4

Les poings serrés, Ethan revient, il a l'air énervé contre moi ? Ses yeux me lancent des éclairs, il semble vouloir me tuer.

Qu'ai-je donc encore fait ?

Ce n'est pas ma faute s'il dort sous un arbre seulement parce que c'est une personne de sexe masculin.

Il salue tout le monde puis passe à mes côtés pour se diriger avec Mary, au bout du village.

– Bonne chance Mowgli, lui chuchoté-je.
– La ferme Canette.

Il me bouscule légèrement avec son épaule droite et je vacille sur le côté.

Les femmes commencent à se diriger vers leur habitation tandis que je décide de le titiller encore un peu.

– Tarzan s'énerve, je vais prendre peur, tu vas me ramener tes animaux, me moqué-je.

Il s'arrête à ma hauteur et je vois sa mâchoire se contracter, j'attends à ce qu'il réplique mais il finit par continuer sa route sans m'adresser un seul regard.

Même s'il faut croire que j'ai gagné, je reste tout de même sur ma fin.

Le sourire aux lèvres, j'entre dans mon lodge. Je vais pouvoir bien dormir et j'en suis reconnaissante. Parce que la nuit que j'avais passé en sa compagnie a été atroce.

Ce n'est, certes, pas une excuse d'être heureuse qu'il dorme à la belle étoile, sans couverture, ni coussin, mais je le suis quand même.

Il aura mal au dos, passera de mauvaises nuits, Ethan aura donc moins de chance de gagner le concours.

Après avoir fait mes soins, je m'allonge et ferme les paupières pour trouver un paisible sommeil. Mais malheureusement, celui-ci ne vient pas. Quelques heures plus tard, je suis toujours éveillée, à fixer le plafond. Mes pensées ne cessent de se diriger vers lui.

Et si quelque chose de grave lui arrivait ? Après tout, nous sommes au Kenya.

Je secoue ma tête, c'est loin d'être mon problème, bien au contraire, je dois prendre cette occasion pour bien me reposer et bien travailler.

Demain, du moins après, nous allons faire un safari où nous allons explorer les paysages spectaculaires du pays. Selon Mary, nous allons traverser des plaines vastes, des collines ondoyantes et nous aurons des vues incroyables sur la nature. J'ai hâte que les guides locaux nous emmènent à la découverte de la faune et de la flore, ils nous partageront leurs connaissances.

Le travail Elena, seulement ça.
N'oublie jamais dans ton objectif.

Je répète pendant encore quelques minutes des phrases encourageantes, puis me laisse emporter dans les bras de Morphée.

***

Je sors en étirant mes bras et rejoins la tribu, le soleil se lève lentement offrant une vue panoramique. Le ciel est illuminé de nuances de rouge, d'orange et de rose. Ces couleurs mélangées nous offrent un spectacle à couper le souffle.

Les habitantes sont presque toutes habillées, coiffées et maquillées, je regarde ma montre, l'heure approche les sept heures du matin.

Je descends les marches du perron avec les yeux aussi creux que l'homme qui vient d'arriver.

Ethan n'a pas l'air bien, il est pâle et lorsqu'il grimace, j'en déduis que sa nuit aussi n'a pas  été de repos.

Il s'assoit avec nous, mais Faith se lève pour lui parler. Je vois leur lèvre bouger, les bras de la cheffe s'agiter puis Mary les rejoint, je suis curieuse mais décide de ne pas intervenir.

Quelques instants plus tard, il prend une assiette et s'installe dans le lodge pour manger seul. J'hésite puis finit par le rejoindre.

Je croise les bras et me place contre la porte, il mange sur la table, en regardant le vide.

– Alors Tarzan ? Bien dormi ?

Pas un seul regard.

– Qu'est-ce que tu es aigri ce matin, quoi, tu n'as pas aimé ta nuit sous les étoiles ? Toi qui me voulais découvrir la nature, et bien, tu dors carrément sur l'herbe, tu dois être heureux.
– Je suis fatigué Elena, m'informe-t-il d'un ton tranchant.

Ses épaules sont affaissées, il a l'air épuisé mentalement.

– Pourquoi tu manges tout seul ? demandé-je en faisant mon lit.
– La cheffe de la tribu ne veut pas que je reste avec vous à part pour le projet.

J'aperçois une mélancolie dans sa voix.

– Mais comment ça se fait, on les a prévenu que tu venais, donc que se passe-t-il ?

Il hausse les épaules ne voulant pas faire la conversation davantage.

– En tout cas, moi j'ai très bien dormi, si tu veux savoir.

Il se lève et prend son assiette vide et son gobelet.

– Ca ne m'intéresse pas.

Je roule des yeux.

– Mais pourquoi tu n'as pas réagi ?

