Lettre à mon angoisse

Une autre nouvelle sous forme de pièce de théâtre, qui traite cette fois-ci de l'angoisse.

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SCÈNE I

Sur scène, il y a: un lit simple, un fauteuil large et deux chaises derrière un bureau.

La scène s'allume lentement, lumière neutre, de face et du dessus.

Une jeune femme entre.

Elle porte des vêtements de tous les jours, jean bleu, converses, sweat noir.

ANA s'avance lentement et X la suit.

X porte une longue robe blanche et a une couronne de fleurs.

ANA s'arrête au milieu de la scène, de profil. X s'arrête derrière elle.

ANA: Tu es là. Ne mens pas, je le sens, je le sais. Tu es là.

Mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi t'acharner ? Ne te rends tu donc pas compte de ce que tu me fais ?

Tu es toujours là.

Un réveil indique 6 heures et demie.

ANA s'approche du lit, effleure les montants, puis se tourne vers X, qui ne bouge pas.

ANA: Le matin au réveil tu es là.

X se déplace lentement. Elle porte des chaussons de danse et exécute une chorégraphie bien maîtrisée. Elle passe derrière ANA, et la prends dans ses bras, une main sur son front.

ANA: Voilà. Une seconde que je suis levée et tes doigts froids sont déjà dans ma tête.

Tu prends mon cerveau en otage, tu m'empêche de penser, tu me paralyse de l'intérieur.

Et cette sensation va rester, rester, rester et rester, jusqu'à demain. Demain où tout recommence.

X retire sa main et serre ANA fort, bras croisés sur la poitrine de ANA. Celle-ci pose sa main sur celles de X et parle plus lentement, plus difficilement.

ANA: Maintenant tu t'attaque à ma gorge. Tu m'empêche de

Tu descends. Bientôt tu te rouleras en boule dans mon ventre. Tu serrera fort, et ne te détachera pas avant longtemps. Tu ne te détacheras jamais.

X se décale lentement et ANA se frotte le sternum.

Elle marche lentement sur la scène, s'arrête parfois, se retourne, et X reste en permanence derrière elle, toujours en dansant.

ANA: Pour l'instant tu es sage. Je t'en oublierais presque.

Mais je sais que tu es là. Je te sens encore dans ma tête, dans ma gorge, dans mon ventre. Moins forte, mais toujours présente.

Le réveil passe à 10:30

ANA s'assied, et X se place à côté.

ANA plie et déplie nerveusement ses bras, ses jambes, ses mains, s'étire, gigote, baille souvent.

X tente de la tirer, de la faire se lever, mais ANA résiste difficilement.

ANA: En cours tu es là. Tu tente de me forcer à me lever. Mais je résiste, et je résisterais le plus longtemps possible.

X passe derrière elle et serre un bras autour de sa gorge. ANA reste droite, l'air très mal.

ANA: Tu m'étrangles encore. Ne t'arrêteras-tu donc jamais ? Laisse moi écouter, veux-tu ? Laisse moi un peu suivre le cours. J'ai eu un 6 aujourd'hui encore. Mes notes descendent de façon terrifiante, et je sais que c'est de ta faute. Si tu n'étais pas là, tout irait bien de toute façon. Tout ce qu'il m'arrive en ce moment, c'est à cause de toi. Je ne supporte plus rien, la moindre petite contrariété me fait exploser. Je n'en peux plus de vivre comme ça!

Une sonnerie retentit et le réveil indique 17:00.

ANA se lève et va s'asseoir sur le fauteuil. X se place sur l'accoudoir, appuyée sur ANA.

ANA: Tu es partout. Même chez moi. Il ne se passe pas un jour sans que je ne perde ma respiration, que je ne parvienne plus à déglutir, que je me noie en étant sur terre. Tout ça c'est de ta faute.

ANA se lève de nouveau et va s'asseoir à la table. Elle ouvre des cahiers et commence à travailler.

X fait bouger les cahiers, l'embête alors qu'elle travaille, la tire, joue avec ses bras.

ANA se lève brusquement et repousse X.

Le réveil passe rapidement d'heures en heures pendant ce temps là, jusqu'à 1:00

Elle va s'allonger dans son lit.

X s'approche, se penche au-dessus d'elle et serre sa gorge.

ANA se débat et réussit à s'asseoir. X s'assied à côté d'elle et la prend dans ses bras, tête sur son épaule.

ANA en pleurs, désespérée : Pourquoi tu continues à faire ça ? Je veux juste dormir. Je veux juste oublier. Mais je ne peux pas, tu ne veux pas c'est ça ? Tu tiens à ce que je me rappelle en permanence que tu es là, que tu rodes, que tu diriges ma vie et mes émotions en ce moment, c'est ça ?

ANA se lève et X la suit.

ANA pleure et se place au milieu de la scène.

ANA et X entame une danse lente, X guide ANA et celle-ci perd peu à peu de l'énergie, se laisse faire, l'air très mal, désespérée.

ANA se dégage soudainement de X et celle-ci recule. Elles se font face, de profil pour le public. La couronne de X est tombée, ses cheveux sont en bataille et elle affiche un sourire cruel. ANA pleure.

ANA: Je te demande pas grand-chose. Une journée normale. Ou juste une nuit normale. Une bonne nuit, du repos. C'est tout ce que je veux. Que tu me laisses un moment. Tu ne peux pas ? Tu vas rester longtemps.

X: Oui.

ANA, elle crie: Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça ? Tu te rends compte qu'à cause de toi, mon seul souhait en ce moment c'est de m'écrouler et de ne plus jamais me relever ?

La dernière phrase claque et elles se figent, la lumière devient plus crue, plus blanche, centrée en un rond au milieu de l'avant scène.

Elles se fixent, se tournent autour lentement, puis X se jette sur ANA et elles dansent une dernière fois, ANA est épuisée.

A la fin, elle se laisse tomber sur le lit, en pleurant.

X se dresse au-dessus d'elle, fière, un large sourire aux lèvres.

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Taille de la nouvelle : 943 mots

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Miss_Paillettes

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