Chapitre 9

Bonjour bonjour,
Je suis désolée de vous avoir fait attendre aussi longtemps ce nouveau chapitre.
J'ai eu une panne d'inspiration et je corrige dans le même temps un de mes textes que je vais auto-éditer.
D'un coup, grâce à une chanson, la solution m'est apparue, j'ai eu envie d'écrire et hop, voilà. Le suivant est bien entamé donc vous ne devriez pas trop attendre pour la suite...
Biz
Poledra

***

« Je sais d'où vient la voix. »

J'arrête ma lecture. J'ai besoin d'une pause pour réfléchir. Pour peser le pour et le contre.
Parce qu'il y a les deux. Il y a toujours les deux. Bien sûr, j'ai envie de savoir. Envie de connaître ce que Snow a vécu, ce qui l'a poussé à fuir les hommes pendant si longtemps.
Savoir pourquoi il est resté ici tout ce temps. Ses notes ne me l'ont pas dit clairement jusqu'à présent.
J'ai envie de découvrir « qui » est la voix pour lui. Parce que je sens que la source de la mienne est différente. Même si le résultat est le même.
Mais d'un autre côté, je ne veux pas. Je sais d'avance que l'explication ne me plaira pas. Qu'elle va heurter mes croyances en la science, dans ce monde tangible où seule la folie des hommes fait des ravages.
Mais surtout, surtout parce que je saisis qu'il est allé mieux après. Et que si je dois aller mieux moi aussi, il faudra que je les laisse partir. Et je ne veux pas. Je ne peux pas.
Je range le journal et quitte la cabane. J'ai besoin de nager. Après un bref coup d'oeil à Abby et Ada qui dansent encore dans la clairière, je prends le chemin marqué par les érables.
Je remarque pour la première fois que des feuilles jonchent le sol. Les arbres, pour la plupart, sont nus. La réalité me saute aux yeux. L'automne est là. Bien là.
Dire que l'été commençait à peine quand Snow m'a sauvé.
Que vais-je devenir ? Je ne suis pas persuadé de survivre à l'hiver. Je ne suis pas un aventurier. Bien sûr, je pourrais apprendre. Outre son journal, Snow a laissé tout un tas de consignes. Tout est bien sagement expliqué dans les piles de feuilles abandonnées par mon prédécesseur. À croire qu'il savait que quelqu'un viendrait.

Je quitte mes vêtements, prends le temps de les laver. Ils n'auront pas le temps de sécher mais ce n'est pas grave, il ne fait pas encore trop froid. Une fois ma tâche terminée, je pénètre dans l'eau du lac.
Mes pensées m'abandonnent un moment. Elles me laissent en paix. Seul mon effort compte. Mes bras qui fendent l'eau l'un après l'autre, mes jambes qui battent en rythme, ma respiration.
Je nage. Je perds la notion du temps. Je sais juste que l'eau me relaxe, que j'ai gagné en endurance, que la fatigue est plus longue à m'atteindre.
Elle y parvient cependant toujours. Elle finit par me cueillir au détour d'un changement de direction. C'est à ce moment-là que mes pensées reviennent à l'assaut. Qu'elles me dévorent.
Je commence à regagner la rive. Lentement. Je dois calmer les battements frénétiques de mon cœur. Une brasse après l'autre. Ce n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.

—    Laisse-les partir, Joran.

Je me fige si rapidement que je bois la tasse. Je tousse comme un perdu, tentant de reprendre mon souffle et de rester à la surface. J'y parviens peu à peu et lance des coups d'œil anxieux autour de moi à la recherche de la source des mots. Mais il n'y a personne. Personne à qui pourrait appartenir cette voix aussi douce que la caresse de l'eau sur ma peau.

—    Laisse-les partir. Accepte Joran. Il est temps.
—    Qui est là ?
—    Tu le sais. Ouvre ton esprit. Accepte ce que tu es. Laisse-les partir.

