Chapitre 5
Je me redresse d'un bon. Le fantôme vient de parler ! Je suis complètement paniquée. Je me recule précipitamment et percute évidemment le tabouret de mes jambes. Je perds l'équilibre et me retrouve rapidement au sol, les jambes en l'air sur le tabouret. Si Luke ne déboule pas dans les deux minutes avec ça c'est qu'il doit vraiment dormir profondément.
Mais il m'a bien évidemment entendu et déboule dans la chambre rapidement. Il me voit au sol et soupire. Je le comprends, c'est quand même la troisième nuit de suite que je le réveille. Il m'aide finalement à me relever sans même prendre la peine de me demander ce qu'il se passe. Quand je suis finalement debout, je regarde vers la coiffeuse et l'homme a bien sûr disparu.
— Tu m'expliques ? me demande Luke fatigué.
Je trouve rapidement une excuse, je ne peux vraiment pas lui dire ce qu'il vient de se passer, je sais qu'il ne me croira pas, et qu'il m'emmènerait à l'hôpital pour me faire ausculter par des médecins.
— J'ai eu envie d'aller aux toilettes et je me suis pris les pieds dans le tabouret, je mens alors avec un sourire penaud.
Il soupire une nouvelle fois, et m'embrasse la tempe avant de repartir dormir sans un mot. Il m'a heureusement cru. Je ne voyais pas quoi lui dire d'autre. Pour paraitre réaliste je pars donc dans la salle de bain et en profite pour me rafraichir le visage.
Quand je retourne dans ma chambre je jette un coup d'œil au miroir, il n'est pas revenu. Je remets donc le tabouret en place. Je reste un instant devant, me demandant si je ne devrais pas taper au miroir pour voir s'il revient. Puis je me dis que je ne préfère pas tenter le diable. J'aurais l'air bien bête s'il revient, je ne saurais pas quoi faire et je paniquerais encore une fois.
Je retourne donc me coucher en espérant trouver le sommeil rapidement. Mais mes pensées se bousculent tellement que c'est impossible. Je me pose bien trop de questions. Et même si je sais qu'il ne reviendra pas cette nuit car il ne l'a pas fait les nuits précédentes, j'ai toujours une appréhension et je guette le moindre bruit encore une fois.
Dire que le réveil est difficile ce matin serait mentir. Ce n'est pas difficile, c'est tout bonnement impossible ! Si je le pouvais, j'appellerais l'institut et leur dirais que je suis malade. Mais je ne veux pas le faire, le jour où je serai vraiment malade j'aurai du mal à obtenir ma journée. Une bonne douche gelée devrait m'aider pour ce matin. Ensuite je me gaverai de café, même si je déteste ça, je sais que ça m'aidera à tenir un peu plus longtemps. Je réussis donc à me lever et pars directement prendre un petit déjeuner avant d'aller dans la salle de bain, puis de retourner dans ma chambre une serviette autour du corps.
Alors que je choisis mes affaires dans mon armoire, mon regard est momentanément attiré par la coiffeuse. Je finis par laisser en plan mes vêtements et m'assois sur mon tabouret. J'observe mon reflet, je me fais peur à moi-même en voyant les cernes qui entourent mes yeux. Heureusement que je n'aurais aucun mal à cacher ça avec mon maquillage. Si seulement ce fantôme n'apparaissait pas aussi tard dans la nuit j'arriverais peut être à mieux gérer la chose. Ou pas. Après tout j'ai quand même un homme qui apparait dans mon miroir ! Mais le manque de sommeil m'empêche de penser correctement. Poussée par un courage que je ne pensais pas avoir, je frappe trois petit coups au miroir et attends. Rien. Mais je n'ai pas envie de renoncer maintenant. Je deviens probablement folle, mais je frappe à nouveau trois fois. J'attends encore mais il n'y a toujours rien. Je me relève donc et attrape mes vêtements. Je suis dos au miroir quand j'enfile un tanga avant de laisser ma serviette tomber au sol.
J'entends un "Oh" de surprise d'une voix masculine qui me fait sursauter. Ma porte est fermée, ce n'est donc pas Luke. Je me retourne vers le miroir et aperçois le fantôme avec les mains sur les yeux. Bordel de merde ! Je couvre ma poitrine aussitôt de mon bras même s'il ne regarde pas. J'aurais bien crié de surprise mais je ne veux surtout pas que Luke débarque alors que je suis à moitié nue. Plus embarrassant tu meurs.
— N'enlèves surtout pas tes mains ! j'ordonne à l'homme dans le miroir sans même savoir s'il est toujours là ou s'il m'entend.
