Chapitre 18
Après avoir rangé ses quelques affaires dans un coin du grand dressing de son hôte, Zhan part se réchauffer sous une bonne douche tandis que son hôte déplie la méridienne de son canapé pour y passer la nuit. Les hanches enroulées dans un drap de bain blanc, il sort de la salle de bain en ébouriffant ses cheveux humides. Il se stoppe net, les yeux figés sur son ami.
— Tu... tu comptes dormir là ?
— Oui. Pourquoi ?
— Je... non. Pour rien...
Le plus grand mensonge de sa journée, sans nul doute.
— Ça me met mal à l'aise de t'obliger à dormir sur le canapé, tu es chez toi...
— Et toi, tu es en arrêt et tu récupères de tes blessures.
— Mes blessures physiques ne sont pas celles qui ont le plus d'importance... marmonne Zhan en détournant son regard terne.
Yibo arque un sourcil ahuri.
— Est-ce que tu sous-entends que... tu veux que je dorme avec toi ?
La mâchoire de Zhan se crispe. Bien entendu qu'il le désire. Plus que tout, même.
— Je... me sentirais mieux, je crois.
Yibo déglutit. Il rêverait de passer ses nuits à ses côtés, c'est une évidence. Mais la dernière chose qu'il souhaite est de commettre l'erreur fatale qui ferait fuir son ami. Après ce qu'il vient de vivre, ce n'est clairement pas le moment. Ses yeux dévient sur la serviette blanche qui tombe sur ses hanches. Savoir l'intimité de l'homme de ses rêves si peu cachée derrière ce bout de tissu, suffit à attiser son envie. Il souffle un bon coup, tente de refroidir ses ardeurs. Dans l'espoir de lui faire entendre raison, Yibo s'approche de quelques pas mais ses phéromones – non tempérées depuis vingt-quatre heures – déclenchent son alarme mentale. Il s'arrête à deux mètres de lui, crispé de tous ses membres.
— Je... je ne peux pas.
— Pourquoi ? se désole l'acteur.
— Parce que je ne veux pas merder ! s'écrie sèchement Yibo pour camoufler sa honte.
La déception se lit sur le visage de Zhan.
— Je vois...
— Je ne veux pas tout gâcher... comprends moi... !
— Donc.. que sommes-nous destinés à être, tous les deux ?
Yibo ne cache pas sa surprise. Zhan s'avance vers lui à pas lents, sa serviette ondulant sur ses hanches.
— Xiao Zhan, s'il te plaît, je ne blague pas... l'implore Yibo.
Une main devant lui, il recule comme s'il était la proie. Celle de ses pulsions, en fin de compte. Il a beau lutter au quotidien, avoir réussi à contenir sa flamme au cours de cette fameuse nuit dans la salle de bain, il reste un homme imparfait. Et il serait seul fautif de son erreur, bien que victime également des conséquences de son acte, irréparable.
Son idéal tout proche de lui, il ferme les yeux et se pince les lèvres. Dans son dos, ses doigts s'agrippent au canapé, en abîmant presque le tissu. Un dernier élan de conscience le pousse à rouvrir les yeux et hausser le ton pour freiner Zhan, qui se trouve à présent à cinquante – bien trop courts – centimètres de lui.
— N'avance pas plus !
Le concerné s'arrête. La nervosité de son ami est palpable dans l'air. Il examine sa lèvre mordue presque au sang, ses joues carminées et les muscles raidis de ses bras tremblants. Ses pupilles dilatées sont le signe de la violence qu'il s'inflige en ce moment-même pour ne pas céder à ses instincts. Son érection est saillante sous son jean. Affligé, Zhan recule à contre cœur, la tête basse.
— Je pensais que... enfin, j'avais vraiment besoin de... sentir ta présence. Comme cette nuit.
— Je sais... je sais ! siffle Yibo entre ses dents serrées, agacé contre lui-même.
En cet instant, une vague de culpabilité le heurte de plein fouet. Ne pas pouvoir agir selon sa volonté mais devoir subir celle de son corps d'alpha l'insupporte. A cause de ses réactions malsaines, il ne peut accorder à son aimé le soutien dont il a tant besoin. Un soutien affectif. Un apport de tendresse. La chaleur d'un protecteur, et non celle d'un assaut.
— Comprends-moi, je voudrais pouvoir rester chaque nuit avec toi, vraiment, supplie Yibo. Mais je ne veux pas faire d'erreur, car je sais que tu n'es pas... prêt. Et si je commets cette erreur, je sais qu'au fond de toi tu en souffriras, tu le regretteras... et donc moi aussi.
