Chapitre 30


POV LEXA

L'aube n'avait pas encore percé l'horizon lorsque nous avons quitté TonDC. Le trajet vers Polis fut silencieux, marqué par la tension de ce que nous allions annoncer. Clarke était restée pensive tout du long, le regard perdu sur la route, les mains crispées sur ses rênes.

J'aurais voulu lui dire quelque chose, trouver les mots pour alléger son fardeau. Mais la vérité était que moi-même, je ne savais pas comment nous allions nous en sortir.

Nous avons atteint les portes de la capitale en fin de matinée. Comme prévu, j'avais immédiatement convoqué les chefs des Clans pour le lendemain. Les délais étaient courts mais l'urgence de la situation ne nous laissait pas le luxe d'attendre plus longtemps.

Lorsque la réunion commença, je sentis immédiatement la résistance de certains chefs.

— Tu nous demandes de lever une armée en moins de deux semaines ? lança Synva, le chef de Shallow Valley, le visage fermé. Nous ne sommes pas prêts.

— Alors nous serons tous morts avant même de l'être, rétorquai-je. Les Skaikru préparent une attaque contre Polis avec l'aide des Azgeda. Nous n'avons pas d'autre choix que d'agir.

Autour de la table, des regards inquiets se croisèrent. Azgeda était une menace depuis toujours et les Skaikru avaient déjà assez fait parlé d'eux depuis leur arrivée sur Terre, mais une attaque directe contre la capitale était un pari risqué, même pour eux.

Octavia, qui se tenait à mes côtés, se redressa.

— Nous devons fortifier Polis immédiatement. Nos défenses sont solides, mais pas invulnérables. Si Nia frappe vite et fort, nous risquons de perdre la ville avant même d'avoir pu contre-attaquer.

Un silence pesant s'installa. Puis, l'un des chefs reprit la parole :

— Si nous devons combattre, alors nous devons aussi savoir ce que nous affrontons exactement. Que sait-on des effectifs ennemis ?

— Pas assez, admis-je. Une personne de confiance est infiltrée là-bas. Elle nous donnera plus de détails dans quelques jours. Mais ce que nous savons, c'est que l'attaque aura lieu dans moins de deux semaine. Si nous ne sommes pas prêts, Polis tombera.

Les discussions continuèrent longtemps, certains doutant de la véracité des informations, d'autres insistant sur la nécessité d'une riposte immédiate. Mais au bout du compte, l'évidence s'imposa : nous devions nous préparer.

Je levai mon regard vers Octavia.

— Organise les défenses. Renforce les portes et assure-toi que toutes les armes soient prêtes. Nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer nos ennemis.

Elle hocha la tête, déjà en train d'élaborer un plan dans son esprit.

— Considère que c'est fait.

Le temps nous manquait. Chaque heure était consacrée aux préparatifs : lever des troupes, stocker des provisions, renforcer les murs de la capitale. Octavia dirigeait les entraînements des soldats tandis que je supervisais les alliances politiques. Les différentes armées arrivaient au fur et à mesure et j'espérai que les guerriers seraient assez nombreux pour sauver la ville et anéantir nos ennemis.

La fatigue pesait sur mes épaules, mais mon esprit ne trouvait aucun repos. L'idée que Ciaran soit enfermé à la merci de Nia me hantait. Dans quelques heures, je devais retrouver Echo et voir si une opportunité se présentait pour le sauver.

Alors que je m'apprêtais à sortir discrètement de notre chambre, une voix me stoppa net.

— Tu comptes vraiment partir sans rien me dire ?

Je me figeai. Clarke était assise sur le lit, les bras croisés, son regard perçant fixé sur moi.

— Je ne voulais pas te réveiller, murmurai-je.

— Évidemment que tu ne voulais pas. Parce que tu sais très bien que je t'en empêcherais.

Elle se leva et s'approcha lentement de moi.

— Tu vas voir Echo, c'est ça ?

Je baissai légèrement les yeux. Clarke me connaissait trop bien.

— Je dois savoir ce qu'elle a appris. Elle est en danger. Et si nous voulons avoir une chance de récupérer Ciaran, je dois lui parler.

— Alors laisse-moi venir avec toi.

