Chapitre 24

Yibo se frotte le visage. A son tour de révéler ses secrets. Comment va réagir Zhan ? Cet aveu ne devrait pas causer trop de dommages (il l'espère)...

—  Tu te souviens quand tu as dormi chez moi pour la première fois ?

—  Oui, cette nuit avec la salle de bain, non ?

—  Hm. La salle de bain, oui... Le lendemain, quand tu as recommencé à émettre des phéromones dans la voiture... mon corps à moi s'est réveillé, lui aussi.

—  Je ne comprends pas... Tu as été en rut à ce moment-là ?

—  Justement, non. Quand j'ai compris que tu allais continuer à te débrouiller seul, que je ne serais pas l'homme que tu choisirais, j'ai décidé d'inhiber mon rut.

—  L'inhiber... ?

—  Tu n'es pas le seul à prendre des médicaments.

Les yeux de Zhan s'écarquillent. Il a un mouvement de recul.

—  Tu... tu prends des médicaments ?!

—  C'est un traitement expérimental, je suis loin du tien bien rôdé. Les effets ont été passablement concluants, mais tu ne t'en es pas rendu compte alors c'est tout ce qui comptait.

—  Mais... pourquoi ?

—  Parce que je ne tenais pas à te sauter dessus sur le plateau quand Wei Ying devait coller Lan Zhan, ou que je me retrouvais à quelques centimètres de ton visage.

La surprise est à la hauteur de la désillusion.

—  Mais donc... tout ce temps quand tu arrivais à te contrôler face à mes chaleurs...

— Je luttais. J'ai toujours lutté. Mais lorsque j'ai senti mon rut arriver, je me suis dépêché de prendre des cachets pour supprimer les effets. Sauf que depuis qu'on s'est rapprochés, que je suis sans cesse avec toi ces derniers jours, et surtout depuis que j'ai touché ton corps... Je sens que le médicament ne fait plus effet.

Zhan reste bouche bée, face à sa propre conclusion.

—  Je suis un alpha. As-tu oublié ce qu'est un alpha ?

—  Je suis loin de pouvoir l'oublier, Wang Yibo, rétorque Zhan, acerbe.

—  Alors explique-moi pourquoi est-ce que je vois que tu m'en veux ?

—  Parce que... parce que j'ai cru que tu arrivais à te contrôler seul, sans l'aide de médicaments ! Parce que j'ai cru que tu étais différent ! Mais au final, je ne serais pas plus en sécurité avec toi que...

Yibo se décompose, abasourdi.

—  Wow.

Ses paroles étant allées plus vite que sa raison, Zhan regrette aussitôt mais la blessure est déjà visible dans le regard de son ami. Sous le choc, Yibo se lève, la mâchoire crispée.

—  Non, attends, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire...—  Si. C'est ce que tu penses : les alphas sont tous des brutes incontrôlables. Peu importe ce que certains font pour bien traiter les omégas.


—  Mais ils sont si peu nombreux...

—  Et alors ? Je fais partie de ce petit nombre, Xiao Zhan ! Ça ne te suffit donc pas à changer ta vision des choses ?! Moi, j'ai changé ma façon de te regarder dès que tu m'as parlé de ce que les omégas subissaient. J'ai eu de l'empathie pour toi. J'ai pris soin de toi. Et je me suis même drogué sans te le dire pour ne pas te causer d'ennuis devant l'équipe !

Zhan se pince les lèvres.

— J'ai pris des risques sur mon propre corps pour ne pas te nuire pendant que toi, dans mon dos, tu te tapais un autre putain de mec qui lui, n'avait aucune foutue bonne intention pour toi !

—  C'est toi qui m'as dit d'aller voir un alpha en qui j'avais confiance et que je connaissais.

—  Ha ! Eh bien, on peut dire que tu choisis bien les hommes en qui tu mets ta confiance, Xiao Zhan.

Heurté par ces paroles injustes, accusation à son propre malheur, la main de Zhan s'écrase sur la joue de Yibo. Le silence qui suit tranche l'air. Cinglant. Yibo pose sur lui un regard glacial, meurtri tant par ses mots que par son dernier geste. Il tourne les talons en direction de la porte.

—  A-attends ! Où vas-tu ?!

—  Je t'éloigne du danger que je représente.

La porte claquée, les larmes montent aux yeux de Zhan. Seul au milieu du salon, il s'accroupit au sol, les lèvres tremblantes et la tête entre les coudes.

A l'arrière du bâtiment, Yibo s'allume une cigarette. Il n'avait pas fumé depuis des lustres. Celle-ci représente le trop-plein porté par son cœur. Une larme vient ruisseler sur sa joue, lente et douloureuse, tandis qu'il recrache sa fumée vers les nuages. Ainsi, il n'est donc qu'un alpha comme les autres. Dangereux et traître. Il sort la plaquette de comprimés de sa poche de jean, la considère avec amertume, puis la jette au sol en pouffant, aussi irrité que blessé. Il ne voit plus d'utilité à les garder. Tant en efficacité qu'en raisons.

