* 39.2 *

Je l'invite à poursuivre sans un mot.

— Tu as dit un cadeau de Scottland. Tu crois elle serait heureuse de devenir une Lady ?

— Mais carrément ! Sauf que je suis ni Lord, ni Lard !

— No need pour toi de être Laird ou Lord ! Tu peux acheter un square des Highlands pour pas trop beaucoup !

S'il n'y avait pas une table entre nous, je lui sauterais au cou pour l'embrasser.

— Tu es un génie, Al ! Tu me montrerais comment faire ?

Ma spontanéité à lui demander de l'aide me surprend moi-même.

— Aye !

Il attrape son LimePad et commence à pianoter dessus. Alors que ses doigts glissent sur l'écran, je profite de ma hardiesse inhabituelle pour me montrer curieux :

— Tu me sauves là-dessus, mais comment tu vas faire pour les mitaines ? À moins que tu ne saches inverser le cours du temps...

— Si je saurais faire ça, je aurais written mon nickname dessus ta main avec de le encre indelible. Et peut-être aussi, quand je es arrivé en France, je serai revenu pour te faire dire non à Emelie à ton marriage. Surtout que dans le France, two men can get married !

— T'es pas en train de me demander en mariage, quand même..

— Well... no, of course not. Pas avant de t'avoir dit « I love you ».

J'ouvre la bouche, la referme juste avant de lui demander s'il compte me le dire bientôt. Ce serait un pas bien trop effrayant à franchir pour nous deux. Encore plus effrayant que le sexe puisqu'il impliquerait une promesse d'avenir.

Et cette idée d'un avenir commun m'enthousiasme autant qu'elle me rebute. Sa vie est en Écosse. La mienne est en France.

Alasdair ne me laisse pas le loisir de me pencher davantage sur la question : il me donne son LimePad, victorieux, pour me montrer un site de sauvegarde du patrimoine écossais afin que je puisse étudier les différentes offres.

Il se déplace ensuite dans mon dos et se penche par-dessus mon épaule pour m'expliquer à quoi correspondent les offres, mais je ne l'écoute que d'une oreille. Son torse qui effleure ma peau nue, son souffle si proche de mon oreille... son accent qui me fait chavirer... tout ça me donne envie de jeter le LimePad pour pousser mon écossais sur la table.

Il ne nous reste pas grand-chose à enlever pour...

Je déglutis alors qu'un frisson me secoue les épaules. Non, malgré l'indéniable désir que je ressens pour lui, je ne suis vraiment pas prêt à aller plus loin.

Mon choix finit par s'arrêter sur une double parcelle qui donnera non seulement le titre de Lady à Émilie, mais également celui de Laird à une autre personne de mon choix.

— Tu vois ! Tu vas être Laird aussi ! Laird Corentin, ça va bien à toi ! And tu pourras même mettre le Laird sur ta identity card !

— Comment ça ?

— Wait !

Sa présence dans mon dos s'évanouit tandis qu'il quitte la pièce d'un pas rapide et je ne peux empêcher mon regard d'apprécier sa silhouette. Les muscles de ses épaules roulent sous sa peau, me donnent envie d'y planter les dents. Et ses fesses... bon sang, si j'avais confiance en moi, je crois que je pourrais le pousser contre un mur pour lui faire l'amour !

Si son sourire m'empaillette, son corps, lui, m'embrase complètement. J'ai chaud, envie de le toucher, de l'embrasser, de me perdre avec lui dans des découvertes intimes et profondes. Je veux le sentir en moi, autour de moi, je veux ses mains sur moi, j'ai envie de dévorer sa peau, son sexe, de caresser ses fesses, de...

Bon sang ! Tout ça rien qu'en admirant son corps à demi nu ? Le réveil de mes hormones va être quelque chose de difficile à gérer !

Rouge de honte (et soulagé que l'objet de mes émois ne soit plus dans la pièce), je plonge le nez dans ma tasse dans l'espoir qu'une bonne gorgée me redonne contenance.

