Chapitre 23

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Les appellations chinoises entre Wang Yibo et Xiao Zhan:

💟Di Di = petit frère. Zhan l'appelle aussi Bo Di.

💟Ge Ge = frère aîné (équivalent de "oppa" en coréen). Yibo l'appelle aussi Zhan Ge.

Cette nuit était la plus apaisante. Et le réveil est des plus doux. Zhan s'étire de tout son long puis le laisse retomber sur le torse de Yibo. Ce dernier laisse échapper un soupir exagéré.

—  Dès le matin, je me fais attaquer par un petit lapin...

—  Ha ! Un petit lapin ? Ne me prends pas pour Wei Wuxian.

Un rictus en coin étire la bouche de Yibo. Sa voix se fait sulfureuse.

—  Et comment tu veux que je te prenne alors... ?

Aussi outré que provoqué, Zhan lui assène plusieurs petites gifles sur le bras.

—  Wei Wuxian est très sexy... susurre Yibo en se rapprochant de son cou.

Avec un petit grognement prédateur, il capture sa proie dans ses bras et laisse glisser sa main le long de son ventre.

—  Hm... Wei Ying...

— Lan Zhan ! Hanguang-jun ne se comporte pas comme ça.

—  C'est vrai. Il est pire. Tu veux peut-être que je te rafraîchisse la mémoire à propos de la version non-censurée du roman ?

Empourpré, Zhan se pince les lèvres. Partagé entre l'excitation et son corps éreinté de la veille.

—  Ah ! Lan Zhan, Lan Zhan... Tu ne peux pas m'épuiser comme ça. Je ne vais jamais tenir la route à ce rythme.

—  Hm. Every day means every day.

—  Yah ! Je ne suis pas Wei Wuxian, ricane Zhan, en tentant d'échapper aux bras de son assaillant.

—  Mouais. Quand ça t'arrange tu ne l'es plus. Tu n'es qu'un vilain lapin. Je devrais te punir à nouveau.

L'accusé le regarde de biais, méfiant, puis montre ses deux dents de devant avec une moue de bébé. Yibo fond sur place.

—  Tu l'auras cherché, lâche-t-il en se jetant entre ses jambes.

—  Mais... ! Mes pauvres fesses ! chouine Zhan en fronçant une expression enfantine, la bouche tremblante

Yibo se mord la lèvre, enfiévré. Il détaille le corps divin qui se tient en dessous de lui. Comment résister à un être si désirable et si craquant à la fois ? Il le dévorerait entier, s'il le pouvait. Toutefois, attentif à ses besoins, il abandonne sa pulsion et dépose un chemin de baisers papillons sur le ventre de son tendre lapin frissonnant. Zhan l'attire contre lui et l'étreint avec son plus beau sourire.

—  Je me sens bien, nous sommes dimanche et il est neuf heures du matin. Je décrète cette heure comme étant la meilleure heure pour me réveiller dans tes bras...

—  Hm. J'approuve, dit Yibo en effleurant son nez du bout de l'index.

—  Il ne manque plus que des croissants, ricane Zhan.

Le nez enfoui dans son cou, il pousse un soupir d'une rêverie chagrine. La douceur de leur complicité adoucit sa peine. Cette entière confiance qu'il voue à son amour suffit comme unique bonheur.

—  Je voudrais que tous les jours soient comme ça, Bo Di*...

Yibo ouvre sur lui un regard lumineux. Ses lèvres s'étirent. Tendre surnom, dédié à lui seul. Il dépose un baiser sur son front.

— Zhan Ge... Mon merveilleux Zhan Ge, susurre Yibo, le cœur réchauffé.

Leurs sourires s'épousent. Zhan pose son front contre le sien et ferme les yeux.

— Toi et moi, et ce matin. En boucle...
    

Cette journée de repos exceptionnelle est le franchissement d'une étape importante. Ils se sentent enfin rassurés, l'un comme l'autre. Mais par-dessus tout, Zhan se sent léger. Vraiment très léger. Quelque chose a changé dans son corps sans qu'il ne sache quoi. Et pour Yibo, de façon officieuse, il se passe la même chose. Un changement bientôt notable qui, à l'inverse de celui de son oméga, ne laisse rien présager d'agréable.

Le soleil étant au beau fixe, Yibo suggère une balade tel un véritable couple – qui ne se l'avoue pas à lui-même. Zhan accepte volontiers, cela fait des mois qu'il n'ose plus se balader. De toute manière, même s'il n'avait pas eu ses chaleurs, son rythme de travail n'aurait pas permis une telle liberté.

