu'ils étaient des professionnels et qu'il était celui qui sortait tout le monde du pétrin constamment.

Alors que les aventuriers le raillaient, et pointaient ses nombreuses autres erreurs du passé, les aventuriers se dirent que ces vacances ne commençaient au final pas si mal que ça. Et pourtant, ils ignoraient encore tout de ce qui les attendaient sur le chemin.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top