Chapitre 1

Des cris, des pas, des rires, un mélange confus de voix. C'est une véritable cacophonie qui s'était abattue sur le petit village de Drumfries, tôt ce samedi matin. A présent que le soleil est haut dans un ciel sans nuages, et que l'après-midi est bien avancé, le marché du village bat son plein. Parmi les commerçants et les acheteurs, des enfants jouent autour des étals, passant entre les jambes d'Hommes et Femmes, riant et se chamaillant entre eux. Tout ce petit monde est assemblé au centre de la grande place du village, où la grande cathédrale de Sweetheart Abbey surplombe ce feu d'artifice de couleurs, de senteurs et de bruits. Une jeune fille passe à vive allure devant la cathédrale, évitant habilement marchands et enfants, sautant ou se baissant selon les obstacles qui se présentent sur son chemin. Pénétrant dans la rue Kirk Wynd, elle ralentit le pas pour profiter des rayons du soleil. L'automne touche à sa fin, et la température baisse un peu plus chaque jour, ce qui présage un hiver plus frais que de saison. La jeune fille ne s'en plaint gère,. Mais aimant la sensation de chaleur que lui procure les rayons lumineux sur sa peau clair, elle profite des derniers rayons de soleil d'automne. Rouvrant soudainement ses yeux marron clair, elle étudie la position du soleil, puis, après un rapide calcul mental, grimace. 

« Je suis en retard... Les filles ne vont pas me lâcher » Murmure-t-elle en reprenant sa course entre les dédales de ruelles aux allures moyenâgeuses. 

Le petit village médiéval de Drumfries, situé au Nord de l'Ecosse, abrite moins de 500 habitants. La température ne s'élève pas à plus de 25°c, et les hivers y sont rudes. La vie y est néanmoins florissante et les marchés tels que celui-ci permettent à tout un chacun de se retrouver et discuter. Parmi la grande place du village, the fountain place est aussi l'une des places où se réunit beaucoup de personnes, mais surtout les anciens du village. C'est à ce même lieu que ses deux meilleures amies et elle s'étaient donné rendez-vous à 15h précise. Or, la jeune fille était en retard. Tournant à droite sur une ruelle étroite, puis à gauche, elle débouche enfin sur le lieu, animé lui aussi. A sa gauche, une partie de pétanque est en cours de jeu, tandis que derrière, des femmes d'un certains âges tricotent en échangeant les potins de la semaine. A sa droite, des enfants d'une dizaines d'années jouent à s'attraper, sous la surveillance de leurs parents, assis à la terrasse d'un bar, boissons fraîches à la main. Enfin, une large fontaine de marbre trône au centre du tableau. De l'eau aussi clair que du cristal jaillit de la pointe et retombe en filament dans un premier bassin en forme de coquillage. Une fois le premier remplis, l'eau s'écoule tel une cascade dans le second bassin, soutenu par 3 chérubins, pour finir à la fin, dans le grand bassin qui termine la fontaine. La jeune femme ralentit le pas en apercevant assises au bord de la fontaine, deux silhouettes familières qui la hèlent, l'une en agitant vigoureusement les bras, et la seconde à droite, mains croisées, un petit sourire aux lèvres. Alors que la jeune fille approche d'un pas rapide, la plus âgée, celle de gauche, saute sur ses pieds pour aller sauter au cou de la nouvelle venue. Celle-ci eu un léger mouvement de recul, mal à l'aise devant cette marque d'affection.

- « Coucou Umi, contente aussi de te revoir » Dit-elle cependant en serrant maladroitement à son tour son amie.

- « Tu es en retard ! » S'indigne la dénommé Umi en reculant et faisant la moue, les mains sur les hanches.

Une tête brune surgit dans le champ de vision de l'arrivante. Elle n'eut pas le temps d'esquisser le moindre geste qu'un bras se passe autour de son cou, et l'attire.

- « Eh bien alors, Lola, ce n'est pas dans tes habitudes d'arriver en retard à un rendez-vous. Serait-ce parce que, par un heureux hasard, tu aurais été bousculé durant ton arrivé par le plus beau jeune homme du village ? » Ironise son amie Alexana, un instant plus tôt encore assise sur la fontaine. 