Après avoir mangé de la barbe à papa, fait quelques manèges dans un parc d'attraction et s'être chamaillés comme des enfants, les deux garçons finissent par rentrer à pied en fin de journée, entre deux bousculades taquines. En sécurité sous son masque et en compagnie de son protecteur, Zhan se sent mieux que jamais. Rayonnant d'une sérénité nouvelle. Aujourd'hui, il se sent revivre. Presque dans la peau d'un autre. Ou plutôt dans la peau de celui qu'il a toujours été ; celui qui n'a jamais eu le droit de voir le jour.

La rue étant assez dépeuplée et le crépuscule obscurcissant les lieux, Zhan se risque à effleurer les doigts de son aimé. Yibo lui rend sa malice. Un rapide coup d'œil, puis il le tire par la bras et l'entraîne dans une ruelle plus sombre et étroite.

—  Cet endroit est... rempli de romantisme, Wang Yibo, s'amuse l'acteur.

Yibo le plaque contre le mur sans ménagement.

—  Et moi, j'ai envie de te remplir toi.

Zhan baisse son masque pour révéler sa surprise. Jamais il ne lui avait encore jamais parlé de manière aussi crue, été aussi vulgaire. Toutefois, l'érection que son amant frotte entre ses cuisses éveille ses envies les plus lubriques.

—  Ta douceur s'est bien vite envolée...

Ces mots résonnent comme une alarme dans la tête de Yibo. Son cœur bat à tout rompre, d'une façon bien connue, inquiétante. Lui-même appréhende déjà. Il se mord la lèvre, incapable de se retenir plus longtemps. Son esprit se fait voiler par la luxure ; le feu devient incontrôlable. Sa bouche fond sur la sienne et sa main plonge dans son pantalon. Zhan laisse échapper un petit cri étouffé.

—  Surtout, pas un bruit... souffle Yibo en lui couvrant la bouche.

—  Mais... je ne peux pas...

—  Le danger peut être excitant aussi, dit-il en suçant la peau de son cou.

—  Si on se fait prendre...

Yibo glisse ses doigts jusqu'à ses fesses et arque un sourcil.

—  Tu es déjà trempé et tu espères que je résiste ?

Enflammé – bien que gêné –, Zhan se laisse retourner face contre le mur. En sentant sa longueur durcie appuyer contre son entrée, il se cambre pour mieux l'accueillir. La chaleur humide de son bout le fait frémir de désir. Si son alpha ne parvient pas à lutter contre ses pulsions, qu'en est-il donc de lui ? Il pourrait lui offrir son corps à chaque instant.

Impatient, Yibo tire son pantalon à ses pieds puis écarte ses fesses. En un seul mouvement, il se glisse en lui. Pris au dépourvu, Zhan réprime un gémissement, les dents serrées. Une pénétration si franche, sans préparation, est quelque peu éprouvante. Mais l'acte est si sauvage en lui-même qu'il en est terriblement grisant. Il se mord la lèvre, ressentant sa virilité dans sa raideur dans ses moindres contractions entre ses chairs étroites. Son membre s'enfonce au plus profond de lui, le heurte dans son coin le plus sensible, plus d'une fois. Il en tremble. La lèvre pincée presque au sang. Il porte sa main entre ses dents pour la mordre et étouffer sa voix au mieux. Le bassin de son dominant claque avec fermeté contre son fessier. Presque punitif par ses claquements. Très vite, les frissons grimpent dans son ventre, sa sensibilité est à fleur de peau. Son orgasme, au bord de l'implosion. Incapable de se maintenir sous ses puissants coups de reins, il retire sa main pour se retenir au mur des deux bras. Ses gémissements se muent en cris étranglés, trop sonores. Yibo plaque sa main sur sa bouche et, dans un silence forcé, Zhan atteint le septième ciel par une délicieuse série de spasmes.

Sa bouche est libérée, son souffle court avec. Son cœur estompe sa chamade. Mais Yibo est loin d'être rassasié. Il referme ses doigts sur ses hanches et le martèle avec toujours autant de force.

—  Ça s'amuse bien ici on dirait.

