Encore


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Présentation
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Contexte : époque de Harry, termes originaux
Genre : amour/romance
Rating : K - T

Petit cadeau pour toi SachaLePtitGenie
Et vous, cher·ère·s Bubulles, découvrez aussi 💜

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Flou. Tout paraît indistinct. Le retentissement des cris et des pleurs ; la vision du parc de Hogwarts dévasté ; même les odeurs de fumée, de sang, de terre. Plus de perception. Le Seigneur des Ténèbres a déclaré ces mots ; je ne voulais jamais les entendre. Tu es mort. Impossible. Pourtant, ta silhouette est là, gisant sur le sol ; inerte. Mon cœur se compresse, figé.

- NON !

Gorge irradiante, semblable à des lames de verre arrachant la chair. T'approcher au plus vite. Un contact. T'appeler, répétant ton prénom ; infime espoir. Réponds moi, réveille toi, je t'en supplie. Pourquoi est-ce que tu ne respire plus ? Ça ne devait pas. Tu m'as dit que nous serions libérés de ces horreurs, une fois accompli ce que tu avais à faire. Vivre enfin en paix. Et tout ce que tu prévoyais pour notre futur à deux ? Ces choses ridicules. À te voir bêtement heureux, tel un enfant, j'ai fini par les désirer aussi. Alors s'il te plaît, ouvre les yeux.

Vue brouillée, cœur en souffrance ; vide intérieur. Résonnance d'un rire à glacer d'effroi : celui du Lord ; qu'importe. Son écho s'estompe, comme remplacé par la présence de Dementors*, aspirant tout bonheur. Bonheur me quittant déjà. Rien. Plus de ressenti ; hormis ta peau froide, blêmissant à chaque instant. À peine l'entente de lamentations. Les miennes. Combien de fois ai-je failli te perdre ? Ne pars pas maintenant. Reste avec moi.

De la brume. Partout, du blanc. Trop clair, trop lumineux ; aveuglant. Plus rien de visible. Si, une ombre ; vague. Elle s'étale, au-dessus de nous. Lever la tête : c'est toi. Comment ? Ça ne se peut pas, je te tiens entre mes bras. Tu as l'air différent, éthéré. Serait-ce ton esprit ? Si c'est le cas, retourne dans ton corps, je t'en prie. Ne l'abandonne pas. Ne nous abandonne pas.

Tu souris. Pourquoi ? Pourquoi souris-tu contrairement à tes yeux ? Tes lèvres bougent ; aucun son. T'appeler. Encore. T'encourager à revenir. Mais tu t'éloignes. Un train arrive ; tu franchis ses portes, ton regard ne me lâche pas. Ta bouche forme encore des mots, inaudibles. Non. Ne monte pas. J'ignore où il te mènera, à part au-delà de portée ; sans retour. Les portes se ferment, tu continues de me regarder en souriant. Sourire teinté de tristesse. Reviens. Tu peux encore descendre et me rejoindre.

Le train redémarre. Ne le laisse pas t'emmener. Il t'emporte, loin de moi ; les larmes m'échappent. Salées, tièdes. Ne t'en va pas. Nous avions tant de choses à vivre ensemble. Ce si bel avenir que tu imaginais pour nous. Ne t'en va pas. Je ne le supporterais pas. Mon cœur et mon âme n'appartiennent qu'à toi. Si tu n'es plus là, je ne serais plus rien. Ne t'en va pas. Tu disparais, de plus en plus, à mesure que le train avance. Te retenir, désespérément ; serrer ton corps contre moi. Ne t'en va pas. Nous ne nous étions même pas avoués nos sentiments réciproques. Ne t'en va pas. Ne t'en va pas. Ne t'en va pas !

Tu prononces d'autres paroles ; ta voix ne m'atteint pas, tes mots si. Nouveau torrent de larmes. Oh moi aussi, tellement si tu savais ! Mais pourquoi faut-il que ce soit maintenant, alors que tu es sur le point de partir pour toujours ? T'appeler, inlassablement, pendant que tu t'effaces vers cet ailleurs trop lointain. Non. Ne me quitte pas.

Fini. Plus jamais de tes étreintes chaleureuses. Plus jamais ton rire transcendant. Plus jamais de parfum boisé unique. Plus jamais de baisers emplis d'émotions. Plus jamais de magnifiques yeux verts. Peine. Regrets. Agonie. Cœur qui éclate, en poussière. Âme anéantie ; évanouie avec la tienne. Gouffre béant à la place de mon être. Je t'ai perdu pour de bon. Toi, mon amour, mon sauveur, ma lumière, mon tout. Tu n'es plus.

Vide infini.
Obscurité éternelle.
Hurlement déchirant.

- HARRYYYYY !








〜◔〜◑〜◕〜●〜◕〜◑〜◔〜








Un réveil brutal, la respiration saccadée et le corps couvert d'une sueur froide. Avisant la place inoccupée à côté de la sienne, l'air manqua à ses poumons ; l'angoisse l'envahît.