Toujours cette caresse. Cet effleurement délicat qui s'insinue en moi. Qui tente de me convaincre. Qui y parvient presque. Les mots sont effacés dès que j'aperçois Abby et Ada qui dansent sur la rive. Elles m'ont rejoint. Elles arrêtent leur ballet et me sourient en me faisant des signes. Elles m'invitent à les rejoindre.
D'un côté, il y a la voix et de l'autre mes deux amours. Le choix est difficile. Mais petit à petit la certitude de ne pas être encore prêt s'immisce en moi.
Même si mes yeux sont attirés par leur tombe, là-bas, sous l'arbre. Attirés par les centaines de fleurs blanches qui la recouvrent. Ces fleurs qui malgré l'automne, malgré la pluie presque incessante de ces derniers mois, ne se sont pas flétries. Elles sont toujours aussi belles. Comme elles.
Même si je sais. Oui, je sais.
Mais savoir ne fait pas tout. La connaissance n'est rien à côté du cœur. Elle n'est rien.

Je ramasse ma serviette et m'éponge. Je remets mes vêtements mouillés et regagne l'abri de Snow. Des gestes quotidiens m'accaparent un moment. Faire à manger, sécher mes affaires après en avoir passé d'autres. Ranger.
Des gestes mécaniques qui m'occupent. Qui m'empêchent de penser. Qui me détournent du journal posé non loin de moi et qui m'attire comme un papillon vers une flamme.
Mais bientôt le papillon est obligé de se brûler les ailes. Il n'a plus rien d'autre à faire.

« Jour 796
Je sais d'où vient la voix. »

Je lis et relis ces mots. Et me décide enfin à aller plus loin.

« Jour 797
Je me sens mieux depuis que j'ai accepté. J'ai compris. Compris que je n'étais pas fou. Compris que toutes les épreuves que j'ai traversées n'ont pas été vaines. Que cette impression de ne pas être à ma place dans ce monde avait une explication.
Je ne suis pas fou. »

Chacune des lettres s'impriment sur ma rétine.
Chacune fait sens et s'immisce en moi comme la voix tout à l'heure. Les mains crispées sur les feuilles, je fais les cent pas à l'intérieur de la cabane.
Abby et Ada me couvent du regard. Elles observent chacun de mes gestes sans tenter de me forcer à continuer ou à arrêter ma lecture.
Je dois prendre la décision seul. Il ne tient qu'à moi de connaître la vérité.
Mon corps se fige et mes yeux cherchent la ligne que j'ai abandonnée il y a quelques minutes.

« Jour 800
Depuis que j'ai accepté, il me parle presque en continu. C'est étrange mais je ne me sens plus seul. Et petit à petit, je reconnais que je ne l'ai jamais été tout à fait.
Il a toujours été là. Depuis toujours, j'ai joué avec lui, je l'ai écouté sans l'entendre vraiment, j'ai appris à le connaître, je l'ai apprivoisé.
Mais plus rien n'est pareil, c'est comme s'il faisait partie de moi. »

Je dois retourner au lac. Un rapide coup d'œil à l'extérieur me montre que la nuit est tombée. Tant pis.
La pluie m'accueille dès que je quitte la cabane. Les gouttes qui martèlent le sol me bercent sur le trajet. Elles me mettent dans un état second. Un état où je n'ai plus peur, où ma tristesse s'envole. Petit à petit, la musique qu'elles créent s'atténue. Elle devient moins forte. Plus légère. Seules quelques gouttes éparses tombent encore autour de moi.
J'arrive au bord de l'eau et la lune m'accueille autant que la surface noire du lac.
Je pose mes vêtements sur la rive pour la deuxième fois de la journée et fends les eaux sombres. Mes pas ne sont pas plus lents que quand il faisait jour. Je sais que je ne me blesserai pas. Je sais qu'elle ne laissera pas faire.
Je nage un moment, je tourne en rond et attends la voix. Mais elle reste silencieuse. Je décide donc de prendre les devants.

—    Tu ne m'aurais pas laissé mourir n'est-ce pas ? Quand Snow m'a sauvé...

Je ne sais pas pourquoi c'est cette question qui a franchi mes lèvres en premier. J'en avais pourtant des dizaines d'autres.

—    Tu connais déjà la réponse. Mais si tu tiens à savoir, non, je ne t'aurais pas laissé te noyer.
—    Pourquoi ?
—    Nous sommes liés. Depuis toujours. Je ne peux te faire du tort.

