24 Juillet.
Franck était allongé entre son salon et sa cuisine. Il ne se souvenait de rien depuis la dernière fois qu'il avait fermé cette porte. Il se redressa difficilement, non plus à cause de la douleur mais du fait de son intense fièvre et de sa tension qui commençait à chuter. Sa fréquence cardiaque habituellement autour de 52 était actuellement proche des 100 battements par minute.
La télévision était allumée et le journal télévisé avait déjà commencé :
« - La jeune Clara a été retrouvée ce matin. L'inspecteur en charge de l'enquête confirme avoir également arrêté le ravisseur et comme il l'avait affirmé hier il ne s'agissait pas du cannibale mais d'un copieur.
- Notre fille a eu beaucoup de chance... elle... L'inspecteur... L'inspecteur nous a décrit que le copieur s'apprêtait à la démembrer au moment où ils l'ont retrouvé, comme fait le cannibale...
- Vous venez d'entendre la mère de Clara, profondément émue et on la comprend bien. Il s'agit... Pardon ?
-...
- Vous êtes sûr ?
-...
- Bien... Il semblerait que des nouvelles informations soient parvenues à l'inspecteur, concernant cette fois-ci le vrai cannibale. Une opération serait actuellement en train de se dérouler afin de l'appréhender. Une de nos équipes est bientôt sur place. »
Franck, appuyé sur le côté de son canapé sa bouteille d'urine dans la main, forçait du plus qu'il pouvait. Mais rien. Il n'arrivait plus à évacuer ses urines. Il jeta alors la bouteille dans la pièce créant une flaque d'urine sous son sac de frappe. De là il vit une rallonge noire branchée au mûr situé en face de lui. Elle menait directement dans la cuisine. Il lâcha alors le canapé et essaya de se rendre dans la cuisine avant de trébucher et de se retrouver à terre.
« - Notre équipe sera bientôt sur place. Nous vous tiendrons informé de chaque avancé de cette opération. Pour le moment nous avons avec nous une officiée de cette enquête. Quelles informations avez-vous en votre possession ? Comment êtes vous si sûr qu'il s'agit du cannibale ?
- Un témoin important c'est présenté et a fait une déposition. Ses témoignages étaient d'une précision extraordinaire alors oui nous savons que la personne qu'elle nous a désigné est bien le cannibale. Nous avons pu également identifier où le cannibale se trouve actuellement. »
Franck se releva, il fallait qu'il termine ce qu'il avait commencé. Ce fut difficile mais sa volonté fut plus forte. Une fois dans la cuisine il rembobina la cassette qui se trouvait dans la radio avant de relancer l'Aigle Noir. Alors que la chanson commençait à peine il attrapa son verre d'eau dans l'évier, le rempli et versa plusieurs gouttes de la même drogue qu'il avait ingéré la veille. Il n'attendit pas plus longtemps, il n'avait plus le temps de tout manière. Il ouvrit la porte.
- Tue moi...
John redressa la tête pour voir son ravisseur.
- Non, fit-il d'une voix douce, tue-moi, il faut me tuer.
Franck n'en tint pas rigueur. Il s'approcha de lui, attrapa sa tête pour la mettre vers l'arrière et le força à boire la drogue. L'effet était rapide alors Franck n'attendit pas plus longtemps. Il sortit de la pièce pour aller chercher la scie accrochée à un des murs de son salon.
« - Loïc vous venez d'arriver sur place. Quelles informations avez-vous à nous faire parvenir ?
- Oui Natacha nous sommes bien arrivé, non sans difficulté car un véritable déploiement de force de l'ordre est sur place. Tout le quartier est bloqué personne ne peut y entrer ou y sortir. Alors pour le moment ce que nous savons c'est que c'est dans cet appartement situé en sous-sol que semble se trouver le cannibale.
- C'est donc dans cet appartement que vivrait le tueur en série ? Et avez-vous son nom ?
- Non il ne s'agit pas de l'appartement du cannibale. Je n'ai pas encore son nom. En revanche il semblerait que le témoin clef dans cette affaire soit l'épouse du tueur en série ».
