Chapitre 11

Je ne l'ai pas revu de la nuit, il n'a pas essayé de frapper, j'ai donc dormi sans aucune interruption. Quand je suis allée me coucher j'ai volontairement omis de déverrouiller ma porte. Ce qui je pense a dû énerver un peu plus Luke, je l'ai entendu tenter de rentrer dans ma chambre avant qu'il n'aille se coucher. Quand il a vu que c'était fermé je l'ai entendu soupirer, mais il n'a pas insisté. Ça m'a fait de la peine, mais qu'il ne m'ait rien dit sur sa petite amie m'en a fait tout autant, alors je n'ai pas cédé.

J'ai du mal à sortir de mon lit ce matin, je ne suis pas fatiguée bien au contraire, mais j'ai juste peur d'avoir une conversation avec mon frère. J'ai envie de sortir, de le serrer dans mes bras, et oublier tout ça, mais ça ne marchera pas. J'ai un mauvais pressentiment, je sens qu'il va me dire des choses qui ne me plairont pas. M'avouer avoir une copine hier n'était que le commencement, j'en suis sûre.

J'essaie donc de sortir le plus doucement possible, sans faire de bruit, et pars directement dans la salle de bain prendre ma douche. Je ne croise pas Luke qui doit sans doute être dans la cuisine. Je m'habille ensuite rapidement dans ma chambre, faisant en sorte de ne jamais être devant le miroir, des fois que mon voyeur apparaisse sans prévenir. Mais j'ai beau penser à lui, il n'est pas venu, soit il ne pense pas à moi, soit il n'est pas dans sa chambre et m'évite.

J'ai pris mon temps pour me préparer afin de ne pas rejoindre mon frère trop vite. Je serais d'ailleurs bien partie en douce au travail pour l'éviter jusqu'au bout. Mais c'est sans compter sur la perspicacité de Luke qui sait très bien ce dont je suis capable. Quand j'ouvre la porte de ma chambre, je sursaute avant de poser la main sur mon cœur en découvrant mon frère appuyé, bras croisés, sur le mur en face de ma porte. Si je suis folle au moins je suis sûre que je n'ai pas de problème cardiaque, avec toutes les peurs que j'ai depuis une semaine, je suis toujours vivante.

Je n'ai le temps de rien faire qu'il se précipite déjà sur moi pour me serrer dans ses bras. Ce n'est pas vraiment la réaction que j'attendais, mais je me détends dans ses bras et lui rends finalement son étreinte.

Je suis quand même la première à briser notre étreinte, ce qui déplaît visiblement à mon frère qui tente de me garder contre lui.

— On peut parler maintenant ? demande-t-il alors que je pars prendre mon petit déjeuner.

La table vide me montre qu'il n'a toujours pas mangé, chose rare, il doit vraiment être mal.

— On ne peut pas en parler ce soir ? je demande alors à mon tour. Je n'ai pas beaucoup de temps avant de devoir y aller et toi non plus.

Il soupire mais accepte. Même si je suis plus enclin à lui parler que la veille, je n'ai pas envie de précipiter la conversation ou nous mettre en retard. Et je n'ai surtout pas envie de penser toute la journée à ce qu'il m'aura avoué. Si je reste dans le doute je me sentirai mieux et pourrai toujours m'imaginer que je peux encore le sauver de cette sorcière.

Je m'assois à table, mon petit déjeuner devant moi, Luke ne me lâche pas du regard et cela a le don de me stresser. Il m'observe sans dire un mot ou faire un geste. Il me fait vraiment flipper.

— Arrête de me regarder comme ça ! je crie finalement.

Il sursaute, tant mieux ça lui apprendra. Je continue ensuite de manger comme si rien ne venait de se passer. Mais malheureusement, remis de son étonnement, Luke recommence immédiatement à me fixer.

— D'accord parle, je cède finalement.

— Tu m'en veux ? commence-t-il par m'interroger.

— Oui, je réponds sans en dire plus.

