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Un silence de mort régnait dans la salle, et même Eustache avait cessé de respirer.

« Ba merde alors, dit Nime pour briser le calme ambiant qui commençait à l'angoisser.

- Mais t'es fou ! cria son camarade. Pourquoi t'as tenté de nous téléporter, c'est un sort de sixième année !

- L'important, c'est le résultat non ? Bon par contre, faudrait se dépêcher, car ça va chauffer pour nous si on reste trop longtemps dans les parages.

- Tu te rends compte que tu viens de tuer quelqu'un !

- Mais non, regarde, il s'est juste évanoui, le chandelier est tombé juste à côté de lui. »

Ils constatèrent en effet que, dans une tentative de fuite aussi désespérée que ridicule, l'homme avait glissé sur sa serpillière, lui permettant par la même occasion d'échapper à une mort certaine. Il n'avait cependant pas résisté à la peur et s'était écroulé inconscient face au poids des émotions.

N'étant pas à l'abri des regards, ils se précipitèrent à travers le hall, contournant le lustre et les gravats en direction de leur but. Eustache fut pris d'une violente quinte de toux causée pas la poussière en suspension. Nime ne se fâcha même pas du bruit qu'Eustache produisait. Après tout, ils n'étaient plus à ça près.

Ils pénétrèrent dans la réserve par une petite entrée -et visiblement la seule- ressemblant plus à un trou pioché à même le mur. L'architecte avait dû drôlement boire ce jour-là, car en plus d'avoir oublié un emplacement pour la porte, il n'avait prévu aucune ouverture qui aurait permis d'éclairer et d'aérer la pièce. Les deux comparses furent donc saisis de nausée lorsque l'odeur de moisissure les prit à la gorge, et ils se cognèrent tous les deux à une poutre abandonnée là des siècles plus tôt.

C'est avec une peine infinie qu'ils réussirent enfin à allumer une torche qui gisait au sol, révélant à leurs yeux le reste de la pièce. Le sol et les murs de la pièce étaient faits de la même pierre que le reste de l'université, à l'exception qu'elle était ici recouverte de mousse et de champignons. La majeure partie de l'espace était occupée par des caisses en bois, empilées à la va-vite dans tous les coins, si bien qu'il était à peine possible de circuler. Au centre de la pièce trônait une grande cage en cloche, recouverte d'une lourde toile de lin où commençait déjà à s'accumuler la poussière.

« Ça doit être ce qu'on est venu chercher, non ? remarqua Eustache en désignant la cage d'un mouvement de tête.

- En effet, répondit son compagnon, c'est la cage qu'ils ont déplacée ce matin. Elle était voilée car ils veulent garder le secret jusqu'à la cérémonie. Mais j'ai mes informateurs et je sais de source sure que la fortune nous attend derrière ce voile, car la bête est vivante !

- Et je peux savoir qui sont ces fameuses « sources » ? questionna-t-il.

- Euh...ce n'est rien d'important...continuons donc avant de se faire repérer...

- Je pourrais au moins être mis dans la confidence après tout ce que j'ai risqué en t'accompagnant ici !

- Bon d'accord, abandonna Nime, c'est le concierge qui, contre monnaie sonnante, m'a indiqué qu'il avait entendu des reniflements venant de la cage en faisant le ménage.

- Le concierge ! s'exclama Eustache. Et c'est comme ça que tu le récompenses, en l'assommant ?

- Il n'avait qu 'à ne pas être dans nos pattes celui-là. Et puis j'ai payé drôlement cher, ce n'est qu'un juste retour des choses, en quelques sortes.

- Rappelle-moi de ne jamais te vendre quelque chose, je n'ai pas envie de finir comme une crêpe.

- Vous allez continuer comme ça longtemps vous deux, parce qu'y en a qu'aimerait dormir, se plaignit une voix gutturale qui provenait du centre de la pièce. »

Cette phrase glaça le sang des deux compères, qui se retournèrent de concert en direction de la cage d'où avait sembler s'élever la protestation.

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