À ce moment-là, la porte de la chambre s'ouvrit sur un jeune homme aux cheveux noir de jais.

- Draco ! s'écria-t-il en voyant l'état dudit nommé.

Le soulagement gagna ce dernier quand il reconnut le principal concerné de son tourment. Dès qu'il fut près de lui, Draco enserra l'homme à la cicatrice d'une étreinte brusque. Vitale. Ses doigts agrippés aux vêtements, à s'en blanchir les phalanges.

- Hey, ça va, je suis là, je n'ai pas disparu, le rassura Harry alors que le blond débitait un flot de paroles similaires à son rêve. Encore le même cauchemar ?

Il l'entoura de ses bras et attendit que les tremblements de Draco se calment. La présence palpable du Survivant l'apaisa et lentement, sa respiration redevint régulière, sa litanie s'atténua. Harry tendit la main vers le tiroir de la table de chevet. Il y trouva une fiole pleine d'un liquide aux nuances violettes.

- Pourquoi tu ne l'as pas prise ?

- Je ne veux pas dépendre d'une potion de sommeil, répondit Draco.

- En boire que deux fois par an ne te rendra pas addict, dit Harry d'un ton calme.

- Je sais, mais tu fais aussi des cauchemars et tu ne prends rien pour l'arranger.

- Oui, seulement tu as l'avantage de savoir quels jours le tien survient, souffla Harry. Tu pourrais l'éviter.

- Tu en fais plus souvent, parfois pires, objecta Draco. Ce n'est pas comparable, malgré tout, tu vis avec ça sans potion, alors je ne vois pas pourquoi j'aurais droit à la facilité.

Sachant délibérément la signification de ses mots, il détourna la tête sans pour autant détacher sa prise. «On souffre ensemble, on avance ensemble». Cela toucha Harry.

- Cependant, c'est vrai que j'en ai assez de voir cette scène, avoua Draco d'une voix beaucoup plus basse. Je veux que ça cesse.

- Moi aussi, mais ça ne fait que trois ans et se remettre d'une guerre, ça prend du temps.

Le blond émit un son marmonné pouvant être interprété comme un acquiescement. Ou de l'incertitude. Harry lui caressa la nuque du pouce, à la racine des cheveux. Lui-même savait mieux que quiconque à quel point c'était difficile. Il avait tant perdu et remerciait Merlin tous les jours que son compagnon n'en fasse pas partie. Draco a toujours été présent dans sa vie depuis son entrée dans le monde magique. Malgré leur mésentente épique à Hogwarts, le jeune homme représentait une constante qui permettait à Harry d'être - pendant quelques instants, un enfant égal aux autres chez les sorciers. Et cela avait, d'une certaine façon, fini par les rapprocher quand Harry s'était rendu compte que Draco était pareil que lui. Un adolescent dont le monde s'est écroulé et se retrouvant dépassé par une tâche trop lourde à porter. Ce rapprochement les a mené à une relation particulière. Désormais, il tenait une place bien trop importante dans son existence, alors Harry ne saurait dire ce qu'il serait devenu s'il avait perdu Draco. Ce dont il était certain, c'est que même ceux qu'il considérait comme sa famille n'auraient suffit à le relever.

Avec un doux sourire en pensant à la façon dont le blond exprimait son soutien, Harry lui effleura la tempe de ses lèvres.

- Petit-déjeuner ? proposa-t-il.

Draco émit un son marmonné identique, que son interlocuteur accepta comme un « Oui ».

- Thé au lait ou jus de citrouille ?

- On n'a plus de jus de citrouille, signala Draco.

- Si, j'en reviens justement, lui indiqua Harry. Je suis sortie en acheter, ça et du miel pour tes toasts.

Son compagnon opina, intérieurement heureux de son attention. Il sentit la paume d'Harry glisser le long de son bras et saisir sa main.

- Je t'attends en bas ? demanda celui-ci en se levant du lit.

Draco crispa instantanément les doigts ; réflex témoignant sa crainte que Harry ne s'éloigne. Il le rassura alors d'une légère pression, puis le laissa se lever et enfiler sa robe de chambre. Ils descendirent ensuite au rez-de-chaussée et s'installèrent au comptoir qui sépare la cuisine du salon.

