Chapitre 38
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Les journées s'empilent. Et les centaines de kilomètres qui sépare les deux garçons accentuent le manque, jour après jour.
— Wang Yibo ! Si tu tiens à gérer ce concours, il faudrait peut-être que tu penses à te concentrer.
— Putain, tu crois que c'est pas ce que je fais ?
— Ça crève pas les yeux, non. T'as besoin de ce foutu contrat, en ce moment. Alors remue-toi un peu ! C'est pas ton genre de traîner, pourtant.
Adossé contre le miroir de la salle de répétition, Yibo quitte la pièce sur un coup de tête, les yeux rivés sur son téléphone.
— Eh ! On peut savoir où tu vas ?! Non mais sans rire !
— J'reviens. Ne me suis pas !
— Putain, ce gosse me...
La porte étouffe la suite. Dans le couloir, Yibo fait les cents pas.
— Oui ?
— Ge ! Putain, tu me réponds enfin !
— Excuse-moi, j'étais... j'étais occupé.
— Arrête, on a la même vie...
Zhan laisse échapper un bref soupir, piqué.
— J'peux savoir pourquoi tu m'ignores, tout à coup ? T'es plus froid qu'une porte de prison.
Le silence pesant que son ami garde fait monter Yibo en pression.
— Xiao Zhan !
— Wang Yibo ! Tu veux que j'te dises quoi ?!
— Je sais pas, « J'veux plus de toi », « t'es trop loin », « t'es qu'un con », mais au moins une explication !
— Lao Wang, tu vas me rendre fou...
— Wow ! J'crois rêver. Tu sais quoi, j'ai l'impression que l'un d'entre nous n'assume déjà plus ses promesses.
— Tu insinues quoi, là ?
— Que maintenant que la distance nous sépare et qu'on va se retrouver seuls souvent, tu te défiles.
Zhan n'en croit pas ses oreilles. Ses doigts s'agrippent au téléphone, à défaut de pouvoir étrangler son interlocuteur.
— Est-ce que tu t'entends ? Non mais est-ce que tu entends ce que tu dis ? C'est vraiment gamin...
— Ouais, c'est ça. Un gamin qui a plus de couilles que le plus vieux.
— O.K. Bonne soirée.
L'écran se rallume, la discussion est close. Yibo reste ahuri. Il relance aussitôt un appel puis raccroche avant que la tonalité ne retentisse. Non, il ne rappellera pas. Il a tout de même sa fierté. Si son compagnon désire garder ses distances et encore faire des secrets, qu'il le fasse.
Il maugrée dans sa barbe et balance sa casquette au sol pour se tirer les cheveux.
— Putain de... Bordel de merde !
Son pied fracasse le mur.
Il y a une raison qui lui échappe et Zhan le laisse en dehors de l'affaire. Un manque de confiance évident...
Son poing élancé s'arrête à quelques centimètres du crépi ; ses phalanges ne sont pas prêtes à resouffrir aussi tôt.
Il lui a pourtant parlé de son passé, de son besoin vital de le protéger qui le ronge et l'obnubile. Il doit être présent, pouvoir s'assurer que tout va bien, sans quoi, son mental en prendra un sérieux coup. Un couple est uni. Meilleur ami, amour, amant...
— Tu parles... conneries.
Il ferme les yeux et laisse son front reposer contre le mur, les avant-bras plaqués à la surface. Dans un long soupir, le surplus de tension s'évacue. Pourquoi... Que se passe-t-il de si grave pour que...
Ses yeux se rouvrent, perçants le vide. Lorsqu'ils se sont quittés, tout était normal. La dernière chose qu'il ait aperçu était Yu Huang.
Ses pensées fusent. Une altercation avec ce type a dû se produire. Ou alors, lui a-t-il mis quelque chose en tête à son sujet ? Pour que son ami prenne le large maintenant, il doit avoir une très sérieuse raison. Ne pas savoir le ronge les nerfs.
Tout en traçant une tranchée dans la pénombre du couloir désert, l'idée que cette vipère puisse s'immiscer entre eux lui retourne l'estomac.
Il s'empare à nouveau de son téléphone et tombe sur le répondeur par deux fois ; prévisible. Contraint de reprendre l'entraînement, sous peine de déclencher les foudres de certaines personnes, il laisse un message vocal, puis enfouit ses émotions derrière sa glaciale arrogance avant de pousser les portes de la salle.
Assis sur une chaise derrière la scène, la tête dans les mains, Zhan reçoit une nouvelle notification.
— Un message vocal...
Il lâche un rire nerveux, blasé. Un message vocal pour l'empoisonner un peu plus ? Ce garçon a des réactions bien trop immatures. Combien de fois lui a-t-il dit, durant le tournage ? Et que dire de son impulsivité, ses paroles dures crachées plus vite que son ombre...
Mais l'envie d'écouter prend le dessus. Car au fond, il sait qu'il est le seul responsable de cette distance. Si les premiers mots le blessent au-delà du supportable, il n'aura qu'à s'arrêter là.
