Les mots coulent sur le papier sans que je ne puisse les retenir, ils s'envolent  là où je ne peux les rattraper, là où ils peuvent être libre. Et je leur souhaite d'être libre parce que c'est beau la liberté : c'est un peu comme un oiseau qui s'envole vers le soleil et qui peut revenir vers les étoiles quand ça lui chante. La liberté c'est ça : pouvoir partir mais aussi revenir.

Je m'allonge sur l'herbe mouillée par la rosée qui me donne de petits frissons et mes yeux commencent à fixer l'immensité qui se déploie devant moi en cherchant un moyen de me transformer en oiseau pour pouvoir m'envoler jusqu'au soleil. Il faudra que je fasse simplement attention à ne pas m'y brûler les ailes comme Icare.

Je commence à compter les nuages en priant un peu plus à chaque instant que je puisse m'envoler d'ici.

Nuage n°1.

Faite que

Nuage n°2.

je devienne

Nuage n°3.

un petit

Nuage n°4.

si petit

Nuage n°5.

oiseau et

Nuage n°6.

que je puisse

Nuage n°7.

m'envoler très loin.

Quand j'arrive au nuage n°346 je suis toujours allongée dans l'herbe le regard vissé au ciel. Les gouttes d'eau qui ressemblent à des diamants sur les brins d'herbes vertes ont à présent totalement disparu.

J'entends des cris derrière moi mais je ne bouge pas. Je ferme les yeux encore et je supplie encore plus fort.

S'il vous plaît, s'il vous plaît je n'en peux plus, je veux partir.

J'entends encore les cris qui se rapprochent de plus en plus, je vois les coups qui viendront s'écraser et les larmes qui couleront, comme une mélodie apprise par cœur.

Le film défile devant mes yeux avant que le réalisateur ait pu dire : action ! car j'ai appris à en connaître les rouages par cœur. L'odeur de l'alcool remplit mes narines, le cliquetis de la ceinture tinte à mes oreilles et mes yeux captent les rayons de soleil qui viendront penser mes blessures.

Mais je ne suis plus là, je suis l'oiseau qui s'envole vers le soleil pour aller dire bonjour aux étoiles.