Chapitre 16
Je suis réveillée par des coups au miroir. J'ai un sentiment de déjà-vu. Sauf que cette fois je n'ai pas peur, je sais très bien d'où cela vient, et je sais surtout de qui cela vient. J'ouvre les yeux lentement mais ne bouge pas du lit. J'hésite, je ne sais pas si je dois l'ignorer ou bien lui parler. Je devrais peut-être attendre demain d'avoir les idées un peu plus claires. J'aurais bien besoin d'une nuit complète sans penser à lui, même si je suis presque sûre qu'il occupe aussi tous mes rêves.
— Violette, chuchote Shaan.
Je reste allongée sans bouger, je vais faire semblant de dormir. Il n'oserait quand même pas insister jusqu'à me réveiller ?
— Je sais que tu ne dors plus, tu as arrêté de ronfler, continue-t-il.
— Je ne ronfle pas ! je m'exclame aussitôt la voix toujours un peu endormie.
Je l'entends rire pendant que je me redresse finalement, impossible de faire semblant après ça. Je prends mon téléphone afin de regarder l'heure, une heure du matin, heureusement que je ne travaille pas demain. Je me lève finalement et m'installe devant le miroir sans prendre la peine de me demander à quoi je ressemble, mes cheveux doivent sûrement donner l'impression que j'ai un nid d'oiseau sur la tête mais ce n'est pas grave.
— C'est vrai tu ne ronfles pas, me confirme Shaan quand je suis devant lui et que j'étouffe un bâillement, mais je savais que ça te ferait réagir, sourit-il.
Je m'en veux de m'être faite avoir aussi facilement, mais il me fait sourire aussi. Je sais que j'aurais cédé de toute façon et en très peu de temps. Je me rends bien compte que l'ignorer devient simplement impossible pour moi.
— Qu'est-ce que tu me veux à cette heure-ci ? je demande ne m'encombrant pas de banalités.
— Je pense que tu t'en doutes, répond-t-il simplement. Notre conversation a été écourtée, je ne pouvais pas attendre demain. Je t'ai avoué que tu es mon âme sœur Violette, et tu t'es enfuie dès que tu as pu. Si tu ne veux pas tenter de toucher le miroir cette nuit d'accord, je comprends, mais je veux vraiment que tu me parles.
S'il ne veut que parler ça me va. Pas de tentative de toucher ce soir, je suis donc légèrement soulagée. Même si je sais qu'il n'abandonnera pas cette idée de sitôt, j'ai encore un peu de temps devant moi avant de trouver une raison pour laquelle refuser d'essayer. Et je pense que s'il n'insiste pas maintenant c'est qu'il n'a pas dû sentir la chaleur de ma peau, et ça c'est une très bonne nouvelle.
— Je pensais t'avoir tout dit. C'est impossible, je réponds finalement.
Il soupire et ne répond pas tout de suite. Je crois bien que ce n'est pas la réponse qu'il attendait. Mais je ne sais pas ce que je pourrais dire d'autre, la seule chose à laquelle je pense est l'impossibilité d'une relation entre nous.
— Si mon bracelet s'est déclenché c'est que c'est possible.
C'est à mon tour de soupirer, encore cette histoire de bracelet. Qu'est-ce que je pourrais dire contre ça ? S'il est persuadé que c'est moi alors je ne pourrai pas le faire changer d'avis. Dans son monde ça à l'air beaucoup trop important pour être ignoré.
— Mais je n'ai pas de bracelet moi, je lance finalement. Comment tu veux que ça soit possible pour moi ? Comment je pourrais croire que toi, l'homme que j'ai rencontré il y a à peine deux semaines, tu sois l'homme de ma vie, ma soi-disant âme sœur, alors que je ne crois même pas en l'amour ?
— Je t'aiderai à y croire. Je te prouverai que cela existe. Tu dois juste me faire confiance.
Je comprends rapidement qu'il aura réponse à tout. Il ne cédera pas, j'en suis certaine. Et en attendant je ne sais plus quoi faire. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il ne voit pas toutes les difficultés dans lesquelles il veut nous embarquer.