Zhan le fixe de son regard terne. Il est fatigué de toutes cela. Fatigué de ce monde qui ne marche qu'au sexe et à l'impulsion. L'amour, l'affection, la tendresse, ne sont-ils donc pas des sentiments envisageables sans forcer la barrière du sexe ? Vraisemblablement, non.
Il finit par hausser les épaules avec une expression placide.
— Finalement, est-ce si grave...
— De... de quoi tu parles ?
— S'il faut en passer par là, ce n'est qu'une étape. Si je l'ai fait pendant deux mois, je peux le refaire encore. Je crois que je dois juste accepter de faire cette chose puisque c'est visiblement toujours nécessaire.
Les yeux de Yibo s'écarquillent. Cette fois, il envoie valser l'entièreté de sa conscience pour aller se planter devant son ami. Il le fixe droit dans les yeux, l'air grave.
— Je crois que c'est la chose la plus terrible que tu aies jamais dite, Xiao Zhan. Le sexe ce n'est pas ça.
— Pour moi, ça l'est. C'est ce qu'il s'est passé.
Yibo reste ahuri. Effaré par son atroce certitude que rien de bon ne peut exister. Dans ses yeux, il lit le poids du fardeau que représente pour lui la « chose ». Le sexe. Ce voile qui pend sur sa vie comme un boulet trainé au pied. Le sexe est la raison qui a éteint ses belles prunelles, autrefois pétillantes de vie, et marqué son esprit au fer rouge.
Il relève son menton du bout des doigts, puis plonge un regard profond – bien que chagriné – dans le sien, grisé par une affreuse résilience.
— La vie n'est pas le reflet de ce qui se passe dans notre pays. Et je te garantis que le sexe n'est pas ce que tu penses. Ou du moins, il n'est pas uniquement ce que tu as vécu.
— Et il est quoi alors, Wang Yibo ? rétorque Zhan en soutenant son regard.
— Il est plus beau que tu ne l'imagines... souffle Yibo en se perdant dans la contemplation de son visage.
— Je suppose que tu vas me dire qu'avec toi ce serait différent.
— Non. Ce n'est différent que dans une seule circonstance...
— Et laquelle ?
Les mains de Yibo glissent d'elles-mêmes le long de sa mâchoire dans un geste langoureux, accentuant le silence qui se mure sur leurs lèvres entrouvertes.
— Quand on rencontre la bonne personne...
La respiration de Zhan se coupe. Dangereusement proches, leurs regards alternent entre leurs bouches et leurs iris fiévreux. La chaleur de leurs souffles se mêlent. A fleur de ses lèvres, Yibo s'arrête, en quête d'une permission qui ne lui a pas été accordée de vive voix. A défaut de pouvoir s'exprimer, Zhan glisse ses mains de son torse à son cou et colle son front au sien.
— Yibo...
Le murmure de son prénom, aussi tremblant de désir que de fragilité, offre la réponse tant attendue. Les lèvres de Yibo se pressent contre les siennes avec une ardeur enflammée. Leur étreinte se resserre, la main de Zhan s'agrippant à la chevelure de son partenaire pour appuyer leur baiser. Celles de Yibo, glissent de sa nuque à sa mâchoire. Du bout du pouce Yibo appuie lascivement sur sa lèvre inférieure, au-dessus de son adorable grain de beauté. La tendresse de ses croissants chairs, tant fantasmée, accroît l'admiration sans faille qu'il portait déjà à la perfection de ses traits ; son désir s'embrase. Il fond à nouveau sur sa bouche afin de les maltraiter de doux mordillements ; de baisers brûlants d'une frustration accumulée depuis de (trop) nombreuses semaines.
Émerveillé pas les délices méconnus qui lui sont offerts, une passion jusque-là interdite, Zhan se délecte de ce bonheur qui l'étreint, avide de ses moindres nuances. Frémissant, tremblant contre le corps de son protecteur. Et cette fois, ses tremblements ne sont pas dus à la peur, mais bel et bien par un excès de bien-être. Divin. Plus les mains de Yibo se promènent sur sa peau, plus les sensations se dévoilent. Comme si les gestes qu'il connaissaient déjà étaient revisités par la beauté elle-même, dans un autre monde. Un univers en couleurs, tranchant avec celui, noir et blanc, qu'il connaissait jusqu'alors. Un univers aux milles senteurs de bonheurs, promesse d'une extase infinie.
La chaleur grimpe. Leur baiser, aussi langoureux soit-il, ne suffit bientôt plus à satisfaire leurs ardeurs.
