8

J'entre dans l'habitation, le rouge aux joues, complètement déstabilisée.

Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais tout ça doit s'arrêter maintenant.

Je ferme la porte à clé, me déshabille et j'allume quelques bougies après avoir fait couler un bain chaud.

Je l'enjambe ensuite et m'allonge dedans. Le liquide vient posséder chaque petite parcelle de ma peau pour venir détendre cette dernière.

Je lâche un petit soupir et ferme lentement les paupières. Je semble apaisée, mais les images qui me viennent en tête me perturbent.

Je ressens encore son souffle chaud contre mon visage.

Je ferme plus fort les yeux pour retirer cette sensation, mais rien n'y fait.

Sa main, qui était sous mon crop-top pour me tenir, m'électrise encore.

Je secoue frénétiquement la tête et ouvre grand la bouche, lorsque j'entends toquer à la porte.

– Oui ?

Aucune réponse.

– Punaise, marmonné-je en sortant de la baignoire.

Je me couvre rapidement d'une serviette sur le corps et sur les cheveux et accours ouvrir.

Mais lorsque je vois Ethan devant, je suis tellement surprise que je suis à peu près sûre que ma serviette a glissé un peu. Je me mets sur le côté tandis que lui tourne sa tête en bafouillant.

– Mais qu'est-ce que tu fous là ?! paniqué-je.
– Mais c'est toi ? Pourquoi tu ouvres, limite à poil !

Stupéfaite, je laisse échapper un son de surprise, et cogne mon front contre la porte.

– Qu'est-ce que tu veux ?
– Faith m'a dit que je pouvais revenir dormir ici.

Mon cœur rate un battement.

– Comment ça ici ?
– Bah au lodge, dit-il en me fixant à nouveau.
– Oh.

Oh ? Sérieux Elena ?

– Du coup...? commence-t-il.

Du coup ?
Du coup quoi ?
Que dois-je répondre ?

Sans rien dire, je lui claque la porte au nez et grimace.

– Je m'habille !

En panique, je regarde la pièce et cours nettoyer rapidement le bain. Les mains tremblantes, je fais rapidement le lit. Ma serviette tombe et je n'y prête pas attention tant je suis stressée.

Que m'arrive-t-il, nom de Dieu ?

Je me stoppe et me remets droite en fermant les yeux.

– Inspire, expire, me rassuré-je en agitant mes bras.
– Elena, dépêche-toi !

Je sursaute.

– J'ai le droit de m'habiller, non ?! dis-je, d'un ton peu trop énervée.
– C'est bon, calme-toi !

Oui, j'ai un peu abusé, là.

Je me reprends rapidement, j'enfile une culotte, un short et un débardeur noir en guise de pyjama. J'enlève la serviette de mes cheveux et les laisse tomber sur mes épaules, encore mouillés.

Je l'invite ensuite à entrer, un sourire faux sur le visage.

– Je te préviens, tu restes à ta place.

Il lève les mains en guise d'acquisition.

J'enroule une couverture et la place entre nous.

– C'est ta partie, Tarzan et celle-ci, la mienne. Tu ne dépasses pas la frontière, sinon je te promets que je te donne un coup. J'ai fais du self-défense plus jeune, alors je sais me battre !

Il ricane et je serre des poings, à bout de souffle.

– Pourquoi tu es essouflée ? se moque-t-il.

Oui, bonne question, tiens. Pourquoi tu es essouflée ?

– Je suis asthmatique, mens-je rapidement.

Elena !

– Depuis quand ? dit-il en croisant des bras.
– Qu'est-ce que ça peut t'importer ? réponds-je méchamment.

Il roule des yeux, retire son t-shirt et son short qu'il avait en-dessous de la jupe. En le voyant vêtu seulement de son boxer, j'écarquille les yeux et me retourne rapidement.

Mais qu'est-ce qu'il lui prend ?

Je grimace et l'entends ricaner.

– Quoi ? demandé-je, sèchement.
– Je te vois à travers la vitre de la fenêtre à faire ta tête bizarre là, se moque-t-il.

Je n'ose pas relever le regard pour savoir si c'est vrai, mais je m'insulte intérieurement.

Mais qu'est-ce qu'il me prend ?

Toujours dos à lui, je croise les bras et relève le menton.

– Tu aurais juste pu prévenir que tu te changes.
– Bah, je ne vais pas dormir habillé. C'est bon, tu peux te retourner.

Je m'exécute et garde toujours mes bras juste en dessous de ma poitrine.

– Et je ne suis pas vraiment pudique, annonce-t-il en s'approchant lentement de moi.

La chaleur que j'ai ressentie plus tôt en sa présence refait surface, et je m'efforce de ne rien laisser paraître.

– Et bah moi, si, bafouillé-je.

