Chapitre 47

GRANDE NOUVELLE ...

J'ai enfin fini Derrière le masque !! 🎊

Après bientôt un an dessus, que d'émotions pour cette fin🥺 (encore une dizaine de chapitres)... Mais quel soulagement !

Et bonne chose pour vous puisque le rythme de publication augmente à deux chapitres par semaine ! (sauf contretemps)

Jours : Mercredis et dimanches

Lecteurs fantômes ou commentateurs, un million de merci pour votre fidélité !

 

Chris trépigne d'un pied à l'autre, les yeux rivés sur son téléphone, lorsqu'ils ne sont pas figés sur le patron.

Mei se rapproche de Zhan, inquiète. Ce qu'ils espèrent tous deux, à présent, c'est de rentrer chez eux au plus vite et sans encombre.

— La voiture.

— Dans une minute, Tao...

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

— Une minute... Trop long.

Chris déglutit. Zhan l'imite. Sur les talons des trois hommes, il rassure Mei, tremblante, grâce à un sourire confiant, un bras enroulé autour d'elle. Dehors, ils se postent en attente, près de l'entrée. L'avenue est bien éclairée et de nombreuses voitures y passent toujours, mais dans ce monde parallèle qui vit au-dessus des lois – et les crée – aucune lumière ne saurait être assez sécurisante.

Plus alarmant désormais pour Zhan, Mei le fixe avec une insistance étrange, en pleine stupéfaction. Lorsqu'elle fait un pas de côté, il comprend. Ses phéromones naturelles. Face à la moue choquée de la jeune femme, il détourne le regard et s'écarte, non sans honte. Une personne de plus va pouvoir l'accabler ; il s'y prépare déjà, et se refroidit.

Elle pose sa petite main sur son bras et, contre toute attente, le gratifie d'une compassion nouvelle. Sa souffrance et le passé de ses véritables embûches lui étant désormais révélés. Et qui de mieux qu'une femme pour comprendre le calvaire d'un corps vulnérable... Leur combat s'avère maintenant le même.

Mei n'est pas la seule à sentir le changement. La transition opère sous les narines des trois hommes. Ils se retournent vers l'acteur. L'oreille basse, Zhan se sent plus qu'idiot, en pareille situation.

— N'avez-vous pas pris vos médicaments ? l'interroge Tao sur un ton de semi-reproche.

— Je prends ma dose du soir à horaire fixe, Monsieur, vingt-trois heures.

À la montre de Chris, les vingt-trois heures sont passées depuis un bon moment.

— Et où est-elle, cette dose ?

— Je n'ai pas pu prendre d'affaires avec moi, selon vos ordres.

De coutume, cet ajustement phéromonal aurait plus amusé Tao qu'autre chose, mais en ce moment, un rien devient source d'irritation. Une irritation palpable dans l'air.

— Bien, maugrée Tao. Vous ne pourrez donc pas rentrer seul. Mademoiselle Wen, vous allez prendre le premier taxi qui...

Un coup de feu siffle non loin de leurs têtes. Le second percute l'épaule du garde du corps qui se trouve près de Zhan. Le même groupe d'Américains se plante devant eux. Son révolver brandi, le grand blond affiche une moue rieuse.

— Je ne te pensais pas si lâche, mon vieux.

— Ah ? Pourtant, tu sais que je ne cède jamais un caprice à un stupide enfant gâté.

Tao fait quelques pas vers lui, à mille lieues d'être impressionné. Aucun homme censé n'oserait jamais se frotter à lui, aussi puissant soit-il. L'Américain le dévisage en silence, lit dans ses yeux sa sérénité. Tao est intouchable. Invincible.

Le blond fait un signe de tête à l'un de ses chiens de garde.

— Il faut que je te vole tes joujoux pour me faire entendre ?

— Ha ! James, tu sais ce qui arrive à ceux qui ont l'audace de toucher à mes affaires, s'esclaffe Tao.

Piqué au vif par son arrogante suprématie, supérieure, l'Américain troque son Colt contre un couteau cranté et s'en va rôder autour du petit groupe. Avec une sournoiserie amère, il fait passer l'arme entre ses doigts joueurs. Sa frustration grandit.

Zhan serre Mei contre lui et pose une main sur sa tête en gage de protection.

— Bien, bien... ricane James en continuant sa ronde autour d'eux. Je vais devoir faire intervenir d'autres personnes, des gens qui sauront t'isoler...