Il attrapa la scie et retourna dans la cuisine puis il empoigna l'appareil à souder, qu'il avait dû préparer lors de son état de trans, laissé au pied de la porte. Lorsque Franck entra dans la pièce derrière la porte il vit John éclater de rire. La drogue faisait effet. Il n'avait plus beaucoup de temps alors il ne prit pas une minute pour savourer. Il posa ses outils et détacha rapidement les pieds de sa victime. Heureusement celle-ci était trop faible et suffisamment droguée pour tenter quoi que ce soit. Il attrapa alors fermement une des jambes et commença à scier au niveau de la cuisse tendis que John continuait à sourire.
C'est alors qu'il entendit sa porte d'entrée se faire défoncer. Derrière, et il le savait, une horde de policier allait débarquer.
- Non ! Fit-il en lâchant ses outils. Pas maintenant !
Il se redressa sans savoir pourquoi et se rua dans le salon. Pour quoi faire ?
« - Ca y est Natacha, l'assaut est donné. Nous allons bientôt savoir si le cannibale se trouve bien dans cet appartement. Nous avons d'ailleurs le nom de l'actuel locataire. Il s'agit d'un certain Franck Pézénas.
- Comment vous dîtes ? »
Plusieurs hommes en noir étaient entrés comme Franck s'y était attendu.
- Non, cria t-il, pas maintenant ! Je n'ai pas terminé ! Il lui faut plus que ça !
Il pleurait.
- Il faut qu'il souffre plus que ça... Fit Franck en gémissant et en chutant à terre, son infection prenant le dessus.
- Un médecin ! Cria l'inspecteur.
« - Une nouvelle information viens d'arriver à nos studios alors que l'assaut est actuellement en cours. Le nom du cannibale, le tueur en série de 58 victimes, serait John Baten un ancien... »
- Allons voir dans cette pièce, fit l'inspecteur, que chacun reste sur ses gardes.
Alors qu'un jeune gendarme s'apprêtait à entrer l'inspecteur vit l'inimaginable.
- Un médecin ici aussi ! Vite ! Cria-t-il de nouveau.
Il eut à peine le temps de finir sa phrase qu'il attrapa le gendarme devant lui qui venait de rendre son repas et le tira vers l'arrière. Quand il entra dans la pièce à son tour, l'odeur et la vision étaient tellement horribles qu'il eut également un relent dans sa bouche mais il réussi à se contenir.
Il fixait l'homme derrière la porte. C'était bien lui malgré les sévices que lui avait infligé Franck. C'était bien l'homme décrit par le témoin. Enfin.
- John Baten ? C'est terminé.
L'inspecteur souffla en fermant les yeux. En serrant du plus qu'il put les paupières. Le médecin ainsi qu'une équipe infirmier passa à ses côtés pour donner les premiers soins. L'inspecteur en profita pour faire demi-tour. Dans la cuisine il tapa sur l'épaule de son jeune gendarme, toujours sous le choc. « Brave petit » pensa-t-il. Il allait lui falloir plusieurs années pour retirer cette image de son esprit, du moins arrêter d'en faire des cauchemars.
Il rejoignit ensuite le salon
« Loïc, pouvez-vous nous expliquer comment John Baten et Franck Pézénas ont pu se retrouver au même moment au même endroit ? »
- Quelqu'un peut m'éteindre cette télévision s'il vous plaît ?
- Monsieur ? Fit le médecin qui sortait de la cuisine.
- Oh non...
- Désolé, il est mort.
L'inspecteur souffla.
- Merde... et Pézénas ?
Le médecin secoua la tête. Le voyant faire l'inspecteur se mordis la joue. Il n'aurait rien, l'affaire du cannibale se terminerait sur rien.
- Je peux vous poser une question ?
- Allez-y.
- Comment Franck Pézénas a-t-il retrouvé l'assassin de sa fille ?
L'inspecteur baissa les yeux avant de répondre.
- Il semblerait que Jessica Baten ait préféré parler à ce type qui ne cessait de répéter qu'il allait se venger plutôt qu'à nous.
- Je vois...
Le médecin quitta le studio tendis que l'inspecteur se retournait une dernière fois pour voir la cuisine et la petite pièce située derrière. Il resta plusieurs minutes dans cette position. Malgré ses années d'exercice lui aussi aura du mal à oublier ce qu'il avait vu aujourd'hui, à oublier ce qu'il se trouvait derrière la porte.
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Merci de m'avoir lu ! J'espère que cette histoire vous aura plus. N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous en avez pensez ;)
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