Tu as échoué
Ca y est ! J'y étais. L'épreuve du bâton-aigle de Jadylina, celle que toutes les princesses d'Orchidia devaient passer pour devenir reine. Aujourd'hui, c'était moi, c'était à mon tour. L'assemblée était pleine de monde et tous les regards étaient posés sur moi, pleins d'espoir.
Les mots de ma mère résonnaient à mes oreilles sans vraiment les comprendre. Elle parlait, mais je ne l'écoutais pas, ou plutôt, je n'en étais pas capable. Je n'entendais que mon cœur battant contre mes tympans au rythme effréné qui était le sien.
Je m'efforçai de respirer doucement, de me calmer. J'avais peur, j'étais stressée sous mes grands airs. Je sentais le poids des yeux de ma mère posés sur moi, tout reposait sur mes épaules et je n'osai pas imaginer sa réaction si j'échouai. Je serrai les poings, déterminée, l'échec n'était même pas concevable. Pourtant, je n'avais aucune envie devenir reine, un rôle qui n'était pas fait pour moi, de toute évidence. Je rêvai de liberté, de vivre une vie bien remplie, pas de rester à gouverner tout un pays, faisant régner un ordre que je n'approuvai même pas. Une histoire de politique dont je ne comprenais rien.
Je lançai un bref regard à ma mère, ses yeux clairs et exigeants rencontrèrent les miens, émeraude et curieux. A ses côtés, le professeur Vangelis m'observait avec tendresse, il avait confiance en moi, lui. Je déglutis avec difficulté, c'était pour cette raison que je voulais réussir, faire plaisir à ma mère, la rendre fière de moi.
J'étais fébrile, je me sentais comme prête à me briser en morceaux, fragile. Une âme de guerrière dans un corps de verre. Pourtant, aujourd'hui, la princesse que j'étais avait peur, peur de l'échec, peur de la décevoir.
Devant mes yeux, Jadylina était apparue, tenant dans ses mains le bâton-aigle, me défiant de toute son âme. Je marchai vers elle, doucement, posant un pied après l'autre, l'angoisse rongeant tout mon être. Je tremblai, mes membres n'étaient pas stables et j'avais peur de tomber, de m'étaler de tout mon long devant toute l'assemblée me huant. Voilà, j'étais toute proche, j'étais face à mon destin, mon ancêtre allait pouvoir décider si j'étais digne ou non de devenir reine. Je tendis ma main tremblante, et, après un moment d'hésitation, j'empoignais le bâton-aigle. La seconde d'après, je fus projetée en arrière par des éclairs de jade qui emplissait la salle. J'atterris à plusieurs mètres dans un bruit mât, mais la douleur n'était rien, elle n'était que secondaire. J'avais honte, ma mère allait surement être déçue ... Une voix dans ma tête riait et me répétait comme une litanie :
-Tu as échoué ! Tu as échoué !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top