Surpris, les deux garçons tournent la tête vers l'entrée de la ruelle. Horreur. Un groupe d'individus les observe en riant. Ce genre de groupe à problèmes qu'on n'a pas envie de rencontrer, surtout en pareille situation et d'autant plus lorsqu'on est une idole. Dans ce quartier, dans cette ruelle, Yibo a la sensation d'avoir soudain tenté le diable. Qui veut-il tromper... Bien sûr qu'il a tenté le diable. La faute à son corps aveugle ; cette fois-là, il n'a pu repousser ses ardeurs.

Les deux amants remontent leurs masques et leurs pantalons à la hâte. Ils échangent un regard nerveux. Zhan a beau avoir confiance en son ami, face à tout un groupe, il ne restera toujours qu'un seul homme. Il lui agrippe le bras, anxieux.

— Bo Di... on fait quoi...

A mesure que les jeunes approchent, le regard de Yibo étincèle d'une nouvelle manière. Une rage fulgurante. Il en deviendrait presque quelqu'un d'autre. Son expression se teinte de noirceur.

—  Tu te fais quel genre de pute, mon gars ? lance un des garçons.

Leurs identités n'ont donc pas été percées à jour. Mais s'ils se font attraper, cela ne saurait tarder.

Trois types se détachent de la bande pour venir détailler l'oméga caché tandis qu'un autre examine de plus près l'hostilité flagrante de Yibo.

—  T'es en rut, pas vrai ? ricane le dernier.

Le silence de Yibo interpelle Zhan. Il ouvre sur lui un regard stupéfait. En rut ? Comment serait-ce possible ? Il ne l'a pas été jusqu'à présent...

—  Vu son calme, pouffe un autre, je pense pas qu'il le soit encore.

—  Alors y'a peut-être une chance que tu nous le prête, reprend le premier en désignant son ami du bout du chef.

La voix de Yibo se fait fracassante d'autorité. D'une agressivité méconnaissable.

—  Je tue le premier qui s'approche.

Le premier plisse les yeux, dubitatif. Après une courte réflexion et une œillade entendue avec les deux autres, ils se ruent ensemble sur la menace. Zhan recule dans un angle, entre la benne et le mur. Son cœur bat à tout rompre. Il fixe, paniqué, le combat à la déloyal qu'encaisse son gardien. Yibo les repousse avec force, déchaîné par une fureur noire. Une lutte digne des grands félins. Au milieu des coups, son masque se fait arracher et tombe au sol.

Un garçon sort du groupe, le doigt pointé en sa direction.

—  Arrêtez, arrêtez ! Je le reconnais !

Profitant de la distraction, Yibo les gratifie chacun d'un coup de poing magistral qui les projette au sol. Un autre adolescent, plus jeune encore, s'approche pour certifier ses dires.

—  Oui, c'est Wang Yibo ! Des UNIQ !

Son nom se répète dans la bande, accompagné de murmures. Perplexes, les regards se tournent à présent vers son partenaire, qui se fait le plus petit possible. A cet instant, il comprend que son identité ainsi que sa vraie nature seront bientôt dévoilées.

—  Mais lui, qui c'est ?

—  Un oméga, non ? Ou un bêta ?

Le traitement faisant bien son effet, aucune phéromone n'émane de Zhan. Toutes les apparences d'un bêta – après tout, qui se risquerait à exposer son homosexualité en public ? Cependant, une chose ne saurait tromper les alphas. Et s'il ne parvient pas à s'échapper, ce n'est plus qu'une question de temps avant la descente aux enfers.

Bien résolus à découvrir la liaison qu'entretient la célébrité, les curieux s'approchent de Zhan. Yibo se met en travers de leur route, mauvais. Les garçons hésitent ; désirent-ils vraiment se mettent une idole à dos ?

—  Vous avez peur ou quoi ? crache le plus âgé. Il peut s'appeler comme il veut, on en a rien à battre. Ce mec-là est connu, ça nous fera un paquet de tune si on balance avec qui il baise.

—  Et s'il se tapait un alpha ? lance un autre.

—  Je crois pas que ce type soit le genre suicidaire...

En voyant les téléphones sortir des poches des plus jeunes – le scoop est vite flairé –, Yibo et Zhan savent que la partie est perdue d'avance. Quelle qu'en soit la fin.

L'un des aînés vient se planter devant Yibo, le menton hautain.

—  Si c'est une simple pute d'oméga, il fera pas son radin, il partagera. Et si c'est un oméga connu...

Il troque son arrogance pour un sourire radieux.

—  On se fera doublement plaisir.

Dès que Yibo lui saute à la gorge, le plus âgé l'attrape par derrière et l'immobilise au sol à l'aide de son complice. Il en faut néanmoins un troisième pour réussir à le maintenir agenouillé, sans moyen de se relever. Enragé, Yibo se débat comme un fou. En vain.

