Chapitre 3
Je me réveille encore légèrement fatiguée. J'ai eu du mal à me rendormir après que Luke ait quitté ma chambre la nuit dernière. Je guettais le moindre bruit, prête à courir chercher mon frère si cela se reproduisait. Mais il n'y a rien eu et j'ai fini par me rendormir.
Luke dort toujours quand j'entre dans la cuisine après avoir pris une longue douche pour me détendre. J'en profite pour préparer de la pâte à pancakes, et la laisse de côté pour le moment. Je les ferai quand il se réveillera. En attendant, je repars dans ma chambre pour finalement mettre en place ma coiffeuse. Je commence d'abord par nettoyer le miroir, avant de ranger mon maquillage méthodiquement dans les trois tiroirs. Puis je dépose les produits que j'utilise chaque jour sur le dessus. Je suis plutôt fière de moi une fois que j'ai terminé, et toujours aussi heureuse de ce cadeau. Je reste assise un long moment sans bouger, en observant seulement les dorures du miroir quand un bruit me fait sursauter.
Luke vient de frapper à ma porte pourtant ouverte et se marre en voyant ma réaction. Il l'a évidemment fait exprès, il se venge probablement sur le fait que je l'ai réveillé pour rien hier.
— Tu n'es vraiment pas drôle, dis-je alors en me relevant.
— J'aurais dû frapper contre la fenêtre, ça aurait été plus réaliste, ajoute-t-il. Pourquoi tu boîtes ?! s'inquiète-t-il ensuite quand je passe devant lui pour rejoindre la cuisine.
— Je me suis fais mal au genou en tombant hier, je lui explique en allumant la plaque pour réchauffer une poêle.
— Montre moi, m'ordonne-t-il.
Le grand frère protecteur est de retour. Dès qu'il s'agit de ma santé Luke s'inquiète toujours de trop. Il a commencé à être autant inquiet après la mort de notre père. Que cela aille d'une simple égratignure, à une grippe, en passant par un simple rhume, il devient aux petits soins pour moi et en fait trop. Mais j'ai appris à ne plus me plaindre ou me rebeller contre lui, car je sais que je perdrai contre lui et que je gagnerai simplement un Luke de mauvaise humeur et qui fait la tête pendant des heures.
Je m'assois donc sans protester et relève mon jogging. On est dimanche et la règle d'or de notre famille en ce jour est de rester décontracté. Luke tout comme moi, ne faisons pas d'effort vestimentaire ce jour là, et je ne prends même pas la peine de me maquiller.
Mon frère inspecte mon genou sous tous les angles, le touche et appuie légèrement dessus. Je tente de ne pas crier quand il appuie en plein sur le bleu qui commence à se former sur ma peau, mais il voit ma grimace et de l'inquiétude se lit sur son visage.
— C'est un simple bleu Luke, je tente de le rassurer. Je n'ai rien de cassé .
— Je vais chercher la crème, me répond-t-il alors en m'ignorant. Ne bouge pas.
Je ne l'écoute pas et me poste devant la gazinière pour préparer les pancakes. Evidemment quand il revient et qu'il me voit debout il n'est pas content. Il fronce les sourcils mais il ne dit rien quand il voit ce que je prépare. Acheter mon frère par de la nourriture fonctionnera toujours. Il s'accroupit donc devant moi et remonte à nouveau mon jogging pour m'appliquer la crème. Quand il est satisfait il la pose sur la table, avant de sortir deux assiettes et d'attendre que je finisse.
— La prochaine fois que tu as peur au milieu de la nuit et que tu veux me voir, tu m'appelles, ne cours pas dans la maison, me gronde-t-il comme une enfant. Je n'ai pas envie de devoir t'emmener à l'hôpital.
— Je n'ai pas eu peur, je mens alors.
Mon frère me regarde avec un sourire aux lèvres me signifiant qu'il ne me croit pas. Mais avant qu'il ne réplique je pose les pancakes sur la table et le sers. Il sera suffisamment distrait pour ne pas répondre. Et cela marche. Il ne me dit rien d'autre sur cette nuit et se contente de manger avec appétit.
Le reste de la journée se passe dans le salon. On regarde des films toute l'après midi. J'envoie quelques messages à mon petit ami, qui après seulement deux semaines ensemble n'est déjà pas content que je préfère passer mon dimanche avec mon frère plutôt qu'avec lui. Il va vite devoir se mettre dans la tête que ma famille passe avant tout, et surtout avant lui. J'ai longtemps regretté de ne pas avoir passé assez de temps avec mon père. Je ne referai pas la même erreur avec Luke. Si un malheur devait arriver, je sais que j'aurais profité de lui dès que j'en aurai eu l'occasion.