Ses mots m'enveloppent de leur douceur, de cette tendresse que je ressens depuis quelques temps déjà mais que je ne voulais pas reconnaître. Ils me soignent. Ils soignent ma peine, ma douleur, ce trou béant dans ma poitrine.
Il n'y a qu'avec elle que je redeviens moi-même.

—    Il y en a d'autres ?
—    Oui. Mais cela aussi, tu le sais déjà.
—    Je vais devoir partir ?
—    Oui.
—    Pourquoi ?

Elle ne me répond pas. Connaît-elle la réponse ? Ou reste-t-elle silencieuse volontairement ? Je me demande un instant si je dois insister puis abandonne l'idée.
J'expulse l'air de mes poumons et plonge. Je veux vérifier qu'elle dit vrai, qu'elle ne me fera pas de mal.
Je nage profondément. Je lutte pour ne pas remonter à la surface, l'air me manque. J'ai besoin de respirer, besoin de reprendre mon souffle.
Elle le sent, je le sais. Elle frémit autour de moi, s'agite. Elle ne doit pas aimer être forcée mais qui apprécie cela ?
Petit à petit, je la sens refluer. Elle s'écarte, crée une bulle d'air autour de moi. Je respire.
J'ai compris.
Je remonte à la surface porté par la caresse de l'eau.

—    Tu n'as pas le droit de faire ça. Tu n'as pas le droit.
—    Pourquoi ?
—    Tu as encore beaucoup de choses à apprendre. Tu ne sais rien.
—    Apprends-moi.
—    Ce n'est pas mon rôle.
—    C'est celui de qui ?
—    Arrête de poser des questions dont tu connais la réponse.
—    Le vieil homme...
—    Oui. Il sait.

J'aurais préféré me tromper. Il ne m'a pas laissé un bon souvenir.

—    Mais avant, tu dois les laisser partir.
—    Je sais.
—    Alors pourquoi ne le fais-tu pas ?
—    Je ne peux pas vivre sans elles.

Elle ne répond pas. Il vaut mieux pour elle.
Je regagne la rive, sors de l'eau, me sèche, ramasse mes vêtements, les passe sur mon corps. Des gestes mécaniques. Qui ne me demandent aucun effort, aucune réflexion. Mes pensées sont ailleurs. Elles sont sombres et la pluie qui s'était arrêtée recommence à tomber.
Elle martèle à nouveau le monde autour de moi.
Le sol, le lac, les arbres.
Tout mon environnement. Alors que je reste sec. Je m'aperçois que ce n'est pas la première fois.

—    Il t'en a fallu du temps.

C'est à mon tour de me taire. La voix est bien trop moqueuse. Et j'ai toujours été légèrement susceptible.
Je regagne la cabane à pas lents.
Abby et Ada m'accueillent d'un sourire. Je grave chacun de leurs traits dans ma mémoire au cas où elles disparaîtraient sans prévenir puis m'installe sur le lit pour lire le journal de Snow à la lueur d'une bougie.

« Jour 915
Le vent.
Le vent. D'aussi loin que je me souvienne, les autres m'ont toujours dit qu'il rendait fou. Ça n'a jamais été le cas avec moi. Enfant, j'aimais regarder les feuilles des arbres danser sous ses bourrasques, les jupes des filles s'envoler dans la cour de l'école.
Puis j'ai joué avec lui. J'ai appris la chute libre, le base jump et le parapente. C'est là où je me suis le plus épanoui. C'est en volant que j'ai compris ce qu'être vivant signifiait.
J'ai voyagé à travers le monde, je l'ai vu d'en haut. J'ai vu les plaines et les forêts, les mers et les océans. J'ai tutoyé les montagnes, j'ai vu leur grandeur, leur majesté.
J'ai vu la force de la nature. Je me suis senti insignifiant et remis à ma juste place. Nous devrions tous l'être un jour.
Et la guerre a été déclarée... »

Je me souviens de cette époque bénie. Celle où je flirtais avec Abby, où je nageais quotidiennement, où mon travail, ma vocation me permettait de donner la vie. Moi aussi, je me sentais humble devant la Nature. Devant la grandeur de ces petits êtres que j'aidais à venir au monde. Devant ces mères qui perpétuaient la Vie.
Et la guerre a été déclarée.