La menace maîtrisée, les trois premiers osent enfin s'approcher de l'acteur. Le sang de Zhan ne fait qu'un tour. Il sort de son angle et prend ses jambes à son cou à l'opposé du groupe. Priant pour qu'une issue s'offre à lui. Mais, effroi. Un haut grillage sépare l'autre moitié du chemin, entre les deux immeubles. Zhan se décompose sur place. Il est condamné. Les membres tremblants, il n'ose se retourner. Ses poursuivants s'en chargeront à sa place...

En entendant les cris de son aimé, Yibo entre dans une fureur noire. Un quatrième doit venir en renfort. A deux mètres de lui, hors de sa portée, Zhan se fait projeter au sol.

Le plus âgé s'accroupit entre eux.

—  Du calme, on va pas le tuer. Surtout s'il est célèbre, on est pas fous, ricane-t-il. Mais personnellement, je pense que les omégas sont à tout le monde.

—  Sale fils de...

—  Ils sont trop peu nombreux pour les garder pour soi. Ne sois pas si égoïste, Wang Yibo... se moque-t-il, supérieur.

—  Je vais tous vous retrouver et vous crever. T'as compris ça, enfoiré ?!

L'aîné se relève, les mains dans les poches et se braque vers sur celui qui se fait retirer son masque.

—  Nan, je crois pas que tu veuilles foutre en l'air ta...

Sidéré, il s'interrompt. Tous restent sidérés en reconnaissant l'acteur et idole agenouillé devant eux. Un brouhaha s'élève, accusateur du couple de célébrités alphas. Zhan prie pour ne pas attiser davantage de curiosité. Cette révélation aux médias serait dramatique, mais sa vie ne serait pas menacée. Il adresse à son aimé un regard larmoyant de détresse, puis baisse la tête. Bonheur donné, bonheur repris. Encore et toujours puni.

—  Y'a un truc bizarre... Il sent vraiment très peu pour un alpha, soulève le plus vieux.

—  Sûrement les phéromones du rut qui camouflent son odeur ?

Interloqués, les deux aînés s'entendent pour plonger le nez dans le cou de Zhan. Celui-ci tressaille à leur contact, aussi effrayé que répulsé. Ils dévisagent ensuite ses traits délicats, considèrent la finesse de son odeur. L'un d'entre eux ouvre un regard effaré.

—  Mec, t'imagines, si c'était un...

Les deux échangent un regard brillant. D'un commun accord, ils décident d'étaler Zhan sur le ventre afin de découvrir par eux-mêmes sa véritable nature. A la vue des deux hommes, assis sur son amour pour le déshabiller, Yibo enrage à en faire vaciller un des trois types qui le maintiennent.

—  Regarde ça, s'écrie l'un des deux. Même pas besoin de le tripoter ! Votre partie de jambes en l'air vient de te trahir, Xiao Zhan !

—  Bordel ! C'est un oméga !

Abasourdis, le groupe encercle l'acteur pour constater les faits. L'humiliation est totale, pour Zhan. Il ferme les yeux, mortifié. Mais les rouvre brusquement quand un doigt s'insère entre ses fesses.

—  Eh ! Vous avez votre scoop ! Qu'est-ce qui vous faut de plus ?! Laissez-moi maintenant !

Il se retourne sur celui qui s'installe sur son corps.

—  Un homme célèbre et oméga, ça se présente pas tous les jours.

—  A partir chez les stars du X, ça se présente carrément pas, pouffe le plus âgé. Vas-y, il va bientôt se faire embarquer de toute façon...

Les yeux rivés sur son aimé, Yibo se déchaîne à s'en déboîter l'épaule. Hurle sa haine. Ses yeux brillent d'une culpabilité poignante. Atroce impuissance. Il était son gardien, il était censé devoir le protéger de la cruauté de ce monde, son but était là. Et aujourd'hui, il le laisse se faire agresser, sous ses yeux.

—  Prends des photos, Yu. Prenez tous des photos ! On va se faire un paquet de tunes.

Une voix ferme retentit soudain à l'entrée de la ruelle.

—  Messieurs, je vais devoir vous interrompre.

La bande se retourne vers la silhouette noire qui se dessine derrière eux, encore éclairée par la faible lueur du jour. En faisant quelques pas vers eux, l'homme dévoile son costume rouge trois pièces.

