Je suis montée dans une voiture

The Clash- Should I Stay or Should I Go

Should I Stay or Should I go now ?
Est ce que je dois rester ou partir ?
If I go there will be trouble
Si je pars il y aura des problèmes
And if I stay it will be double
Et si je reste il y en aura le double



Un jour, j'ai fais un truc normal, le plus banal qu'il soit, je suis montée dans une voiture.

Peut-être pour aller chez une amie de ma mère, faire les courses ou encore juste pour aller d'un point A à un point B. Elle a démarré la voiture, allumé la radio, fait chauffer le moteur et appuyé sur la pédale. Tellement basique pas vrai ?

On roule vers notre destination, les vitres baissées et un plein bientôt à refaire.

De l'or noir pompé dans les pays pauvres d'Afrique, remplissant les poches de l'Occident et du Moyen-Orient. Un sombre liquide dont l'extraction détruit les fonds marins.

Mais c'est tellement génial le pétrole !

Tellement génial que les humains ont décidé de le décliner en pleins de produits dérivés.

Ils en ont foutu partout !

Pochette de CD, coque de téléphone, bouteilles d'eau, sachets pour leurs diverses courses, de la décoration, mais des petites particules de plastiques répondant au doux nom de "microbilles de polyéthylène" dans ton gel exfoliant, dans ton gommage ou même dans ton shampoing.

Nous sommes entourés de plastique, de notre naissance jusqu'à notre mort, de notre réveil jusqu'au prochain dodo, Elles ont plutôt bon goût les microbilles dans le dentifrice non ?

De notre mobilier jusqu'à notre plus simple intimité. Il en a partout, on ne peut plus s'en passer.


Petite chose qui englouti notre monde, tel un monstre de nos pires songes, une créature maléfique tout droit sortie d'un film d'horreur, le plastique laisse ses tentacules recouvrir tout notre espace, ne laissant aucune chance à la nature.


Seulement voilà, les énergies fossiles s'épuisent, et donc le pétrole vient à manquer. Au début, on ressent juste petite une hausse dans le prix du plein, encore un peu, un petit peu plus ... puis à chaque fois qu'on branche la pompe sur le réservoir. Un euro cinquante deux le litre de gazole il me semble, dans les environs.

Ça aurait sans doute encore grimpé.

Mais chacun continue à utiliser sa voiture individuelle, s'indignant parfois de la hausse du litre de carburant.

On n'arrête pas de s'abreuver en essence, comme si elle remplaçait l'eau et l'humain était assoiffé, comme si le poisson ne coulait pas dans le moteur mais dans nos veines.


Ce que l'humain refusait obstinément de comprendre à ce moment c'est qu'il jouait avec la nature... et qu'il fait choisi la pire des partenaires, car elle est capable de changer les règles du jeux comme bon lui semble.


Ce qui est ironique dans l'histoire, c'est que je vous parle de ça alors que je suis dans une voiture à la place passager. Je ne sais pas conduire, même si je l'ai fais pas plus tard qu'avant hier , à quoi bon avoir son permis quand il n'a plus aucun radar actif, que les chances de croiser un autre conducteur sont clairement égales à zéro, alors même que j'ai oublié à quoi servent les trois quarts des panneaux et que le réservoir de celle-ci a sûrement été siphonné dès les premiers jours après la catastrophe?

Mais juste parce que ça me rappelle avant.

J'aimerai bien partir, mais je rester aussi. Le soucis c'est que je constate les problèmes et je me dis qu'ils s'arrangeront si je m'en vais, loin de cette voiture, pas trop loin non plus, des longues distances alors qu'on a plus que nos jambes pour se déplacer c'est pas franchement génial. Puis je me rappelle que monter dans la voiture, sans jamais payer le chauffeur, c'est devenu ma routine. Et puis je suis sûre que j'aurai plein de problèmes si je partais en exploration.

Si quelqu'un m'écoute, sache que j'aurai aimé pouvoir faire quelque chose, si on me laissait une seconde chance, j'aurai fait quelque chose.

Avant que les hommes puissent les dernières gouttes du précieux liquide.
Avant qu'on utilise notre planète comme une déchetterie.
Avant qu'on prenne notre voiture même pour les plus petits trajets.
Avant que le plastique s'invite dans nos océans, dans nos produits d'hygiène, dans notre douche et dans notre assiette.
Avant que la marche arrière ne soit définitivement plus possible.

Elle aurait voulu empêcher la goutte de trop de tomber, empêcher le monde de basculer ...

mais il est désormais trop tard pour regretter.

À mon bras, mon bracelet bleu en plastique pend. Mon prénom autrefois bien visible est aujourd'hui presque entièrement effacé. Il est là pour que je me souvienne de vos erreurs, de nos erreurs, de mes erreurs. Se souvenir pour ne pas répéter la même connerie.


C'est la fin du monde. Je m'appelle Cléophine, mais ça je crois que vous vous en foutez.

C'est le prénom de mon arrière-arrière grand mère du côté du mon père mais aussi je pense que ça vous vous avez rien à faire.


Tout ce qui vous intéresse c'est de connaître l'histoire n'est ce pas ? De savoir comment l'humanité en est arrivée à foutre dans un tel merdier ? Comment je me retrouve dans une carcasse alors que je devrais-je reprendre mon sac à dos vert couvert de crasse et continuer ma quête de boîtes de conserves ? Peut-être.

Sûrement. Mais je vais d'abord raconter la fin de mon histoire de voitures.

Raconter ma fin aussi peut-être.
Sûrement.

Je joue avec les clés de cette voiture qui n'avancera plus jamais.

Je suis à la place passager d'une auto perdue au milieu de toutes celles dizaine qui resteront à l'arrêt pour l'éternité, abandonnées par leurs propriétaires sûrement morts à l'heure qu'il est.
Parce que la nature s'est rebellée et que la plupart de l'humanité a disparu, ces voitures deviendront ce qu'elles ont toujours été, des carcasses de métal et de plastique.

Des preuves éternelles de la bêtise de l'humain, une des nombreuses traces qu'il laissera sur cette Terre autrefois vierge de toute pollution.

La portière fermée, je met les clés sur le contact, j'allume la radio, je fais chauffer le moteur et j'allume la voiture.


Puis je ferme les yeux et je m'imagine que tout ceci est réel. Cachant les vrombissements du moteur, la musique commence.

< Darling you gotta let me know
Chérie, tu dois me dire

La voiture se met à avancer, ma vitre est baisée, le soleil donne une jolie lumière, ma mère tient le volant.

Should I stay or should I go ?
Devrais-je rester ou devrais-je partir ?

On est heureuse, je suis heureuse. Je souris.

If you say that you are mine
Si tu dis que tu es mienne

La voiture avance, même si le réservoir est vide comme les nappes phréatiques.

I'll be here until the end of time
Je serai là jusqu'à la fin des temps

La voiture avance, et la fin du monde me paraît si lointaine.

So you got to let know
Alors tu dois me dire

La voiture avance et je me souviens.

Should I stay or should I go ?
Devrais-je rester ou devrais-je partir ?

Un jour, j'ai fais un truc normal, le plus banal qu'il soit, je suis montée dans une voiture.

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