Mes larmes ne couleront plus
J'étais assise dans un coin, seule. Ma tête était appuyée sur le mûr décrépi, j'avais l'étrange impression qu'elle ne pouvait plus tenir sans appuie. Comme moi. Je ne pouvais plus tenir. Pas toute seule.
Je regardais le plafond sans vraiment le voir, tout était flou autour de moi. Mes yeux me brulaient tant ils étaient secs d'avoir tant pleuré. Mes larmes avaient coulés pendant des heures durant, puis, plus rien. Mes yeux étaient secs, plus rien ne pouvait sortir et pourtant, ma tristesse était toujours aussi grande. Je ne savais plus comment extérioriser cette douleur. Après les larmes, j'avais hurlé, de toutes mes forces. Maudissant ces dieux qui m'avaient abandonnés, qui me l'avait pris. Mais maintenant, même ma voix ne fonctionnait plus, ne supportait plus ma souffrance. Je ne savais plus quoi faire.
J'avais l'impression de n'être qu'un cadavre, qu'on aurait laissé au milieu des autres. Et, dans un sens j'étais morte, une partie de moi était morte en même temps que mon fiancé qu'on m'avait forcé à abattre. Pas une seconde ne passait sans que je regrette mon choix. Je revoyais son visage, si doux, si aimant, jamais il n'aurait mérité une fin aussi atroce. Lui qui avait combattu le mal toute sa vie, un dieu déchu c'était réincarné en son corps. J'aurais voulu être morte, comme lui, au moins nous aurions été ensemble. Cela m'aurait épargné cette souffrance.
Mais j'étais vivante pourtant. Je le sentais au sang qui pulsait dans mes veines, à mon cœur qui battait comme une éternelle moquerie qui me rappelait la chose que je voulais tant oublier, à l'air qui rentrait dans mes poumons pour me laisser agoniser encore un peu plus.
Je secouais longuement ma tête, de droite à gauche, faisant craquer ma nuque endolorie. Je déglutis péniblement, ma gorge était sèche, un véritable désert, il y a avait longtemps que je n'avais pas bu. Je ne saurais dire le nombre exact. J'avais perdu la notion du temps et de l'espace, les jours se succédaient les uns après les autres toujours semblables. Rien ne les rendaient différent des précédents, il n'y avait que ma douleur, indescriptible.
J'avais si mal. Rien ne pouvait décrire ce que je ressentais. Mon cœur martelait violemment ma poitrine, si fort que j'avais l'impression qu'il allait me briser les côtes pour atterrir sur le sol poussiéreux de mon refuge. Je sentais mon sang couler dans mes veines, brulant tout mon corps comme un poison perpétuel. Je sentais à la fois mon cœur et mon sang cogner contre mes tempes, me torturant d'une migraine qui ne me quittait plus. Mon estomac se crispait du manque de nourriture, grognant son mécontentement. Tous mes muscles sans exceptions hurlaient de protestation, ankylosés par des jours d'immobilités.
Mon esprit était dans une sorte de semi-conscience, une partie de moi semblait endormit, même morte, tandis que l'autre supportait les mille tortures que m'infligeait mon corps. Mon cerveau fonctionnait au ralenti, je réfléchissais extrêmement lentement, les informations, les mouvements, tout était lent. Et, dans un sens, c'était mieux ainsi. Ca me permettait de ne pas trop penser.
La plupart du temps, je revoyais son visage, celui de Danaël. C'était magnifique et terrible à la fois, me rappelant encore la protée de mes actes. Un sourire triste se formait sur mon visage amaigri, dévoilant les regrets qui me rongeait. J'avais décidemment tout perdu, ma vie était un échec, et, en faisant ses choix, j'avais détruit celles d'un grand nombre personne. J'étais une abomination.
Quand la souffrance devenait trop insupportable, je me mordais la lèvre jusqu'au sang ou m'enfonçait mes ongles dans la peau fine de mes paumes, rejetant ma tête en arrière qui faisait un bruit mâte contre le mûr aussi délabré que moi. Aucun son ne sortait de ma bouche, on pouvait à peine entendre le gémissement étouffé. Je ne dormais plus, ou alors, je ne m'en rendais même plus compte. J'avais seulement quelques pertes de connaissance, un étourdissement, tout devenait flou et je profitais d'un répit pendant plusieurs heures. Avant de me réveiller et de réaliser que rien n'était fini.
Mon calvaire était semblable à un tunnel dont je ne vois pas la fin, il me restait plus qu'à espérer qu'il y en a bien une. Mais tout cela semblait si lointain dans cet univers de déchirement, de larmes et de déchirement. Le bonheur et la joie n'était plus que des mots, il y avait si longtemps qu'ils n'avaient pas fait parti de ma vie. Peut-être n'existaient-ils plus. La seule chose qui subsistait encore était la peur, l'horreur et surtout la douleur, pour toujours.
J'étais prisonnière. De moi-même, de mon enfer, de ma douleur, de mon passé. Et j'étais seule, dans un taudis qui me servait de refuge. Un refuge qui était finalement devenu un endroit maudit, le berceau de tous mes problèmes. Je connaissais par cœur chaque détail des recoins visible depuis l'endroit où j'étais affalée. Il m'était autant familier qu'haït.
Soudain, je vis le visage de Danaël devant moi, amis ce n'était différent des autres fois, il paraissait plus vivant. Il souriait, il semblait heureux, serein, aimant. Il me dit d'une voix suave :
-Viens, Jadina, il est temps.
Je me demandais bien où il voulait m'emmener et l'interrogation dû se lire sur mon visage fatigué puisqu'il poursuivit :
-Là où l'on va, tu n'auras plus à être triste, je te le promets ! On sera ensemble. Tu m'as tellement manqué Jadina.
Et sur ces mots, il commença à s'éloigner. Je paniquai. Non ! Je ne voulais pas le perdre encore, je tendis mes bras devant moi et l'empêcha d'aller plus loin. Il tourna son visage d'ange vers moi, me sourit et me prit dans ses bras. Je me laissais enlacée avec douceur. Tandis que je me sentais devenir de plus en plus légère, de plus en plus libre, je murmurais de ma voix rocailleuse qui ne réussi pas à briser la perfection du moment :
-J'arrive, mon amour ...
Tout était fini, enfin.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top