9
Engourdie, j'ouvre les yeux en m'étirant. Je fixe le plafond et mes pensées se dirigent directement vers la phrase que Ethan m'a dite hier.
"Même si tu me rends fou, Elena, souviens-toi que je ne te toucherai même pas avec un bâton."
Je grimace, j'aurais dû lui lancer un pique, lui dire que je ne suis pas intéressée, que jamais de la vie, je ne souhaiterai être proche de lui. Mais mon corps me joue des tours, car il montre tout le contraire.
Je tâte le lit à mes côtés, la place est vide. Je m'appuie sur le coude et fronce les sourcils. Je vérifie ensuite l'heure et panique en voyant qu'il est onze heures passé.
– Punaise, t'abuse, Elena, me réprimandé-je en me levant difficilement.
Je retrousse le nez tant mon mal de tête me fait souffrir. Je me suis endormie vers six heures du matin tandis que lui ronflait comme si rien ne se passait.
– Je confirme.
Je sursaute et me lève en découvrant Ethan, assis sur une chaise.
– Mais t'abuses de quoi au juste ? ricane-t-il en buvant du thé.
– Je me suis réveillée trop tard, réponds-je, la voix cassée en craquant mon dos.
Il hausse les épaules.
– C'est que t'avais sans doute besoin de dormir.
Je veux l'étrangler.
– T'es réveillé depuis quand ?
– Depuis même pas trente minutes.
– C'est quoi le plan d'aujourd'hui ? demandé-je en me dirigeant vers les toilettes.
Elles se trouvent dans une petite pièce enfermée, ils ne pouvaient pas mettre la baignoire dedans, c'est trop demandé ?
Je sors et me lave les mains en attendant sa réponse.
– Je ne sais pas, on verra. Prends ta douche et rejoins-nous.
J'acquiesce et juste avant de fermer la porte derrière lui, il me pique une énième fois :
– Essuie ta bave qui coule, juste là.
Il montre le coin de sa bouche et je rougis inconsciemment. Il ricane et je roule des yeux.
Bon Dieu, pourquoi faut-il que je sois obligée de faire attention à mon apparence en sa présence ?
Je finis rapidement de me laver et enfile une robe avant de sortir du lodge en cachant mes yeux du soleil tapant.
Janvier paraît plutôt être Juin.
Toute la tribu est réveillée, certaines d'entres elles me saluent et d'autres semblent se moquer de Ethan qui se trouve à ma gauche.
– Elles rient de moi, là, on est d'accord ? me chuchote-t-il.
– On dirait bien, ricané-je en attachant mes cheveux en une queue de cheval haute. C'est sûrement à cause de la jupe d'hier.
Il soupire.
– Mais j'ai juste suivi la tradition.
– On t'a berné, petit. La jupe n'est en rien une tradition, je voulais juste pimenter un peu ta venue.
Je me retiens de ne pas pouffer de rire, lorsque j'entends les propos de Faith qui vient de passer à côté de nous.
Elle se retourne et lui annonce :
– Bienvenue dans la tribu, Ethan.
Puis elle reprend son trajet, et un sourire orne mes lèvres.
– On dirait que tu as été acceptée par la cheffe, félicitation à toi.
Je m'avance vers le cercle pour manger tandis qu'il reste encore debout, stupéfait.
Malgré moi, un rictus reste collé sur mon visage.
***
– Mais tu m'emmènes où ? demandé-je à mon concourent en réglant les paramètres de mon appareil photo.
– Tu verras, répond-il avec un clin d'œil.
Faith a prêté sa voiture à Ethan, et depuis des heures, il roule. Ces deux derniers se sont beaucoup rapprochés depuis avant-hier. En faisant de la broderie avec une Kenyane, j'ai surpris la leader qui racontait son histoire à Ethan. Il l'a finalement enlacer et étonnement, la combattante lui a rendu son câlin.
– Mais ça va faire presque six heures que tu me dis ça !
– Si tu ne poses pas la question toutes les deux minutes, Elena, tu n'entendrais plus cette phrase, dit-il, ironiquement.