Jouant à son tour le jeu, Umi s'approche de la jeune fille, et posant un coude sur son épaule libre, chuchote :

- « Alors comme ça tu es tombée sur un jeune homme, et beau gosse qui plus est. Que s'est-il passait par la suite ?

- «Tu peux tout nous dire ma petit Lola tu sais ? »

Ouvrant la bouche pour répliquer, Lola fut coupée dans son élan par Alexana, toujours un bras autour du coup de son amie, la maintenant fermement pour qu'elle ne se dérobe pas.

- « Non... Ne me dis pas que tu es tombée sur McDownel ? » Questionne la jeune femme d'un air horrifié son amie, la bouche toujours ouverte, essayant en vain de plaider sa cause.

Ledit McDownel était le boulanger du village, un Homme adorable de la cinquantaine, qui donnait aux filles tous les lundi matin des viennoiseries à peine sortie du four ; de quoi enchanter les filles et leurs donner des forces pour leur début de semaine de travail. La citation de son nom avec l'air horrifié qu'essaye de prendre Alexana est totalement contradictoire, car les filles adorent ce vieux boulanger.

- « Je... »

Ce fut malheureusement au tour d'Umi de lui couper la parole en rajoutant, à son tour horrifiée :

- « Lola tu n'oserais point... »

Les deux jeunes femmes la regardent avec des yeux ronds, en la lâchant pour se mettre devant elle, tel deux parents sermonnant leur enfant. Lola, mi-figue, mi-raisin, croise ses bras fins sur sa poitrine et essayant en vain de réprimer un sourire, réplique :

- « Avez-vous fini votre petit jeu ? Il faut aller retrouver Archibald. Nous sommes déjà bien en retard, et avec tout ça, il va finir par s'inquiéter de notre absence »

Un silence accueillit sa déclaration. Ce fut Umi qui le brisa en éclatant d'un rire sonore, très vite suivit par Alexana. Toutes deux pliées en deux d'un fou rire contagieux, Lola se retenant à son tour de rire, essaye en vain de les arrêter. Sa démarche se conclue par un fou rire général, faisant se retourner le petit monde qui les entourait. Une fois la crise passée, les trois jeunes filles se mettent en marche vers la petite boutique de l'apothicaire Archibald.

Durant le court trajet menant à la boutique, les trois amies échangent anecdotes et nouvelles, telles 3 adolescentes des plus ordinaires. Lola explique que son retard était dû au fait que des enfants avaient malencontreusement heurté avec leur ballon l'un des étals du marché. La jeune fille, ayant assisté au désastre, aida la marchande à tout remettre en ordre, tandis que les enfants se faisaient disputer par leurs parents. Tout en racontant sa mésaventure, la jeune femme marche au centre du petit groupe d'un pas délicat mais sûr. Étant pourtant la plus jeune, elle pose sur ses amies un regard protecteur. Ses long cheveux châtains bouclés s'envolent délicatement au-dessus de ses fines épaules, et ses yeux clairs reflètent une grande intelligence. Un peu plus âgée, Alexana, marche à gauche de Lola. Tout dans sa gestuelle semble indiquer que c'est une guerrière : elle pose ses yeux marron foncé sur tout ce qui bouge & l'entoure, sa démarche est silencieuse, faîte pour surprendre. Ses cheveux bruns sont coupés courts et lui chatouillent les oreilles quand ils sont soulevés par une brise. Enfin, Umi, est très différente de ses amies : un sourire étire perpétuellement ses fines lèvres, comme s'il avait été collé dès sa naissance. Elle semble insouciante, pleine de vitalité, et une gentillesse infinie déborde de son corps généreux. Ses longs cheveux ondulés virevoltent dans les airs, indomptables. Or, ces trois jeunes femmes ne semblent pas s'apercevoir de leurs attributs qui les caractérisent chacune à leur façon. Se sont juste trois adolescentes de 20 ans pour Alexana et Lola, et de 21 ans pour Umi, descendant une ruelle pour se rendre à un apothicaire peu commun, prénommé Archibald Dumbledore. Connu de tout le petit village de Drumfries, les trois amies viennent depuis leurs plus jeunes âges le voir pour l'aider dans ses préparations, ventes et autres. Or aujourd'hui, leur visite est pour tout autre : son chien, Divin, est malade. Le vieil homme doit donc se rendre chez le vétérinaire pour savoir la cause de ses maux. C'est pourquoi les trois jeunes femmes se retrouvent à garder la boutique en son absence. Celle-ci se situe à l'orée d'un sous- bois, qui entoure le village tout entier. Un petit chemin caillouteux, perpendiculaire aux routes pavées du village, passe devant la face droite de l'habitacle avant de s'enfoncer dans le sous-bois. Sa devanture renvoie l'image d'une boutique des années passées, avec ces vitres ternies par le temps supportées par des châssis en bois, quatre gros pots de fleurs de chrysanthèmes et d'hortensias à chacune des extrémités de la boutique et de la porte d'entrée. Un long panneau en bois barre horizontalement cet atelier où des lettres d'encres noirs écrites à la main énoncent : « Archibald & Co, apothecary ».

