À ma famille
À vous qui ne lirez peut-être jamais ces mots,
Ou que j'ai criés un jour trop hauts.
À cette famille que je voulais en paix et unie,
Qui n'a pas su passer un jour en harmonie.
Je vous ai aimé autant qu'haï, peut-être à tort,
Peut-être moins mais bien trop fort.
Vous avez été aimants et sans pitié.
Vous êtes aimés sans volonté.
Je suis faible de ne pas réussir à vous faire payer,
Tous ces mots, tous ces gestes déployés...
Je l'ai senti, je le savais que j'étais différente.
J'étais l'intruse, la recluse, l'impotente.
Comment les autres peuvent-ils appréhender,
Quand vous-mêmes, ma famille, vous ne comprenez ?
Vous vous accusez mutuellement de harcèlement !
Je suis seule et vous êtes quatre, effet de groupe inconscient.
Ô, je vous ai détesté de tout mon cœur,
Mais trop lâche pour agir, me détourner de vos pleurs,
Vous n'avez rien vu !
Aveugles que la cécité n'effraie plus !
Ma mémoire se refuse à mon aide,
Elle persiste à se souvenir de vos prétendus remèdes,
De vos plaisanteries, de vos questions impertinentes,
Qu'avais-je fait ? Qu'on ose me dire que j'étais inconsciente !
C'est vous ! Vous qui m'avez faite telle que je suis,
Vous qui n'avez jamais rien compris de mon ennui* !
Vous qui m'accusiez de feindre l'épuisement,
Vous qui me forciez à continuer, peu importait mes sentiments.
Pas violente, pas sportive,
Pas marrante, pas compétitive,
Pas scientifique, pas conflictuelle,
Pas idéale, pas cruelle.
Pas comme vous, juste moi.
Et ça ne vous convient pas.
Je vous ai suivis aussi longtemps que j'ai pu.
Sur les chemins escarpés, les rivières inconnues,
Jusqu'à ce que je n'en puisse plus,
Et alors vous avez refusé mes échecs, éteint vos vertus.
Vous m'avez détruite, lessivée, épuisée,
Vous avez voulu franchir des écueils qui m'ont brisée.
Pas de pitié, toujours plus loin vers l'excellence,
Ce lieu parfait à vos yeux, où je n'aurais jamais ma chance.
J'aimerais pouvoir tout vous refuser,
Mais d'incapable de vous haïr, il m'en faut beaucoup pour oser,
Vous dire que je vous aime, ces mots sont durs à dire,
Tout autant que la simple action de vous montrer un sourire.
Méritez-vous un sourire de ma part,
Quand les moments de bonheur valent les envies de départ ?
J'aimerais que vous ne puissiez plus voir de joie sur mon visage,
Et qu'enfin vous comprenez ce qu'est le partage.
Étranges êtres qui quand je ne vais pas bien,
Me réconfortent avec une blague ou un câlin,
Sans chercher à savoir ce qui cause le mal-être
Sans vouloir savoir ni connaître.
* à prendre à ce sens du mot :
- ennui → problème
Musique : Défaite de famille - Orelsan
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