Un jour, elle est allée le rejoindre là où personne ne les verrait.

Elle s'est assise sur le banc à côté de lui et a essayé de discuter.

- Elsa.

Il lui lance un regard interrogatif.

- Je m'appelle Elsa. Et toi ?

Il serre les dents, replie ses genoux contre son torse et se balance sur le banc, comme pour essayer de se bercer. Il déteste parler. Il a horreur de ça. Il n'a plus parlé depuis 13 ans, il a perdu l'habitude. Il ne dit rien, ferme les yeux et attend qu'elle s'en aille.

Mais Elsa ne s'en va pas. Elle se penche sur son sac et l'entrouvre.

- Zach.., lit-elle sur un cahier.

Il hoche la tête et elle lui sourit.

- C'est joli. Très joli.

Elsa se tait et le regarde tandis que lui a les yeux rivés sur l'horizon. Un silence s'installe, jusqu'à ce que le téléphone d'Elsa vienne le rompre en sonnant. Elle le regarde et décroche en râlant.

- Quoi encore?...ouais, j'arrive, ça va...mais non je suis en route... qu'est-ce que ça peut te faire de savoir où je suis ?...Oh ça va hein... oui, oui... j'arrive j'te dis...à plus.

Puis elle se lève du banc, lui lance un sourire désolé et s'en va en courant.

Zach, dans son dos, n'a pas bougé. Il se balance toujours. Mais plus doucement cette fois.

Il déteste être en contact avec les autres, il devient agité, mais pas avec elle. Elle l'apaise. Elle a quelque chose de magique. D'agréable. Elle a quelque chose qui le fait se sentir important.

Mais il sait qu'elle ne reviendra pas. Elle ne reviendra pas parce qu'elle n'a pas le droit d'être avec lui, et ce coup de téléphone n'était qu'un avertissement. Alors elle se contentera de lui sourire de temps en temps, quand personne ne les regarde. Et puis le reste du temps elle sera dans leur camp. Comme d'habitude. Parce qu'ils gagnent toujours.