- « On est arrivé les filles ! » Annonce joyeusement Umi en sautillant gaiement jusqu'à la porte de service qu'elle ouvre en clamant un « c'est nous ! » retentissant. 

Dès son entrée dans la demeure, un petit carillonnement retentit dans tout l'habitacle silencieux, en provenance d'une clochette fixée en haut de la porte. A part cela, on pourrait entendre une mouche voler. Pas un son ni une lumière ne semblent percer les ténèbres alentours, plongeant la boutique dans une atmosphère lugubre, presque effrayante.

- « Cet endroit me donne la chair de poule... » Murmure Lola à l'oreille de Alexana, qui sonde les ténèbres de ces yeux aux pupilles rétrécies par la lumière du jour. « Si je n'étais pas venue ici depuis que je suis toute petite, je serais déjà partie en courant. » Poursuit-elle en s'avançant à la suite d'Umi dans la boutique enténébrée.

- « Personnellement, même si je connais cette boutique comme ma propre maison, elle me fait toujours autant flipper, surtout quand le vieux ronchon se cache comme à son habitude.» Lâche Alexana aux aguets, mal à l'aise.

Comme ce fut la dernière à rentrer, elle referme donc la porte derrière elle et part allumer, en tâtant les murs, l'interrupteur. On entend soudain un déclic sonore puis un grésillement, et enfin une lumière crue envahit la salle puis s'éteint aussi soudainement qu'elle s'est allumée.

- « Je crois qu'il y a eu un court-circuit. » S'exclame Umi dont la voix résonne au loin.

- « Je n'avais pas remarqué. » Grogne Alexana, qui sait pertinemment ce qui va suivre ce court-circuit : une descente dans la cave de l'apothicaire pour remettre les lumières en état de marche. Or, elle s'imagine déjà toutes les horreurs qui pourraient surgir d'une cave plongée dans un noir d'encre, et est parcourue d'un long frisson glacial du long de son échine jusqu'à ses orteils.

Lola, voyant son amie se décomposer devant son raisonnement chronologique des événements, glousse et commence à se placer discrètement derrière elle. De sa petite main, elle commence à lui chatouiller le bas du cou en lui soufflant d'un seul coup dans son oreille droite. Un hurlement jaillit dans la noirceur de la boutique.

- « Tout va bien les filles ? » S'inquiète Umi, revenue sur ses pas pour savoir l'origine de ce hurlement de terreur absolue.

Ses yeux s'étant accoutumés à l'obscurité, lui montre une Alexana à 10 mètres de l'interrupteur, tous poils hérissés, yeux écarquillés avec une main plaquée sur l'arrière de son cou hurlant de colère et de peur sur une Lola hilare, les bras entourant sa taille, pliée en deux de rire. Sachant les angoisses de son amie, elle rigole à son tour et dit de sa voix fluette :

- « Voyons Alexana, tu aurais peur d'un peu d'obscurité ? Tout le monde sait que fantômes, monstres et autres êtres surnaturels, n'existent pas... Du moins, c'est ce que l'on dit... » Un dernier regard vers l'intéressée apeurée, puis elle repart en sautillant comme s'il ne s'était rien passé.