Je soupire.
– Tiens bon, on est arrivés dans même pas dix minutes.
Il m'a réveillé juste un peu avant le lever du soleil pour m'emmener dans un endroit selon lui, épique, à quelques heures de Umoja, et il me tarde de le voir.
Avec leurs branches entrelacées, les arbres forment une voûte au-dessus de nous, créant des jeux d'ombres dansantes.
A mesure que la voiture avance, les collines cèdent la place à une vallée où un lac se dessine.
J'hume lentement la brise légère qui apporte avec elle l'odeur du lac, de la terre humide et de l'eau douce.
Je pose ma caméra et me penche vers la fenêtre pour fixer, émerveillée, les flamants roses qui parsement la rive du lac, créant un tableau vivant de couleur rose éclatante.
– On est au...
– Lac Nakuru, oui, sourit-il.
J'entrouvre la bouche, heureuse. Ce grand lac est tellement réputé et je suis tellement reconnaissante de pouvoir venir ici.
– Mais ? Nathan n'a rien dit ?
– Je lui en ai parlé, ne t'en fais pas. Profite juste, me rassure-t-il en conduisant toujours.
Je ne me fais pas prier pour regarder le paysage qui s'étend. Les portes du parc accueillent des voyageurs dans un monde où la nature règne.
Il se gare quelques minutes plus tard et je lui demande si ce n'est pas dangereux de s'approcher.
– Faith m'a conseillé un petit endroit où les animaux n'y vont pas, ne t'en fais pas.
– Tu en es sûr ? demandé-je en descendant de la voiture.
Il hoche la tête et je prends ma caméra, un air béat sur le visage.
– Tu t'es rapproché de Faith, remarqué-je en avançant avec lui, loin des rhinocéros qui sont de l'autre côté.
Il hoche la tête.
– Il faut croire, oui. Je l'aime bien, j'ai un grand respect pour elle, elle a un lourd passé.
J'acquiesce et avance derrière lui entre les arbres.
– Tu parles pas beaucoup, en vrai.
Il se retourne vers moi.
– Comment ça ?
– Je ne sais pas, t'es pas comme au travail, dis-je en esquivant un gros cailloux.
Je lève ma tête et suis impressionnée par la faune qui s'étend sur nous.
– Explique mieux, parce que je ne comprends pas, ricane-t-il en m'aidant à grimper une petite colline.
– Bah...
Les étoiles dans les yeux, je descends la colline pour voir le spectacle qui va s'offrir à nous dans quelques instants.
– Tu ne parles pas beaucoup, tu respectes, tu n'es pas arrogant.
Il ricane et je l'interroge du regard.
– Je suis un homme respectueux, Elena.
– Mais non, t'es tellement détestable au travail ! dis-je en regardant le sol.
Il s'arrête de marcher et je me cogne contre son dos, puis il se retourne, bien trop proche de moi.
– Et ici ?
Je déglutis.
– Aussi, dis-je en roulant des yeux.
Je me décale et me stoppe net lorsque je vois le lac caché dans un endroit atypique. Le chant des oiseaux me donne des frissons ainsi que la légère brise. Aucuns flamands ou animaux sauvages se trouvent ici. Seuls des chênes, de l'eau et des rochers sont présents.
– Wouah, m'émerveillé-je, stupéfaite.
– C'est...
– Magnifique, n'est-ce pas ? finit-il en se mettant près de moi.
– Merci Ethan, vraiment.
Il s'approche de l'eau tandis que je capture l'incroyable paysage en photo. Ma bouche reste ouverte tant je suis impressionnée, et je peux jurer qu'un filet de bave coule de celle-ci.
– Bah tu viens ? me dit-il près du lac.
Je m'exécute et tourne sur moi-même. Le chant des oiseaux vient bercer mon âme, le vent me caresse la peau et l'odeur de l'eau douce m'enivre.
Quel beau spectacle.
J'écarquille les yeux lorsque je vois Ethan retirer son t-shirt.
– Tu fais quoi ?