—  T'es qui toi ? crache un des morveux à l'arrière du groupe.

Sa cigarette pincée entre les lèvres, l'inconnu sourit au jeune insolent comme on sourirait à un imbécile. Il passe une main dans sa chevelure noire avec une préciosité excessive puis recrache sa fumée avec nonchalance, tout en le dévisageant. Une lueur de malice brille au fond de ses iris cendrés.

—  Le dernier beau visage que tu verras avant longtemps, petit.

Semblables à son élégance, plusieurs individus émergent autour de lui pour se diriger vers la bande. D'une impassibilité aussi déconcertante que leurs gestes sont professionnels, ils attrapent les plus peureux – sur le point de s'échapper – et leur brisent une jambe à chacun. Les quelques jeunes restés à l'écart se font maîtriser à leur tour avant de se faire passer à tabac. Quant à ceux qui maintiennent encore Yibo au sol, ils se font briser les deux bras puis littéralement défigurés.

L'inconnu enjambe les corps des victimes d'un pas lent. Las. Leurs cris de douleur l'ennuieraient presque. Il vient se planter devant les agresseurs de Zhan, déjà réduit en miettes, les quatre membres brisés. Tout en tirant sur sa cigarette, il les considère d'un œil placide. Supériorité naturelle. Une fois la sanction assénée, il se penche au-dessus des aînés pour examiner le sanglant résultat. Un sourire satisfait étire ses lèvres. Une œuvre d'art.

Dès qu'il se fait libérer, Yibo se fond comme un enragé sur sa proie, ciblée dès l'instant où ses mains se sont posées sur le corps de son amour. A l'idée de subir le même sort que ses camarades, le garçon, paniqué, relève Zhan par le bras et l'attire à lui tout en sortant un couteau. Apeuré, il recule avec son otage, la lame pressée sur sa clavicule.

La fureur de Yibo atteint son paroxysme.

—  Enfoiré !

Une main puissante se referme sur son bras au moment où il fait un pas en avant. Yibo le regarde, surpris. L'expression amusée de l'inconnu, encore légère il y a peu, vire soudain au sérieux. Il ne lâche plus le coupable du regard.

—  Ne vous salissez pas les mains, Wang Yibo.

Yibo demeure perplexe mais finit par se raisonner et décide de laisser cet homme – vraisemblablement plus dangereux que lui – s'approcher du garçon.

—  Laissez-moi partir ! tonne ce dernier. Ou je vous jure que je le...

—  Que tu le quoi ? Tu sais qui il est. Tu iras en prison pour le restant de tes jours, pouffe l'inconnu. Mon pauvre garçon.

—  Stop ! N'avancez plus !

Lorsque la lame appuie sur la peau fragile de son otage, l'inconnu s'arrête. A deux mètres deux lui, Zhan reconnaît aussitôt l'européen du Dôme.

—  Toi... !

—  Oui, moi, sourit le concerné. Tao t'envoie ses salutations.

Ce nom laisse Yibo bouche bée. Le maître-chanteur est donc à l'origine de ce sauvetage inattendu. Bien qu'il nourrisse une profonde haine envers le mafieux, il se sent soulagé ; de même pour Zhan, qui implore le ciel pour ne pas se faire trancher la gorge.

— Écoute-moi bien, je te laisse jusqu'à trois pour le libérer. Si tu ne le lâche pas, ce ne seront pas les membres que tu auras de brisés, mais la nuque.

Horrifié, le garçon tente de se rapprocher de la sortie à mesure que les trois précieuses secondes défilent, mais la route est condamnée par l'équipe d'assassins. La lame, tremblante, arrache une petite grimace à Zhan. Sa clavicule se fait entailler. Lorsque le trois final tombe, le coupable pousse un cri d'effroi et abandonne son otage pour foncer tête baissée vers le blocus. Yibo rattrape son ami dans ses bras.

L'européen pousse un bref soupir en direction de l'agresseur, déjà maltraité au sol.

—  Dans ma grande clémence, je laisserai le loisir au grand chef de décider de ton sort. Enfin, prie pour qu'il soit de bonne humeur, sinon tu maudiras le jour où tu es né, ricane-t-il. En attendant...

Songeur, il se détourne de sa victime pour faire face au petit couple. Il lance son dernier ordre sur un ton joyeux.

—  Coupez lui la langue !

