Chapitre 27


POV LEXA

Nous étions sur le point d'arriver à TonDC. J'avais bien senti hier que Clarke souhaitait absolument rendre visite à nos amis qui avaient préféré rester dans leur village pour participer à la reconstruction. Nous ne les voyons que très peu et je comprenais que Clarke puisse aussi avoir besoin d'eux et de leur soutien dans cette épreuve. De plus, mon passage à TonDC allait me permettre de retrouver aussi des gens que j'aime.

Quelques minutes plus tard nous pénétrions enfin dans ce village qui reprenait petit à petit son allure d'antan. Bien évidemment, il ne serait plus jamais pareil. Le missile tiré depuis le Mont Weather avait détruit bien plus que le village, dénaturant aussi le paysage aux alentours. A notre passage, tout le monde arrêta ce qu'ils faisaient. Personne ne s'attendait à notre visite puisque nous ne l'avions pas prévu à l'avance. Rapidement, Marcus nous accueillit de façon plutôt protocolaire. Cela me prouvait que sa rancœur envers moi était toujours bien présente.

— Heya Marcus.

— Heya Heda, Clarke. Que nous vaut votre visite ?

— Mes amis me manquaient...et le village aussi. Je voulais voir l'avancée des travaux, répondit ma petite amie.

Marcus semblait ravi de voir Clarke. En revanche, ce n'était pas la même chose pour moi. Et ça ne s'arrangea pas lorsque Charlotte débarqua en courant pour serrer Clarke dans ses bras. Malgré les mois passés, il était toujours en colère contre moi et contre le fait que j'ai tué Jaha...

— Salut ma grande, comment vas-tu ?

— Je suis contente de te voir. Papa ne veut pas que j'aille à Polis sans lui. Et vu qu'il est toujours occupé avec le village, autant te dire que je suis coincée ici avec Maya... mais elle est souvent avec Jasper.

Je compris qu'encore une fois j'étais responsable du refus de Marcus à laisser sa fille venir à Polis. Il n'avait plus confiance en moi ou alors était-ce son amour pour Jaha qui l'aveuglait sur la situation. Je ne savais pas réellement mais j'allais devoir avoir une discussion avec lui.

— Maya avec Jasper ? Vraiment ? fit Clarke avec surprise.

— Ils sont toujours collés l'un à l'autre depuis qu'on est revenu ici.

Leyan qui dormait toujours dans mes bras, se réveilla en pleurs. Ses réveils n'étaient toujours difficiles depuis la disparition de son frère. Charlotte s'approcha de moi pour la voir. La jeune fille, âgée seulement de tout juste douze ans, semblait bien plus mature que son âge. Sa captivité l'avait fait grandir bien trop vite. D'un seul coup, je pris conscience que ma fille était en quelque sorte la nièce de Charlotte puisqu'elle était la fille de Jaha et donc la sœur de Wells...

— Tu veux la prendre ?

— Charlotte, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, objecta Marcus.

Je ne fus pas surprise de sa réaction mais je fus déçue qu'il l'empêche de profiter de Leyan. Etonnamment, Charlotte ne réagit pas et accepta sans broncher. Était-ce un vestige de sa soumission au Mont Weather ?

— Peut-être plus tard d'accord ? tentai-je de la réconforter malgré tout.

— Est-ce que tu sais où sont les garçons ? demanda Clarke pour changer de sujet qui avait bien compris le problème.

— Ils travaillent sur la reconstruction des maisons de l'autre côté du village. Je vous y emmène si vous voulez, s'enthousiasma-t-elle aussitôt.

— Il faut que je discute avec ton père d'abord, mais allez-y, je vous rejoindrai.

Je confiai Leyan à Clarke et elles partirent toutes les trois accompagnées de Tristan. Marcus m'invita à le suivre vers, ce qui semblait être, ses nouveaux quartiers. Je demandai à mes gardes de rester à l'extérieur. Ils n'avaient pas besoin de connaître les détails de notre conversation.

— De quoi veux-tu me parler Heda ?

— Heda ? Sérieusement ?

Je n'aimais pas cette distance qu'il instaurait entre nous. Grâce à lui, j'avais été en mesure d'appréhender l'histoire de ce peuple qui était devenu le mien, grâce à lui j'étais sortie vivante du camp des Natblida parec qu'il avait permis à Octavia de m'enseigner l'art du combat, grâce à lui j'avais pu être avec Clarke. Marcus était une personne importante pour elle et il l'était tout autant pour moi. Alors le voir si distant me mettait un coup au cœur.