Il fronce les sourcils.

– Réagi à quoi ?
– Le fait que tu ne dormes pas avec nous et tu es en-dehors. Tu devrais envoyer un message à Nathan.
– Tu veux que je leur dise quoi ? C'est leur loi, leur coutume, je respecte et suis leur tradition, pas comme certaines.

Je m'apprête à rétorquer mais il me coupe.

– Tu manges avec des couverts, tu ne tentes même pas de t'adapter un petit peu. Tu restes avec tes chaussures lors du repas alors que personne ne le fait. Tu as joué hier avec une petite fille tandis que tout le monde était assis. Et lorsqu'on te parle Elena, tu as toujours la tête dans ton carnet à prendre des notes au lieu des les écouter.
– Ethan, je suis là pour...
– Oui, le projet, c'est la seule phrase que tu répètes tout le temps. Fais ce que tu veux, mais ne t'étonne pas si je te fais remarquer que tu ignores toutes leurs traditions. Je savais que tu étais une cause perdue, mais je pensais au moins que tu avais un côté humain. Mais, ne t'en fais pas, tu montres bien que tu es uniquement motivée par tes propres intérêts, sans chercher à t'impliquer réellement.

Je déglutis, comment peut-il dire ça ?

Il se place à mes côtés et me dit sans même prendre la peine de me regarder :

– J'ai bien compris maintenant que certaines personnes ne saisissent pas la véritable valeur de la vie.  N'oublie pas le safari est aujourd'hui, annonce-t-il sèchement avant de sortir. 

Je reste plantée au milieu de la pièce, le cœur serré et la respiration saccadée, je tente de reprendre mon esprit.

Cause perdue.

Mes yeux commencent à se gorger de larmes, mais je les retiens du mieux que je peux.

Je ne suis certainement pas comme elle.

La pression sur ma cage thoracique s'intensifie, l'air me manque. La main tremblante, je la pose sur ma poitrine pour tenter de me calmer.

Ses simples mots me font l'effet de plusieurs coups de couteau, faisant ressurgir ma plus grande peur.

Instinctivement, je lève les yeux vers le ciel, cherchant mon ange gardien, la lune, mais elle est dissimulée par le plafond du lodge.

Je tente de m'accrocher au présent, mais mon passé m'envahit.

J'essayais de protéger mes oreilles de cris entre ma maman et l'autre homme dans la chambre, mais c'était impossible, tant leur dispute était intense.

J'entrouvrais silencieusement la porte, me mettant à quatre pattes, pour observer ce qu'il se passait.

Maman n'était pas habillée, je grimaçais.

Pourquoi était-elle presque toute nue ?

Assise sur le lit, elle grattait ses bras à sang, je voulais la rejoindre mais je m'abstenais.

Pourquoi se faisait-elle mal ?

Le grand inconnu tenait des liasses entre ses mains et criait après ma maman :

– Tu n'es qu'une bonne à rien, ce n'est pas possible ! Même pas capable de faire du bon travail, sale pute !

Je mordais ma lèvre inférieure, il venait de dire un mot interdit.

– Tu ne veux pas arrêter cette merde ?! Tu ne fais pas bien ton job, j'ai mal maintenant !

Sa main descend dans son caleçon et je fronce les sourcils, pourquoi met-il sa main dessus ?

– C'est pas ma faute putain !

Le ton de la voix de ma mère s'élevait, elle se relevait du lit et faisait de grands gestes, j'avais peur.

– Je suis en manque, tu ne comprends pas ! Je ne peux pas m'appliquer si je suis en manque putain.

Son corps tremblait et des larmes coulaient sur mes joues, je détestais la voir dans cet état pitoyable.

– Tu n'es qu'une cause perdue, je ne peux rien faire pour toi, ça y est, j'abandonne Marine.
– Moi ? Une cause perdue ? Parce que je suis en manque ?!

Il lui jetait tout l'argent et s'énervait davantage :

– Tu ne veux même pas sortir de là, tiens ton putain d'argent, mais ne m'appelle plus, je suis plus là, tu ne sers à rien !

Je m'éloignais de la porte et retournais dans ma chambre en retenant mes sanglots.

Je me mettais debout près de la fenêtre et regardais la lune qui me protégeait.

Je me promettais alors que je ne serais jamais une cause perdue comme ma maman.

Je relève ma tête et sèche mes larmes. Ma respiration redevient régulière, je reprends petit à petit le contrôle de ma personne.

J'arrange ma tenue et retourne vers la tribu, l'expression fermée.

Non Ethan, tu as tort. J'ai trop travaillé et je travaillerai encore dur pour être une cause perdue comme elle.

~~~

Retrouvez mon Podcast : DERNIER ESPOIR sur Instagram ♡

Ig : Lynamimy

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top