Une nouvelle un peu particulière, puisqu'elle est sous forme de pièce de théâtre.

Elle parle de harcèlement scolaire mais surtout des conséquences de celui-ci.

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Intérieur Nuit.

Une mère et une fille mangent face à face, à une table peu éclairée.

MATHILDE: Bon appétit

LUCILLE: Merci

MATHILDE: Je peux avoir le poivre?

LUCILLE: Vas le chercher toi même

MATHILDE: Pardon? Je crois que je n'ai pas compris. Je te demande le poivre, tu me donnes le poivre.

LUCILLE: Pfff, voilà....

MATHILDE: Pas trop tôt. Merci. Comment s'est passée ta journée ?

LUCILLE: Bien.

MATHILDE: Je ne te crois pas.

LUCILLE: Ça t'arrive de me croire de toute façon ?

MATHILDE: Quand tu ne me mens pas, oui.

LUCILLE: Qu'est ce qui te fait croire que je mens ?

MATHILDE: Tu es rentrée en pleurant du collège. Je refuse de croire que ça s'est bien passé.

LUCILLE: C'était des larmes de joie.

MATHILDE: Tu te fiches de moi Lucille?

LUCILLE: Laisse moi maman.

MATHILDE: Bon, on va reprendre au début et tu vas me dire la vérité, d'accord?

LUCILLE: Non.

MATHILDE: Bon appétit chérie. Comment vas-tu?

LUCILLE (avec un rictus moqueur): Bien

MATHILDE (l'air triste): Pourquoi est-ce que tu mens?

LUCILLE: Pourquoi est-ce que tu poses cette question?

MATHILDE: Parce que c'est la question que l'on pose quand on parle à quelqu'un quand il ne va pas bien.

LUCILLE: C'est stupide

MATHILDE: Non, c'est de la politesse. Et la politesse voudrait d'ailleurs que tu me répondes.

LUCILLE: Donc tu t'en fiches de la réponse? Tu demandes juste par politesse?

MATHILDE: Enfin Lucille! Je m'inquiète! Je vois bien que tu ne vas pas bien, je veux savoir ce que tu as!

LUCILLE: Pourquoi tu ne demandes pas directement ce qui ne va pas?

MATHILDE: Parce qu'il faut que ça soit toi qui me dise que ça ne va pas.

LUCILLE: C'est stupide

MATHILDE: Qu'est ce qui est stupide?

LUCILLE: La seule réponse possible à la question "comment vas-tu?" c'est "bien".

MATHILDE: Non, tu peux dire que tu ne vas pas bien, personne ne t'en voudra. Surtout si c'est la vérité.

LUCILLE: Personne ne m'en voudra, bah voyons...

MATHILDE: C'est vrai, dis moi ce qui ne va pas.

LUCILLE: Je n'ai jamais dit que quelque chose n'allait pas.

MATHILDE: Donc tout va bien?

LUCILLE: J'ai pas dit ça non plus.

MATHILDE: Qu'est ce que tu as dit alors? Ça va ou ça ne va pas?

LUCILLE: Ça va.

MATHILDE: Qu'est ce qui ne va pas?

LUCILLE: J'ai dit que ça allait!

MATHILDE (hausse le ton): Ne me parle pas comme ça, jeune fille; je suis ta mère, pas ta copine! Maintenant arrête de taire ce qui ne va pas et dis moi la vérité! Quelqu'un te fait du mal?

LUCILLE (énervée): Je parle comme je veux ! Et pourquoi quelqu'un me ferait du mal ?

MATHILDE: Non! Tu te rassieds immédiatement et tu me dis ce qui ne va pas ! Pourquoi est-ce que tu es comme ça ?

LUCILLE (se rassoit): Voilà ! Contente ? Et j'ai pas envie de parler, ok ? Et ça veut dire quoi "comme ça" ? Je suis comme d'habitude.

MATHILDE: Comme d'habitude ? Comme d'habitude ? Tu te fiches encore de moi Lucille ? D'habitude on discute, on rit....

LUCILLE: Ça, ça fait des semaines qu'on le fait plus !

MATHILDE: Des semaines ? Ne dis pas n'importe quoi !

LUCILLE: Rappelle-moi la dernière fois qu'on a mangé ensemble !

MATHILDE: Et bien... c'était avant-hier, après l'anniversaire de ton amie... comment c'est son nom déjà ? Sophie ?

LUCILLE: C'était il y a trois semaines l'anniversaire de Sophie ! Je passe mes journées seule et mes soirées aussi, tu n'es jamais là !

MATHILDE: Je suis un peu prise par mon travail...

LUCILLE (se lève en renversant sa chaise): Un peu ? Un peu seulement ?

MATHILDE: Mais ce n'est pas le sujet ! Dis moi ce qui ne va pas...

LUCILLE: Oh mais tout va très bien ! Ma mère ne se rappelle même plus de la dernière fois qu'on a mangé ensemble, c'est parfait !

MATHILDE (ouvre ses bras): S'il te plait Lucille, viens là, parle moi...

LUCILLE (sort de la scène à grands pas): Ça sert à rien de parler. Surtout pas avec toi.

La lumière vacille et le rideau se ferme sur MATHILDE, figée, les bras ouverts et les yeux embués de larmes.

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Taille de la nouvelle : 670 mots

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Miss_Paillettes