Marcus soupira profondément et referma la porte derrière nous, prenant soin de garder un espace entre nous presque symbolique. Son regard était lourd, chargé de reproches, mais aussi d'un profond chagrin.

— Alors, Lexa, qu'est-ce que tu veux vraiment ? Tu dis être ici pour Clarke et le village, mais est-ce vraiment tout ?

Sa voix, froide et distante, me heurta plus que je ne l'aurais cru. Je le fixai un instant avant de répondre.

— Clarke voulait revoir nos amis, et moi... je voulais voir TonDC et mes proches. Mais il semble évident que quelque chose te ronge. Alors dis-moi ce que tu as sur le cœur Marcus.

Il fronça légèrement les sourcils, comme s'il hésitait à laisser éclater ce qu'il retenait depuis si longtemps.

— Tu sais très bien ce qui me ronge, Lexa. Je n'ai pas oublié que tu as tué Thelonious.

Je retins mon souffle. Ce seul nom avait le pouvoir de raviver les plaies.

— Marcus...

— Non, écoute-moi. Je te laisse revenir ici parce que je respecte Clarke et que vous faites parties de la famille. Mais te voir... c'est comme si la scène se rejouait devant mes yeux encore et encore...et c'est insupportable.

Je pris une profonde inspiration, sentant ma gorge se nouer.

— Jaha a fait des choix, Marcus. Et ses choix ont mené à des conséquences. On a déjà eu cette discussion. C'est à cause de lui que Clarke s'est faite agressée. Combien avant elle ont été les victimes de Wells ou d'un autre ? Charlotte a été à sa place. N'as-tu pas tout fait pour faire payer les responsables chez les Maunons ?

Marcus soupira lourdement, croisant les bras sur sa poitrine.

— Ce n'est pas la même chose ! Thelonious n'est pas celui qui a abusé de Clarke !

— Mais il n'en est pas moins responsable !

— Et tu veux que je croie que tuer Jaha était la seule solution ? Que ça devait se passer comme ça ?

Sa voix était basse, presque tremblante. Je le fixai, ressentant la douleur qu'il dissimulait derrière cette colère.

— Oui, répondis-je, le ton ferme. Je sais que ça ne te plaît pas, mais c'était nécessaire. Il était Heda, et il avait failli dans son rôle.

Marcus détourna les yeux, comme si mes mots le brûlaient.

— Tu crois vraiment que c'était sa faute ? demanda-t-il finalement.

— Il avait le pouvoir d'empêcher Wells d'agir. Mais c'est pourtant lui qui donnait carte blanche à tous les crimes pendant la célébration du Praimfaya ! Quel genre d'homme fait ça ?

Marcus resta silencieux, son visage se durcissant à la mention du Praimfaya. Il passa une main sur sa barbe, un geste qui trahissait à la fois frustration et réflexion.

— C'était une tradition, Lexa. Une tradition vieille de plusieurs générations. Je ne dis pas que c'était juste, mais Jaha n'a pas créé cette barbarie.

Je secouai lentement la tête, le poids des souvenirs pesant lourdement sur mes épaules.

— Mais il l'a tolérée, Marcus. Et en tant que Heda, c'est tout comme. C'est toi qui m'as appris que le rôle de Heda était de protéger son peuple, de le guider vers un avenir meilleur. Pas de préserver des traditions qui détruisent des vies.

Il fronça les sourcils, comme si mes mots le touchaient au plus profond, mais refusait encore de l'admettre.

— Je ne défends pas ce qu'il a fait ou permis, finit-il par dire. Mais Jaha n'était pas un homme mauvais. Il croyait que ces traditions maintenaient l'ordre.

— L'ordre ? répétai-je, une pointe de colère dans la voix. Comment un ordre peut-il être basé sur la peur et le sang ? Wells a profité de cette "tradition" pour violer Clarke, Marcus. Et Jaha a fermé les yeux !

Marcus détourna le regard, les mâchoires serrées.

— Et maintenant ? demanda-t-il brusquement, sa voix trahissant une profonde lassitude. Tu l'as tué. Tu as pris sa place. Alors quoi ? Tu crois avoir tout réparé ?

Sa question me frappa, non pas parce qu'elle me prenait au dépourvu, mais parce qu'elle touchait une corde sensible que je ne pouvais nier.

— Non, répondis-je après un moment. Rien n'est "réparé". Je ne peux pas ramener ceux que nous avons perdus, ni effacer ce que Jaha a fait ou ce que j'ai fait. Mais je peux essayer de faire en sorte que les clans avancent dans la bonne direction. Que des enfants comme Leyan, Ciaran et Charlotte grandissent dans un monde différent.