Une voix bien familière retentit plusieurs fois en écho. Il aplatit vite sa cigarette sur le bitume et se dirige vers l'avant de l'immeuble d'un pas hâtif. Au milieu du parking, Zhan est en train de crier son nom comme un enfant perdu. Un voisin qui rentrait chez lui freine l'allure, les narines titillées.

En entendant son ami arriver, Zhan se retourne vers lui.

— Yibo !

Agacé, le nommé l'attrape par le bras pour le tirer dans le hall d'entrée – avec une œillade noire pour le voisin, qui file à son immeuble l'oreille basse. Il plaque son oméga contre le mur, profondément, sur les nerfs.

—  T'es malade ? Tu cherches la merde à traîner tout seul dehors ?!

—  Mais tu es parti !

—  J'ai pas le droit de m'éloigner cinq minutes de toi ?

Bien que ces mots l'affectent, Zhan sait qu'il n'a que le juste retour des siens, injustes et irréfléchis. Il baisse la tête, penaud.

—  Yibo, je suis désolé. Je n'aurai pas dû dire ce que je t'ai dit. Tu n'es pas comme les autres, tu ne l'as jamais été...

Les dents serrées – le cœur aussi – Yibo plisse un air rancunier.

—  Pourquoi... pourquoi tu es allé voir ce sale type...

L'accusé relève la tête.

—  Mais c'est toi qui m'as dit de...

—  Celui que je suggérais d'aller voir, ce n'était pas ton ex ! C'était moi !

Zhan le fixe, médusé.

—  Oh... mais je croyais que tu ne voulais rien à voir à faire avec moi, à ce moment-là...

—  Quand tu n'étais pas encore entré dans ma vie, ouais. C'est ce que je comptais faire.

Avant que son ami ne rajoute un mot, Yibo l'entraîne dans l'ascenseur et appuie sèchement sur l'étage de son appartement. Il s'adosse à la cloison, bras croisés. En cet instant, Zhan songe au fait qu'il soit redevenu cet homme glacial dont le regard sombre ôte toujours toute envie de s'approcher. Celui dont lui-même ne voulait pas s'approcher.

Il le dévisage avec une moue affligée.

— Ne me regarde pas comme ça, putain. On dirait que je suis le méchant, gronde Yibo en tournant la tête.

Zhan encadre son visage avec douceur.

—  Non, tu ne l'es pas. Pardonne-moi...

Leurs regards se rencontrent, s'apaisent ensemble.

—  Je t'aime... Bo Di. Je t'aime.

Calmé, Yibo l'attire contre lui et se rassure en enfouissant sa tête dans son cou, à la recherche de son parfum. Leur chaude étreinte se resserre.

—  Ge, si j'entre vraiment en rut...

—  Je serai là pour te satisfaire, murmure Zhan entre ses lèvres. Ce sera mon rôle à moi, jusqu'à ce qu'il se termine.

— Non, tu n'es pas prêt à ça ! Tu n'as pas idée de...

Il sursaute, la main de Zhan plongeant dans ses sous-vêtements.

—  Arrête ça, je suis sérieux ! le reprend-il en saisissant son poignet. Au travail, ça va être ingérable, tu reviens demain !

—  C'est pour ça qu'il faut qu'on commence, dès maintenant. De toute façon, on a été interrompus tout à l'heure, c'est pas vrai ?

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, les pupilles de Yibo sont déjà dilatées. A peine la porte de l'appartement refermée, il capture ses lèvres et l'embrasse à pleine bouche. Zhan se retrouve bien vite pantalon baissé, à plat ventre sur le canapé. Bien qu'il ne soit pas pleinement entré dans sa phase de rut, l'admiration qu'il voue à son amant décuple ses ardeurs. Il saisit ses fesses et constate, en s'y glissant, que son entrée est déjà lubrifiée.

Il se penche au creux de son oreille et chuchote d'une voix feutrée.

—  Toi aussi, tu avais très envie...

La lèvre mordue, Zhan sent son membre – impatient – pointe contre lui.

— Tu... tu rentres encore comme ça ? murmure-t-il, grimaçant. Pas que je n'ai pas aimé...

— Tu as aimé, oui. Que je te prenne aussi sauvagement, lui souffle Yibo, sulfureux.

Zhan déglutit. Une certaine gêne lui colore les joues. Mais le désir s'intensifie à ces mots.

— Je vais te faire crier. 