« Et la guerre a été déclarée.
Je ne comprenais pas ce qui s'était passé. Mais je voulais protéger mes valeurs et moi, qui n'étais personne, pensais pouvoir, en m'enrôlant dans l'armée, devenir quelqu'un. Quelqu'un qui aurait compté. Je me suis engagé dans le camp qui faisait miroiter que la Nature serait protégée. Leur message était beau. Il était clair.
Mais ce n'est pas ce qui est arrivé. Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour m'en rendre compte. On m'a d'abord privé de ma liberté. Bien sûr, j'aurais dû m'en douter. Mais allez savoir...
Du jour au lendemain, il n'y a plus eu que des ordres, des brimades, des baraquements sombres où l'on voyait à peine le jour.
Moi qui avais postulé pour être parachutiste, on m'a cloué au sol. On m'a enlevé ma raison de vivre.
On m'a appris à obéir, à être un bon petit soldat.
J'ai dû faire mon lit au carré alors que j'avais l'habitude de dormir à la belle étoile.
J'ai dû baisser les yeux devant des hommes prétendument plus grands que moi sous prétexte de médailles alors que je ne m'inclinais que devant la Nature.
J'ai essayé de résister mais plus j'essayais, plus ils s'évertuaient à me briser.
Ils y sont parvenus.
Ils m'ont ôté un à un tous mes rêves, tous mes idéaux.
Ils m'ont demandé de me battre et je l'ai fait.
Mes ailes ont été définitivement coupées le jour où ils m'ont ordonné de tuer des enfants. La veille, j'avais abattu un soldat ennemi d'une balle dans le dos.
C'était trop. Mais je l'ai fait. J'ai tiré parce que l'arme sur ma tempe me terrorisait encore plus que la culpabilité qui allait m'empêcher de vivre pour le restant de mes jours.
J'ai regretté instantanément mon geste. La balle n'a jamais atteint sa cible. Le vent s'est levé plus fort que jamais, il a dévié le projectile de mort.
Mon bourreau a été renversé par la tempête qui rugissait autour de nous.
Alors j'ai fui. J'ai fui. J'ai couru pendant des heures, aidé par le vent. Je suis devenu un déserteur. J'ai retrouvé ma liberté au prix d'une douleur indicible. »

Son écriture est irrégulière, comme si chaque mot lui avait coûté.
Je le comprends, ma gorge s'est serrée pendant ma lecture et la peine que je ressens pour Snow est immense.
Je souffle la bougie sachant pertinemment que je n'arriverai pas en lire plus ce soir.

Mes rêves ont été agités. Je me réveillais et Abby et Ada n'étaient plus là. Combien de fois ai-je ouvert les yeux pour vérifier ? Je ne le sais pas. Elles ne sont pas parties. Elles jouent dans un coin de la pièce. Elles rient. Mais ne me regardent pas.
Je reprends le journal. Je survole certains passages. Pour ne pas avoir mal. Pour laisser un peu d'intimité à Snow même si je sais parfaitement que cela ne sert à rien. Il n'est plus là et je ne le reverrai peut-être jamais.

« Jour 898
J'ai donné la mort. M'en remettrai-je un jour ?
J'y pense tous les jours. À chaque heure qui passe. Je n'arrivais pas à l'écrire mais quand je suis enfin parvenu à le faire, je pensais que ça me libérerait. Ce n'est pas le cas. Il y a juste quelqu'un d'autre au courant... »

« Jour 953
La voix m'a dit que je devais écrire qui elle était.
Pour que cela devienne tangible et réel mais aussi pour que... Non, je ne peux pas écrire ce qu'elle m'a dit.
Je suis là, depuis dix bonnes minutes, à regarder ma feuille. J'hésite. Ai-je vraiment envie que tout cela soit réel ? Je ne sais pas. Je crois que je préférerais être fou. Plus rien n'aurait d'importance comme ça. »

« Jour 956
Elle m'a dit aujourd'hui que je ne pouvais plus reculer. Qu'il fallait que j'écrive son nom. Elle est... Elle est le vent. »

—    Tu dois aussi écrire qui je suis, Joran.
—    Pour que tu sois réelle ?
—    Non. Pour que tu acceptes qui tu es.
—    Je ne sais pas qui je suis.
—    Ecris-le.