Sa demande me prit de court.

— Non. C'est trop risqué.

— Lexa, je ne vais pas rester là, à Polis, pendant que tu risques ta vie seule !

— Je ne serai pas seule. Echo m'attend. Et si nous sommes trop nombreuses, nous risquons d'être repérées.

Clarke secoua la tête, sa mâchoire serrée par la frustration.

— Tu me dis toujours que nous sommes ensemble dans cette guerre, que nous sommes une famille. Mais à chaque fois qu'il faut prendre des risques, tu essaies de me protéger comme si j'étais incapable de me défendre.

Je fermai brièvement les yeux. Ce n'était pas ça. Ce n'était pas une question de force. C'était une question de sécurité.

Je posai mes mains sur ses joues, la forçant à me regarder dans les yeux.

— Je ne fais pas ça pour t'exclure. Je fais ça parce que je t'aime. Parce que si quelque chose t'arrivait, je ne survivrais pas à cette guerre. Et Ciaran aura besoin de toi si je n'en reviens pas.

Son expression se fissura, laissant place à une douleur que je connaissais bien.

— Ne dis pas ça...

— Je reviendrai. Je posai mon front contre le sien. Mais je dois y aller seule. Prends soin de Leyan pendant mon absence. Je reviens au plus vite.

Elle ferma les yeux un instant, puis soupira, résignée.

— Promets-moi que tu feras attention.

— Toujours.

Je déposai un baiser sur ses lèvres, un au revoir silencieux avant de disparaître dans la nuit.

La forêt était calme, trop calme. J'approchai lentement de la cabane, mes sens en alerte. Puis, un bruissement.

— Lexa.

Echo surgit de l'ombre, l'arc baissé mais le regard inquiet.

— Tu es venue seule ?

— Comme prévu.

Elle me fit signe d'entrer et referma la porte derrière nous.

— Je n'ai pas beaucoup de temps. Ils commencent à me soupçonner.

— Alors dis-moi tout.

Echo hocha la tête.

— L'attaque est toujours prévue dans une semaine, mais Nia a changé ses plans. Elle veut frapper plus fort, plus vite. Ils comptent utiliser le chaos pour prendre le contrôle définitif de Polis.

Mon cœur se serra.

— Et Ciaran ?

— Toujours enfermé dans le château d'Azgeda. Nia le garde sous haute surveillance. Mais il y a un point faible...

Je me redressai.

— Lequel ?

Echo hésita.

— Un passage souterrain. Un ancien tunnel d'évacuation sous la forteresse. Il est dangereux, mais c'est notre seule chance de le sortir de là avant l'attaque.

Mon esprit s'accéléra. Si nous pouvions infiltrer la forteresse avant que la guerre n'éclate, nous aurions peut-être une chance de sauver Ciaran.

— Quand pouvons-nous agir ?

— Dans trois jours. Mais il faudra être rapide. Si on se fait repérer, c'est fini.

J'hochai la tête.

— Alors dans trois jours, nous le sortirons de là.

Echo me fixa un instant, puis hocha la tête.

— Fais attention à toi, Lexa.

Je la regardai disparaître dans la nuit. Mon cœur battait à tout rompre.

Dans trois jours, nous allions tenter l'impossible. Et je ne laisserai personne m'empêcher de récupérer mon fils.

J'étais rentrée à Polis avant l'aube, les pensées en vrac. L'échange avec Echo m'avait confirmé une chose : nous n'avions plus de temps.

Trois jours. Trois jours pour mettre au point un plan, réunir les bonnes personnes et infiltrer la forteresse d'Azgeda sans éveiller les soupçons. Je savais déjà à qui je devais faire appel.

Quelques heures après mon retour, j'avais réuni Bellamy, Murphy, Finn, Nyko et Indra dans une salle isolée du palais. Chacun d'eux avait un rôle crucial à jouer. Je les observai un à un avant de parler.

— Nous partons dans trois jours pour récupérer Ciaran. Ce sera dangereux, et si nous échouons, nous ne reviendrons peut-être pas.

Bellamy, appuyé contre un mur, hocha lentement la tête.

— Tu peux compter sur moi.

Murphy croisa les bras, un sourire en coin.