– Bah, je vais nager.
Je me crispe.
– Ethan, on a pas le droit, c'est pas bon pour l'écosystème. Il est fragile.
Il lève les yeux au ciel et retire son pantalon, je me retourne et bafouille.
La scène du lodge me revient soudainement et je fais tout pour ne pas montrer ma gêne.
– Si Faith m'a conseillé cet endroit, c'est qu'on peut !
Je joue avec mon appareil photo et j'entends ses pas rentrer dans l'eau.
– Mais...
Que dois-je faire, nom de Dieu.
– Allez, viens ! Arrête de faire ta chochotte, l'eau est superbe, en plus !
Je me retourne et le vois en train de mouiller ses cheveux ondulés qui lui arrivent juste un peu au dessus de ses épaules.
– Je suis trop bien là, allez !
Il se met sur le dos et je l'envie. Le soleil tape sur l'eau claire et sur lui. Sa couleur bronzée ressort, et sa peau a l'air si douce.
Je secoue la tête et lui informe en m'approchant :
– Je n'ai même pas de maillot, et je ne peux me baigner avec ma robe, je vais tomber malade, après et hors de question.
– Tu as tes sous-vêtements ? demande-t-il en se mettant debout.
Cette simple question suffit à mon ventre de se retourner.
Tu es pathétique, Elena.
– Oui.
– Bah voilà ! dit-il en haussant les épaules.
Je pose mon appareil en réfléchissant.
– A toi de voir, dis-toi que c'est la dernière fois que tu viendras ici.
– Mais on est là pour travailler !
– Elena. Quelques minutes seulement, ça ne va pas te tuer !
Je soupire, seulement quelques minutes.
Je retire mes vêtements et me retrouve en lingerie noir devant l'homme qui fait battre mon coeur d'une façon affolante. Il s'arrête de nager et me regarde, en entrouvrant la bouche.
Le rouge commence à me monter aux joues mais je me reprends rapidement.
– Fais gaffe, tu baves, Tarzan, le taquiné-je en m'approchant de l'eau.
Il pouffe de rire et renverse sa tête en arrière.
Tu es attirée par lui, Elena, accepte-le.
J'entre mon corps dans l'eau et me mets à sa hauteur. Cette dernière tiède épouse chaque parcelle de mon corps.
– C'est magnifique, Ethan, je n'ai jamais rien vu d'aussi beau, lui avoué-je en mettant ma tête en arrière pour la mouillée.
Il ne dit rien mais me sourit en me fixant.
La tension semble avoir changé ce n'est plus deux âmes d'enfants qui s'amusent mais deux personnes qui semblent être attirées l'un envers l'autre malgré elles.
J'ai conscience que cet homme ne me laisse pas indifférente, mais je ne peux pas me laisser avoir.
"Même si tu me rends fou."
Néanmoins, je m'approche tout de même de lui en pinçant des lèvres. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien, sa respiration s'accélère et la mienne aussi.
Je ferme les yeux et ses lèvres se posent sur les miennes. Vidée de toute pensée, je tente de suivre le rythme lent de mon concurrent.
Sa main se pose sur ma nuque et caresse cette dernière me provoquant ainsi des centaines de frissons.
Nos respirations sont irrégulières, nous tentons alors de nous accrocher l'un à l'autre. Notre doux baiser se transforme en un passionné.
De sa langue, il me demande la permission de toucher la mienne, j'entrouvre ma bouche comme je le peux, et le laisse mener la cadence.
Mon corps se rapproche de lui, et comme deux aimants nous devenons inséparables.
Ce baiser nous mène vers un abîme sombre empli de dangers dont nous pouvons revenir en arrière.
A bout de souffle, je me décolle légèrement de lui et ouvre les paupières.
La tension est à son comble, je ne demande qu'à réunir nos bouches, et il ne se fait pas prier pour répondre à mon désir.
Nos bouches se rejoignent à nouveau, mais cette fois plus sauvagement. Il mordille ma lèvre et je me retiens de ne pas laisser un bruit s'échapper.