Ethan est près de moi, il me domine de toute sa hauteur, mais malgré la tension qui me consume, je maintiens son regard.

– Tu es sûre ?

Je fronce les sourcils.

– Parce que ta serviette qui est tombée en témoigne le contraire.

J'ouvre grand les yeux et je le pousse pour me plonger sur le drap du lit.

– T'es un gamin ! dis-je en remontant la fine couverture sur moi.

Ethan sourit seulement, s'allonge aussi et se retourne dos à moi.

En regardant le plafond, je tripote mes doigts, de nouvelles sensations m'envahissent et je déteste ça, car je n'arrive pas à les contrôler.

– Bonne nuit, Elena.

Je prends une grande inspiration.

– Bonne nuit, Ethan.

Quelques heures plus tard, je tente inlassablement de trouver le sommeil, mais des tonnes de pensées me traversent l'esprit.

L'agitation à l'intérieur de moi ne cesse de se propager tout le long de mon être. Elle m'est tellement inconnue que je ne sais comment réagir.

Ces papillons sont-ils empoisonnés ?
Ou m'emmèneront-ils loin de toutes anxiétés ?

Devrais-je me laisser transporter par eux ?

Je n'ai pas le temps de réfléchir à une réponse concrète, que je ressens Ethan, qui dort profondément, se tourner vers moi.

J'ouvre grand la bouche et me décale pour esquiver son bras, puis souffle de soulagement.

– Concentre-toi, Elena, putain, me soufflé-je.

Je prends mon visage entre les mains et prie pour essayer de dormir, lorsque j'entends un ronflement.

Je tourne lentement ma tête et émets un petit sourire quand je vois sa bouille affaisser contre le coussin.

Il semble rêver vu le sourire qui orne ses lèvres.

Je me mets sur le côté droit, face à lui, et me surprends à le détailler.

Son bras gauche est tendu vers moi au dessus de la couverture que j'ai placé entre nous, et l'autre sous sa tête. Sa poitrine cachée sous le plaid se soulève, et je me retrouve à suivre indirectement sa respiration.

Mes pupilles glissent sur sa bouche rosée étirée, puis sur ses clavicules musclées, les papillons dans mon ventre s'agitent encore et je me lève, désemparée pour sortir de la pièce.

Pied nue, je traverse l'herbe pour me trouver derrière le lodge, où nos doigts se sont touchés.

– Reprends-toi Elena, s'il te plaît. Tu ne dois pas, c'est un homme.

Je frissonne, l'air frais caresse délicatement ma peau, et je m'allonge sur la verdure, en fixant la lune scintillante.

J'ai eu une seule aventure dans ma vie, avec mon ancien meilleur ami nommé Ayden, il m'hébergeait parfois chez lui lorsque ma mère ramenait ses clients. Nous avons eu une fois un coup d'un soir, mais je me suis rapidement reprise, en disant que rien ne se passerait entre nous. Le pauvre a vécu un amour à sens unique.

Je n'ai jamais voulu m'attacher à quelqu'un, et ce n'est pas maintenant que je dois le faire.

Pourquoi je ressens ça alors avec mon concurrent ?

Plus les jours défilent et plus je perds le contrôle. Je ne sais parfois pas quoi dire tant je suis intimidée, et ça ne m'arrive jamais.

Mais sa façon de penser, de m'aider ou même de me parler, me perturbe.

Il n'est pas comme les autres hommes, il n'a rien à retirer de moi. Mais malheureusement, mon esprit pense autre chose, c'est donc un combat que je mène.

Mon ventre se serre lorsque je le sens se mettre à mes côtés.

– Il est trois heures, tu ne dors pas ? demande-t-il, la voix rauque.

Pitié, la ferme Ethan.

– Non.

Si je deviens méchante, il s'en ira sûrement et je reprendrais mes esprits.

– C'est la lune ou les étoiles, que tu regardes ?

Mais, je n'en ai pas envie.

– La lune.

Du coin de l'œil, je le vois sourire.

– Tu lui trouves quoi ? demande-t-il, réellement intéressé.

La beauté du ciel étoilé m'impressionne tellement que ces lumières astrales se trouvent dans mon regard émeraude.

C'est sans doute la meilleure activité de contempler, sa gardienne et les points brillants dans le ciel, l'esprit libre de toutes pensées.

– J'aime bien son côté caché lorsqu'elle est en croissant. Le côté sombre est un peu comme le côté lunaire de l'homme, froid et mystérieux. Tandis que la partie brillante est sa partie solaire.

– Et quand elle est pleine ? m'interroge-t-il en se mettant de côté un bras sous sa tête.

Un soupir sort de mes lèvres.