— Toujours prêt pour un peu d'action. J'en suis.

Nyko, silencieux jusque-là, s'avança.

— Je viens aussi. Si nous avons des blessés, vous aurez besoin de moi.

Indra, qui avait observé la scène sans dire un mot, prit enfin la parole.

— Ils ne nous feront pas de cadeau. Mais si nous pouvons sauver ton enfant avant l'attaque, alors c'est un risque à prendre. Je me battrai à tes côtés, Lexa.

Je hochai la tête.

— Nous partirons discrètement à la tombée de la nuit dans trois jours. Jusqu'à là, nous préparons le plan d'évasion. Echo a mentionné un tunnel souterrain sous la forteresse. C'est notre seule porte de sortie.

Tous acquiescèrent, et un par un, ils quittèrent la pièce. Sauf Bellamy.

— Tu ne l'as pas dit à Clarke, n'est-ce pas ?

Je détournai le regard.

— Elle doit rester ici. Elle a un rôle à jouer pour la défense de Polis.

Bellamy haussa un sourcil.

— Et tu crois vraiment qu'elle va accepter ça ?

Je ne répondis pas. Parce que je savais déjà que la réponse était non.

Trois jours plus tard, nous nous retrouvâmes à l'extérieur des murs de Polis, là où nous avions convenu de nous rejoindre. La nuit était sombre, les étoiles seules témoins de notre départ.

J'ajustai ma cape, le cœur battant d'adrénaline. Ce que nous allions tenter relevait de la folie pure.

— On est au complet ? murmurai-je.

Bellamy fit un rapide tour d'horizon avant d'acquiescer.

— Tout le monde est là.

— Bien.

J'étais sur le point de donner le signal du départ quand une voix familière me coupa net.

— Sauf moi.

Je me retournai brusquement. Clarke. Elle se tenait à quelques pas, son regard déterminé fixé sur moi.

— Tu croyais vraiment que j'allais rester bien sagement à Polis pendant que tu partais sauver notre fils ?

Un mélange de colère et d'appréhension monta en moi.

— Clarke, tu ne peux pas venir.

— Essaye de m'en empêcher.

Sa voix était posée, mais son regard ne laissait place à aucun doute. Elle n'allait pas reculer.

— C'est trop dangereux. Et Leyan où est-elle ?

— Ciaran est aussi mon fils, Lexa. Et Leyan est avec ma mère.

Ces mots résonnèrent avec une force que je ne pouvais pas nier. Je soupirai.

— Tu comprends que si quelque chose tourne mal...

— Alors nous mourrons ensemble.

Je fermai les yeux un instant. C'était une folie. Mais Clarke était une survivante, une guerrière. Et surtout, elle était la mère de mon fils.

Je finis par hocher la tête.

— D'accord. Mais reste près de moi, quoi qu'il arrive.

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres.

— Toujours.

Je me tournai vers le reste du groupe.

— Nous avons un long chemin à parcourir. Nous devons atteindre la forteresse d'Azgeda avant l'aube.

Tous hochèrent la tête, et sans un mot de plus, nous nous fondîmes dans l'obscurité de la nuit. Nous partions sauver Ciaran. Et cette fois, nous n'avions pas le droit d'échouer.

La nuit nous enveloppait alors que nous progressions à travers la forêt. Seul le bruit feutré de nos pas sur le sol humide et le souffle régulier des chevaux troublaient le silence.

Nous avancions en file discrète, Clarke chevauchant juste derrière moi. Malgré son regard déterminé, je sentais la tension dans ses épaules, la crispation de ses mains sur les rênes. Elle n'aurait jamais dû être là. Mais en même temps, je ne pouvais pas imaginer faire cette mission sans elle.

Bellamy menait le groupe avec moi, surveillant l'horizon d'un œil attentif. Murphy et Finn suivaient derrière, chuchotant entre eux de temps à autre, tandis qu'Indra fermait la marche, l'arc prêt à être dégainé au moindre signe de danger.

Nyko, quant à lui, chevauchait en silence, son regard rivé sur l'obscurité devant nous. Il n'était pas un combattant, mais nous aurions besoin de lui si l'un d'entre nous était blessé.