Tout comme Snow avant moi, j'hésite. Moi aussi, je préférerais la folie. Elle est simple. Elle tient chaud. Et Abby et Ada sont avec moi.
Je les cherche des yeux et les aperçois ramassant des feuilles mortes dans la clairière.
Je vais continuer ma lecture.

« Jour 1177
Tous les jours, il me dit de patienter.
J'attends donc. Encore et encore. Mais jusqu'à quand ? Et pourquoi ?»

« Jour 1400
J'ai beau savoir que je dois attendre, que bientôt tout se mettra en marche, j'en ai assez. Assez d'être seul. Il ne me parle plus. Mon seul et unique ami depuis toujours m'a laissé. »

« Jour 1440
Il m'a parlé. Enfin. Il m'a dit que celui dont je serai l'ami et la main armée ne tardera plus. Que l'histoire, notre histoire est en marche.
Je n'aime pas ça. Je ne veux plus me battre. »

« Jour 1450
Il m'a dit son nom mais je ne dois pas l'écrire. Cela causerait notre perte. Je le garde précieusement. Pour être sûr de ne pas l'oublier et de le reconnaître quand il me dira comment il s'appelle. Je me le répète à voix basse depuis ce matin. Pour que personne ne m'entende alors que je sais que je suis seul. Je suis peut-être un peu fou finalement. »

Je souris à sa dernière remarque. Elle lui ressemble tellement. Je revois son visage émacié, sa peau pâle de ne vivre que la nuit. Son sourire. Franc, honnête mais un peu triste aussi. Et ses yeux. Qui transpiraient la douleur, le soulagement, la bonté, l'humour et l'auto-dérision.
Il m'a marqué.
Son journal m'a marqué lui aussi. Et je sais que je suis au bout. C'est la dernière page.

« Jour 1454
Il est là. Je l'ai sauvé. Je l'ai sauvé alors que mon cœur comprenait qu'il ne voulait pas... »

Je redoutais ce moment. J'en avais peur. Peur de voir ma propre histoire racontée par quelqu'un d'autre. Peur de me voir dans les yeux d'un inconnu.
Je fais une pause. Je jette un coup d'œil à mes amours qui lisent un livre qui n'existe plus depuis le jour 1454 de Snow.
Mais très vite, je suis de nouveau attiré par les quelques lignes restantes. Elles ne sont pas nombreuses.

« Je l'ai ramené ici tant bien que mal. Depuis j'attends. J'attends qu'il reprenne conscience. J'espère qu'il n'était pas trop tard. Je n'y connais rien en médecine. »

« Jour 1458
Je lui ai dit que je croyais trop en la vie, mais ce n'est pas vrai. Ça ne l'est plus totalement.
J'ai tout de suite su que c'était lui. J'ai reconnu la douleur sur ses traits. La faible lueur de ma lampe ne pouvait pas me la cacher.
Il n'a même pas remarqué qu'il n'était pas seul.

J'ai essayé de ne pas te sauver. J'ai résisté. Mais le vent ne m'a pas laissé le choix.
Si je l'avais eu, si je l'avais eu, je te jure que je t'aurais laissé mourir. Je te le dis et je te le redirai parce qu'apparemment nos destins sont liés. Je t'aurais laissé mourir. Je suis désolé. Tu n'imagines pas à quel point je suis désolé.
Ne m'en veux pas. S'il te plaît, ne m'en veux pas.
Tu comprendras pourquoi sur le mot que je t'ai laissé, je t'ai dit que nous nous reverrions. Nous n'avons pas le choix apparemment. Mais j'avoue attendre ce moment avec impatience. »

Ma lecture est terminée.
Je prends les feuilles et en fais une pile nette et propre. Au carré alors qu'il déteste ça. Je les range où je les ai trouvées la première fois comme pour me dire que rien n'a changé. Pourtant plus rien n'est pareil.
Je sais ce qu'il me reste à faire.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top