Sa lèvre rencontre la mienne et vient la caresser sensuellement, je tente en vain de reprendre mes esprits.
Ethan m'attire dans un monde totalement inconnu.
Sa main descend vers mon épaule et vient caresser celle-ci, il se rapproche plus de moi et mon ventre se contracte d'un sentiment étranger.
Elle finit par descendre le long de mon dos, et je mets mes mains autour de son cou pour approfondir notre baiser attendu depuis bien longtemps. Sa langue danse avec la mienne tout comme l'eau avec nos corps enlacés.
Je me décolle ensuite, à bout de souffle.
– Ca va ? me chuchote-t-il.
Je hoche la tête et colle mon front au sien en prenant une grande inspiration.
Qu'est-ce...?
Je mords ma lèvre inférieure et griffe gentiment son cou.
– Arrête de faire ça, sinon, je ne vais pas tarder à t'embrasser à nouveau.
Mon corps s'embrase et j'arque un sourcil.
– Je te déteste, lui chuchoté-je.
Il émet un sourire au coin.
– Tu en es sûre ? Parce qu'il y a quelques minutes, tu me montrais le contraire, se moque-t-il en faisant allusion à notre baiser.
Je m'écarte et lui éclabousse le visage en ricanant.
– Tu veux jouer à ça ? me menace-t-il en me lançant de l'eau.
J'arrête tout mouvement en en recevant sur le visage.
– Mais !
Il rigole et se jette sur moi pour me noyer. Je tente de revenir à la surface mais impossible, il me relève ensuite et je tousse en le traitant :
– J'ai bu la tasse !
– Tu l'as cherché, ricane-t-il.
Je reprends mes esprits et ne tarde pas à mener une bagarre sans fin avec lui dans l'eau.
***
Voilà plus de quatre heures que nous sommes revenus du lac, le trajet s'est déroulé merveilleusement bien mais à peine arrivé à Umoja que j'ai commencé à vomir, et à avoir de la fièvre.
Ma tête a commencé à tourner et les nausées n'ont pas cessé. Mon ventre a fait des bruits bizarres et mes jambes ont commencé à trembler.
Me voilà, allongée sur le lit du lodge, avec de la fièvre et une petite serviette mouillée sur le front.
Le médecin de la tribu est en train de me diagnostiquer et malgré le fait que je leur dis que tout va bien, Ethan s'inquiète.
Elle prend ma température et grimace en rangeant ses affaires dans sa petite valise.
– Vous êtes à quarante degrés.
Je fronce les sourcils.
– Mais comment ça se fait ?
– Ethan m'a expliqué que vous êtes partis nager au lac Nakuru et bien vous avez sûrement attrapé une gastro-entérite. Les symptômes surviendront surement les prochaines jours, hydratez-vous bien et reposez-vous.
– Attendez, dis-je en tentant de me lever mais la nausée ne me le permet pas, je m'allonge à nouveau en tenant ma tête.
Je tousse et lui demande, la boule au ventre :
– Quand est-ce que je guérirais ?
– Pas avant deux semaines, sûrement.
Mon visage se décompose.
– Mais j'ai le projet, paniqué-je.
– Mademoiselle, votre santé est plus importante, vous devez vous reposer.
– Mais, je peux encore travailler, n'est-ce pas ? demandé-je, difficilement.
Elle secoue frénétiquement la tête et m'annonce avant de sortir :
– Votre santé ne vous le permettra pas.
Tremblante, je tente d'assimiler la chose.
Le concours est terminé pour moi.
Seuls les battements de mon cœur sont à l'écoute, tout ce que j'ai créé semble être parti en poussière en seulement quelques heures.
Ethan s'approche de moi pour me tenir la main, mais je la lui retire violemment en lui lançant un regard noir.
Ce concours était la chose la plus importante pour moi.
Et c'est à Ethan que revient l'entière responsabilité de ma défaite.
~~~
Retrouvez mon Podcast : DERNIER ESPOIR sur Instagram ♡
Ig : Lynamimy
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top