Sur ses mots, il saisit au cou le bodyguard de son rival, le retourne et, avec une satisfaction maligne, lui tranche la gorge d'un geste vif. Le sang gicle. L'homme s'effondre aux pieds de Zhan, les mains agrippées à son cou. Ses gargarismes étranglés se mêlent aux soubresauts de son corps. Palpant sa plaie béante, il fige un regard livide dans celui de l'acteur. Le cœur de Zhan rate un battement. Son étreinte autour de sa camarade se resserre sans qu'il ne s'en aperçoive durant cet échange visuel ; long chemin de mort. Agonie furtive, mais éternité dans son horreur. Puis les derniers spasmes s'estompent et la pâleur l'emporte. Incapable de se détacher de ses yeux, Zhan réalise à peine lorsque l'attention se reporte sur eux.

— Je me fiche de savoir si tu les contrôles, moi, je les connais pas ! Cette fille, m'a vu. Et lui aussi.

L'expression de Tao se noircit, soudain très sérieuse. Il s'en retourne vers ses propriétés, rigidifiées par la peur.

— Lui, c'est non.

— Tao ! Il a vu...

— Ça m'est égal. La fille ne vaut que son physique mais lui, il est beaucoup trop important. C'est hors de question.

— Très bien, alors ce sera elle.

La main de James se referme sur le bras de Mei. Dès qu'elle s'agrippe à son protecteur en pleurant, ce dernier revient à la réalité. Il cramponne fermement la jeune femme et recule d'un pas.

Tao ouvre sur lui un regard exorbité.

— On peut savoir ce que vous faites ?

Dans les faits, Zhan lui-même n'en sait rien. Son corps agit, c'est tout ce dont il a conscience.

Il déplace Mei à l'arrière et celle-ci se blottit dans son dos. La seule chose dont il est sûr est qu'il ne pourra pas la laisser mourir. Raidi tant par la peur que par son choix, il demeure droit comme un i, le cœur battant à tout rompre.

James s'avance vers lui, sa lame carminée brandie devant l'acteur comme s'il agitait un index songeur.

— Vous seul êtes important apparemment, cher Monsieur, sourit-il avec complaisance. Mais elle, elle ne vaut rien. Permettez donc que...

— Non.

— Pardon ? ... Non ?!

— Monsieur Xiao ! tonne Tao. Êtes-vous devenu suicidaire ?

Pétrifié par ces fous assassins, habitués au sang, Zhan s'efforce d'articuler clairement, entre deux battements de cœur emballé.

— Non. Si... si vous voulez la tuer elle...

— ... Il faudra vous tuer vous ?

Aussi déterminé qu'épouvanté par sa propre conviction, Zhan reste malgré tout en travers de la route de l'Américain. Cette mise au défi effrontée titille les nerfs du chef de gang.

— Eh bien, eh bien... dit-il en s'approchant du visage de l'acteur. N'ai-je donc pas d'autre choix que d'obéir ?

— James ! reprend Tao.

Les yeux du nommé se plissent, sa mâchoire se serre. Mauvais, il lève sa lame encore ruisselante et l'essuie sur la joue de Zhan avec un sourire narquois.

— Les héros terminent souvent six pieds sous terre, Monsieur Xiao... murmure-t-il à son oreille.

Ses lèvres se retroussent de toute son amertume, tandis qu'il recule avec lenteur. Puis il fait volte-face. À son claquement de doigts, ses hommes sont à ses ordres, déjà en train de décamper dans leurs fourgons blindés aux plaques U.S. Enfin, le calme revient ; à peine croyable.

Les mains dans les poches, Tao vient se planter devant Zhan, toujours hagard. Il le dévisage avec une moue stupéfiée tout en hochant doucement la tête.

— Vous, vous êtes un sacré phénomène...

Il s'allume une cigarette, nonchalant, et fait signe à Mei de quitter son protecteur.

— Très chère, remerciez votre sauveur et prenez votre taxi, dit-il en désignant le véhicule que Chris vient d'arrêter pour elle. A partir d'aujourd'hui, vous pourrez chérir votre vie.

En la voyant frissonner sous la morsure du froid, Zhan retire à nouveau sa veste pour l'enrouler dans sa chaleur. Les deux échangent un regard silencieux, lourds de mots. Elle finit par se jeter à son cou, en larmes, avant de courir s'enfermer dans le taxi.