– Ma gardienne, elle veille sur moi depuis que je suis petite. Quand je suis angoissée, je la regarde et elle m'apaise instantanément.

Je ricane.

– C'est con, hein ?

Il secoue sa tête.

– Non, j'aime bien. Tu es humaine en fait, tu as un cœur, dit-il ironiquement.

Je me place aussi sur le côté et lui mets une tape.

– Tu pensais à quoi pour venir ici ?
– Au projet.

Pour la première fois, c'est faux.

– Détends-toi, tout va bien se passer.

Je soupire et m'assieds en caressant mon tatouage.

Il m'imite et fixe ma main.

– Tu en as d'autres ?
– Des tatouages ?
— Oui.
– Non, c'est le seul.
– J'aime bien la signification de ton tatouage.
– Mon papillon ?

Ethan hoche la tête, et je le détaille.

L'insecte aux ailes délicatement déployées ornent la partie supérieure de ma main gauche. Ses ailes sont minutieusement détaillées, avec des motifs complexes qui créent un effet réaliste. La finesse des lignes accentue sa délicatesse. J'ai décidé de n'ajouter aucune couleur qu'il soit neutre pour que l'on se focalise bien sur les détails à l'intérieur des ailes.

– Le meilleur choix de ma vie, ce papillon. Chaque fois que je me sens mal, j'ai envie de me battre seulement en le regardant. Je l'ai fait lorsque je suis sortie de la dépression et de chez ma mère. Il me rappelle que je peux aller au bout de chaque chose que j'entreprends et que je le dois.

J'ai été en dépression sévère et été atteinte de stress post-traumatique dû à tous les ébats de ma mère que j'ai malheureusement vu.

Je sortais chaque soir pour oublier ma douleur, mais temps que l'on ne l'affronte pas, elle sera toujours là, à vous consumer lentement pour vous attirer vers les abysses.

La matière gluante qu'est la dépression m'avait tiré vers les entrailles de l'enfer. J'avais tenté inlassablement de courir vers la lumière, mais cette dernière m'avait figé dans sa splendide noirceur.

Tout comme un marionnettiste, la texture avait joué littéralement avec mon enveloppe charnelle, prenant un sadique plaisir.

Mais malgré la lourdeur de mon être anéanti, je me suis relevée et j'ai affronté mes problèmes.

En broyant du noir, on a l'impression que la lumière n'est pas accessible, mais cette dernière est plus proche que l'on ne pense, il ne faut jamais arrêter d'avancer et ne surtout jamais la perdre de vue.

– J'aurais pu mettre un "point virgule" mais le papillon symbolise la liberté. En partant de chez elle, je me suis échappée de mes démons et ceux de ma mère, dis-je tristement. Ce papillon témoigne de ma résilience.

Je détourne mon regard de sa personne et mon coeur se réchauffe lorsqu'il prononce cette phrase :

– Ne cesse jamais de déployer tes ailes, Elena, car chaque battement t'invitera à embrasser ta liberté.

Je hoche discrètement la tête.

– Je l'aime bien finalement ce papillon, rit-il.

Je mordille ma lèvre pour ne pas sourire et racle ma gorge.

– Pourquoi tu es si gentil avec moi ? demandé-je soudainement sur les gardes. Tu m'aides, tu ne me lances plus de piques, tu t'intéresse à moi, tu veux quoi ?
– Comment ça ?
– Tu n'es pas comme d'habitude, affirmé-je, le regard dans le vide.
– Parce que je veux apprendre à te connaître.
– Pourquoi faire ? Tu veux quoi, Ethan ?

Je me tourne rapidement vers lui et l'interroge du regard.

– Mais rien, pourquoi tu penses que je veux automatiquement quelque chose, je ne suis pas un monstre.
– Parce que vous êtes tous les mêmes, chuchoté-je. Vous attendez tous quelque chose en retour.

Son expression change et je regrette instantanément mes mots.

– On est pas tous comme ça, Elena. Et même si on est pas les meilleurs amis du monde, tu dois apprendre à me faire confiance, tout comme moi. On est encore ici, pendant deux bonnes semaines, et on travaille ensemble. Ce voyage m'a permis d'apprendre plus de choses sur la vie, notre société, et sur toi.

Il tente de me tenir la main, mais je me braque, Ethan retire alors la sienne aussitôt.

– Je ne te demande rien en retour, si ce n'est qu'une harmonie mutuelle, sourit-il.

Mes muscles se détendent, il se lève et juste avant de partir, il me dit quelque chose qui me laisse bouche-bée.

– Même si tu me rends fou, Elena, souviens-toi que je ne te toucherai même pas avec un bâton.

Ses pas se dirigeant vers le logement déposent en moi une pointe de mélancolie, bien que je ne sache pourquoi.

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Ig : Lynamimy

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