Les mains de Yibo s'aventurent sur son abdomen. Zhan recule légèrement, chatouillé par le toucher de ses doigts. Ses caresses glissent le long de ses abdominaux, lentement mais sûrement, jusqu'à l'unique barrière de tissu, bombée sous son érection. Sur le point de se décrocher, Yibo presse son bassin contre le sien et la serviette finit par tomber. Sa nudité dévoilée, le désir fait briller ses pupilles d'alpha. Il empoigne à pleine main son membre saillant, et entame de longs va et vient. Zhan se mord la lèvre et ferme les yeux, abandonnant quelques gémissements de plus en sonores. Il s'accroche à son cou, fébrile.
En le sentant défaillir sous ses gestes, Yibo le soulève et enroule ses jambes autour de sa taille, tout en capturant sa bouche. En arrivant près du lit, Zhan plisse les yeux, préparé à une chute brutale, mais au lieu de se faire jeter sur le matelas, il est déposé avec douceur, sans perdre leur étreinte.
Puis, vient le bruit si connu de la braguette. Le dominant libère son arme. Le cœur de Zhan s'accélère. Il chasse les pensées malsaines qui tentent de gâcher son plaisir en déplaçant sa bouche dans le cou de son alpha. La délicate virilité de son parfum boisé l'envoûte et l'apaise un instant. Les lèvres de Yibo descendent jusqu'à son entrejambe dans un long chemin de baisers papillon. Son cœur s'accélère encore. Le rappel de l'acte nécessitant la même contrepartie est gravé dans sa mémoire ; le malaise grandit. Certes, il ressent l'envie de faire du bien à cet homme qu'il désire tant, mais y être contraint car la normalité lui impose est une toute autre histoire. Une chose dégradante.
La bouche de Yibo coupe court à ses doutes dès qu'elle se pose sur sa verge. Sa langue parcourt les fines volutes de sa longueur dressée, gorgée d'envie. Agenouillé sur le lit, il ne quitte plus des yeux le visage de son tendre amant. Le plaisir qui s'inscrit sur son visage est le plus délicieux des mets. Lorsque sa bouche engloutit avec gourmandise l'entièreté de son membre, ses gémissements se décuplent. La voix de Zhan prend son envol, à l'apogée de son érotisme. Mélodie irrésistible.
Yibo quitte son entrejambe pour aller déposer quelques baisers dans son cou. L'impatience grandit. Préparé à l'acte réciproque qui doit suivre, Zhan se redresse, la boule au ventre. Pour la première fois, il culpabilise sincèrement de ne pas désirer offrir du plaisir à son partenaire. Il pousse le torse de son alpha du bout des doigts pour s'agenouiller devant lui à son tour et cueille sa hampe entre ses mains pour y déposer de petits baisers tout du long. Ses lèvres tremblantes interpellent Yibo. Bien qu'il rêve de s'insérer dans sa bouche, prête à le recevoir, il relève son menton du bout de l'index.
— Zhan...
— Oui ?
— Tu es sûr ?
— Sûr ?
— Je ne sais pas, je ne te sens pas à l'aise... Tu le veux vraiment ?
Le regard confus que Zhan lève sur lui le laisse aussi sidéré que les paroles insensées qui sortent ensuite de sa bouche.
— Pourquoi est-ce tu me demandes mon avis ?
L'horreur transparaît sur le visage de Yibo. Il encadre ses joues pour l'arrêter et le repousse avec douceur sur le lit pour se repositionner au-dessus de lui.
— Sérieux, qui t'a foutu ce genre d'idées ? Enfin, non. Ne me dis pas. Ne dis rien.
Zhan le dévisage en silence, presque fautif. Se fait-il repousser parce qu'il a mal fait les choses ? La culpabilité lui serre le cœur.
— Tu ne feras que ce que tu as envie de faire. Uniquement...
Sans lui laisser le temps de répliquer, Yibo fond sur ses lèvres et déguste à nouveau la soie de sa peau opaline du bout des doigts. Ses mains se referment sur ses hanches puis glissent jusqu'à ses cuisses. Le claquement de son bas-ventre contre ses fesses résonne déjà dans sa tête ; sonorité délicieuse...
Il empoigne le fessier dont il a tant rêvé, la lèvre mordue, et en titille l'entrée. En sentant le fluide naturel de son oméga couler entre ses doigts, l'excitation de Yibo fulgure dans ses veines. Il en introduit un en lui avec précaution, accompagnant ses mouvements de baisers papillons le long de sa gorge. L'envie devient douloureuse, mais il contient son désir. Préparer son tendre amour passe avant ses pulsions. Jamais il n'avait autant désiré quelqu'un. Jamais non plus un être ne l'avait tant obsédé à ce point. Son corps soyeux torture le sien depuis trop longtemps.
