Epilogue

Cinq ans plus tard.

J'ouvre les paupières et étire les bras vers le haut.

Je me relève lentement et prends une grande inspiration.

C'est le grand jour.

Je prends rapidement une douche et me dirige en sous-vêtement dans ma chambre.

Je lève la tête vers le cadre accroché sur le mur au-dessus de mon lit et souris lorsque je vois l'éclipse. Le tableau que j'avais peint avec mon défunt mari il y a quelques années de cela.

En quelques instants, je nous revois assis sur le sol de la salle à manger pour peindre cette magnifique toile.

Je me dirige ensuite vers ma commode et saisis ma crème goût vanille. Je me positionne devant le miroir et l'applique sur tout mon corps.

Je contemple mes tatouages et pose la main sur mon cœur où se trouve un grand papillon tatoué.

Sur tout mon bras gauche, je me suis faite tatouée des étoiles scintillantes en référence à Ethan, Alya et au Kenya ; où tout a commencé.

J'enfile mon blaser noir et ma jupe de même couleur, puis j'emporte mon carnet avec moi.

Arrivée à mon café habituel, je sirote mon cappuccino en fixant la tour Eiffel, au loin.

J'écoute les oiseaux chanter, je ressens le vent effleurer les feuilles des arbres autour de nous.

Puis je souris lorsque je contemple les parisiens discuter, un couple se dispute tandis qu'un autre semble éperdument amoureux.

Je pince mes lèvres, et tourne ma bague de fiancaille que je n'ai jamais enlevée.

J'ouvre mon journal et je décapsule mon stylo bleu.

"Cher Ethan,

Voilà cinq ans, jour pour jour, que nous sommes mariés et cinq ans, jour pour jour, que tu nous as quittés.

Et comme chaque année, je t'écris une lettre.

La vie nous a arraché l'un à l'autre bien trop tôt, pourtant, je ressens encore ta présence.

Ton souffle sur mon cou est encore frais, et je peux ressentir encore ta paume contre la mienne.

La providence a fait de notre amour, un amour impossible, mais je ne lui en veux pas.

Sache que tout va bien ici, Paris est comme tu l'as décrit niveau artistique.

Mais je ne pense pas que tu aurais aimé vivre ici mon coeur, tu te serais plaint des passagers trop bruyants et des pigeons qui t'auraient barré la route.

Tu aurais finit par te lasser de la Tour Eiffel aussi, et tu m'aurais dit :

"Ce n'est qu'une grande tour en ferrail finalement"

Puis, les yeux écarquillés, je t'aurais regardé, et t'aurais tapé sur l'épaule. Puis je t'aurais rappelé à quel point tu voulais vivre ici.

Tu m'aurais finalement taquiner et nous nous serions sûrement embrassés devant ce monument que tu trouverais minable à la longue.

Sinon, Amy va super bien, elle est venue vivre ici cette année, se sentant bien trop éloignée de moi.

Elle a déjà vingt-et-un an, t'en rends-tu compte ?

Ton bébé, comme tu l'as surnommé si bien, a bien grandi, elle vit pas très loin de chez moi avec son copain.

Ta petite étoile va bien aussi, ne t'en fais pas. Tout le monde va bien, Ethan.

Et moi, je poursuis enfin mes rêves comme je l'ai toujours souhaitais.

J'ai repris contact avec ma mère, elle est toujours sur Nice et semble aller mieux... "

Je continue d'écrire pendant encore une bonne heure et me dirige vers le travail, consciente d'être un peu en retard – on ne change pas une équipe qui gagne.

Je laisse la musique de Adèle m'emporter et entre dans le grand bâtiment où la cérémonie des remises de prix va commencer.

J'arrange mes vêtements, me passe un rapide coup de rouge à lèvres rouge et rejoins mes collègues.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale lorsque je vois tous ces candidats.

Je me revois à leur place, à côté de Ethan chauve et je souris niaisement.

Cette journée avait été pleine de surprise, je pensais avoir été disqualifiée mais lorsque j'ai entendu mon nom grâce à Ethan, je n'ai pu que verser des larmes de joie.

Depuis ce jour, je rêvais de devenir jury et lorsque ce dernier s'est réalisé, je n'ai pu qu'avoir une pensée pour mon mari.

La respiration haletante, je m'approche sur le devant de la scène, le micro en main. Je m'apprête à annoncer le prix du meilleur reporter de voyage.

Je me tourne et découvre des images du Kenya, la nostalgie prend rapidement la place de l'excitation.

Le projet porte sur la pauvreté au Kenya, des souvenirs lointains viennent remplacer les participants.

Ce n'est plus les projecteurs que je vois, ni les personnes habillées d'une façon classe, mais le paysage spectaculaire du Kenya.

C'est le sourire de Faith qui me vient à l'esprit et la carrure imposante de mon ancien compétiteur.

Ce sont la musique des Kenyanes que j'entends, et je hume l'odeur enivrante de leurs plats délicieux.

La musique s'arrête, je toussote, reprends mes esprits.

J'applique un sourire qui accentue les marques de Duchenne et surexcitée, j'annonce la gagnante.

Une rousse arrive sur le podium, la mine heureuse, elle accourt vers moi.

Je lui offre le petit trophée et l'applaudis.

C'est l'expression sur son visage qui m'a donné envie d'être la personne qui annoncerait les gagnants.

C'est mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine, il y a cinq ans qui m'a donné cette envie, et tout ça grâce à toi.

J'ai enfin pu travailler dans ce que je voulais réellement, et pour ça, merci de m'avoir fait comprendre qu'il ne faut jamais abandonner.

***

La fin de journée approche, je rejoins Amy au musée, qui tient la main de la petite. Je les embrasse lorsque je la vois.

– Comment s'est passée la cérémonie ?

Je l'enlace.

– Incroyablement bien !
– Ce n'était pas bizarre pour toi ? demande-t-elle en retroussant son nez.

Je hausse les épaules.

– Ça m'a fait du bien de plonger dans cette époque à nouveau.

Elle enlace ma main et la porte à sa bouche pour y déposer un baiser.

Je lève ma tête vers le plafond et je suis impressionnée par la beauté resplendissante des pièces. Les couleurs dorées et rouges qui habitent le monument nous font voyager.

Amy et la petite sont aussi émerveillées que moi, elles fixent les tableaux en analysant les couleurs.

– C'est quelle couleur ça ?
– Bordeau ma chérie, répondis-je.

Nous continuons la visite et lorsque nous tombons sur celui qui nous intéresse, j'éclate de bonheur.

Les couleurs sont toujours aussi éclatantes, cette peinture est toujours aussi vivante.

La main d'Amy se joint à la mienne et elle la serre fort.

Le portrait peint est plein de vie, son rire capturé rayonne dans la pièce tamisée du musée.

Je touche mes longs cheveux et ressens encore ses doigts qui s'entremêlent entre mes mèches.

La petite s'approche de moi et me tient la main. Elle agite mon bras et de son regard interrogateur, elle me demande :

– Maman, pourquoi la fille dans le tableau te ressemble ?

Je baisse la tête vers ma fille Alya qui est le portrait craché de son père Ethan.

– Parce que c'est ton papa qui m'a peint dans un autre pays, ma petite étoile. 

F.I.N

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