Hélas, même finir mon café ne m'est d'aucune aide, et mes joues flamboient toujours quand mon écossais pose un rectangle rose plastifié devant moi.

Mes yeux ont à peine déchiffré l'intitulé « Driving licence » qu'Alasdair m'a attrapé le visage en coupe pour m'observer avec inquiétude.

— Tu es rouge ! Are you hot again ? Tu es encore hot ?

— Ouais, très très hot...

— Tu veux un pill ? Le fever est revenu ?

— Euh... non. Pas hot comme ça. Hot comme... euh...

— Oh. Well...

Il se passe la langue sur les lèvres tandis que ses doigts fourragent dans sa barbe. Je ne suis pas expert en la matière, mais je dirais à son regard, à sa posture et surtout à la bosse dans son pantalon qu'il a non seulement compris mon allusion, mais qu'il est en plus tout aussi hot que moi.

Bon. Calme-toi Co ! À moins d'être prêt à aller plus loin, vaudrait mieux que tu arrêtes de l'allumer !

— Tu es dur avec moi, Corentin, souffle-t-il.

— T'as pas idée...

Au temps pour ma résolution, de me calmer...

— What ?

— Non, rien ! Et donc, tu voulais me montrer quoi ?

Alasdair s'ébroue, semble peiner à détacher son regard du mien et se racle la gorge.

— Honnestly, je ne pensais pas tu serais aussi hot en devenant older. Je trouvais déjà toi very very very hot à Little Glesga, but now... you drive me crazy.

— Si tu savais comme je déteste ne pas comprendre ce que tu me dis.

Il soupire, agacé avant d'attraper mon menton et d'approcher son visage si près du mien que mon cœur s'affole à l'idée d'un autre baiser passionné.

Hélas, il n'en fait rien.

Mais comment je peux être à la fois aussi effrayé à l'idée de coucher avec lui, et en même temps n'attendre que ça ?

Alasdair se lèche les lèvres, je l'imite bien malgré moi.

— I could... je peux résume la force de mes feelings pour toi dans un seul mot, but... peut-être c'est un peu tôt. So... je ai le besoin de montrer. Et c'est very hard de résist, cause...

Une certitude me frappe soudain : Alasdair n'ira jamais trop loin. Pas après m'avoir repoussé quand j'étais malade, pas avec sa prévenance, pas avec sa détermination actuelle à museler ses désirs pour mon bien.

— Alors don't resist !

Je me lève d'un bond, aussi surpris que lui de ma propre audace, pose mes lèvres sur les siennes. Alasdair n'hésite qu'une seconde avant de crocheter ma nuque de sa main gauche. La droite déboutonne mon jean alors qu'il me pousse contre la table. Je trébuche, il me retient le temps que je trouve mon équilibre en posant à demi les fesses sur le rebord.

Ses doigts continuent leur exploration, s'enhardissent au-delà de l'élastique de mon boxer. Je perds le souffle, incapable de déterminer qui du baiser ou des caresses est en cause. Je me laisse juste porter par l'instant présent, par le plaisir qui gonfle dans mes veines et mon bas-ventre.

Sa bouche quitte la mienne, suit ma mâchoire, s'égare dans mon cou pour y laisser sa marque. Je rue contre lui. Laisse courir mes doigts sur ses pectoraux. Sur un téton. Sur son ventre ferme. Sur le duvet sous son nombril.

Au moment où je vais dézipper son jean, il me saisit le poignet de sa main libre tandis que l'autre se referme sur moi.

Sa main accompagne mes soupirs, bien plus lascifs et réjouis que ceux de mon adolescence.

Oh, bon sang ! Sentir la paume rugueuse d'un autre homme n'a aucune commune mesure avec les plaisirs solitaires !

Je bascule la tête en arrière pour reprendre mon souffle, m'appuie des deux mains sur la table puisqu'Alasdair m'interdit encore (hélas !) de le toucher.