— Même si je te fais confiance Shaan, tu ne vois pas qu'on souffrira tous les deux ? Si l'on vit chacun de notre côté, sans jamais pouvoir se toucher, ou même sans pouvoir se parler en dehors de nos chambres, ce ne sera pas une vraie relation. Et si je meurs d'une maladie ou d'un accident disons dans deux semaines, alors quoi tu mourras aussi ? Alors que tu pourrais vivre encore deux cents ans ! Ce n'est pas possible, c'est à toi de me croire, je conclus finalement.
— Mais Violette, ce que tu n'as pas l'air de comprendre c'est que je ne peux rien y faire. C'est toi, ce sera toujours toi et personne d'autre. Même si je devais y renoncer, si tu refusais de me laisser t'aimer, ça ne changerait rien. Que tu décides d'y croire ou que tu choisisses de renoncer à me parler, je mourrais en même temps que toi. Je n'aurais pas d'autre choix. Et je n'en voudrais aucun autre.
Je reste sans voix. Je me doutais qu'il n'avait pas le choix, mais pas de là à penser que c'était sans issue pour lui. Il n'a pas le choix de m'aimer, il n'aura jamais le droit d'avoir des sentiments pour une autre femme, c'est horrible. J'ai l'impression qu'il pense m'aimer par dépit. Comme une obligation. En réalité on pourrait ne jamais s'entendre, se détester ou n'avoir absolument aucun point en commun, il devra quand même m'aimer. Ce n'est pas normal.
— Tu ne m'aimes pas, je lance finalement. Tu ne peux pas. Tu crois simplement le devoir à cause de ton bracelet c'est tout.
— Je n'ai jamais dit que je t'aimais Violette. Ne commence pas à prendre peur, je sais très bien à quoi tu penses. Je reconnais tes sentiments sur ton visage. Tu sais quand des âmes sœurs se rencontrent ici, ils ne se sautent pas dessus dans la seconde. C'est la première fois qu'ils se rencontrent, alors ils font connaissance. Ils ont des rendez-vous, apprennent à se connaître, et ils tombent petit à petit amoureux. Tous les couples s'aiment ici, je t'assure que personne ne fait semblant. Je ne ferai jamais semblant, conclut-il en approchant sa main du miroir.
Ma respiration se coupe. J'ai peur pendant une seconde que sa main traverse cette fois, mais heureusement elle se pose à nouveau sans arriver de mon côté.
— Mais moi je ne suis pas de ton monde, ça sera peut-être différent qui sait ? je réponds après avoir repris ma respiration normalement.
Il essaie de me rassurer avec ses mots mais je n'y crois pas. Ça ne m'étonnerait pas qu'on soit le seul couple de son monde à se détester au point de se faire la guerre. Au moins j'aurais un avantage si je ne veux pas le voir, c'est que je n'aurais simplement plus à aller dans ma chambre. Ou me débarrasser de cette coiffeuse, au choix.
— Les bracelets ne se trompent jamais. Même si tu es d'un monde différent, ça ne change rien. Il faut que tu me fasses confiance, c'est comme ça que ça marchera, dit-il en souriant.
Mon sourire à moi reste coincé au fond de ma gorge. Je ne sais absolument plus quoi faire. Je pourrais tenter de le convaincre que c'est une erreur. Ou bien je pourrais le laisser me convaincre que c'est possible... Sa main est toujours posée sur le miroir. Je la fixe un moment et j'hésite. Peut-être que si je le touche vraiment il pourra traverser. Je me demande déjà comment il ferait pour passer à travers. Et rien que de l'imaginer j'ai envie de rire, mais je me ressaisis vite. Il a vu que je fixais sa main, et même si je me doute qu'il a envie de me supplier de poser la mienne, il ne dit rien. Je suis sûre qu'il ne veut pas me brusquer.
— Violette qu'est-ce qu'il se passe ? j'entends soudainement derrière moi.
Je sursaute avant de me retourner vers ma porte. Puis à nouveau vers Shaan qui est toujours là, et qui a l'air aussi surpris que moi.
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