Yibo et Zhan se décomposent. Tant sous l'horreur de ces paroles – si légères dans sa bouche – que par les cris abominables du jeune coupable. Peut-être est-ce le sourire délecté, la sérénité malsaine de ce tortionnaire si raffiné qui est la plus effrayante. Zhan détourne le regard en serrant la main de son amant qui passe un bras autour de lui.

—  Pardonne-moi d'avoir mis si longtemps, Xiao Zhan. Le temps d'arriver, tu sais, se désole le sauveur en haussant les épaules.

Les yeux rivés au sol sur les corps à l'agonie, Zhan perçoit à peine ses mots. S'il est soulagé de s'être fait sauver – son secret inclus –, être redevable à son bourreau est une dette répugnante.

—  Ravi de te rencontrer, Wang Yibo, déclare le trentenaire en dégageant du bout du pied le bras qui entrave sa route.

—  Pourquoi Tao t'a-t-il envoyé ? Est-ce que... est-ce qu'il me fait surveiller ?

Le sourire du jeune homme s'élargit.

—  Ah, Zhan... Évidemment.

Il se penche sur le visage d'un des garçons afin d'y écraser la fin de sa cigarette tel un vulgaire cendrier, puis s'approche de l'acteur avec une moue attendrie.

—  Tao ne prend aucun risque avec sa collection, elle est bien trop précieuse. Il ne permet pas qu'elle soit endommagée ni livrée au grand jour sans qu'il ne le permette. Mais en ce qui concerne sa protection, elle n'est valable que pour les pièces rares. Comme toi...

Son air charmeur déplaît fortement à Yibo. Son regard se durcit.

—  Alors il me fait espionner, où que j'aille ?

—  En quelque sorte. Et comme nous avons des contacts un peu partout dans la ville, intervenir s'avère être facile.

—  Moi qui pensais que tu n'étais qu'un...

—  Tu as bien vite compris que je n'étais pas qu'un simple client, susurre-t-il près de sa joue, lorsque je suis venu te chercher après nos ébats...

Il lève un œil malicieux vers Yibo. Ouvertement provoqué, celui-ci serre la mâchoire et pose un regard de biais sur son ami. Zhan baisse les yeux, honteux. Tout ce qu'il désire en cet instant est de coller son poing dans la figure de ce type.

—  Oh ! Et puisque nous faisons partie de la même maison maintenant, tu peux m'appeler Christian. Chris, pour les intimes. Pour toi, ce sera donc Chris... souffle-t-il avec un clin d'œil enjôleur.

Irrité par son comportement, Yibo ne peut se contenir plus longtemps. Il tire Zhan par la main pour quitter cette maudite ruelle. Mieux vaut partir avant de s'emporter.

—  Pense à remercier Tao lorsque tu le verras ! s'amuse Christian. A très bientôt, Xiao Zhan...

Ces derniers mots font perdre patience à Yibo. La poubelle qui se trouve sur son chemin subit un violent coup de pied. De son côté, Zhan serre les dents. Souffrant en silence l'écœurement de sa dette envers son maître-chanteur.

Lorsque des voitures de police s'approchent des lieux, sirènes hurlantes, les deux garçons freinent l'allure pour se retourner vers la rue. Quelle n'est pas leur surprise en voyant Chris, accoudé familièrement sur le toit d'une des voitures, en joyeuse discussion avec les policiers. Sans se préoccuper un instant du groupe de jeunes, les agents sortent fumer une cigarette en sa compagnie comme de vieux camarades. Le dégoût de Zhan grandit davantage encore. Il enserre la main de son amour et presse le pas en direction de l'appartement. Il imagine très bien le groupe en train de les observer, ainsi que la mine radieuse de Christian.

—  Rentrons vite.


Zhan se laisse tomber sur le canapé, la tête entre ses mains. Yibo le rejoint pour le réconforter, unique rôle qu'il est certain de pouvoir endosser. Il se sent misérable. Pire, il est responsable de tout ce qu'il vient de se produire.

—  Je suis désolé de t'avoir emmené dans cet endroit. C'était irresponsable et imprudent. Je t'ai mis en danger. Je suis vraiment qu'un con...

—  Oublie ça, c'est bon, soupire Zhan.

Une pensée émerge à nouveau. Il se tourne vers Yibo et le fixe, très sérieux.

—  Explique-moi maintenant, c'est quoi cette histoire de rut...




Une très bonne et heureuse année à toutes et à tous !✨ J'espère que 2021 sera meilleur pour tout le monde, pour ma part je me fais une joie de commencer cette année avec vous ! 🎐💜

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