Je rentre un peu avant minuit. Mes amis ont tenté de me faire rester plus longtemps et me faire boire plus que de raison, mais j'ai résisté et n'ai pris que deux cocktails en n'hésitant pas à boire un maximum d'eau entre chaque. La maison est plongée dans le noir quand j'arrive, signe que Luke m'a écouté et est parti se coucher sans m'attendre. Je m'éclaire donc de la lampe de mon téléphone pour éviter de le réveiller et pars rejoindre ma chambre. Mon frère a pris soin d'allumer ma lampe de chevet pour mon retour. Je suis heureuse en revoyant mon cadeau et m'approche de celui-ci pour y découvrir une feuille pliée avec quelques mots en manuscrit. Je la saisis et lis le mot laissé par mon frère.

"J'espère que tu t'es bien amusée. Je te vois demain soir. Je t'aime petite sœur."

Je souris avant de reposer le papier sur la coiffeuse tout en me promettant d'y installer mes produits demain quand je rentrerai du travail. Je me change rapidement avant de finalement m'effondrer sur mon lit, complètement exténuée. Je sais déjà que le réveil demain matin sera difficile. Je m'endors donc rapidement après avoir réglé mon alarme.

Peu de temps après m'être endormie,  un bruit étrange me réveille. Je ne comprends pas de suite que j'ai été réveillée à cause de ça, mais quand j'entends à nouveau le bruit, je me doute que je ne me suis pas réveillée naturellement. Je me redresse et attrape mon téléphone pour regarder l'heure, il n'est même pas une heure. À nouveau ce bruit et je sursaute. On dirait quelqu'un qui frappe à une fenêtre. J'ai beau avoir eu vingt deux ans, le moindre son durant la nuit me fout la trouille. Surtout quand on vit dans une maison de plein pied, où la fenêtre donne directement sur le jardin. Pourtant je sais que mes volets sont fermés, Luke s'en est chargé comme chaque soir. Un coup résonne encore et je sursaute à nouveau. Je peux penser que l'alcool ingurgité me joue des tours, mais je sais que je n'ai pas assez bu pour ça. Je me sens parfaitement lucide. Un nouveau coup. Et si c'était mon petit ami qui rentre seulement de soirée et qui veut rester ici ? Je regarde à nouveau mon téléphone. Si c'était lui il m'aurait  envoyé un message plutôt que d'insister au risque de se faire prendre par Luke. Encore un coup. Je ne suis pas assez bête pour aller ouvrir mon rideau et regarder à la fenêtre, j'ai vu suffisamment de films d'horreur pour savoir que c'est la pire des idées. Au cinquième coup, je deviens paranoïaque et commence à tellement avoir peur que j'en tremble. Je me recouche et m'enfouis sous ma couette en espérant camoufler le bruit. Je panique peut être pour rien, un insecte c'est probablement coincé entre le volet et la fenêtre et essaie désespérément de s'envoler. Mais alors un très gros insecte...

Cinq minutes après m'être cachée sous ma grande couette protectrice, je n'entends plus rien. Je sors ma tête lentement de dessous comme ci je m'attendais à voir quelque chose, ou quelqu'un, me sauter dessus quand elle dépasserait. Mais rien. Ma chambre est toujours vide, légèrement éclairée par toutes les étoiles fluorescentes accrochées au plafond. Le bruit ne se fait plus entendre et le silence règne. Simplement un insecte, je tente de me persuader. Ou bien je deviens simplement folle, au choix.

Après dix autres minutes à tendre l'oreille il n'y a toujours rien. Je finis donc par me recoucher correctement et à détendre mon corps qui, jusque là était crispé d'angoisse. Et je me rendors finalement sans aucun problème et sans me réveiller jusqu'à ce que mon téléphone sonne le matin, m'indiquant qu'après cette courte nuit, il est temps de se lever.

Luke est déjà parti quand j'entre dans la cuisine. Il part en même temps que moi d'habitude, mais il travaille dans une bijouterie et aujourd'hui il a été  désigné pour réceptionner une livraison importante. Je suis donc seule devant mon petit déjeuner à repenser à ce que j'ai entendu la nuit dernière. Je dois avouer que j'ai eu un instant de doute avant d'ouvrir mon rideau puis mes volets. J'ai eu peur de découvrir je ne sais quoi derrière. Mais il n'y avait rien d'anormal. Aucune trace d'un insecte ou d'un animal qui serait passé par là. J'en reviens à penser que j'ai imaginé ce bruit. L'alcool m'a peut être fait plus de mal que je ne le pensais après tout. En tout cas, je suis bien contente que ce soit passé. Je pars donc au boulot en tentant d'oublier mon délire, et de rester concentrée sur mon travail.

Il est dix huit heures quand je rentre. Luke est déjà là, assis sur le canapé à somnoler devant la télé. Je me rends facilement compte que sa journée a dû être éprouvante. Je m'assois à côté de lui, déposant au passage un baiser sur sa joue qu'il me rend sur la tempe.

