Un texte écrit encore une fois pour les minis défis des Murmures Littéraires.

Il traite d'anorexie, sous forme de poème libre.

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6 heures 30

Ana se lève, sans avoir dormi.

Elle a pleuré, toute une partie de la nuit.

Et elle n'a pas rêvé, même si elle l'a souhaité

Ana s'habille, dans une heure elle doit y aller.

Elle s'habille, enfile une robe

Glisse dans son sac ses Airpods

Enfile ses converses, récupère son cartable

Attrape le ticket de tram posé sur la table

Et puis, comme chaque matin

En délaissant la confiture et la baguette de pain

Elle passe devant lui

S'arrête et le fixe, lui

Elle se demande ce qu'il pense d'elle

S'il la trouve belle

Ô, miroir, mon beau miroir

Dis moi qui est la plus belle

10 heures 10

Troisième heure de cours

Le prof n'est pas là, il est à la bourre

Lucie adresse un sourire méchant à Ana

Elle ricane "vous avez vu son style à l'autre, là?"

Ana ne répond pas, elle baisse simplement les yeux

Depuis longtemps maintenant, elle fait partie du camp des "lépreux"

On ne l'approche pas, on ne la calcule jamais

Et ce n'est vraisemblablement pas près de changer

Elle sort de son sac un petit rond de métal

Elle le retourne, son visage s'y étale

Elle se contemple, longtemps

Elle a les pommettes trop hautes, elle est trop moche, c'est évident

Elle se demande ce qu'il pense d'elle

S'il la trouve belle

Ô, miroir, mon beau miroir

Dis moi qui est la plus belle

12 heures 45

Assise seule au réfectoire,

Ana prie pour ne pas se faire voir

C'est peine perdue, ils l'ont repérée

Les requins vont pouvoir se régaler

Elle ne bouge pas, les regarde s'installer à ses côtés

Subit leurs commentaires sans broncher

Garde les yeux baissés

Sur son assiette même pas entamée

Elle finit par se lever, traverse la grande salle à manger

A la poubelle, elle a tout jeté, écoeurée

Et en passant devant la fenêtre vitrée

Elle aperçoit son reflet

Alors elle s'arrête et regarde, se détaille

Elle ne remarque pas que son tee-shirt baille

Elle voit simplement ses défauts

Qui sont, pour la plupart, faux

Et elle se demande ce qu'il pense d'elle

S'il la trouve belle

Ô miroir, mon beau miroir

Dis moi qui est la plus belle

15 heures 20

Ana court sur la piste d'athlétisme

Ses cuisses sont si épaisses, ça la démoralise

Elle n'a plus d'air, doit s'arrêter

Et finit par s'asseoir, regarder les autres passer

Quelqu'un s'exclame quelque chose, de l'autre côté du terrain

Ils rient et parlent d'elle, c'est certain

Comme chaque jour, ils lui ont dit qu'elle était moche. Pauvre Ana.

Et elle a fini par y croire, à tout ça.

Il y a devant elle, une flaque d'eau

Le ciel s'y reflète, qu'il est beau

Elle aperçoit le haut de sa tête

Elle sursaute, mais c'est son reflet, qu'elle est bête

Elle se penche un peu plus, se mire dans l'eau de pluie

Elle se demande ce qu'il pense, lui

Ce qu'il pense d'elle

S'il la trouve belle

Ô miroir, mon beau miroir,

Dis moi qui est la plus belle

19 heures 59

Ana est assise dans sa chambre, face à sa glace

Elle ne remarque pas le temps qui passe

La seule chose qu'elle voit c'est ses défauts

Qui sont, pour la plupart, complètement faux

On l'a appelé plusieurs fois pour manger

On a menacé de la priver de dîner

Mais elle n'a pas bougé, trop absorbée

Absorbée par son corps, par son reflet

Elle se trouve affreuse

Elle se trouve monstrueuse

Ses parents ne sont pas de son avis

Mais ses petits camarades, si

Mais elle s'en fiche, au fond

La seule chose qui compte c'est ce grand rond

Accroché au mur de sa chambre, qui renvoie son reflet

Qui est en train de l'avaler

De l'écorcher

De l'enfermer,

De l'épuiser,

De l'écraser,

De la détruire, de la briser

Il lui renvoie son reflet, ne fait que son métier

Mais chaque jour, elle pense à lui

A lui, toujours à lui, à son avis

Et elle se demande,

S'il la trouve belle

Ô miroir, mon beau miroir

Dis moi qui est la plus belle....

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Taille de la nouvelle : 600 mots

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Miss_Paillettes