Un doigt, deux doigts, doux. Habiles. Pourtant, à l'inverse de son corps, l'esprit de Zhan refuse de se préparer à l'acte. Il tréssaille d'un pénible sentiment de vulnérabilité, immense fragilité. Un frisson effrayant et effrayé qui ne lui correspond pas, mais le paralyse comme s'il allait mourir d'un instant à l'autre. Qu'une chose terrible allait se produire. Bien sûr, il n'est pas prêt. Son ami avait raison. D'ailleurs, il a bien trop souvent raison.
En voyant le corps de son amant réclamer le sien, Yibo pointe son gland entre ses fesses et vient murmurer à son oreille d'une voix suave.
— Dis-moi si ça ne va pas...
Incapable de prononcer le moindre mot, Zhan décide de se débarrasser de force de ses craintes et scelle ses lèvres sur les siennes. Il n'en faut pas plus à Yibo pour en traduire son accord. Son membre s'insère en lui dans un mouvement lent.
Les yeux de Zhan se figent au plafond, il ressent chaque mouvement de sa douce pénétration. Mais cette fois, la caresse sensuelle de ses lèvres dans son cou n'a plus le même goût rassurant. Plus le sexe s'introduit, plus son malaise grandit. Sa respiration se hache, de plus en plus rapide à mesure qu'il se fait posséder, et sa poitrine se comprime.
Il doit se convaincre de se détendre. Avec cet homme-là, tout est différent. Il n'a aucune crainte à avoir. D'ailleurs, aucune douleur ne le fait hurler, pas même serrer les dents. Au contraire, une chaleur agréable remonte le long de ses reins, diffuse et plaisante. Mais l'angoisse est la plus forte.
Ses ongles s'accrochent aux draps jusqu'à se planter dans ses paumes, à travers le tissu. Les râles de plaisir de son dominant ne font qu'accentuer le mal-être, impossible à enfouir. Il serait capable d'en vomir. Tout ce qu'il voudrait en cet instant est s'enfuir. S'échapper très loin de tout être vivant pour s'enfermer quelque part où personne ne pourrait l'atteindre. Les doigts de Yibo plongent dans sa chevelure pour s'y agripper. Sa gorge se noue. Le souvenir du canapé, la main de Jin dans ses cheveux, sa tête écrasée. Humilié. Tel un chien. Pire, un objet.
Son souffle s'accélère encore. Le sentiment d'infériorité, arrivé à son summum, réduit son plaisir en miettes. Il n'est rien. Et ne sera jamais rien.
Les larmes noient ses yeux. Larmes de renonciation. D'avilissement. Il n'est qu'une chose, utilisée par un plus fort. Il voudrait crier. Hurler. Mais rien ne sort. L'effroi l'étrangle. Il n'est plus qu'un fantôme possédé par son amant. Ce garçon qui, depuis le début, se détache des autres. Lutte contre ses propres démons, pour lui. Et après avoir montré à cet homme merveilleux qu'il le désirait, avoir donné son accord, il est dans cet état déplorable. A-t-il vraiment le droit de changer d'avis ? Et s'il changeait d'avis, l'abandonnerait-il ? Non, Yibo n'est pas ce genre de personnes. Du moins, il refuse de l'imaginer ainsi ; il ne s'en relèverait pas. Son cœur ne saurait guérir de la perte du seul être important à ses yeux. Le seul qu'il ait désiré. L'unique qu'il ait jamais voulu garder à ses côtés. Qu'il ait jamais aimé.
La lèvre mordue, il enlace alors son alpha et enfouit la tête dans son cou. Il est pathétique. Dans son esprit, il s'oblige à poser le visage de Yibo sur les coups de reins, de plus en plus secs. Car il ne peut plus le regarder. Il dévoilerait ses yeux embués, traîtres de sa douleur. Ainsi, noyé dans son parfum, ses paupières se referment sur son aimé, écrasant de chaudes larmes sur ses joues.
— Tu es si bon...
Susurrées au creux de son oreille, ces paroles résonnent tel un écho répugnant. Pris dans ses pulsions, Yibo agrippe à nouveau sa chevelure par une main dans sa nuque, traduisant des crispations de son corps des signes de plaisir. Mais cette fois, le geste ne passe pas. Zhan se contracte comme s'il venait de recevoir la foudre. Dans un mouvement brusque, presque un instinct, il repousse violemment Yibo.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas... ?