Comme quasiment tous les jours, ils déjeunèrent dans un silence tranquille, n'ayant nullement besoin de parler ; la présence de l'autre suffisait. Tandis qu'Harry versait le jus de citrouille frais, Draco profitait du soleil derrière la vitre. Entre le temps passé dans la salle commune des Slytherin - où aucun rayon ne filtrait aux travers des profondeurs verdâtres du lac, et l'atmosphère lugubre du manoir Malfoy lorsque le terrible Mage Noir y résidait ; Draco avait l'impression d'avoir était privé de lumière naturelle durant des années. La vision du jeune homme appréciant la caresse solaire n'était pas pour déplaire à Harry. Rare moment où il se laissait aller à être serein, sans ses airs prétentieux ou son masque inexpressif. Le brun adorait l'admirer ainsi, les reflets platines dans ses cheveux clairs lui donnaient un aspect irréel, à l'image d'une créature auréolée de pureté. C'était toujours là qu'il se demandait comment un si bel homme avait pu le choisir lui, qui n'a rien d'extraordinairement attrayant. Lui, le maigrelet affublé de frusques trop larges, et ses lunettes rafistolées à chaque fois qu'il revenait de chez les Dursley (bien que cela ce soit amélioré). Lui, le Sang-mêlé avec sa tignasse indomptable. Lui, et sa cicatrice qui lui valut le surnom "Balafré" à Hogwarts, gentiment attribué par son, dorénavant, compagnon. Vraiment, il ne se voyait pas rivaliser de beauté face à son vis-à-vis. Son allure aristocratique, la finesse de ses traits, son teint de jade blanc et ses yeux aux iris céruléens. Ils étaient décidément le jour et la nuit.

Harry aurait pu continuer à le contempler si un détail ne différait pas de son quotidien. Draco avait en effet l'habitude de consulter Le Daily Prophet tous les matins en buvant sa boisson, afin de se tenir au courant sur l'actualité. Toutefois, le journal était resté plié au bord du comptoir, sans qu'il s'y soit intéressé. Harry fronça légèrement les sourcils. Il n'eut pas le temps de se questionner, que Draco rompit leur silence.

- Je vais m'y rendre, annonça-t-il la tête toujours tournée vers la fenêtre.

- Quoi ?

Draco reporta son attention sur lui.

- Aujourd'hui, je t'accompagnerais.

- Oh ! fit Harry en saisissant ce dont il parlait. Tu es sûr ?

Le blond acquiesça avant d'avaler une gorgée. Il se perdit à nouveau dans ses pensées, le regard suivant la métamorphose d'un coton céleste solitaire, dont le passage ombra momentanément son visage.

- J'y réfléchis depuis un moment, développa Draco, et même si je pensais ne pas y avoir ma place, quand je vois les évolutions - certes peu énormes, toutefois il y en a parce que tu fais quelque chose, je me dis que ça pourrait marcher aussi pour moi. Y compris concernant mes rêves.

- Je ne crois pas que ce soit ça qui m'aide beaucoup à ce niveau là, fit remarquer Harry. Mais je vois ce que tu veux dire, et si justement c'est ce que tu veux...

- Tes "actes" pour améliorer les choses ont une influence sur la baisse de tes cauchemars. Y aller en fait partie, alors je suis tenté d'essayer.

Draco lui était reconnaissant de le comprendre. Le raisonnement se tenait. D'ailleurs, le chemin pouvant résulter de cette réflexion semblait plaire au brun.

- Et puis, je n'ai pas envie de donner satisfaction sur certaines... spéculations, argua Draco, la moue dédaigneuse dirigée contre la Une du Prophet.

Le reniflement amusé de Harry montrait qu'il s'était attendu à une réaction de ce type de la part du jeune homme.

- Pourquoi ne pas proposer aux membres de ta maison de venir ? suggéra-t-il.

- Venant de toi, ils n'accepteront certainement pas, assura hautainement Draco. Ils ne veulent ni charité, ni pitié du "Sauveur".

- Satanée fierté de Slytherin, marmonna Harry. Tu sais, les sœurs Greengrass étaient au premier anniversaire d'elles-mêmes.

- Si elles sont présentes, Pansy sera probablement moins réticente à venir. Blaise s'étant fiancé avec Daphne, il l'accompagnera sûrement. Et je peux essayer d'en parler à Gregory.

Harry s'abstint de mentionner les parents du blond. La notoriété Malfoy ayant grandement diminuée, le patriarche attendait une opportunité adéquate de regagner la réputation de leur nom. Quant à Narcissa Malfoy, selon Draco, sa mère n'assisterait à aucun événement sans son époux.

Ils terminèrent leur petit-déjeuner dans le calme. Harry se chargea de la vaisselle pendant que Draco rédigeait les lettres adressées à ses anciens camarades, qu'il confia à leurs hiboux. Il portait un attachement particulier envers son effraie des clochers - au joli plumage crème. Il s'agissait du tout premier cadeau que son compagnon lui offrit, à l'occasion de leur emménagement. Harry l'avait choisie car elle lui rappelait le lieu où ils s'étaient embrassés la première fois : au sommet de la tour de l'horloge à Hogwarts. En souvenir de cet instant, Draco avait baptisé l'oiseau Minuit.

Après le départ des deux volatiles, le blond contacta Gregory Goyle par cheminette. Une fois qu'il réussit à le convaincre de se rendre à la célébration annuelle, le jeune homme remonta dans leur chambre, Harry à sa suite. Ils se préparèrent et Draco, fidèle à lui-même, s'appliqua à soigner son apparence ; choisissant méticuleusement ses vêtements. Près d'une heure plus tard, les strigidés revinrent avec les réponses positives de Pansy Parkinson et Daphne Greengrass. Cette dernière confirmant la présence de sa sœur cadette, ainsi que celle de Blaise Zabini. Draco et Harry terminèrent de s'apprêter, l'un s'y attardant plus que l'autre. Ce fut précisément lui qui arrangea au mieux les épis récalcitrants du brun, à l'aide de potion capillaire Sleekeasy*.