« Hm... Zhan Ge... (soupir) désolé de m'être énervé. Tout ça... ça me rend fou. Je... je m'inquiète comme un malade. On avait dit que... on avait dit que rien ne nous séparerait... »
Sa voix tremblante fait scintiller les yeux de Zhan. Il se pince les lèvres.
« ... Ge... s'il te plaît, parle-moi. Si tu ne me parles pas, je te jure que je suis foutu de prendre l'avion cette nuit pour venir te voir à Beijing. Même pour cinq minutes. Tu sais que j'en suis capable. Putain, tu sais de quoi le gamin est capable... ! »
Un petit sourire bombe les joues de Zhan.
« Quoiqu'il se passe, tu sais qu'on doit porter le fardeau à deux. On se l'est juré il y a bien longtemps. Tu t'en rappelles, au moins... ? (soupir) J'espère que... j'espère que ce connard de Yu Huang n'est pas en cause. Pour tout te dire, c'est ce que je commence sérieusement à penser... »
Zhan se prend le front dans la paume et ferme les yeux.
— Si tu savais...
« Si c'est le cas... putain. Si c'est le cas, je suis le seul coupable. Et tu dois encore plus m'en parler. S'il te plaît, ne gère pas les choses seul. On est deux, ne me laisse pas de côté... Je t'en prie... Je t'en supplie... ! Tu me l'as juré... »
Sa gorge nouée écrase de chaudes larmes.
« Meilleurs amis, amour, amants... Je t'aime. Rappelle-moi. »
Le visage de Zhan s'embrume, enfoui dans ses mains.
— Zhan Ge ? On est tous prêts ! Arrive ! lance la voix d'un camarade, depuis les escaliers métalliques.
Contraint de ravaler sa propre vie privée, l'acteur enfile son sourire et se lève d'un bond pour rejoindre son boys band, débordant d'une énergie qu'il n'a pas.
— Je suis là !
*
— Allô ?
— Ge ! Enfin ! Il est une heure !
— Désolé, je n'ai pas pu te rappeler avant, je suis sur la route, là. On a pris du retard durant le concert.
— Non, c'est moi qui suis désolé. Je n'aurais pas dû te parler comme ça, tout à l'heure. Excuse-moi...
Zhan se mord la lèvre, le regard perdu à travers la vitre du fourgon. Il remonte ses lunettes rondes sur son nez et abaisse un peu plus son bonnet, écrasant sa frange sur ses sourcils. A sa diagonale, Jun le garde du corps lui tend une boîte de pastilles pour ses cordes vocales. La fatigue le plombe. Mais avant de pouvoir s'échouer dans sa chambre d'hôtel, il doit encore régler une chose qu'il repousse depuis un trop long moment, à tort. Rien ne sert de fuir. Il doit affronter et gagner ; ou bien perdre et courber l'échine.
Sa voix tremble d'émotions, fragile. L'épuisement lui colle à la peau.
— Di Di... je dois m'occuper de quelque chose, ensuite j'aurai l'esprit plus léger.
— Tu me caches tes problèmes et tu penses que je vais bien le prendre...
— S'il te plaît, ne me complique pas la tâche, murmure Zhan. J'ai... je peux m'en sortir seul, ce n'est pas Tao. C'est juste...
Sur le point de se trahir en prononçant le nom du chef d'équipe par mégarde, Zhan plaque sa main contre sa bouche et grimace.
— C'est juste qui ? ... C'est ce connard de styliste, pas vrai ?! Je le sais. Pas la peine de nier. Tu sais que je ne vais pas te lâcher.
— Aiy-... O.K. C'est Yu Huang. Mais ça ne concerne que moi. Alors, je t'en prie... je suis exténué...
Un blanc s'installe entre eux.
— Bo Di... ?
— Ge... pourquoi j'apprends seulement maintenant qu'on t'a retrouvé étendu dans l'ascenseur à moitié conscient ?
Zhan ferme fort les yeux.
— Xiao Zhan, une info pareille, ça ne se cache pas longtemps. Par contre, tu me l'as cachée à moi. J'ai été le dernier au courant. Et ça, ça me...
Yibo s'interrompt ; inutile de poser les mots sur ce qui se sait déjà. Zhan s'accoude à la vitre et y laisse reposer son front. Son esprit tourne au ralenti.
— Je ne sais pas quoi te répondre, Bo Di... souffle-t-il, à bout. Tu me manques... C'est tout ce que je suis capable de dire...
Cet abandon délibéré de réponse inquiète Yibo davantage encore. Il pénètre dans la berline qui l'attend au bord du trottoir de l'aéroport et balance son bagage au fond de la banquette avant de grimper à l'intérieur.
— Zhan Ge. Je ne ferai pas le concours de danse.
— Quoi ?
— Et je mets DDU en pause. J'ai allégé mon planning.
— Mais... pourquoi ?!
— Parce que nos projets d'avenir ont changé. Et que j'ai décidé de réarranger ma vie pour me concentrer sur mes priorités.
— Mais... mais tu avais encore tellement de temps... !
— A quoi sert de profiter de son temps présent si c'est pour perdre son avenir ?
Zhan reste bouche bée.
— Yibo...
— Ge Ge, je t'aime.
