Promesse de rédemption
Le vent se tait et le silence s'installe. Tu es seule face à ce que tu redoutes le plus : un passé qui menace ton existence même.
Les souvenirs ne t'ont jamais quitté et l'oubli n'est pas envisageable. Tu as tourné la page pourtant, tu te l'étais promis. Avais-tu eu le choix ? Après réflexion tu répondrais que oui et que ta décision était certainement la meilleure.
Le pardon dans le cœur des hommes existaient mais était difficile à obtenir, tu étais bien placée pour le savoir. La peur dans le regard, tu l'avais autrefois souhaitée, aimée. Mais ce n'était plus le cas, elle te rappelait désormais tes erreurs et toute la honte que tu ne disais pas. La méfiance te blessait plus que de raison. Ta fierté t'ordonnait le silence et tu obtempérais de mauvaise grâce.
Korbo ... Non, Razzia. Dans ton cœur, il restait l'homme avec qui tu avais tant combattu. C'était pour lui que tu avais rejoint les Légendaires. Parce que rester loin de lui plus longtemps t'étais insupportable. Cet être que tu aimais plus que ta propre vie. C'était lui, ta rédemption, celle que tu touchais du bout des doigts. La promesse de l'héroïne que tu te plaisais à devenir, d'une personne qui combattait pour la vertu. Pour toutes les belles valeurs que tu défendais à présent.
Le mal que tu avais commis semblait refaire surface dans ces moments-là. Profitant de ta solitude comme d'une faiblesse. Tu luttais contre cette noirceur qui subsistait encore en toi, cette part d'ombre que tu peinais à contenir. Le goût du sang te revenait, une saveur métallique dans ta bouche, agréable et interdite. C'était le prix de tout cela, d'une vie complexe mais que tu tenais à présent au creux de ta main. L'impression sacrée d'être maître de ton existence. Une sécurité supplémentaire dont tu n'avais jamais ressenti le besoin jusqu'alors !
Tu voyais la vie défiler devant toi. Tu souriais, de ce rictus dénué de cruauté mais plein de sincérité. De ceux qui t'étaient désormais permis. Un bruit se fit entendre derrière toi et tu te retournais, en alerte. La silhouette caractéristique de Kor-Razzia se dessina dans la pénombre. Tous tes muscles se relâchèrent d'un coup, alors qu'un soulagement s'éminça en toi. Le Colosse s'assit à tes côtés et tu t'enviais de cette proximité retrouvée. Il t'acceptait à nouveau et tu en étais heureuse plus que de raison.
-C'est izi que tu te caches ?
-Je ne me cache pas. Rétorques-tu, presque sur la défensive.
Un soupir ébranla le corps de l'homme à tes côtés. Un semblant de lassitude. Tu savais bien que ce n'était qu'un jeu alors qu'il passait une de tes mèches rebelles derrière ton oreille.
-Les autres ze zont inquiétés, répliqua-t-il, sans trop de violence.
-Vraiment ?
-Ils t'apprézient pluz que ce que tu le penzes.
Tu haussais un sourcil, amusée. Tu savais bien que tu ne leur inspirais pas une réelle confiance. Tu ne t'en offusquais par ailleurs, comment leur en vouloir ? Jusqu'il y a peu, vous étiez encore ennemis et les vieilles rancœurs étaient tenaces.
-Je ne suis pas idiote, Korbo.
-Razzia.
La réponse avait été tellement franche, tellement rapide ... Tu soupirais à ton tour. Oui, les vieilles habitudes aussi étaient coriaces, tu en étais le parfait exemple.
-Peu importe. Je suis toujours la fille de Darkhell à leurs yeux et cette image me colle à la peau où que j'aille. J'ai commis les pires horreurs et je ne suis pas prête de m'en détacher.
-Mais tu as changé.
C'était vrai et lui seul savait. Un secret murmuré par la Nuit elle-même. Ce que personne ne saura jamais. Les Alysiens ne verraient jamais ce que tu étais devenue. Tu éprouvais pour cela une pointe de regret, bien vite oubliée. Ce n'était pas ton combat et les autres pouvaient bien en penser ce qu'il voulait ! Ta rédemption ne les concernait en rien, Razzia en était le seul témoin. Il pouvait le comprendre, le concevoir. Cette difficulté sous estimée, ce combat intérieur et cette infinie douleur. Tu n'existais qu'à ses yeux et pour lui, tu voulais bien être meilleure !
Tu fixais le Colosse droit dans les yeux, sans ciller. Un petit sourire ourla l'extrémité de ses lèvres. Un rictus agréable, plein de sincérité. Tu te rappelais pourquoi tu aimais cet homme. Cet être bon et juste, compréhensif et entier. Une perle d'or pure qui t'était offerte, un cadeau que tu ne méritais pas mais que tu gardais précieusement, dans un élan d'égoïsme. Tu vins recueillir tout cela contre sa bouche. Un souffle de vent, à peine rêvé. La promesse de lendemain qui change et d'avenir commun.
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