Peu avant onze heures, ils sortirent de leur maison dans un agréable climat de mai, un parfum de fleurs des champs et de colza embaumant l'air. Après la guerre, Harry n'avait pas souhaité retourner à Grimmauld Place, trop de souvenirs douloureux y étaient rattachés. Il vécut donc chez les Weasley jusqu'à l'acquittement de Draco et sa mère - où il avait témoigné en leur faveur au procès. Draco ne désirait pas non plus rester au manoir. Il avait l'impression d'entendre encore les cris torturés des prisonniers entre les murs. Dès qu'il fut libre, tous deux cherchèrent un lieu paisible, afin de prendre du recul sur la guerre ; s'éloigner des médias et de la population. Ils trouvèrent rapidement cette charmante habitation, à l'écart d'un petit village dans le Wiltshire. L'endroit était magnifique, bordé de prairies et d'un lac ; exactement ce dont Draco et Harry avaient besoin pour reprendre une vie saine.

Ils traversèrent le jardin et franchirent le portillon. Voyant Draco composer son masque flegmatique, Harry ne pu s'empêcher de lui prendre la main et déposer un baiser sur sa joue.

- Harry...

- Je profite qu'on soit entre nous, se justifia le-dit nommé. Tu as une façon beaucoup moins affectueuse d'être démonstratif en public.

- Les Malfoy ne font pas effusion de sentiments, plaida Draco. En revanche, ils défendent leurs intérêts.

Harry éclata de rire.

- J'en étais sûr ! s'exclama-t-il. Tu as décidé de m'accompagner surtout parce que tu veux t'afficher avec moi pour démentir les rumeurs des journalistes. Typiquement Slytherin.

- Toi aussi, tu as failli en être un, répliqua Draco, le nez relevé.

- C'est vrai, j'aurais bien aimé voir ce qu'il se serait passé, surtout quand je sais comment parler à mon reptile, lui susurra Harry à l'oreille.

Ces derniers propos déclenchèrent un frisson le long de la colonne vertébrale de Draco. Harry avait réussi à rendre le Parseltongue* plus plaisant pour le jeune homme que ce qu'il a sombrement connu. Maintenant, même s'il ne comprenait que ces mots, l'entendre siffler de cette manière avait un certain effet sur Draco.

Pour dissimuler son embarras, le blond concentra son attention droit devant lui, altier, sous l'œil amusé de Harry. Bientôt, ils atteignirent la limite anti-transplanage.

- Je suppose que tu viens aussi pour redorer le blason de ta famille, relança Harry.

- La dorure n'est qu'une façade, répondit Draco, toute contenance retrouvée. Mais la notoriété définit les Malfoy, sans équivaut à ne pas exister. C'est pourquoi je fais en sorte de nous remonter dans les estimes.

- Il y a encore pas mal de gens qui garde une mauvaise image de vous, la preuve : être en couple avec moi cacherait - selon eux, une intention louche.

- Évidemment que le Héros du monde sorcier sera impliqué, c'est inévitable en te fréquentant. Je tiens quand même à redonner une réputation moins douteuse à notre nom et ce, par moi-même.

- De ce que j'entends de témoins directs, tu t'en sors merveilleusement bien, dit Harry d'un ton bienveillant.

Draco serra les doigts entrelacés aux siens. Ce n'était pas par orgueil ou fierté mal placée qu'il ne disait jamais «merci». Il n'était simplement pas prêt. Draco avait tellement de fois entendu Death Eaters, serviteurs et victimes, supplier ou remercier le Lord Noir de les épargner eux et leurs proches, que ces mots n'avaient plus la même signification pour lui. Les dires le ramènerait à cette période de servitude où il fallait espérer pour sa survie ; que chaque faits et gestes pouvaient condamner à son terme. Ce qu'Harry n'eut besoin d'explication pour comprendre.

Draco s'accrocha au bras de son compagnon et les fit transplaner au Ministère de la Magie la seconde suivante. Ils sortirent de la zone prévue à cet effet et se dirigèrent là où était organisée la réception pour célébrer le jour de la victoire. Sur le chemin, Draco adopta son attitude d'aristocrate héritier et recomposa son masque stoïque. Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée de la somptueuse salle, ils furent accueillis avec enthousiasme par un employé du ministère vêtu d'un costume jaune.

- Harry Potter ! Quelle joie de voir le Héros national nous faire à nouveau don de sa présence pour la commémoration du 2 mai.

Draco émit un raclement de gorge sec, attirant l'attention de l'homme qui sembla perdre son enjouement.

- Ah, vous êtes venu avec votre... partenaire, reprit-il, quelque peu pincé. Draco Malfoy, c'est un... honneur de vous compter en tant qu'invité.

