La Folie
J'inspirai profondément, laissant l'air froid me déchirer les poumons pour finalement l'expirer en un petit nuage de vapeur. Puis je recommençais, inlassablement, une éternelle routine qui durait depuis longtemps. Mon regard perçant balayait le paysage autour de moi, des montagnes et de la neige, rien que de la neige. Je connaissais chaque recoin de cet endroit, ma prison de glace, un si dur enfer. Un décor aussi froid que moi, que mon cœur. Ici, rien ne changeait jamais, toujours la même chose et les jours qui passent. Si long et si court à la fois. Un véritable calvaire !
J'étais seul, indéniablement seul ! Personne ne venait par ici et ça se comprenait, qui voudrait venir dans un endroit pareil ? Pas un être sain d'esprit, c'était certain ! Voilà le problème, je n'étais pas sain d'esprit ! Et je ne me le cachais pas, je ne cherchais pas à me persuader qu'il restait encore une once d'humanité et d'équilibre dans mon être ! J'étais déjà pourri jusqu'à la moelle, me mentir à moi-même n'était pas nécessaire !
La folie, je la sentais en moi très clairement ! Je la sentais s'infiltrer dans chacune de mes cellules comme un venin ! Tuant toute l'humanité qui résistait encore, centimètre après centimètre. Ne laissant d'ailleurs lui qu'une marionnette au service de la folie. Une infime partie de moi-même se battait encore, mais je savais qu'elle finirait, elle aussi par se faire détruire. Ce serait ma mort ! Pas la mort dans le sens physique, mais mon esprit serait alors mort ! Il ne resterait plus rien du Samaël que j'ai été jadis.
Je sentais mon propre sang me brûler les veines pendant que le venin me les glaçait. Des sortes de décharges électriques parcourraient sans cesse ma peau me faisant tressaillir. Mon cœur battait dans ma poitrine comme si voulait s'en échapper mes côtes restaient toujours intactes malgré cette pression ! Vivre avec une telle douleur chaque jour relevait du défi, de l'éternel défi ! Jamais la souffrance ne cessait, quoi que je face ! Je pouvais supplier les dieux qui étaient à l'origine de mon fléau de me laisser mourir, leur hurler ma douleur, me faire davantage souffrir pour voir si ça pouvait encore être pire.
Un hurlement dément s'échappa de mes lèvres pour se perdre dans l'immensité de ma solitude et de ma folie. Des échos répondirent, mais rien d'autre, je m'écroulai sous le poids de tout, de mes souvenirs qui s'effaçaient, de toutes ces émotions contradictoires et surtout de ma douleur !
J'étais prisonnier ! Prisonnier de moi-même, sans personne pour m'aider, seul au monde ! Rien d'autre n'existait, rien que ces neiges éternels et ma folie qui me regardait me débattre entre ces doigts habiles, me contrôlait, elle était la maîtresse de mon univers, la déesse que je suppliai sans cesse, mon passé, mon présent et mon futur ! Elle avait le choix de me tuer mais elle préférait sentir l'odeur de mon sang, voir à quel point j'étais à bout de force, si vulnérable, sans défense !
Elle se léchait les lèvres un sourire sadique sur ces lèvres me sachant à sa merci ! Et je l'attendais, acceptant ce si funeste destin, cette fatalité ! Elle me tend les bras et je sens déjà que la souffrance disparaît. C'est si bon, je suis si léger. En même temps que la douleur c'est le monde qui me laisse partir, mais je m'en fiche, je suis si bien ... C'est fini, enfin !
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