J'ai toujours été là

Tu étais là. Seul, blessé, perdu.

On t'avait trahi, laissé tomber comme un pestiféré.

Mais j'avais été là, alors que tu ne croyais plus en rien, que tu ne vivais pour rien. Tu étais fou de douleur, fou à en mourir. Mais je t'ai trouvé et j'ai pansé tes plaies, comme la mère que tu n'avais jamais eue. J'avais susurré des paroles à ton oreille, du réconfort, tout ce dont tu avais besoin.

Je suis toujours là, à tes côtés, à tout moment. Je ne peux plus partir, maintenant, puisque je fais partie de toi. Nous ne faisons qu'un et tu me fais entièrement confiance.

A l'image du poison qui s'écoule dans tes veines, j'ai rongé chaque parcelle de ton être, jusqu'à la dernière miette d'humanité. Sans que tu t'en rendes compte, le monslave que tu avais été jadis à complètement disparu. Il ne restait que toi, mais qui es-tu ? Rien, une marionnette à mon service. Je tire les ficelles dans l'ombre, on ne me voit pas, mais je suis là.

Quand tu hurles ta douleur aux cieux, le visage déchiré par la souffrance, insupportable. Que celui que tu as été se débat encore, dans un coin de ton esprit dérange, se défend contre un ennemi plus fort que lui, plus fort que tout. Je suis là, je suis là pour toi. Je te prends dans mes bras, tu écoutes ma voix, celle qui te trompe, et les doutes disparaissent, ta souffrance s'atténue.

Je suis ton Amie, n'est-ce pas ? Il n'y a plus que moi, où que tu puisses aller, je suis là. Quoi que l'on te dise, tu sais que je suis réelle, que je ne suis pas le fruit de ton imagination. Quoi que je fasse, je ne le fais que pour toi, je veux t'aider.

Ma main sur ton épaule te rassure, tu te sens moins seul, puisque je suis là. Ma voix emporte tout et tu ne peux que m'obéir, sans même penser. Tu n'en es plus capable. Ton regard est droit, ne bouge pas, fixe, vide, ceux d'un mort. Il ne reste qu'un éclat qui brille comme une flamme dans la nuit, cette nuit où tu es perdu à jamais. Cette flamme qui danse, seul témoin du démon qui t'anime. Seul témoin de ma présence.

Tu n'as plus la moindre volonté, la moindre once d'humanité. Je m'en suis emparée, comme le reste de ton existence minable, tu ne le sais pas, n'est-ce pas ? Pauvre idiot ! Tu es toujours perdu, encore plus que tu ne pourrais l'imaginer. Tu es perdu dans mon monde, sur mon territoire, tu m'appartiens maintenant. Tu es seul et tu erras pour toujours, sans même t'en rendre compte.

Je suis toujours ton Amie et tu resteras ignorant jusqu'à la fin de ta misérable vie. A l'écoute de ma voix, à l'écoute de chacun de mes ordres. Je te tiens, dans mes mains, je peux te détruire, à chaque instant. Mais je ne le ferais pas, tu me divertis, tu essaies encore de te débattre, je le sens. C'est inutile, mais, ça non plus, tu ne le sais pas. Tu vis dans un mensonge, sans savoir qu'il fait parti de toi, je suis le mensonge, je suis cette tromperie que je dénonce. Je suis le Mal qui te perverti, qui te détruit, je suis tout ça. Cette femme dont personne n'a jamais vu le visage, que tu aimes tant.

Et, aujourd'hui, alors que je sais que tu ne peux rien faire, que tu ne peux que m'obéir. Tuer, nous allions tuer, tous les deux. Juste par cruauté, ma voix au timbre si particulier, hypnotique et destructrice murmure ces paroles dont personne ne sera jamais témoin :

-Tues-le, tues ce traitre, Samaël ! 

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