Le jeune héritier lui renvoya un vague hochement de tête froid, tandis que l'employé s'écartait, les laissant pénétrer dans la salle aménagée pour l'occasion.

Plusieurs tables rondes d'une dizaine de places, deux longs buffets proposant divers mets et boissons, une estrade surmontée d'un pupitre gravé du sigle du Ministère et des centaines de chandeliers flottants au plafond meublaient la pièce. Dans l'espace dégagé devant l'estrade se rassemblait un groupe de journalistes, appareils photo brandis et plumes prêtes à prendre des notes. Harry les contourna immédiatement, s'intéressant plutôt aux autres personnes présentes, parmi lesquelles il trouva ses deux meilleurs amis.

- Harry ! s'écria Hermione dans une embrassade qui lui coupa presque le souffle. Et Dra... Pardon, Malfoy.

- Salut vieux, dit Ron, étreignant plus brièvement son frère de cœur. Malfoy.

- Granger, Weasley, les salua Draco.

- Il n'y a que vous ? demanda Harry. Arthur et Percy participent parce qu'ils travaillent au ministère, mais les autres ?

- Georges veut passer du temps sur la tombe de Fred et Maman préfère ne pas le laisser seul, expliqua Ron. Avec la fin de grossesse de Fleur, Bill reste s'occuper d'elle et Victoire. Charlie est retenu en Roumanie par ses dragons, pour changer. Et Ginny est en entraînement, elle remplacera une coéquipière au prochain match des Harpies.

- Moins d'animations sans certains mais ça a l'avantage de ne pas numéroter les roux, releva Draco, pince-sans-rire.

Bien qu'ils aient appris à discerner la cordialité du jeune Malfoy sous ses remarques narquoises, Hermione et Ron lui adressèrent tout de même un regard peu amène.

D'autres personnes affluèrent progressivement aux festivités, dont bientôt un groupe que Draco reconnu. Avec politesse, il délaissa le trio d'amis pour rejoindre ses connaissances vers le second buffet.

- Je ne sais pas si je m'y ferais un jour. Sérieux mon pote, je me demande comment tu arrives à le supporter.

- Crois-moi, Ron, entre mon impulsivité et son sarcasme, on supporte autant l'un que l'autre, confia Harry.

- J'imagine que tu n'es pas étranger à la venue de ses anciens camarades de maison, présuma Hermione.

Au vue de la réaction silencieuse de son ami, la jeune femme subodora ses intentions. Pour toute réponse, Harry esquissait un discret sourire, n'ayant pas lâché son compagnon des yeux depuis son départ.

À l'autre extrémité de la salle, le regard du Sauveur ne passait pas inaperçu auprès du groupe d'ex-Slytherin.

- Oh Morgane, jura Pansy. Potter a l'air de ses groupies, c'est écœurant !

- Tu es mal placée pour dire ça, fit remarquer Blaise. Tu étais parfois pire à Hogwarts, pour la même personne que lui.

- Je confirme, renchérît Daphne, au bras de Zabini. Dans le dortoir, si ce n'était pas mode ou ragots, tu vantais les mérites de ton "fiancé". Le reste du temps, tu minaudais en voulant te coller à Draco.

Les deux concernés retroussèrent le nez de dégoût à l'évocation de ces souvenirs.

- Je m'en serais passé, lâcha Draco.

- Pourtant, toi aussi tu arrêtais pas de parler de Potter dans la salle commune, rappela Gregory.

- Pour démontrer qu'il n'est pas le Saint que tous s'imaginaient, argumenta Draco. Ces hypocrites retournaient leur cape à leur gré. Au final, c'est celui l'ayant toujours traiter comme quelqu'un d'ordinaire qui n'a cessé d'accaparer son attention.

Reconnaissant qu'il n'a pas tort, ces camarades ne purent néanmoins s'empêcher d'échanger des regards éloquents, aucunement dupes quant aux excuses du jeune Malfoy. L'ayant fait observer quand ils apprirent pour les deux anciens rivaux, la réciproque était vraie. Parce que Harry - à l'instar des autres, n'accordait pas de considération privilégié à son égard, il fallait absolument que Draco le provoque à chacune de leurs rencontres.

- Et maintenant, tu es parvenu à gagner son admiration, conclut Astoria, la cadette Greengrass. Sur de nombreux points, qui plus est.

- Comme l'aurait dit feu le professeur Snape : «les coïncidences improbables ont la douteuse habitude de tomber sur ce gamin insolent», cita Pansy, affichant toujours une moue agacée.

Même si l'intonation employée laissait clairement entendre l'inverse, aux oreilles de Draco cette remarque sonna comme un compliment, ce qui eut le mérite de lui faire décrocher un rictus. Et en voyant la fierté animer son visage, le sourire de Harry s'élargit. Il connaissait les nuances chez son compagnon, et sut donc avoir une implication à son expression satisfaite.