Le visage de Zhan se pétrifie, presque possédé. Entre dégoût, rancœur et effroi. Toute rationalité s'envole. Et irrémédiablement, Yibo finit par découvrir ses larmes. Voilà donc l'instant de sa défaite, sa plus grande honte. Sa propre faiblesse le gifle avec force.
— Zhan...
Sentir encore ce sexe en lui devient un véritable supplice. Il se recule pour l'extirper de lui comme s'il était une chose nocive.
— Attends, parle-moi !
Yibo se penche pour l'enserrer dans ses bras, loin d'imaginer que ce contact n'est plus qu'une atroce oppression pour son aimé. Il s'attarde sur son souffle court, ses tremblements et sa moue fuyante. Les yeux agrandis de Zhan fixent des points dans le vide, comme perdus dans un autre monde à la recherche d'une échappatoire. Le cauchemar aveugle.
— Je t'en prie... dis-moi ce que j'ai fait de mal... supplie Yibo.
Sa voix chagrine inflige à Zhan une seconde gifle. Il n'ose pas affronter son regard, car il sait qu'il s'effondrera dès cet instant.
Yibo s'empare de son menton pour capturer ses prunelles fuyantes.
— Zhan...
Comme prévu, les larmes coupables jaillissent.
— Je suis désolé... sanglote Zhan. Je ne sers à rien... ! Je suis désolé... !
— Quoi... ?
— Laisse-moi ! s'écrie-t-il en le repoussant plus violemment.
— Jamais de la vie.
— Laisse-moi ! Tu ne vois pas que je ne suis pas fait pour toi ?!
Plongé dans une totale incompréhension, Yibo demeure bouche bée. Comment doit-il réagir ? Doit-il lui laisser de l'air ? le garder près de lui ?
Un nouveau frisson d'angoisse fait trembler Zhan. Il se recule au plus vite pour fuir loin du danger et se recroqueville contre la tête de lit.
— Dis-moi quoi faire, Zhan, je t'en prie...
Muré dans son silence, ce dernier enfouit ses sanglots dans un oreiller, serré contre lui, comme s'il était la seule barrière protectrice qu'il ait contre ce monde.
— Laisse-moi, souffle Zhan entre deux pleurs refoulés. Je ne suis rien. Je ne suis qu'une merde.
Les mots de trop pour Yibo. Bien qu'il se fasse repousser à nouveau, il capture son amour pour l'emprisonner dans ses bras. Voilà la seule chose qu'il doit faire.
Malgré ses protestations – ses cris même, étranglés par les sanglots et les paroles autodestructrices –, Yibo le maintient contre lui jusqu'à ce que son immense souffrance, accumulée en silence, se libère dans leur étreinte. Jusqu'à n'en plus laisser que des pleurs. Ceux d'un blessé qui se croyait invincible mais se voit ravagé, laissé pour mort.
Durant de longues minutes, Zhan délivre le poids de toute une vie dans le cou de son alpha, inonde sa peau de ses maux jusqu'à ce que toute son énergie ne s'éteignent dans d'ultimes soubresauts.
Le calme plane. Tout aussi chargé de peine pour Yibo que d'épuisement pour Zhan.
Puis, dans un instant précieux, criant d'une sincérité suppliée, Yibo prononce les mots que son âme ne peut plus taire.
— Je t'aime.
Comme si sa bulle venait d'éclater, Zhan lève un regard choqué vers lui. Le sentiment d'illusion qui traverse ses yeux agrandis fait sourire Yibo. De son regard le plus tendre, il répète à nouveau :
— Je t'aime...
Zhan demeure figé. Un flot fulgurant de sentiments plus sucrés les uns que les autres se répand en lui. La douleur semble brusquement envolée.
— Peu importe si toi tu ne m'aimes...
— Moi aussi... Moi aussi, je t'aime.
Yibo s'illumine et le visage de Zhan s'éclaire à son tour d'un sourire unique, l'un de ceux qui semblaient perdus à jamais. Et par la magie de l'instant, il est le plus beau. Ses lèvres se mettent à trembler des plus belles larmes, celles d'un bonheur trop merveilleux. Et tandis qu'il enserre son tendre gardien de toutes ses forces s'échappe de ses lèvres le soupir sanglotant de tout son amour.
— Je t'aime... Je t'aime, Wang Yibo.
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N/A
Un immense merci pour vos commentaires, votre soutien, vos encouragements ! 💞
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Vous me poussez toujours à continuer et me faites sourire, et pour ça, je vous remercie encore ! 💗
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