- « Je vous déteste les filles, vous le savaient ? » Marmonne Alexana avant d'emboiter le pas à Umi, ayant déjà franchi la porte menant à l'arrière de la boutique.

- « Nous aussi on t'aime Alex. » Rigole Lola en la prenant par les épaules tout en marchant à ses côtés dans le couloir étroit. « Je me demande tout de même où est passé Archi. D'habitude il ne met pas tout ce temps avant de sortir de l'ombre. »

- « Sauf quand il cherche ses lunettes posées sur sa tête. » Glousse son amie en lui remémorant toutes les fois où elles l'avaient surpris à chercher dans des endroits aussi farfelus les uns que les autres, ses lunettes posées sur sa tête parsemée de cheveux grisonnant.

Quelques fois même, il eut oublié d'ouvrir sa boutique pour cette raison-là. « Quel personnage atypique tout de même », continue Alexana, un sourire aux lèvres. Les trois jeunes filles continuent leur traversée dans les dédales de couloirs jusqu'à ce qu'elles trouvent ce qu'elles cherchent : la cave. Elle se présente sous forme d'une grande porte en chêne brut, vieillit et abîmée, positionnée au fond d'un long couloir où s'aligne deux autres portes fermées, et sur chaque parcelle de murs, des étagères remplies de centaines de livres de toutes sortes. L'une des portes, celle menant au salon, est toujours un peu entrouverte, sa poignée intérieure étant cassée. Umi, menant la marche, ouvre en grand la porte en chêne, découvrant un trou béant et noir. Alexana déglutit nerveusement. Son amie se tourne vers elle et, comme le font les gentlemans, fait une petite courbette en indiquant de sa main libre, la cave souterraine.

- « Après vous très chère. » Dit-elle d'une voix rocailleuse, imitation grotesque de celle des hommes.

- « Sans façon Umi, je préfère rester en haut pour empêcher que la porte ne se referme sur vous. » Répond précipitamment la jeune fille en reculant vers la porte à la poignée cassée, à leur gauche. Elle l'ouvre à moitié d'un seul geste ample pour laisser entrer une lumière jaune vif, faisant reculer les ténèbres sortant de la cave.

- « Comme bon te semble. » Dit Umi en actionnant l'interrupteur de la cave sans résultats, et s'engagedans la pénombre moindre, en tâtant autours d'elle le mur et la rambarde de l'escalier pour ne pas tomber.

- « Ne t'inquiète pas Alexana, on fait vite. Tu crois que tu vas réussir à tenir toute seule ici ?» Demande Lola, protectrice, s'avançant déjà vers le trou obscur, où le faible rayon de lumière laisse entrevoir un escalier en bois sombre et des ombres mouvantes, dont celle d'Umi.

Pensant que la lumière allait apaiser sa peur, la jeune femme s'aperçoit alors que celle-ci ne fait que l'amplifier en ne révélant que des contours d'objets laissés à l'abandon et autres non discernables, dont son imagination a tôt fait de leurs faire prendre des formes diverses et variées.

- « Aucun problème, ce n'est pas comme si un monstre, un fantôme ou je ne sais quoi aller surgir comme ça dans mon dos. Tu t'inquiètes trop Lola, va rejoindre Umi avant qu'elle ne casse quelque chose, maladroite comme elle est. » Plaisante la froussarde en joignant le geste à la parole.

Alexana regarde donc son amie descendre doucement l'escalier, qui de son point de vue, ressemble plutôt à l'engloutissement lent mais sûr de Lola par les ténèbres. 

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Voilà voilà !! Enfin le premier chapitre publié !!!

Nous espérons que vous apprécierez, et n'hésitez pas à nous donner votre avis, merci 😉

Nous essaierons tous les débuts et/ou fin de mois de poster un chapitre. Si nous sommes en retard dans la publication  de chapitres, des bonus seront postés (hors histoire)
Merci de votre  compréhension, et bonne lecture !

Posté le : 9/11/2018

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