La route vers le territoire Azgeda était longue. Il nous fallait traverser plusieurs zones boisées et contourner les postes de surveillance ennemis. Nous devions rester invisibles.

Après plusieurs heures de chevauchée, nous atteignîmes une clairière. Bellamy tira doucement sur les rênes, stoppant son cheval.

— Il y a un problème, murmura-t-il.

Je plissai les yeux et suivis son regard. Des feux de camp. Plusieurs.

Je fis signe à tout le monde de descendre de cheval et nous nous accroupîmes derrière un amas de rochers.

Murphy souffla.

— Dites-moi qu'on n'est pas déjà tombés sur une patrouille Azgeda...

Je fronçai les sourcils.

— Pas exactement.

À en juger par les bannières plantées dans le sol, ce n'était pas une patrouille militaire. C'était un groupe de mercenaires. Finn s'approcha légèrement, scrutant le camp avec attention.

— Ils sont nombreux... Trop nombreux.

Indra acquiesça.

— Ils n'ont pas l'air d'Azgeda, mais ils ne sont pas non plus des alliés.

Je réfléchis rapidement. Nous pouvions soit faire un détour, soit tenter de les contourner discrètement à pied. Mais Clarke prit la parole avant moi.

— Si on les contourne à cheval, on risque d'attirer leur attention. Il vaut mieux passer par la rivière à l'est et traverser à pied.

Je la regardai un instant avant de hocher la tête.

— D'accord. On laisse les chevaux ici. On se déplace à pied jusqu'à la rivière, et on continue sans faire de bruit.

Personne ne protesta. Nous attachâmes nos chevaux un peu plus loin, hors de vue, et nous mîmes en marche en direction de l'est. Le bruit de l'eau se fit entendre au bout de quelques minutes. La rivière coulait lentement, ses reflets argentés tranchant avec l'obscurité de la forêt.

— L'eau doit être glaciale... souffla Murphy.

— Tu peux toujours faire demi-tour, lui lança Indra avec un sourire moqueur.

Il grogna, mais ne répondit pas.

Je posai un pied dans l'eau et frissonnai. Clarke à mes côtés tressaillit également.

— On traverse vite et on ne fait pas de bruit, ordonnai-je à voix basse.

Un à un, nous entrâmes dans l'eau, avançant lentement pour ne pas faire trop de vagues. Le froid mordait ma peau, et je sentis Clarke trembler à mes côtés.

— Tout va bien ? murmurais-je.

Elle hocha la tête, les lèvres serrées pour ne pas claquer des dents.

Quand nous atteignîmes l'autre rive, je jetai un regard derrière nous. Aucun mouvement suspect. Les mercenaires ne nous avaient pas repérés.

Nous marchâmes encore pendant une heure, progressant dans un silence absolu. Puis, Bellamy s'arrêta brusquement.

— On y est.

Devant nous, à quelques centaines de mètres, s'étendaient les premières terres d'Azgeda. Le territoire enneigé, austère, s'ouvrait devant nous, surplombé par des pics rocheux acérés. Et surtout... par des gardes postés aux avant-postes.

Murphy soupira.

— J'imagine qu'on ne peut pas simplement frapper à la porte ?

Je lançai un regard à Echo qui nous attendait quelque part là-dedans.

— Non, répondis-je. Mais on va trouver un moyen de passer.

Je me retournai vers le groupe.

— C'est maintenant que tout commence.

Un frisson d'excitation mêlé d'appréhension me parcourut. Nous étions là. À la frontière. Et bientôt, nous allions entrer en territoire ennemi.

*******

Hello tout le monde, j'espère que vous allez bien.

Encore un POV Lexa pour avancer dans l'histoire. L'action s'approche à grand pas ^^

D'ailleurs, j'ai remarqué une grossière erreur dans le chapitre 28... Je parle de Gustus et Indra alors que j'aurai dû mettre Nyko et Indra puisque Gustus est mort puisque c'est lui le père de Lexa.... Arrrffff avec tous ces personnages je me suis mélangée les pinceaux ! (J'ai corrigé ça depuis)

On se retrouve dimanche prochain pour  l'avancée du sauvetage :D

Nestam !

Celia


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