Alors que la salle de réception se remplissait des derniers convives, quelques journalistes avaient déjà commencé à noter leurs observations, accompagnées des premières photographies. Puis, le silence se répandit dans la pièce lorsque Kingsley Shacklebolt s'installa au pupitre. Suite à la chute de Celui-Dont-Le-Nom-N'Était-Plus-Craint, il fut temporairement désigné ministre de la Magie. Ses démarches pour raviver le pays ayant fait l'unanimité, la population sorcière l'élut officiellement au poste au bout de huit mois.

D'un Sonorus, l'homme capta l'attention de tous les invités et entama son allocution. Il narra les prémices de la guerre, son développement, parlant des victoires autant que des défaites. Il rendit également hommage aux victimes, ainsi qu'aux "héros", avant de conclure sur la reconstruction du monde magique. Les applaudissements résonnèrent alors que le ministre laissait place à d'autres personnes. Chacun y ajoutant un point de vue différent, un témoignage vécu indirectement ou personnellement.

Harry fut le dernier, la majorité attendant apparemment son discours tant le silence régnait. Draco savait qu'il n'y en aurait pas de prochain. Le regard de la foule, les interprétations médiatiques, les critiques et les jugements, Harry ne les avait jamais supporter. C'est pourquoi il s'exprima une ultime fois, espérant transmettre un message de respect, tolérance, humanité. Estimant l'avoir suffisamment fait, puisque son rôle "d'Élu" était depuis longtemps terminé. Peut-être reviendra-t-il pour les dix ans ?

Le jeune homme reçut une bruyante ovation dès qu'il acheva ses paroles. Un calme relatif s'en suivit avant qu'une ruée de journalistes ne les accaparent lui et Kingsley, ne leur laissant pas même le temps de descendre de l'estrade. Chaque reporters souhaitant obtenir en premier une exclusivité, une véritable cacophonie de flash d'appareil photo et de questions fusa. La présence de deux Aurors permit de réguler l'effervescence, mais cette quasi hystérie journalistique avait eut le don d'irriter Draco. Surtout lorsqu'une sorcière, portant un cardigan orange du plus mauvais goût, posa une question totalement hors propos.

- Mr Potter, on ne vous voit plus en compagnie du fils Malfoy, votre relation avec lui était-elle passagère ? Êtes-vous désormais célibataire, ou avez-vous déjà quelqu'un d'aut...

- Pardon ? intervint Draco, piqué au vif. Vous travaillez pour le Witch Weekly* ?

- N-Non, répondit la femme, déconcertée.

- Ah, j'aurais cru, poursuivit Draco de sa voix traînante, mêlé au ton doucereux emprunté à son regretté directeur de maison. Après tout, les potins sur les célébrités sont leurs articles de prédilection, autant que les magazines ont leurs spécialités. En dehors du Quibbler*, qui est assez... particulier. Contrairement aux périodiques de faits divers, qui s'intéressent plutôt à l'actualité du monde magique. Certes, ce type de sujets en fait partie, mais n'y en a-t-il pas présentement un qui soit plus important à retranscrire que la vie sentimentale d'un apprenti enseignant de Défense contre les Arts Sombres ?

Fort heureusement, la plupart des autres journalistes et invités étaient focalisés sur l'interview du ministre et ne leur portaient donc pas attention. La sorcière paraissait mal à l'aise et Harry éprouva un peu de pitié pour elle, bien que la répartie de son compagnon l'amusait énormément.

- Enfin, ce n'est pas ma profession, je m'avance peut-être un peu, reprit Draco. Et puis, je ne vais pas vous apprendre votre métier, n'est-ce pas ?

La mine déconfite, la femme hocha la tête. L'intervention du jeune aristocrate eut l'avantage de modérer les interrogations des journalistes. Ce qui soulagea Harry, pouvant alors échapper aux questions dérangeantes. Il en profita d'ailleurs pour rejoindre son compagnon. Celui-ci lui tendit une flûte de Golden Figfiz*, qu'il sirota lentement, gratifiant le blond d'un discret : «merci», penché à son oreille. Remerciement que Draco su moins concerner la boisson que sa causerie précédente.

Du coin de l'œil, le jeune héritier remarqua un groupe de reporters du Daily Prophet observer sa proximité avec l'invité d'honneur, prenant probablement note du non fondement de la rumeur qui avait commencé à circuler. Sentant la contrariété de son compagnon augmenter, Harry sollicita discrètement les sœurs Greengrass pour détourner l'attention. Ces dernières comprirent et engagèrent la conversation avec leur ancien camarade Slytherin, demandant des nouvelles de Narcissa et Lucius.

- Je n'arrive jamais à savoir si je suis surpris ou pas à chaque interaction impliquant ta relation avec Malfoy.

- Neville, se réjouit Harry. Je suis content de te voir ici.

- Très beau discours, complimenta le-dit nommé. Il aurait plu à Luna. J'ai reçu un hibou d'elle et Rolf récemment, ils sont au Canada, apparemment sur la piste d'un... quelque chose Slashkilter.

Harry laissa échapper un éclat de rire, soufflant un : « Umgubular Slashkilter* ». Il appréciait beaucoup l'excentrique Ravenclaw, et se rappelait curieusement le nom des créatures auxquelles elle seule croyait.