—Tu as passé une bonne journée ? demande mon frère quand je pose ma tête sur son épaule.

— Meilleure que la tienne je suis sûre . Ça a été, toujours le même genre de clientes, je réponds avant de bâiller. Et toi ?

— Je n'ai pas arrêté de la journée, m'avoue-t-il comme je m'en doutais. Avec la saint Valentin qui arrive les clients indécis viennent de plus en plus nombreux. Il y aura encore des centaines de couples fiancés ce jour là.

— Et à peine la moitié qui iront jusqu'au bout, je réponds sûre  de moi.

— Et cette moitié qui finira divorcée, rajoute mon frère.

Nous ne sommes pas réellement branchés mariage dans la famille, l'histoire de nos parents nous a servi de leçon et vacciné à vie contre cette idée stupide qu'il est possible de pouvoir passer le reste de sa vie avec la même personne.

— Tu aurais dû rentrer plus tôt hier soir, me reproche ensuite Luke alors que j'étouffe un nouveau bâillement.

— Je ne suis pas rentrée tard. J'ai juste été réveillée par un bruit bizarre, j'explique alors.

— Quel bruit ? demande-t-il alors en se redressant et semblant inquiet.

— Quelque chose qui frappait à la fenêtre. C'est rien Luke, j'ai dû rêver ou bien c'était un insecte, j'explique sans y croire moi même.

— Ce n'était pas ton abruti de petit ami ?

Les grands esprits se rencontrent, il a eu la même idée que moi. Mais non ce n'était pas lui, je lui ai envoyé un message dans la journée pour en avoir le cœur net. Il a passé presque toute la nuit en boîte, ce n'était donc pas lui. J'explique donc à Luke que ça ne pouvait pas être lui, en insistant au passage que ce n'est pas un abruti.

— Tu as abusé de l'alcool ? demande-t-il alors ensuite.

— Non j'étais sobre. Oublie ça, je te l'ai dis, j'ai dû rêver.

Sur ce, je finis par me lever et pars préparer à dîner.

Malgré le fait qu'on soit samedi soir, la fatigue m'oblige à aller me coucher tôt. Je n'ai pas la force de rester dans le salon avec Luke pour regarder un film, ou même d'installer mes produits sur la coiffeuse. J'ai d'ailleurs à peine posé la tête sur l'oreiller depuis cinq minutes que je m'endors déjà.

Je me réveille en sursaut et m'assois dans mon lit. Ce bruit encore. Mon téléphone m'indique la même heure qu'il était hier quand cela à commencé. Un peu moins d'une heure. Est-ce que j'ai rêvé ? J'y ai tellement pensé aujourd'hui que mon imagination me joue surement des tours. Mais alors que je décide de me recoucher, je l'entends encore. Cette fois-ci je n'attends pas sous ma couette que cela passe. Je me jette hors de mon lit en vitesse et pars rejoindre Luke dans sa chambre. J'arrive tellement rapidement que je me cogne contre sa porte et glisse par terre ce qui le réveille sans ménagement. Sa lampe de chevet s'allume et il cherche du regard la cause du bruit, il est à moitié endormi mais je vois qu'il hésite entre rire de me voir étalée par terre, ou bien s'inquiéter de me voir dans sa chambre en plein milieu de la nuit.

— Qu'est-ce qu'il se passe Violette ? demande-t-il finalement en se levant pour m'aider à me redresser.

J'ai mal au genou mais je n'y fais pas attention. J'ai plus peur qu'autre chose.

— Le bruit recommence, je réponds alors la voix tremblante.

Luke part alors sans un mot vers ma chambre et je le suis un peu plus rassurée qu'il soit là. Il entre ensuite et me fais signe de me taire avec son index contre sa bouche. Á part ma respiration laborieuse, il n'y a pas un bruit. Luke se tourne vers moi les sourcils relevés. Je ne suis pas folle, je l'ai entendu, deux fois.

— D'où est-ce que ça venait ? finit-il par demander.

— De la fenêtre je pense. Je te l'ai dit, c'est comme ci quelque chose tapait contre une vitre.

Mon frère se dirige alors vers la fenêtre et je commence à nouveau à trembler. Il ouvre d'abord le rideau et inspecte le carreau à la recherche de je ne sais quoi. J'ose regarder par-dessus son épaule mais je ne vois rien. Il finit par ouvrir la fenêtre puis les volets et regarde dehors. Le jardin est plongé dans le noir et il est complètement silencieux. Cela me donne la chair de poule, autant il peut être accueillant en pleine journée, mais c'est totalement différent une fois que la nuit est tombée.

— Il n'y a rien du tout petite sœur, finit par me dire Luke après avoir tout refermé. Tu as dû rêver, il faut que tu dormes.

— Tu as sûrement raison, je réponds peu convaincue.

J'étais réveillée quand j'ai entendu le deuxième coup, j'en suis sûre. Je ne l'ai pas imaginé.