— Bien, mon cher conducteur se décide enfin à se montrer après dix minutes, dix minutes qui lui vaudront ses dix doigts. Ou peut-être qu'un, si je ne trouve pas un nouveau chauffeur assez rapidement. Bah ! Peu importe, dit-il en balayant l'air d'un geste de main désinvolte. Voici vos affaires, Monsieur Xiao.

Chris se charge de récupérer sa petite sacoche Gucci et la tend à Zhan, qui la pince mécaniquement entre ses mains. Pressé de rentrer, Tao se retire dans sa berline noire et baisse la vitre juste assez pour laisser paraître une moitié de visage.

— Rentrez par vos propres moyens. Chris veillera sur vous en attendant, dit-il alors qu'il fait déjà signe à son chauffeur de démarrer. Bonne nuit, Monsieur Xiao.

L'Audi est déjà partie, mais Zhan est toujours rigide, ancré au sol. Sa sacoche lui glisse des doigts, Chris la récupère aussitôt.

— Tu veux rentrer chez toi ?

Sans réponse de sa part, il déniche dans son petit sac son téléphone et lui tend pour l'inviter à l'utiliser.

— Xiao Zhan ? murmure-t-il en haussant un sourcil.

Se sentant défaillir, Zhan part s'appuyer contre le mur et ôte son loup pailleté. Comme pour nier toute cette soirée, il le jette loin de lui d'un geste nerveux. Lorsque son regard se pose à nouveau sur le visage blême du macchabée, sur sa gorge baignée de sang, il s'effondre le long du mur.

Chris s'accroupit devant lui pour tenter de capter son attention, perdue dans le vide.

— Ne le regarde pas, tu te fais du mal pour rien.

Le mal... le mal a tué cet homme... Le mal est toujours dans ses yeux...

— Xiao Zhan...

Lorsque la bouche de Chris effleure la sienne, il ne faut qu'un instant à Zhan pour réémerger. Sa main s'aplatit sur sa joue avec force.

— Non, mais ça va pas bien ?! C'est quoi ton problème ?!

— Ça y est, t'es à nouveau là ?

Les lèvres de Zhan se mettent à trembler. Il bat des paupières à plusieurs reprises avant de pousser Chris. Ce dernier se laisse tomber à côté de lui en soupirant. Le personnel de l'hôtel se débarrasse déjà du corps de la victime comme d'un vulgaire sac à ordures.

Révolté par un sentiment d'injustice intolérable, l'acteur tente de se lever. Chris le maintient assis de force.

— T'es dur à déconnecter, toi.

— Cet homme, où l'emmenez-vous ?! Il a sûrement une famille ! s'écrie Zhan.

— Non, rétorque Chris. C'est un ancien des forces spéciales, il a toujours vécu seul et il a perdu sa fille l'an dernier. Il ne manquera à personne.

Choqué par cette ultime offense, Zhan ancre ses deux amandes accusatrices sur Chris avec horreur.

— Comment peux-tu être aussi odieux... Donc, on doit se foutre de sa mort parce que personne ne le pleurera ?! Putain de...

Il le bouscule avec violence, la gorge nouée par un sanglot, et décide de continuer à s'acharner sur lui en martelant son torse par les poings.

— Vous êtes tous aussi écœurants les uns que les autres ! Cet homme s'est fait assassiner, je l'ai vu mourir ! J'ai vu sa peur ! J'ai tout vu ! Il ne méritait pas ça ! Cet homme ne méritait pas ça !

— Non, c'est vrai.

Après une pluie de coups de plus en plus fébriles, Chris attire Zhan contre sa poitrine et celui-ci fond en larmes. Sa gorge ne cesse de s'ouvrir sous ses paupières closes. Son sang jaillit dans ses pensées, ses yeux horrifiés le supplient.

— Tu n'aurais pas dû assister à ça... murmure son gardien. Je suis désolé.

— Vous êtes tous des assassins...

Étouffé dans ses sanglots, Zhan se dégage des bras de Chris et enfouit son visage entre ses coudes, replié contre ses genoux.

— Xiao Zhan, appelle ton mec, recommande-t-il en lui tendant son téléphone.

Yibo. Oui, il doit parler à Yibo. Il doit le voir, peu importe le temps de route qui les sépare.

Il se lève, lui arrache son smartphone des mains et le colle à son oreille, le cœur au bord de ses lèvres tremblantes.

— Bo Di !

Son regard humide se brise dès l'instant où, au bout du fil, des voix essoufflées rompent le silence.

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