•1•
Elle était là. Les pieds dans l'eau, le bas de sa robe mouillée par les vagues qui allaient et venaient, ses orteils noyés dans l'écume bouillonnante. Ses cheveux blonds se dispersaient au gré du vent dans la lueur chaleureuse du soleil couchant. Elle était si resplendissante, et pourtant si fragile à la fois. Il avait vu ses bras blancs s'agiter dans un coucou en l'apercevant. Elle lui faisait signe de venir. Ce qu'il avait fait.
- Toi aussi, tu aimes te promener sur la plage ? avait-elle demandé.
- Ouais.
Conrad détestait qu'on empiète sur son territoire, or cette gamine s'y trouvait - elle était sur sa plage, son royaume.
- Tu peux pas aller ailleurs ? grommela-t-il.
- Pourquoi ? La vue est magnifique, ici, et l'air est salé, il a le goût de la mer.
- M'en fous. Va t'en.
Elle esquissa un sourire en se tournant vers lui. Un sourire tellement sincère qu'il aurait aimé le lui arracher de sa gueule d'ange.
- Non.
- Pff.
Sur cette réponse si expressive il lui tourna le dos et, les mains dans les poches, s'éloigna d'elle, frustré. Il ferait sa ballade habituelle plus tard, il n'avait aucune envie de partager son paradis avec quelqu'un et surtout pas avec ce genre de gamine naïve.
Mais il sentait une présence derrière lui à mesure qu'il avançait et ses pires doutes se confirmèrent en la voyant le suivre.
- Bon sang qu'est-ce que tu m'veux?! cracha-t-il.
- Pourquoi es-tu si réticent ? demanda-t-elle d'un ton oh ! d'un ton d'une innocence qui le fit frémir de rage.
- C'est pas tes affaires.
Il continua de marcher, dans l'espoir de la semer.
Mais elle continua de le suivre, dans l'espoir de la rattraper.
- Je passe le reste des vacances d'été ici, commença-t-elle. Je loge dans hôtel Sicario, là-bas, au ...
- Je connais cette piaule de riches, grommela-t-il.
- D'accord, acquiesça-t-elle.
Si elle était vexée, elle ne l'indiquait pas.
- Nous avons choisi la mer parce que je suis malade et qu'apparemment j'avais besoin d'air pur. Je n'avais pas envie d'aller à la montagne en plein été, alors nous sommes venus au bord de la mer. Je suis contente d'avoir trouvé ce petit coin - totalement par hasard ! C'est calme et...il n'y a pas beaucoup de gens...
En terminant cette phrase elle eut un petit rire.
- Pourquoi tu ris toi?
- Désolée, répondit-elle. J'aurais dû comprendre que je menaçais ta tranquillité. J'imagine que tu viens ici pour être seul, n'est-ce pas ?
Il ne répondit pas.
- J'te laisse j'ai mieux à faire, dit-il en s'en allant.
- Comment tu t'appelles ?
Il l'avait déjà distancée de quelques mètres avant de lâcher :
- Conrad.
Il s'aperçut qu'elle ne le suivait plus.
Alors qu'il disparaissait au loin, la jeune fille se mordit une lèvre.
«Je m'appelle Alice», murmura-t-elle.
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