Marcus sembla hésiter. Ses traits étaient encore marqués par la colère, mais une ombre de compréhension s'y glissait peu à peu.

— Et pour moi ? dit-il doucement, presque comme un aveu. Tu veux que je pardonne ? Que j'oublie ?

Je secouai la tête.

— Non, Marcus. Je ne te demanderai jamais ça. Mais je te demande de regarder au-delà de ta douleur. Clarke, Abby... ce village. Ils ont besoin de toi. Et toi, tu ne peux pas continuer à te battre contre des fantômes.

Un silence s'installa, lourd mais pas hostile. Marcus finit par soupirer et passa une main sur son visage, visiblement épuisé.

— Tu parles comme si c'était si simple, murmura-t-il.

— Ce n'est pas simple, répondis-je. Rien de tout ça ne l'est. Mais si on reste figé dans le passé, alors tous ces sacrifices n'auront servi à rien.

Un bruit venant de l'extérieur interrompit notre échange. La voix de Charlotte résonnait, joyeuse et impatiente.

— Papa ! On est là ! Les garçons étaient occupés pour le moment. Ils ont dit qu'il fallait qu'on attendre l'heure du déjeuner !

Marcus esquissa un sourire fatigué, mais sincère, avant de se détourner.

— Allons-y, murmura-t-il.

Nous sortîmes ensemble du bureau de Marcus, et, pour la première fois depuis longtemps, j'eus l'impression qu'un pont commençait à se reconstruire entre nous. Pas parfait, pas solide, mais un début.

Clarke suivait légèrement derrière avec Leyan qui semblait calmée. Elle discutait avec Tristan, lui racontant certainement quelques anecdotes sur ce village qui l'avait vu grandir et qui m'avait accueilli.

— Tout va bien ? s'inquiéta Clarke.

— Tout ira mieux, avec du temps. Alors comme ça les garçons n'ont même pas daigné s'arrêter pour toi ?

— En fait, nous ne les avons même pas vu. Nous avons croisé Maya en route qui nous a suggéré d'attendre la pause pour que les garçons restent concentrés dans leurs tâches. Ils sont sur la toiture et elle préférerait éviter que l'un d'eux ne tombe...

— Alors que diriez vous de les attendre chez nous ? suggéra Marcus qui m'étonna.

— Avec plaisir.

Marcus faisait un premier pas sur ce pont qui était en train d'être reconstruit. J'appréciai sincèrement cet effort et nous le suivîmes vers une maison que je connaissais déjà parfaitement.

— Ce n'est pas vrai, elle a survécu ? s'enthousiasma Clarke.

— Pas vraiment...mais tes amis ont tenu à ce qu'elle soit reconstruite à l'identique. Et puisque Abby et toi êtes à Polis en ce moment, j'ai pensé que...enfin j'espère que ça ne te dérange pas.

Je serrai fortement la main de ma petite amie parce que je ressentais sa tristesse d'avoir perdu un morceau d'elle avec la destruction de ce village. Elle y avait habité toute sa vie et avait de nombreux souvenirs avec son père Jake.

— Non pas du tout, tu as bien fait. Et puis c'est aussi votre maison.

— D'ailleurs, il faudrait que je songe à renvoyer Abby ici. Sa place est avec Charlotte et toi. Avec l'enlèvement de Ciaran, je ne me suis pas rendue compte que je l'avais éloignée si longtemps de vous... Je suis désolée Marcus.

C'était ma façon à moi de faire un pas vers lui en guise de bonne volonté. Il méritait d'avoir sa femme qu'il aime près de lui et peut-être qu'il parviendrait à trouver l'apaisement à ses côtés. Clarke jouait ce rôle pour moi au quotidien après tout.

*******

Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien ^^

Premières retrouvailles, d'abord avec Marcus et Charlotte. Il a la rancune facile mais la conversation avec Lexa semble l'avoir enfin adoucit un peu. Mais après tout, est-ce qu'on peut lui en vouloir ? Il a tout de même assisté à la mort de l'homme qu'il avait toujours aimé, même s'ils étaient séparés... Maintenant il doit apprendre à tourner la page et se reconstruire avec Abby et Charlotte.

Prochain chapitre, retrouvailles avec les copains, parce que bon, même s'ils n'évoluent pas à Polis, on ne les oublie pas pour autant ^^

Je vous souhaite une bonne semaine.

A dimanche prochain !

Nestam !

Celia 

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