Sa langue goûte ma peau perlée de sueur. Elle suit mes muscles tressaillant.

Toutes ses sensations inédites, exaltantes, stupéfiantes, c'est trop pour moi !

Mon corps se tend soudain, au paroxysme du plaisir. Un cri entre le roucoulement rauque et le râle se coince dans ma gorge. Alasdair, dans un geste expert, m'achève sans état d'âme. Dans un dernier spasme, je m'écroule en arrière sur la table en l'entraînant avec moi.

Son cœur cogne dans sa poitrine, probablement aussi fort que le mien.

Après de longues secondes à savourer son poids qui pèse sur mon torse, je murmure :

— Al... pourquoi tu ne m'as pas laissé te toucher ?

— Je crois tu aurais eu été afraid. Comme à Little Glesga.

Il se redresse, m'aide à faire de même avant d'aller se laver les mains.

— I can show you... je peux montrer à toi, but... Je suis peur de te scared ! Now that... maintenant que je ai enfin toi, Corentin... I can't just... je ne peux pas just oublier toi si tu pars. Not a second time.

L'aveu m'estomaque. Alasdair ? Effrayé à l'idée que je parte ?

— Mais pourquoi je partirais ? J'ai l'impression de me découvrir avec toi. De vivre enfin ! C'est moi qui ai peur que tu partes ! Que tu sois déçu de... de moi. C'est pour ça que je veux pas te... tu vois quoi ! Mais je comprends pas pourquoi toi... tu ne veux pas. Tu...

— Ce serait plus facile if you remembered Little Glesga...

Il arbore une expression gênée que je ne lui connais pas et me tend un mouchoir avec lequel je m'essuie avant de me rhabiller.

— Je...

— Please... remember. Le loch. Le arbre. Tu as levé le kilt et...

— Ha oui... j'ai levé le kilt et... et... c'est ce truc qui me paraît important et qui veut pas revenir ! Attends...

Je pâlis soudain.

— Me dis pas que tu n'as pas de... pas que ça me gênerait, hein ! Enfin, je crois pas, je sais pas, mais...

— What ? Hell, no ! C'est pas ça ! J'ai un trunk, don't worry !

— Un trunk ?

— Shouldn't we... ne devons-nous-t-on pas regarder le driving licence ? Pour le Laird. And we... well, we got a wee lost !

— Mais qu'est-ce que c'est un trunk ? Tu vas pas me faire chercher sur Pomell quand même ?

Il se passe une main sur le visage. Recharge sa cafetière d'une capsule. Va ramasser son permis qui est tombé au sol quand je me suis affalé sur la table.

— Un trunk, c'est un tronc. Quand tu as touché moi back then, tu as marché arrière. And... you called it "Mr.Trunk".

Il s'esclaffe soudain, et face à mon air interrogateur, m'apprends que j'ai passé le reste de la soirée à dire à tout le monde « Hey, I'm drunk Mr. Trunk ! ». Ce dont je ne me souviens pas le moins du monde. En revanche, le fin mot de cette histoire de tronc commence à m'apparaître avec une évidente et terrifiante clarté.

— Oh, laché-je alors que l'angoisse revient à la charge.

Il grimace, tapote son permis.

— Well, tu devais acheter le cadeau, no ?

J'esquisse un sourire, conscient de ma chance d'avoir Alasdair. Sa patience avec moi, sa capacité à me sauver de situations embarrassantes avec le plus grand naturel...

Combien de fois on peut tomber amoureux du même homme ?

— Corentin ?

Je m'ébroue.

— Oui, oui, je dois ! Au fait, c'est rapide de recevoir les machins ?

— Well, ça peut être par le poste, ou alors par le mail. Why ? C'est pour quand ?

— Le 8 décembre au soir, repas de famille chez ma...

Le 8 décembre... mais c'est...

— What ? Mais Corentin ! C'est today, le 8 décember !!  

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