- Et sinon, avec Hannah Abbott, comment ça se passe ? s'enquit Harry, taquin.

Le teint de Neville s'empourpra. Tous leurs amis avaient remarqué le rapprochement entre la serveuse du Leaky Cauldron et lui. Mais ils se doutaient que ce n'était qu'une question de temps, avant que l'étudiant en botanique ne forme un couple avec la belle Hufflepuff.

Neville bafouilla une réponse et Hermione vint changer de sujet, s'intéressant à l'avancée des études du jeune homme. Les discussions s'enchaînèrent, les groupes se faisant et défaisant au fil des échanges. De temps à autres, les convives se désaltéraient, et les festivités continuèrent ainsi. Jusqu'à ce que petit à petit, la salle de réception se désemplisse à mesure que les invités s'en allaient. Draco et Harry finirent eux aussi par quitter les lieux, en compagnie de Hermione et Ron. Ils saluèrent ceux souhaitant rester encore et se rendirent dans les rues de Londres.

Dehors, les rayonnements du soleil déclinaient déjà entre les bâtiments, teintant de rose et d'orange les quelques cirrus qui parsemaient le ciel. Les deux couples marchaient ensemble en silence, appréciant l'animation mesurée de la ville en ce début de soirée. Ils longèrent Trafalgar Square, et poursuivirent leur chemin jusqu'au quartier de Leicester, où ils avaient réservé une table à l'un des restaurants. L'humeur aigre de Draco ne s'était pas entièrement adouci, malgré leur marche tranquille et l'excellent accueil de l'établissement. Une fois installés et leur repas commandé, ils se remirent à parler, la conversation dérivant sur ce qui c'était passé lors de la célébration dès qu'ils furent servi.

- Ces cancrelats du Prophet, pesta Draco. Ce sont les premiers à louanger le "précieux Élu", d'où se permettent-ils de mettre en doute tes relations ? Ta vie privée ne regarde que toi.

- La population sorcière s'attendait probablement à autre chose de ma part, supposa Harry avec une indifférence lasse.

- Ça fait penser aux contes de fées muggles, évoqua Hermione. Le prince secourant la princesse ou le héros qui sauve le royaume. Dans les deux cas, ça finit par le mariage du protagoniste avec la fille du roi, comme gage de gratitude. «Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.»

- Par Salazar, quelle tristesse ! déplora Draco, affligé. Qui a décrété que c'est ce qu'il voudrait en "récompense" ? Le héros préférerait peut-être...

- Épouser un prince, termina Harry, totalement détaché.

- Par exem...

Draco se tut subitement, le verre maintenu à mi-hauteur. Son expression figée était indéchiffrable. Seul Harry perçut l'infime changement dans les pupilles de l'aristocrate, lorsque celui-ci prit conscience de la portée de ces mots. Les amis du brun aussi comprirent leurs sens ; Ron fit déraper le couteau dans son assiette et Hermione afficha une mine attendrie.

- Vieux... balbutia Ron.

- Potter, tu... commença Draco.

Son compagnon étira un coin de ses lèvres d'un air satisfait, en voyant le regard pénétrant que le blond lui adressait.

- Bon, c'est un peu plus tôt et pas exactement comme ça que je l'avais prévu mais voilà, c'est fait, dit Harry en se passant nerveusement la main dans les cheveux.

Draco bût une gorgée de vin et reposa son verre, dans une attitude si parfaitement maîtrisée qu'on ne put remarquer son trouble.

- Tu es au courant que ce n'est pas possible, signala-t-il après un bref silence. Les mariages homosexuels, que ce soit du côté Muggle ou chez les sorciers, sont proscrits.

- Tu as raison, on n'y a pas encore droit, admit Harry.

- Comment ça « pas encore » ? s'étonna son meilleur ami.

Le sourire du brun s'agrandit.

- Eh bien, ayant refusé plusieurs fois les Galleons qu'on tenait absolument à m'offrir pour avoir mit fin à la menace de Voldemort, une faveur m'a été accordée à la place.

- Attends... Tu veux dire que le Ministère a accepté de... l'interrompit Ron.

- Je ne désirais rien de leur part, jusqu'à une prise de conscience l'année dernière, expliqua Harry. Pour pouvoir concrétiser mon souhait, j'ai fait appel à cette faveur et beaucoup n'ont pas apprécié l'idée. Ça a été long mais j'ai obtenu gain de cause et donc, d'ici quelques semaines, se marier avec une personne de même genre sera permis chez les sorciers.

- C'est une excellente nouvelle, s'en réjouit Hermione. Il n'y a pas mieux qu'une avancée de cet ordre pour faire évoluer positivement les mentalités.

- Ouais, enfin regarde-le, Harry a surtout fait ça pour pouvoir faire sa demande à Malfoy.

Le-dit concerné redressa le menton en signe de bravade, tandis que son compagnon retint un éclat de rire.