— Promis, j'entends sa voix suave répondre.
Cette voix me donne des frissons, elle est sexy et tellement ... Je délire, je fantasme sur la voix d'un fantôme, je pense sincèrement à me faire interner.
Je m'habille rapidement en chassant mes pensées. Plusieurs fois mon regard se porte vers la coiffeuse et je le vois, toujours les mains devant les yeux, et souriant. Les fantômes peuvent-ils être des pervers ? Je veux dire, est-ce que ça fonctionne toujours pour eux en bas ? Je secoue la tête en m'asseyant à nouveau, mes questions me font peur.
— Tu... tu peux en... enlever tes mains, je bégaye alors.
Il m'écoute et je peux enfin voir son visage de près. Et là c'est la claque. Ce mec est d'une beauté à couper le souffle. Je n'avais pas pu l'observer autant hier, j'étais trop loin et ma chambre n'était pas bien éclairée. Mais maintenant je suis complètement surprise. J'observe ses traits sans un mot et il a l'air de faire de même. J'arrive finalement à ses yeux, et je fais un léger bond en arrière en voyant leur couleur. J'ai dû les imaginer, ce n'est pas possible autrement. Je m'approche à nouveau et j'ancre mon regard dans le sien. Il a les yeux violets. Un magnifique violet qui rend son visage encore plus sexy qu'il ne l'est déjà. Soudain, alors qu'on continue à se fixer sans un mot, j'ai l'impression de voir une étincelle dans ses yeux et un son strident s'en suit. Je ne comprends pas vraiment d'où est-ce qu'il vient quand il finit par lever son poignet et le fixe. Une sorte de bracelet en argent y est accroché, il clignote d'une lumière blanche étrange et je comprends que le son vient également de là.
Il me regarde ensuite d'un air paniqué, puis regarde autour de lui. Il approche son poignet du miroir et la lumière du bracelet arrête de clignoter pour rester allumée puis passer à une couleur bleue.
— Ce n'est pas possible ! s'énerve-t-il contre son poignet.
Je me recule ne sachant pas ce qu'il se passe. Puis je l'entends répéter cette phrase plus doucement avant de me regarder à nouveau. Il finit ensuite par se lever sans un mot et tout ce que je vois à nouveau dans le miroir est mon propre reflet.
Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il vient de se passer, et je ne sais pas vraiment ce que je dois penser. Mais pourtant dans mon cerveau une seule chose semble tourner en boucle. J'ai beau tenté de réfuter cette idée incompréhensible, la même pensée revient sans cesse : ce n'est pas un fantôme. Je ne sais pas pourquoi je pense cela. Cela a pourtant l'air complètement logique. Mais la question est, si ce n'est pas un fantôme, qu'est-ce que c'est ? Et aussi, quand est-ce que je dois commencer à me faire soigner pour des hallucinations ?
Je n'essaie pas de refrapper contre le miroir. Je pense qu'une fois a suffit. Je n'ai pas vraiment envie de recommencer. Je finis donc de me préparer en espérant réellement qu'il ne va pas apparaitre en plein milieu de ma routine maquillage. Si je dois recommencer mon eye-liner par sa faute sa petite crise de colère ne sera rien comparée à la mienne.
— Violette, t'es prête, je peux rentrer ? demande mon frère après avoir toqué à la porte.
— Oui c'est bon, je réponds en attachant finalement mes cheveux.
Je me lève et enfile un gilet avant de faire une bise à mon frère.
— Tu étais au téléphone ? m'interroge Luke.
— Non pourquoi ?
— Je t'ai entendu parler.
Mes yeux s'écarquillent, quelle imbécile j'aurais dû répondre oui !
— C'était... une vidéo, voila je regardais une vidéo sur mon téléphone, je lance alors précipitamment.
Luke me regarde les sourcils relevés, il ne me croit pas. En même temps j'aurais pu trouver un meilleur mensonge, c'est ma voix qu'il a entendu pas une inconnue.
— J'étais bien au téléphone avec mon copain, je lui dis alors ensuite en espérant que cela passe mieux.
— Dès le matin tu parles à cet abruti et pourquoi tu m'as menti ?
— Tout simplement à cause de ta réaction, je soupire.
Il n'insiste pas ce qui m'arrange et finit par sortir de ma chambre. Je le suis jusqu'à l'entrée, il est l'heure d'y aller. Comme chaque matin, j'attrape mes affaires et embrasse mon frère avant de partir bosser. Avec un peu de chance je réussis à être suffisamment distraite toute la journée pour ne pas penser à ce qui s'est passé tout à l'heure.
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