— ... Je suis vraiment le pire des petits copains, se blâme Zhan, coupable de ses secrets.
Le rire de Yibo, sincère, lui réchauffe le cœur.
— Tu n'es pas le pire mais je reste le meilleur, ça c'est clair.
A son tour, Zhan pouffe, les yeux humides tant de fatigue que d'émoi. Il ne peut nier que l'idée de pouvoir passer plus de temps avec son amour lui est d'un grand réconfort. C'est indéniable, ce garçon est peut-être un gamin impulsif – et même parfois exécrable – mais personne ne pourrait lui arriver à la cheville. Wang Yibo joue hors catégorie.
— Repose-toi, cette nuit.
— Hmm...
— Xiao Zhan...
— Oui ?
— Oublie ce que tu devais faire et va dormir. Tu vas bien au même hôtel que la dernière fois, non ?
— Oui, c'est le plus proche du studio. J'y travaille, demain matin.
— O.K. Récupère bien. Je saurai si c'est pas le cas.
— Je tombe de fatigue, rassure-toi, sourit Zhan.
Les yeux à moitié clos, il raccroche et laisse rouler sa tête contre la vitre teintée.
— Monsieur, puis-je me permettre de vous parler ? l'interroge Jun.
— Pourquoi me demander la permission ?
— La permission d'être franc avec vous, Xiao Zhan...
Zhan relève le menton et se cale dans l'angle, la tête tournée vers la grande et gentille barraque dégarnie qui lui sert de protecteur.
— Je ne serai peut-être pas en état de tenir une conversation mais allez-y, dites-moi.
L'homme s'oriente à son tour en sa direction et contemple un peu mieux les cernes qui marquent son visage délicat. La fine rondeur de ses lunettes fait ressortir son adorable candeur.
— Vous vous en doutez, je sais beaucoup de choses. Et le problème que vous avez avec Yu Huang est pour moi évident.
Zhan déglutit.
— Expliquez-vous...
— Ce type vous a fait des avances.
Ces seuls mots suffisent à mettre l'acteur mal à l'aise. Il s'enfonce un peu plus dans la portière et porte une main à sa tempe, en visière.
— Au vu de votre état de l'autre soir, je dirai même qu'il vous a déjà touché.
— O.K... ! On va s'arrêter là, je crois... s'étrangle Zhan.
— Excusez-moi, mais ce n'est toujours pas ce dont je voulais vous parler, Monsieur.
— Aiyo... Vous tenez tous à me torturer... soupire l'acteur.
— Loin de moi cette idée, je vous apprécie trop pour ça.
Sa douceur convainc Zhan de continuer à l'écouter. Ses yeux brillants plongent dans les siens.
— Ne cédez pas à son chantage. Il a utilisé l'une de vos faiblesses, mais on en a tous une. Et vu votre comportement de ces derniers temps, il a sûrement menacé de s'en prendre à Wang Yibo. Je me trompe ?
— C-comment vous...
— Sans vous manquer de respect, mon métier est d'observer, analyser les gens et repérer les situations à risques.
— Oui, bien sûr... Je suis idiot.
— Non, juste surmené.
Zhan le gratifie d'un sourire plein de gratitude. Il baisse la tête, coupable du choix qu'il pourrait bien faire, ce soir.
— Je ferai aussi prendre des risques à tout le monde...
— Demandez-vous plutôt : si l'un de vos amis était à votre place, quelle serait votre réaction ? que lui conseilleriez-vous ? Nous connaissons tous les deux la réponse.
Le regard de Zhan s'éclaire d'un nouvel espoir. Jun lui renvoie un petit hochement de tête entendu avant de se repositionner vers la route.
— Parmi eux, personne ne vous reprocherait de ne pas céder. Si vous, vous en doutez, moi, je peux vous le certifier.
— Jun... merci, murmure Zhan.
— Par contre, n'oubliez pas que je ne suis pas habilité à vous protéger dans ce genre de situation personnelle, pas si vous n'en faites pas la demande officielle.
Zhan acquiesce et détourne un regard chagrin. S'il pouvait compter sur un homme qui ne le trahirait pas et serait capable de maîtriser ses ardeurs en toutes circonstances, cela fait bien longtemps qu'il aurait pris un gardien, de jour comme de nuit. Il se serait épargné bien des cauchemars.
Quoiqu'il en soit, à présent, sa décision est prise – le soulagement va de pair. De plus, même si ce sale type le menaçait de dévoiler son plus gros secret, comment le prouverait-il ? Avec de telles accusations non fondées, ce sont les directeurs qui lui tomberaient dessus ; sa carrière serait ruinée et son compte en banque également.
Il se frotte la nuque, pensif, creusant la moindre option qui serait susceptible de le mettre dans le pétrin. Mais de son cerveau éreinté, rien de concluant n'émerge. De toute manière, quelle preuve matérielle Yu Huang possèderait-il de sa vraie nature ? Aucune.
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N/A
💁🏼♀️ Veuillez attacher vos ceintures pour les deux prochains chapitres, l'ascenseur émotionnel va bientôt décoller, merci ! 💣
#tension
Petit BTS tout doux ❤️💚
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