- Tu peux parler, Weasley, allégua Draco. Aucune contrainte ne vous en empêche et pourtant, depuis le temps, Granger n'a toujours pas la bague au doigt.

Le haut des oreilles de Ron devint écarlate et les pommettes d'Hermione se colorèrent légèrement, tout cela sous les rires de la tablée. Les discussions dévièrent sur d'autres sujets et le reste du dîner se fit dans une ambiance plus détendue.

C'est vers vingt-trois heures qu'ils quittèrent le restaurant. Le groupe se salua une dernière fois - promettant comme souvent de se revoir à l'occasion, avant que chaque couple ne transplane chez eux. De retour dans leur maison, Draco et Harry montèrent directement dans la chambre. L'aristocrate ôta sa cape et s'asseya sur le lit pour retirer ses chaussures. Le brun, lui, fouilla sur des étagères reculées du dressing et finit par en sortir une petite boîte recouverte de velours.

Suivant attentivement l'agitation du jeune homme, Draco ne put se retenir de rouler des yeux en soufflant : « Fichu Gryffindor ». Harry le rejoignit, l'écrin tendu dans sa direction. Son destinataire le récupéra et l'ouvrit, sous l'œil appréhensif de son compagnon.

À l'intérieur, posé sur un coussin de satin blanc, un anneau en platine étincelait. Deux petites pierres précieuses, une émeraude et un diamant, sertissaient les yeux du serpent finement ciselé sur le bijou. Draco admira le travail d'orfèvre à la clarté de l'astre nocturne. De la pulpe de ses doigts, il toucha la bague - en l'occurrence, sa bague de fiançailles. Face à son silence, Harry se frotta la nuque, plus anxieux que durant le dîner.

- Alors... euh... Tu acceptes de supporter le "fichu Gryffindor" que je suis ? se lança-t-il, hésitant. Pour le reste de ta vie ?

Le blond releva la tête et scruta les iris verts, desquels il décela une pointe d'incertitude.

- Et même au delà, murmura presque Draco.

Une pure félicité explosa dans la poitrine de Harry. Il lui saisit le visage entre ses mains et plaqua ses lèvres sur celles de son, désormais, fiancé. Une douce pression, chaste, mais contenant tant d'émotions. L'euphorie de Harry les fit basculer et ils se retrouvèrent étendus sur le couvre-lit. Après une courte hilarité suite à cet élan démonstratif, les deux jeunes hommes s'observèrent ; les bras de l'un entourant la taille de l'autre, les doigts glissant dans les cheveux dorés du premier.

L'air soudain pensif de Draco fit ressurgir l'inquiétude de Harry.

- Quelque chose ne va pas ? demanda ce dernier.

- J'ignore ce qui outrera le plus mon père : que je porte ton nom, ou que ce soit toi qui hérites du mien.

- Et si on gardait les deux ?

- Oh comble de l'infamie ! ironisa promptement Draco.

Harry pouffa de rire dans le cou de son compagnon, soulagé qu'il ne se rétracte pas.

- Malfoy-Potter, songea-t-il à voix haute, se projetant l'idée.

- Mon nom en premier, souligna Draco, le sourcil arqué.

- Parce que tu es ma priorité ? hasarda Harry.

Cette sincérité. Cela frappa le blond avec tant de force qu'une bouffée indescriptible l'envahit. Prenant source de son organe de vie, aussi puissante qu'agréable, et se répandant à travers chacune de ses cellules, telle une onde de plénitude. Une joie identique à celle qui c'est emparé de Harry, n'ayant de cesse de briller dans les yeux smaragdins. Ce bonheur amoureux que Draco n'aurait espéré connaître, ni même imaginé pouvoir aspirer.

- Je t'aime.

Enfin. Depuis qu'il s'était rendu compte des sentiments qu'il éprouvait envers Harry, jamais Draco ne lui avait ouvertement exprimé. La surprise passée, le visage du brun s'illumina, heureux d'avoir pu entendre ces mots de la bouche de son compagnon. Ce dernier fut subjugué par le regard que lui destinait son vis-à-vis. Un regard intense, brillant d'un amour et d'une tendresse ineffable. Harry l'embrassa alors, la main enfouie dans les mèches presque blanches. Draco y répondit immédiatement, lui agrippant la nuque pour le rapprocher. Ils échangèrent un baiser à la fois similaire et si différent de tous les précédents. Un baiser plein de promesses. Un baiser au goût d'amour indéfectible. Incontestable.

Les deux jeunes hommes séparèrent leurs lèvres et se posèrent front à front, plongeant dans les prunelles de l'autre. Argent et émeraude. Ils se contemplèrent ainsi, se transmettant toute l'affection qu'ils se vouaient - sans aucune parole, ils n'en avaient jamais eu besoin, le reflet de leur âme le faisant instinctivement. Seule la symphonie de leur cœur battant au diapason rythmait cet instant hors du temps.

Si ces trois mots, ces regards, ces baisers remplaçaient leurs cauchemars récurrents, alors Draco et Harry les réitéront volontiers jusqu'à leur dernier jour. Encore et encore.

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