•3•

Il l'aurait parié.

Elle était encore là.

- Coucou.

Il ne répondit pas à son salut et se contenta de hausser les épaules.

- Qu'est-ce que tu fous encore là ?

- Je me baladais.

- Franchement.

- C'est bon, soupira-t-elle. Je t'attendais.

- Pourquoi ? Pour te moquer de moi, comme tout le monde ?

- Est-ce que je t'ai dit ne serait-ce qu'une injure depuis qu'on s'est parlé ?

- Ça prouve rien de ce que tu penses vraiment de moi.

Comme elle était assise sur le sable, il s'installa à côté d'elle. La jeune fille se dit qu'il était beaucoup plus enclin à discuter que la veille. Y avait-il une raison quelconque ? Oui, pour que les personnes taciturnes comme Conrad acceptent de parler avec quelqu'un qu'ils ne connaissent pas, c'est uniquement dans un but précis.

- J'parie qu'on t'a déjà fait un portrait complet de moi, ricana-t-il.

- On m'a dit que tu es violent, dangereux et asocial.

Il ne répondit pas tout de suite et un silence de mort plana pendant quelques instants.

- Et tu n'as pas peur de moi ?

- Je devrais ?

Elle avait dit ça en lui adressant un sourire qu'il n'aurait jamais pu définir.

- Que je sache, poursuivit-elle, tu n'as jamais montré l'intention de me poignarder.

- Quoi ? J'ai jamais poignardé personne.

-Je m'en doutais. En fait, c'était une vieille dame du village : "Il paraît qu'il a failli égorger un de ses camarades ! Faites attention, jeune fille, il vous poignardera par derrière !"

Elle éclata de rire.

- Tu trouves ça marrant?

- Une vieille qui raconte des sornettes, c'est toujours marrant, dit-elle.

- Et si c'était vrai ?

- Je m'en fiche de mourir.

Il l'a regarda avec attention.

- Ah ouais ?

- Ouais.

Soudain, elle se retrouva plaquée au sol. Les grains de sable se mêlaient à ses mèches blondes et bouclées. Son visage exprimait une béatitude effrayée face à la lame que Conrad tenait pointé vers elle.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que... balbutia-t-elle.

Ses yeux luisants de terreur se fermèrent instinctivement tandis qu'il dirigeait la pointe de son couteau suisse vers elle. La dernière chose qu'elle aperçut fut le visage froid et impassible de Conrad.


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