Ma réponse est claire comme ça, et ça ne lui plaît pas. Il soupire même s'il devait forcément s'en douter.

— J'aimerais vraiment que tu la rencontres ce soir, ose-t-il ensuite me dire.

La cuillère que je tenais tombe bruyamment dans mon bol. Je dois encore être en train de dormir et de rêver, il n'y a pas d'autre explication.

— J'ai appris son existence hier, et que tu es avec elle depuis plus d'un an et tu oses vraiment me dire que tu veux que je la rencontre ? C'est pour ça que tu voulais à tout prix me parler ce matin ? Elle viendra dans tous les cas pas vrai ?

Il baisse la tête l'air coupable. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il est si pressé soudainement.

— Ça fait un moment qu'elle veut te rencontrer. Et elle commençait à penser que j'avais honte d'elle puisque je refusais à chaque fois. Mais cette fois-ci elle m'a lancé un ultimatum.

— Lequel ?

— Elle me quitterait si je refusais.

— Tu aurais dû refuser alors ! je lance donc sans me gêner.

— Violette ! me réprimande-t-il.

— Luke ! je réponds de la même façon.

— Je tiens à elle, m'avoue-t-il alors en prenant ma main. Autant que je tiens à toi, je l'aime vraiment et je veux que tu la rencontres, parce que je compte bien passer ma vie avec elle.

Son aveu me trouble, passer sa vie avec elle ? Il en est vraiment à penser ça ? Tous ses discours sur l'amour qui n'existe pas qu'il me sortait chaque fois, me reviennent en mémoire. Comment est-ce qu'il a pu changer comme ça ? Je me lève finalement de table et la contourne pour me poster à côté de lui, puis je pose une main sur son front ce qui le surprend.

— Qu'est-ce que tu fais ? m'interroge-t-il sans comprendre.

— Je vérifie que tu n'as pas de fièvre ! Tu es tombé ou t'es cogné la tête récemment ?

Ça expliquerait tellement de choses après tout. Mais malheureusement sa température ne semble pas élevée.

— Violette... soupire-t-il. S'il te plait, fais ça pour moi et on en parlera d'avantage plus tard.

— J'inviterai mon petit ami ce soir aussi alors.

— Ah non ! s'énerve-t-il. Il était déjà là hier soir en plus.

— C'est donnant-donnant ! Soit il vient, soit moi je vais chez lui, et ta sorcière ne me verra pas, donc te laissera tomber ! Et pour ta gouverne j'étais seule hier soir.

— Ne l'appelle pas sorcière s'il te plaît. Et avec qui tu parlais dans ce cas ?

— Mon miroir ! je réponds sans même tenter de mentir.

Il ne me croira pas de toute façon. Son expression me le prouve. Mais il ne répond pas, cette conversation le fatigue autant que moi j'en suis sûre.

— Rassure moi tu n'envisages quand même pas de lui demander de t'épouser à la saint Valentin ? je demande inquiète.

Il a l'air bien trop sérieux avec cette relation et je crains qu'il n'ait envisagé cette possibilité. Et si c'est le cas c'est moi qui le ferai interner pour démence.

— Non, bien sûr que non !

Bon cela me rassure, il n'a pas encore totalement perdu l'esprit et j'ai encore une chance de sauver mon frère...

— Pas à la saint Valentin, précise-t-il ensuite.

Et non, il est foutu !

Je pars sans un autre mot au boulot, si je lui réponds quelque chose la conversation va vite s'envenimer. Il a décidé de l'épouser, après l'exemple de nos parents qui se sont déchirés, il envisage de le faire à son tour. J'avais raison quand je pensais qu'il allait m'abandonner. Il ne faut pas être Einstein pour comprendre que s'il l'épouse il va vivre avec elle, et je serai de trop dans l'équation. Soit il déménagera et me laissera seule dans cette maison et je n'aurai pas les moyens de payer les factures seule, soit sa copine emménagera ici, et c'est moi qui devrai partir. Dans tous les cas il m'abandonne.

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