Avec une lenteur précautionneuse, il s'enfonce et progresse dans son corps jusqu'à lui arracher un long gémissement de plaisir. Zhan ferme les yeux, délecté de sa fiévreuse emprise. Maîtrisée à la perfection, aux frontières de la douleur, sans jamais l'atteindre. Ses chairs aussi comprimées, les sensations n'en sont que plus poignantes.

Agrippé à ses hanches, Yibo pénètre plus vite, plus fort en lui. Entre ses doigts, il détient son rêve. Possède son plaisir et le contrôle. Pouvoir indescriptible.

Ses ongles plantés dans le tissu du canapé, Zhan savoure ses coups de reins brusques, mais délicieux. Sa voix se délie, résonne dans la pièce en toute liberté. Il se mord plus fort la lèvre encore, en proie aux décharges de plaisir. Lorsque ses coups heurtent sa zone la plus sensible, son corps est électrisé. La jouissance monte au creux de ses reins, vagues menaçantes, exquises à chaque assaut. Ses gémissements se déploient en cri, prennent leur envol vers un érotisme exaltant. Yibo s'en régale ; mélodie ensorcelante. Son propre plaisir est propulsé sous ses contractions. Au creux de sa main, il recueille le flux de son extase. Ses doigts visqueux s'en régalent. Son orgasme lui appartient.

Il écarte ses fesses et les percute avec force, dégustant la vue merveilleuse de son bassin délicat. Ses ongles se plantent dans ses hanches, les derniers coups de hanches le font décoller. Il se libère dans un long gémissement, divine apogée.

Zhan se laisse tirer hors du canapé pour se faire étaler le torse contre l'assise. Une position chargée de souvenirs, fort désagréable. Il se crispe aussitôt, déjà re-pénétré avec vigueur. Son membre est toujours aussi dur. Il se retourne vers son alpha et décide d'échanger les rôles. Après l'avoir poussé sur le canapé, Zhan le chevauche et s'assoit sur lui. Il n'avait encore jamais pris conscience de sa longueur de cette manière. En l'insérant ainsi dans son propre corps, elle paraît bien plus conséquente.

Cette pénétration lui procure une nouvelle sensation. Lorsqu'il se laisse tomber en son fond, un long gémissement s'échappe de ses lèvres. Sa tête se balance en arrière. La moindre parcelle de son corps frémit sous le toucher avide de son amant. Sa pudeur habituelle se fait effacer par l'entière confiance qu'il lui porte. Son torse, ses cuisses, sa virilité suintante, sa gorge, lui sont offerts. Livrés en toute quiétude. A travers la luxure, ce sentiment ravit l'instant.

Entre ses doigts, ses boutons de chair sont pincés à vif, frémissent sous la chaleur de sa langue.

—  J'ai envie de te dévorer.

—  Alors dévore-moi, gémit Zhan, alangui.

A ces mots, Yibo l'emprisonne dans ses bras et l'allonge sur le dos, sur le tapis duveteux, pour le prendre vigoureusement. Son cœur pourrait exploser dans sa poitrine tant l'envie déborde. A nouveau, Zhan trésaille sous sa brutalité de mâle, la lèvre mordue.

—  Tu... deviens plus gros... !

En le sentant épaissir à l'excès, les cris de Zhan montent en intensité, à l'unisson de ceux de son amant. Son corps se contracte autour de sa grosseur, à la limite de la douleur. L'orgasme fulgure, partagé dans une violente étreinte.

Exténué, Zhan laisse sa tête rouler en direction de son alpha, étalé sur le sol. Son regard vitreux se ferme, entre deux halètements.

Heureusement, Yibo arrive à se calmer, à ne pas embrayer sur une nouvelle fois ; pour ce soir, en tout cas, il y parvient. Lorsqu'il sera entré en rut, ce sera encore une toute autre histoire.

—  Di Di...

—  Oui ?

—  Depuis qu'on a vraiment fait l'amour pour la première fois, j'ai senti que quelque chose avait changé en moi.

Yibo se tourne vers lui pour effleurer sa joue délicate.

—  Mes chaleurs... elles se sont arrêtées.

— Vraiment ? Wow. Super nouvelle ! Comment ça se fait ?

Les lèvres de Zhan dessinent un merveilleux sourire. Il se love contre lui, le cœur brûlant de bonheur.

—  Parce que c'était toi que mon corps attendait.

Les yeux de Yibo se mettent à briller. Sur la douceur soyeuse du tapis, leur étreinte se resserre. Leurs corps sont liés plus qu'ils ne le pensaient. Ce n'est donc plus une question, leur avenir ensemble se doit d'être assuré. Leurs cœurs, tout comme leurs corps, se sont révélés l'un à l'autre. Et se sont choisis.

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N/A

N'oubliez pas la petite étoile, s'il vous plaît, mes petits YiZhanistes 🌠(๑→ܫ←)



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