Je pars finalement me coucher en même temps que Luke. J'ai de l'appréhension quand je m'installe dans mon lit. Il est tôt mais si le bruit doit recommencer à la même heure alors je préfère récupérer autant de sommeil que possible. Mais le sommeil tarde à venir. Le vent souffle dehors et n'arrange pas mon état. Chaque petit bruit contre la fenêtre me fait sursauter et remonter la couette sur ma tête. Mais malgré ça je finis par m'endormir.
Je suis surprise sans vraiment l'être quand à presque une heure du matin je me fais réveiller. Il faut vraiment que je sache d'où vienne ce bruit ou bien je risque ne de plus jamais dormir tranquillement. Je me redresse donc et m'assois en tailleur sur mon lit à l'écoute. Je tremble et mon cœur bat à toute vitesse mais je refuse d'aller voir Luke, il finira par s'inquiéter pour ma santé mentale. Et pour le moment, je m'inquiète suffisamment seule.
Après quelques minutes, le coup retentit. Je ne bouge pas et attends de l'entendre à nouveau. Bizarrement après l'avoir encore entendu, je me rends compte qu'il n'a pas l'air de venir de la fenêtre en face du lit. C'est pourtant la seule dans ma chambre. Je tends donc l'oreille à l'attente du prochain coup et je sursaute quand je comprends qu'il provient plutôt d'à côté de mon lit. Je commence vraiment à paniquer. Le bruit ressemble vraiment à un coup porté à un carreau, mais c'est aussi le même son qu'un coup à un miroir pourrait produire...
Je me débats un moment avec ma couette avant de réussir à sortir du lit. J'allume ma lampe de chevet restée éteinte jusque là et me lève pour aller me poster devant ma coiffeuse. J'ose enfin regarder dans le miroir et me met finalement à crier comme une folle avant de reculer et de tomber sur les fesses.
Il y a quelqu'un dans le miroir, je suis sûre que je viens d'apercevoir une silhouette. J'entends Luke entrer en trombe dans ma chambre et paniquer quand il me voit à terre.
— Qu'est-ce qu'il se passe Violette ?!
— Le... le... là, je bégaye avant de montrer la coiffeuse du doigt.
Mais il n'y a plus rien. Le miroir reflète simplement la pièce, rien de plus. Tout à l'air normal.
— Il y avait quelqu'un, je finis par réussir à dire, dans le miroir, j'ai vu...
— Violette, tu as dû simplement faire un cauchemar. Tu manques de sommeil, il n'y a rien regarde, me dit-il en me relevant et me postant devant le miroir.
Notre réflexion. C'est ce que je vois, c'est tout. Pas de silhouette, juste mon frère et moi dans ma chambre. Mais je sais que ce n'était pas un cauchemar. J'étais bel et bien réveillée. Je penserais plutôt à une hallucination et cela ne me rassure pas plus. Je préfère ne rien dire à Luke et confirme la théorie du cauchemar.
— Je peux dormir avec toi ? je demande quand je réussis enfin à me calmer.
Il n'est pas question que je reste ici cette nuit, quitte à dormir dans le canapé je le ferai. Mais ma chambre est à bannir pour cette nuit.
— Evidemment, répond Luke en passant un bras autour de mes épaules, aller viens.
Je le suis sans prendre la peine de récupérer mon téléphone au passage. Je me lèverai grâce au réveil de mon frère. Je me couche donc dans le lit de Luke en tremblant encore légèrement et en repensant à l'image que j'ai vu dans le miroir. J'ai eu tellement peur que je n'ai pas eu le temps de vraiment voir à quoi pouvait ressembler la personne, et elle a disparu si vite quand j'ai hurlé que je n'ai pas pu regarder longuement de toute façon. Non pas que j'en avais envie.
Avant de réussir à m'endormir, je commence à penser que la coiffeuse est hantée. Je ne crois pas vraiment aux histoires de fantômes mais je sais que je n'ai pas imaginé ça. Ce serait bien ma veine que le meuble dont je rêve depuis des mois abrite un esprit ou je ne sais quoi. Pour moi si un fantôme devait vraiment être là dedans, je l'imaginerais être une femme, mais pourtant alors que je sombre dans le sommeil, l'image qui me revient n'a rien de féminin. C'était un homme qui était là. J'en suis persuadée.
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